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Accueil du site > Actualités > International > Al-Qaïda en Irak et la folie de « nos » dirigeants

Al-Qaïda en Irak et la folie de « nos » dirigeants

La nouvelle est tombée comme une bombe. Samedi dernier, le gouvernement irakien reconnait avoir perdu le contrôle de Falloujah, tombée aux mains d’un groupe armé appelé « Etat islamique en Syrie et au Levant (EIIL). C’est un groupe armé lié à Al-Qaïda. Les nouveaux maîtres ont rapidement proclamé « l'Etat islamique » sur leur conquête qui s’étend sur Al-Anbar et la ville de Ramadi à l’Ouest de Bagdad. Les regards se sont alors tournés vers l’Amérique en prédisant une réaction musclée face à cette éclatante victoire de l’ennemi juré de Washington, Al-Qaïda, sur son allié qu’est le gouvernement chiite de Nouri al-Maliki. Surprise : il n’en sera rien. 

Des mensonges d’Etat à une catastrophe militaire et diplomatique

En effet, les Etats-Unis, par la voix du Secrétaire d’Etat John Kerry, ont rapidement indiqué qu’ils n’interviendraient pas pour aider leurs alliés, les autorités irakiennes. Sans donner plus de détails. On commence alors à comprendre dans quel « merdier » les Américains se sont mis depuis une dizaine d’années. C’est une ahurissante histoire de dilapidation de la crédibilité internationale d’un grand pays qui pourrait expliquer le triomphe des islamistes sur cette région stratégique de l’Ouest de l’Irak. Avec un peu de recul, on se rend tout à fait compte que les Américains sont dans une situation trop délicate pour intervenir.

On a tous en mémoire les images de George Bush qui envoya des troupes américaines en Irak en expliquant au monde entier que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive et qu’il entretenait des cellules terroristes liées à Al-Qaïda[1]. Que le Président irakien était impliqué dans les attentats du 11 septembre, par Al-Qaida interposée. Une partie de l’opinion internationale y avait cru parce qu’il s’agissait de la parole officielle de la Première puissance du monde, dont on n’imagine pas, a priori, qu’elle puisse être gouvernée par des plaisantins.

Le réveil a été brutal lorsqu’il est devenu de notoriété publique qu’il n’y avait pas d’Al-Qaida en Irak sous le règne de Saddam Hussein[2]. Ce dernier s’était d’ailleurs épuisé à expliquer à qui voulait l’entendre que ces terroristes étaient ses ennemis à lui aussi. Le réveil fut encore plus brutal, pour ceux qui avaient cru à la parole du Président américain, lorsqu’il a été établi qu’il n’y avait pas non plus d’armes de destruction massive sur le sol irakien.

La crédibilité « diplomatique » des Etats-Unis s’effondrait, mais on n’était pas au bout de nos peines. Sa « crédibilité militaire » va, elle aussi, finir par s’effondrer lorsque le pays bascule dans la vague d’attaques nationalistes, puis dans un terrorisme généralisé. Et pour couronner le tout, Al-Qaida, qui ne se trouvait pas en Irak, en profite pour y effectuer son entrée et y « prospère » depuis.

La capitulation

Barack Obama doit ramener les soldats américains au pays, non pas parce qu’ils ont accompli « la mission », mais parce qu’il faut « sauver la peau » de « pauvres gamins » devenus, non plus des soldats, mais bien des « proies faciles ». Leurs politiciens de Washington avaient allumé un incendie que plus personne ne sait, depuis, comment éteindre.

Pour la petite histoire, les GI’s sont revenus au pays tellement dégoutés que nombreux en sont arrivés à jeter publiquement leurs médailles[3]. Pendant ce temps, le peuple américain n’a que ses yeux pour constater les dégâts. Une guerre de fou qui laisse une ardoise astronomique de 6.000 milliards de dollars[4] que les futures générations des Américains ne sauront même pas régler, la crise devant durer pour très longtemps.

On a pu croire que ce désastre total inciterait les dirigeants américains et leurs alliés occidentaux à un profond travail de réflexion et de remises en question. Juste ce qu’il faut pour qu’à la prochaine, leur conduite internationale repose, non seulement sur le respect du droit international[5], qu’ils n’ont pas tardé à piétiner en Libye, mais surtout soit inspirée par le « bon sens ». Tout simplement. Eh bien non !

Des récidivistes sans mémoire ?

Le dossier syrien va devenir un révélateur du côté presque « maboule » des dirigeants qui pourtant inspirent confiance à de millions de gens dans le monde et dans leurs propres pays. Ils vont faire alliance avec une opposition syrienne noyautée par des islamistes que leurs propres services avaient inscrits sur les listes d’organisations terroristes. Ils vont même lever l’embargo sur les armes pour faciliter un armement en masse de ces douteux « rebelles »[6]. Et le plus sérieusement du monde, une opération militaire internationale[7] va être déclenchée pour renverser le pouvoir officiel et faciliter l’entrée dans Damas des combattants islamistes.

Le monde se souviendra longtemps d’un certain Vladimir Poutine, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Il sera le seul dirigeant des grandes puissances qui, inlassablement, restera cohérent sur la ligne de la légalité internationale et du bon sens face au péril que représentaient les fameux « rebelles syriens ». Le Président russe prendra même le risque d’un affrontement armé contre les pays occidentaux pour que ces derniers arrivent à « entendre raison ».

Une possible guerre des missiles[8] finira par faire reculer les dirigeants de nos démocraties face à Moscou. La Russie, bien entendu, a des intérêts stratégiques en Syrie, mais il fallait que quelqu’un évite au monde un nouveau désastre occasionné par la folie des dirigeants occidentaux après l’Irak et la Libye. Et Poutine prit ses responsabilités.

On sait que les capitales occidentales continuent de soutenir l’opposition armée au pouvoir de Damas et qu’elles mettront du temps avant de reconnaître le lien entre ce qui vient de se passer à Falloujah et les incontrôlables desperados qui sillonnent la Syrie et se livrent à des exactions. Ils espèrent toujours entrer dans Damas pour y installer un régime islamiste avec l’aide de l’Occident. Un régime dont la première cible pourrait pourtant être Israël, l’« enfant chéri » de l’Occident, et au nom de la sécurité de qui nos dirigeants jurent tous les jours la main sur le cœur.

On marche sur la tête !

Boniface MUSAVULI



 


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15 réactions à cet article    


  • claude-michel claude-michel 6 janvier 2014 10:42

    Les plus grands massacres se passent en Irak...pas en Syrie...mais personne (ou presque) n’en parle....Amérique oblige.. !
    Démocraties de merde...


    • Henri Diacono 6 janvier 2014 15:18

      Et oui Claude Michel, démocraties (au pluriel) de merde. Amerloques et leurs alliés, les occidentaux et les princes du désert, c’est à dire les bourrés de fric et qui, Harpagons voulant le garder et si possible en prendre un peu plus, ont inventé sans le savoir une machine infernale faite de corruptions, manipulations et de... bêtise.Bien avant Bush, cet idiot du village. Dès la fin de la seconde guerre mondiale avec la création d’Israël, les coups fourrés des uns contre les autres pendant la dislocation des empires, français surtout, et pour couronner le tout Cuba et enfin Ben Laden projeté en Afghanistan afin de contrer les soviets qui veulent y rétablir le communisme.
      Or cette machine infernale est devenue incontrôlable car de tous bords s’y sont infiltrés des fous et des intelligents. Les fous sont vissés armes à la main dans une religion de l’utopie et les intelligents tirent malicieusement et sans faire de bruit les marrons du feu, les yeux en amande. Et puis il y a les bandits des grands chemins. Les pirates du XXI° siècle qui s’enrichissent de rapts et rapines aidés d’autres bandits en col blanc qui leur vendent armes et fournitures fabriqués par ceux qui justement ont inventé...le bordel.
      Quant à la fin de cette histoire, il vaut mieux ne pas y penser !


    • Abou Antoun Abou Antoun 6 janvier 2014 11:18

      Un qui a tout compris au film c’est Normal 1°, tout prêt à aller foutre un peu plus de merde en Syrie et qui, de dépit, va s’enliser à Bangui. Si Bush est un plaisantin, nous avons les nôtres. Monsieur Hollande, LE TEMPS DES COLONIES EST TERMINE !!!


      • Muslim 6 janvier 2014 12:10

        Falloujah ... les américains y avaient massacré des civils et gazé la moitié de la ville au phosphore blanc.


        • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 6 janvier 2014 14:40

          Le phosphore blanc est un produit incendaire qui permet d’établir des écrans de fumée et pas un gaz de combat.

          Faut pas tout mélanger !


        • raymond 6 janvier 2014 19:41

          ALois nez de boeuf, tu t’es déja trouvé dans un de ces jolis nuages blancs ???? surement pas (malheureusement)


        • zygzornifle zygzornifle 6 janvier 2014 13:07

          Le gouvernement Français reconnait avoir perdu le contrôle de Marseille tombée aux mains des dealers, mafieux et politiques corrompus ....


          • eau-du-robinet eau-du-robinet 6 janvier 2014 14:47

            Bonjour Musavulu,

            ’’ Vladimir Poutine, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Il sera le seul dirigeant des grandes puissances qui, inlassablement, restera cohérent sur la ligne de la légalité internationale et du bon sens face au péril que représentaient les fameux « rebelles syriens ». ’’

            Les principaux médias occidentaux ont joué et jouent encore un rôle de plus en plus douteux dans cette campagne menée contre la Russie. Alors que la politique de l’Union européenne, et particulièrement de l’Allemagne, glisse sur deux voies parallèles, du fait des nécessités économiques, et tente de conjuguer la rhétorique antirusse avec des relations économiques payantes, il n’en va pas de même des médias auxquels « on a lâché les rênes ». source

            A la veille de la conférence de Genève 2, les organisateurs états-uniens n’ont plus aucune marionnette pour jouer le rôle des révolutionnaires syriens. La disparition soudaine de l’Armée syrienne libre montre à ceux qui y croyaient qu’elle n’était qu’une fiction. Il n’y a jamais eu de révolution populaire en Syrie, juste une agression étrangère à coup de mercenaires et de milliards de dollars. source

            Le 29 novembre 2011, une délégation de l’Armée syrienne libre fait allégeance à une délégation du Conseil national syrien. En théorie, l’opposition dispose désormais d’une branche militaire et d’une branche politique. En réalité, l’Armée syrienne libre comme le Conseil national syrien sont deux fictions créées par l’Otan. Tous deux sont exclusivement composés de mercenaires et n’ont guère de réalité par eux-mêmes sur le terrain. source

            En ce qui concerne ’’la prise de contrôle d’une partie du territoire’’ par Al-Qaïda en Irak on constaté un K.O. total dans ce pays depuis l’invasion américaine sous le prétexte des fausses preuves ! Pas une semaine sans attentats ceci depuis environ 10 ans ...

            Merci à Georges W. Bush, Dick Cheney, Donald Rumsfeld, Colin Powel, etc.


            • le moine du côté obscur 6 janvier 2014 15:44

              Je pense que les dirigeants occidentaux jouent aux échecs à l’échelle de pays entiers et que se faisant ils provoquent des secousses continentales. Ils font des paris fous ! Si ça marche on avance et si ça échoue, ils cherchent un autre chemin pour atteindre leur objectif. Je crois qu’ils ont fait de l’Irak exactement ce qu’ils voulaient. Détruire un état fort et y installer le chaos. Une même politique est en cours en Syrie. La Syrie est devenue après l’Irak une pompe aspirante pour la jeunesse arabe désespérée (à cause de la pauvreté provoquée par des élites arabes corrompues et les diaboliques élites occidentales) qui y seront tués et ne pourront plus représenter une menace sérieuse pour les dirigeants occidentaux quand ceux-ci voudront passer à l’étape suivante. Faire se battre les arabo-musulmans entre eux c’est plus facile qu’aller les envahir. Ensuite certains passeront à l’étape suivante, achever les pays arabo-musulmans soumis et ceux comme la Syrie, l’Irak et autres qui auront été ravagés par la guerre. Le « centre de commandement Jérusalem-centré » que les sionistes veulent mettre en place, sera mis en place peu importe que des juifs israéliens y laissent leur peau. Pour accomplir un tel « rêve » rien ne semble être trop coûteux pour les sionistes. Oui c’est un plan diabolique mais je pense qu’il est réel. Quoiqu’il en soit qui (sur)vivra, verra.


              • Werner Laferier Werner Laferier 6 janvier 2014 18:51

                Il n’y a aucune erreur en Irak, on a bien fait d’intervenir, on pourrait juste déplorer la non-intervention de la France dans le conflit.
                Contrairement à ce qui est dit, ce n’est pas Al Quaida qui a repris Falloujah, mais bien la résistance sunnite dirigé par Ezzat ibrahim Al Duri, un baasiste important du régime de Saddam Hussein, la faute revient clairement aux baasistes, ce fascisme arabe qui pourrit la région, il faut localiser le nouveau tyran baasiste et l’éliminer.
                Al Quaida n’est pas en irak, les USA ont fait du bon bulot, la population doit continuer à faire taire tout les baasistes, comme on a fait avec les nazies.


                • morice morice 6 janvier 2014 22:18

                  La nouvelle est tombée comme une bombe.


                  euh on l’avait annoncé il y a plusieurs années : les américains partis, ça ne tiendrait pas : il n’y a que vous pour faire l’étonné.

                  • morice morice 6 janvier 2014 22:19

                    Le dossier syrien va devenir un révélateur du côté presque « maboule » des dirigeants qui pourtant inspirent confiance à de millions de gens dans le monde et dans leurs propres pays. 


                    Bachar el Assad est en effet fou....

                    • emphyrio 7 janvier 2014 19:16

                      Mais oui mon bon c’est ça, c’est ça.... Si vous pouviez arrêter vos jugements à l’emporte-pièce.


                    • morice morice 6 janvier 2014 22:23

                      Le monde se souviendra longtemps d’un certain Vladimir Poutine, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas. Il sera le seul dirigeant des grandes puissances qui, inlassablement, restera cohérent sur la ligne de la légalité internationale et du bon sens face au péril que représentaient les fameux « rebelles syriens »


                      4, 7 milliards d’achats de matos de guerre on lui a un peu graissé la patte là non ???

                      il est tellement cohérent qu’il n’a pas arrêté de NE PAS LE DIRE en Tunisie, en Libye ou en Egypte : aurait-il le printemps arabe variable, votre HEROS pitoyable en train de ravager une station balnéaire pour faire croire que c’est un mec sympa ?

                      • MUSAVULI MUSAVULI 7 janvier 2014 05:54

                        Morice, j’ai dit « Vladimir Poutine, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas ». Je savais, dès le départ, qu’il n’a pas la réputation d’être un « gentil enfant de choeur ». Mais sur la Syrie, j’ai quand même apprécié qu’un dirigeant rappelle la légalité internationale et le bon sens face au péril que représentaient les fameux « rebelles syriens ». 

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