Clermont-Ferrand donne asile au prisonnier politique de Tchernobyl
Après plusieurs années de prison puis d’assignation en résidence surveillée dans des conditions très difficiles, le Pr Yuri Bandazhevsky a été libéré par les autorités bélarusses en août 2005. Désormais autorisé à se rendre à l’étranger, il a accepté l’offre d’asile de la ville de Clermont-Ferrand, où il pourra poursuivre librement ses recherches sur les conséquences sanitaires de Tchernobyl.
Son seul crime était d’avoir dénoncé, en sa qualité de recteur de l’Institut de médecine de Gomel, les graves conséquences sanitaires de Tchernobyl ainsi que la mauvaise utilisation des fonds alloués aux études médicales sur le sujet. Le Bélarus, ex-république de l’URSS, est frontalier avec l’Ukraine. La ville de Gomel seulement distante de 150 km de Tchernobyl, avait été particulièrement exposée aux retombées radioactives lors de l’accident.
Il aura fallu une vaste mobilisation internationale, du Parlement européen à Amnesty international, sans oublier en France le soutien inconditionnel de la CRIIRAD, pour voir se concrétiser la libération du Pr Bandazhevsky condamné en 1999, à l’issue d’une véritable machination judiciaire sous le prétexte fallacieux de pots-de-vin. En dépit de ces années noires, le scientifique n’a rien perdu de sa combativité ni de sa volonté de mener ses études sur les conséquences d’une exposition aux radionucléides.
Jumelée à la ville de Gomel, la ville de Clermont-Ferrand a spontanément offert l’hospitalité au Pr Bandazhevsky et à son épouse, médecin pédiatre et cardiologue, qui l’ont acceptée. Au cours d’une conférence de presse le 25 avril dans les salons de l’hôtel de ville, Serge Godard, maire de Clermont-Ferrand, ancien professeur d’université, a officiellement accueilli le professeur : "Je suis sûr que vous pourrez travailler ici dans la totale liberté de vos opinions scientifiques". Le scientifique, qui va bénéficier du statut de professeur invité de l’Université d’Auvergne, poursuivra ses recherches sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl dans le cadre du CHU de Clermont-Ferrand.
Un geste à la symbolique forte qui contraste avec l’absence remarquée de délégation officielle française à la conférence internationale "Tchernobyl+20 - Souvenirs pour l’avenir" qui se tient à Kiev en Ukraine du 23 au 25 avril.
Une conférence centrée sur trois aspects : les conséquences encore ressenties aujourd’hui de la catastrophe de Tchernobyl, notamment au travers de la publication d’une étude qui passe en revue et analyse le récent rapport de l’IAEA et de l’OMS ; les problèmes posés par l’énergie nucléaire sur les plans de la sécurité, de l’économie et de la prolifération enfin, la mise en place d’une feuille de route pour un avenir énergétique durable.
Une absence dans le droit fil, vingt ans après, des mensonges d’Etat qui avaient prévalu, visant à faire croire que la France n’avait pas été touchée par le mortifère nuage radioactif, et qui atteste la puissance du lobby nucléaire dans notre pays.
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