Lutte pour la souveraineté forestière populaire dans les Pyrénées

Ce lundi 5 octobre 2020, paraissait sous AgoraVox, le relais d'un militantisme local.
L'Office National des Forets aujourd'hui privatisé, des projets joliment nommés ... aussi jolis qu'est beau notre fringuant président … avec des noms comme Fransylva et Florian dans les Pyrénées, voient le jour.
Cela, bien que l'alarmisme batte son plein quant aux feux de forets à travers le monde ainsi que l'exploitation amazonienne (après des décennies d'alerte à ce sujet, ça devient lourd – les exploiteurs et tous les profiteurs lucratifs du monde sont lourds ... immatures et lourds).
Car il faut savoir que la France contient de vieilles forêts aussi, de mêmes fonctions « pulmonaires planétaires » que les forêts amazoniennes.

Hypocrisies situationnelles en général
Ainsi, ces faucheurs de bois pour la production électrique (on le brûle pour activer les turbines génératrices) ou pour l'ameublement (de Ikea au bois précieux dans l'ébénisterie de luxe) arguent de la moindre consommation de bois pour la production du papier depuis l'ère numérique. De plus, ils financent (en plus des dons lambda, évidemment …) des ONG de reforestation en en faisant des caisses sur les réseaux sociaux, afin d'externaliser les coûts sur le dos des citoyens gengens.
Où donc est la « main invisible » faisant le jeu d'équilibrage « naturel » des marchés ?
Ici, tout est un simulacre orchestré d'ingénierie écologique/économique, qui ne garantit rien quant à l'avenir. Les conglomérats méga-industriels (1, 2, 3) s'arrangent ainsi du monde, en se payant sa tête … au (mal)propre comme au (dé)figuré.

Les manifestations de début octobre
Revenons aux événements de samedi 10 octobre 2020 où je me trouvai à Bagnères-de-Bigorre, à l'occasion de la manifestation organisée par SOS Forets Pyrénées, contre le projet de méga-scierie Florian, projet mené par Fransylva donc.
Cette manifestation, pour une communauté urbaine de 10000 habitants, à réuni près de 1000 manifestants, ce qui est un succès énorme en rapport (environ 1 manifestant/10 habitants). Plus de 200 personnes ont marché à Aspet contre le projet de scierie Florian, un village de moins de 900 habitants : le ratio de +2 manifestants/10 habitants est convainquant ! ... Environ 1300 personnes se sont mobilisées le lendemain, dimanche 11 octobre, à Lannemezan, commune de moins de 6000 âmes, plus accessible dans la région (le rapport est énorme, avec +1 manifestant/6 habitants) sans parler de Capvern (village avec un ratio de 1/10 aussi, soit quelques centaines de manifestants).
La pétition lancée pour demander la révision du projet sylvo-industriel dépasse les 12000 signatures et la contestation trouve toujours plus d'écho dans la population, pour un département de moins de 300000 habitants (ratio notable de 1 signataire/25 habitants). C'est ainsi que la Région Occitanie prend ses distances, que l'entreprise Florian s'exprime pour la première fois en parlant d'être prête au progrès, et le député LREM des Hautes-Pyrénées appelle à la discussion plus démocratique.
En somme ? Les banalités d'usage, sans surprise, alors qu'on vantait initialement cette autre banalité d'un projet qui créerait de l'emploi, sans réflexion sur le développement local de la filière bois …
Un prospectus qui, pour une fois, brille par
son intelligence historique et situationnelle.
Autosatisfactions des gauchistes remarquables et remarqués
Il faut noter que les gauchistes, qui aiment à se faire remarquer (leur lutte échouerait-elle, qu'importe, cela leur permet en général de se sentir de bonnes âmes glorieuses déchues – selon l'adage internationaliste « c'est nous ! les damnés de la terreuh ... c'est nous ! les forçats de la faimmm ») … il faut noter que les gauchistes, donc, savent effectivement se faire remarquer = se mobiliser.
De plus, le Sud-Ouest de la France, avant LREM, était typiquement « rose socialiste » dans l'ensemble (jusqu'avant les Européennes 2019 où il y a droitisation) voire « rouge gauchiste » : c'est dire qu'il y a de nombreux réflexes manifestants dans le coin, en plus des « verdures écologistes » éparses. Tout ce monde peut bien être déçu d'avoir un député macroniste à tendance « bleue économiste » et même (selon leur rumeur parfois) « brun fasciste » par confusion avec l'autoritarisme étatique.
Reste que, de toutes façons, « rose-rouge-vert » tendent vers le « jaune » en lumière (la couleur des cocus) et le « brun » en peinture (la couleur « honnie ») …
Enfin, si l'on ajoute le noir du drapeau anarchiste, on reste en « jaune (cocu) » côté lumière, mais on vire évidemment au « noir total » côté peinture, de sorte qu'à la fin leurs velléités semblent bien avoir le misarchisme (la haine du pouvoir – terme que l'on peut lire chez Friedrich Nietzsche) pour dénominateur commun.
Lutte pour la souveraineté forestière populaire dans les Pyrénées
Dans la foule des mobilisés, on trouvait donc, à Bagnères-de-Bigorre où j'ai pu le constater, des drapeaux anarchisants, gauchisants et écologisants (en l'absence de photo pour ce dernier, excusez l'incrustation du logo dans la série).
On ne découvrait qu'un seul et unique drapeau occitan, ce qui est tout de même le territoire concerné ! ... à mettre en relation avec cette photo de manifestants à Aspet (plus haut) sur laquelle on peut lire le terme « Enracinons » (merci au membre de l'association SOS Pyrénées qui me l'a transmise). Où l'on devine aisément un jeu de mots en lien avec les arbres et leurs racines, jeu de mots qui se voulait éventuellement « remarquable et remarqué » comme une malignité gauchisante. Tout cela est bel et bon.
Tout cela est bel et bon, mais l'on remarque naturellement que tout ce beau monde (des anarchistes aux régionalistes, en passant par les communistes et les écologistes) lutte pour la souveraineté forestière populaire dans les Pyrénées.
Qu'ils le fassent pour des raisons misarchistes (les anars en particulier), collectivistes/socialistes (les communistes en particulier) ou environnementalistes (les écologistes en particulier) seuls les régionalistes, ont le bon sens de dire qu'il s'agit d'une souveraineté populaire locale. Il s'agit, bel et bien, d'un souverainisme-populisme, quel que soit l'idéologie à laquelle on adhérait de base. Un territorialisme, toutes sensibilités confondues (d'autant plus que sinon c'est le capitalisme sauvage, qui est territorialement souverain contre le peuple) ... Où pour ma part j'ai marché au côté du drapeau occitan (1, 2).
Donc en somme, tout se passe en 2020 comme en 2005, au référendum sur l'adoption rejetée de la Constitution européenne trop favorable au capitalisme sauvage : de gauche à droite de l'échiquier partisan politique, avec « extrêmes » idoines (pour ce qui leur reste d'« extrême » !), il y a velléités souverainiste-populiste. Il y a velléités proches de Front Populaire, indépendamment de nos jugements personnels entre partisans … indépendamment de nos partisâneries. Qu'on en finisse, avec la partisanophobie !
Basa Andere, en basque, la femme du Basa Jaun = du Seigneur de la Forêt,
forme de Cernunnos aquitain.
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