Al Kadhimi et le grand retour potentiel de l’Irak
Il ne fait aucun doute que l’un des facteurs les plus importants d’insécurité et de stabilité dans la région arabe est l’absence des États centraux dans leur rôle traditionnel de pilier de la sécurité régionale. L’Irak est l’un des absents arabes les plus importants à cet égard.
Son retour à jouer son rôle et à assumer ses responsabilités historiques serait un gain qualitatif majeur pour les Arabes.
Ceci est particulièrement vital à la lumière des ingérences des puissances régionales rapaces, dont l’Iran et la Turquie, contre l’Irak lui-même avec des interventions continues dans ce grand pays arabe dans des tentatives désespérées de l’éloigner de son giron stratégique arabe et de consolider ces tentatives et de les imposer sur le terrain.
Par conséquent, les efforts du Premier ministre irakien Mustafa Al Kadhimi pour restaurer le rôle de son pays méritent tout le soutien arabe et international. Le retour de l’Irak signifie beaucoup pour la sécurité et la stabilité arabe et mondiale.
Le fait que l’Irak reprenne son rôle historique au niveau régional, c’est par extension stopper l’expansion stratégique de l’Iran et de la Turquie au détriment de la sécurité nationale arabe. Il s’agira aussi de soutenir et de renforcer les efforts des pays arabes assumant le rôle de pompier dans les crises qui s’enflamment dans plusieurs pays arabes depuis 2011.
La conférence des leaders des pays voisins, réunie à Bagdad à la fin de ce mois sous l’impulsion du gouvernement de Mustafa Al Kadhimi, mérite tout le soutien des pays arabes et du Golfe.
Cette démarche diplomatique qualitative était fondée sur la franchise et la prise en compte des dilemmes auxquels est confrontée la stabilité de la région, l’Irak étant l’un des pays les plus touchés par les conflits géostratégiques entre ses voisins régionaux. Il n’est pas utile de susciter des attentes et de bâtir des scénarios rêveurs sur l’issue de cette conférence pourtant importante.
Mais je pense que la conférence promet de donner une impulsion. Elle met en évidence les véritables obstacles à la réalisation de la sécurité et de la stabilité en Irak, et attire l’attention régionale et internationale sur le fait que l’Irak cherche à combler le vide laissé par son absence ces dernières années. La tâche ne sera pas facile du tout.
Il y a des conflits d’intérêts et d’objectifs entre certains voisins régionaux, notamment ceux qui veulent que l’Irak reste sans volonté, asservi aux caprices des mollahs et de leurs gardiens de la révolution et une scène de conflit par procuration et de règlement de comptes entre voisins.
C’est un moment révélateur que les Arabes doivent mettre à profit et apporter le soutien politique nécessaire à l’Irak, afin de continuer à avancer vers la réalisation des objectifs de ce sommet. L’Irak ne peut pas éliminer complètement la violence et le terrorisme sans mettre fin aux plans visant à l’exploiter comme une arène pour les luttes de pouvoir.
L’Irak, quelles que soient ses circonstances internes, n’est pas un petit État, pour que l’Iran l’exploite dans son conflit avec les États-Unis, ou que certains s’ingèrent dans ses affaires internes avec diverses revendications, arguments et prétextes.
La Conférence des leaders des pays voisins de l’Irak est une étape stratégique très importante pour limiter les violations et l’expansion transfrontalière dont la région est témoin. L’Irak ne doit pas être un couloir sûr pour certaines puissances régionales pour atteindre leurs objectifs expansionnistes.
Au contraire, un grand État régional est capable d’être une locomotive pour le développement de son environnement régional au profit de son peuple et du reste des nations. C’est aussi l’occasion de faire fondre la glace entre certaines puissances régionales dans l’intérêt de l’Irak et de son peuple.
Le retour du calme et de la stabilité dans la région est généralement dans l’intérêt de l’Irak et de tous. Il offre un environnement favorable pour se concentrer sur le développement, la construction et l’éradication du fléau du terrorisme du territoire de ce grand pays arabe. L’Irak ne cherche certainement pas à rompre avec son voisinage régional.
Il s’agit de construire un réseau de relations utiles, de communication et de coopération positive. Le pays constitue un facteur déterminant dans l’équation des relations régionales et internationales. Son intérêt n’est pas atteint par l’intervention de parties extérieures dans ses affaires.
Mais son intérêt réside toujours dans le fait qu’il n’y aura pas de rupture entre lui et ces parties ou entre ces parties et les autres. C’est un problème que cette conférence contribue à expliquer par une franchise dont la scène irakienne a peut-être grand besoin en ce moment. L’Irak a besoin de son voisinage régional. Et vice versa.
La logique veut qu’un Irak fort et stable représente un ajout qualitatif à son atmosphère régionale et, bien sûr, à la sécurité nationale arabe. Mais le défi reste de convaincre certains de l’importance de cette vision stratégique, qui peut être différente de leurs convictions et actions sur le terrain.
Al Kadhimi a besoin d’un soutien arabe et international fort pour relever les défis intérieurs avant ceux de l’extérieur. Le rôle régional de l’Irak ne peut être restauré qu’en libérant sa décision, sa volonté et ses politiques de l’influence des forces qui veulent le garder en otage de leur emprise et de leurs plans.
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