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Accueil du site > Actualités > International > Anormalité et vie quotidienne au Mali

Anormalité et vie quotidienne au Mali

Pour ce 5ème épisode de mes élucubrations maliennes, je vais essayer de retracer quelques événements de la vie quotidienne, vécus parmi les maliens … dans des lieux qui, grâce à la campagne présidentielle et guerrière, vous sont de plus en plus connus !

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Une case en 1988

Gao : la manchote

L’hôtel Atlantide, à Gao, c’est une étape incontournable. Il y a bien d’autres auberges, dont une ou deux sont tenues par des Français qui sont tombés amoureux d’une Touarègue et se sont stabilisés là, mais l’Atlantide, c’est l’histoire. Il s’appelle comme ça parce qu’il paraît qu’il y a bien longtemps il y avait ici une civilisation très avancée. Ses charmes actuels sont plus concrets. D’abord c’est une bâtisse en assez bon état composée de deux étages et avec une cour intérieure pour les véhicules. De l’étage on peut même disposer d’une chambre avec vue sur le fleuve Niger, le luxe ! Et on peut même se choisir une chambre avec douche ! Je n’hésite pas, d’abord la bière fraîche puis la chambre avec douche et la vue sur le fleuve. Ma deuxième Flag fraîche terminée, je me rue à l’étage, pressé de me désensabler. J’ouvre la porte de la salle de bains, patatras ! Il n’y a pas de robinet, juste un seau posé à même le sol. Je redescends demander des explications, et j’ai la réponse tant attendue.

-C’est une chambre avec douche car la douche est prévue, mais on n’a pas de robinet et en cette saison il n’y a de toute manière pas de pression d’eau, par contre le boy va vous remplir le seau et vous arroser pendant que vous vous lavez.

Après tout, on est en Afrique, pas au Hilton à Paris. Après une séance seau d’eau, nous redescendons tous, les uns après les autres, propres et prêts à attaquer une soirée whisky-bière. Là, dans la salle de bar, m’attend une surprise. Une femme encore jeune, un peu enveloppée comme les aiment les africains, étalée sur un canapé dans un boubou de couleur sombre, comme en portent les femmes touarègues, me salue et m’informe qu’elle est là pour moi. Certains d’entre nous sont déjà descendus et eux aussi se sont vautrés dans les fauteuils et canapés du bar, l’un d’entre eux semble même particulièrement intéressé par cette personne. Il n’y a pas d’ambiguïté, elle ne fait pas partie du personnel employé, elle ne balaie pas et ne fait pas le service. Sa fonction est tout autre, le repos du guerrier. Tout en bavardant avec nous, elle bouge un peu, change de position, et je découvre stupéfait qu’elle n’a qu’un bras ! Une prostituée manchote ! Mes copains d’équipée et moi-même, nous sommes tous interloqués. Par contre celui qui ne sait plus comment se désister c’est Michel, le mécanicien, qui s’était déjà proposé comme bénéficiaire des prestations de cette accorte femme. Nous évitons le fou rire et l’un de nous lui glisse à l’oreille que nous sommes prêts à nous cotiser et à lui payer ses boissons pour la soirée. Sa ferveur s’est transformée en timidité, il n’ose plus reculer et monte avec la manchote. Les 15 minutes réglementaires passées, nous les retrouvons au bar et notre manchote s’essaie avec un autre du groupe.

Mais cette fois nous avons l’avantage de n’être plus surpris et nous contentons de discuter avec elle.

Cette soirée-là a été passionnante. Elle nous a appris qu’avec l’argent qu’elle gagne elle a créé une entreprise dans laquelle elle embauche des femmes touarègues qui confectionnent des vêtements typiques, mais que cela ne suffit pas. Son entreprise fonctionne difficilement, alors elle vient travailler à l’hôtel, une forme de travail à temps partiel, pour inviter les passagers à aller dans le magasin de l’entreprise. Ce soir-là, j’ai beaucoup appris sur la rivalité et le ressentiment entre les Noirs et les Touaregs, sur l’obligation de sédentarisation que voulait imposer l’Etat malien à ce peuple de nomades. Et nous aussi, le lendemain, nous avons visité son entreprise et acheté quelques boubous.

Hombori, le baptême de Fugace

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Hombori, main de Fatma

Quand vous vous arrêtez pour bivouaquer, en Afrique de l’Ouest, et surtout de nuit, il est difficile de trouver un endroit calme. Ou plutôt, dès que vous vous arrêtez, vous êtes sûrs d’avoir trouvé l’endroit idéal pour le bivouac, en pleine nature, tranquille. Et, en général, dans les 15 minutes qui suivent, vous vous retrouvez entourés d’une armée d’enfants qui viennent voir ces drôles de machines et ces étranges hommes blancs avec leur matériel de camping.

Ce soir-là, nous nous trouvons entre Gao et Mopti, au niveau des monts de Hombori. La nuit est totalement noire, sans lune, et nos phares éclairent à perte de vue des champs qui nous paraissent désertiques. Alors nous stoppons. Chacun a son rôle, en dehors de monter sa propre tente de camping ou d’installer son matelas et son duvet en plein air. L’un d’entre nous prépare le feu de bois et aussi installe le camping gaz, et deux autres commencent à préparer le repas. Tout est bien organisé, huilé, après déjà deux semaines de traversée.

Soudain un bruit, et, sortis du néant, un homme et son chameau. Il nous salue dans une langue que nous ne connaissons pas, lâche les rênes de son chameau et vient s’asseoir à côté du feu. Nous nous essayons à échanger quelques mots, mais rien à faire. Ni le français, ni l’anglais, ni aucune langue que nous connaissons de près ou de loin ne fonctionne. Pas un seul mot que nous n’arrivions à traduire.

Au bout d’un certain temps arrivent une femme et trois enfants, un garçon d’environ dix ans, une fille du même âge et un tout petit tenu dans les bras par la femme. L’homme nous montre tout ce petit monde d’un geste de la main et du bras et ramène son bras vers lui, sa main pointée sur son cœur. Premier signe d’un langage commun, c’est sa famille. Alors nous continuons dans le langage des signes. Michel, un de mes coéquipiers se montre du doigt, et écrit son âge par terre, sur le sable. Puis il montre la petite fille. La mère croit comprendre, se lève et prend la petite fille pour l’apporter à Michel. Raté et Michel est tout rouge. La mère a cru qu’il voulait la fille.

Alors c’est au tour de Daniel d’entrer dans la danse. Il sort deux tablettes de chocolat, c’est notre dessert, et décide d’en offrir à nos « invités ». Sur ces tablettes sont écrits la composition du produit et quelques phrases publicitaires sur sa qualité, notamment une phrase qui revient à deux reprises et parle de bonheur fugace. Daniel décide d’immortaliser le moment. Il entame la lecture sur un air liturgique et donne un premier morceau religieusement à Michel. Puis vient mon tour, puis celui des autres membres de l’équipe. A chaque fois, nous disons amen. Enfin vient le tour de notre invité. Il nous imite et, après avoir reçu l’offrande, dit lui aussi amen. Les enfants et la femme en font de même. Ils ont été baptisés en pleine nuit, avec des carrés de chocolat, par une équipe de Blancs dont aucun n’est un religieux...et ils ne le sauront jamais. Restera peut être à leur mémoire cette nuit un peu irréelle, comme elle est restée dans nos têtes. Et quand je retrouve ces copains de traversée, nous nous rappelons de ce mot, fugace, qui enfin de soirée était devenu le prénom dont nous avions affublé notre invité.

Au petit matin nous nous sommes réveillés, Fugace et son chameau étaient partis, la femme et les enfants aussi, et une armée de gamins assis nous regardait. Nous nous étions installés sur ce qui servait de terrain de football à un petit village dont nous n’avions même pas remarqué l’existence à la lueur de nos phares, et rien n’avait disparu de notre matériel. Essayez de faire pareil en Europe.

Boucle du Niger, après Djenné : les extra terrestres

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Enfants en « brousse »

Nous sommes en route vers Diabi, dans la boucle du Niger. Ce village est jumelé avec Saint Paul en Jarez, une commune où travaille Bruno, un de mes copilotes. L’association à l’origine de ce jumelage a entendu parler de nous et de nos raids de solidarité, et nous a demandé d’y passer et de ramener des photos. Diabi est un de ces villages qui sont perchés sur de minuscules promontoires et que l’on ne peut atteindre qu’à la saison sèche, transformés qu’ils sont en îles à la saison des pluies et quand le Niger est en hautes eaux. Nous quittons la route goudronnée qui relie Mopti à Bamako et nous engageons sur la piste qui rejoint Djenné, passant à gué avant d’entrer dans la ville, le bac n’étant pas opérationnel en cette saison. Après Djenné nous naviguons à la boussole, nos cartes de l’Institut Géographique National datant de l’époque coloniale, vers les années 1950. Ce n’est pas évident de trouver sa route dans cette région où il y a très peu de voitures et camions et où nous croisons plus souvent des ânes attelés à des charrettes et dirigés par des enfants. Parfois ces traces que nous suivons nous emmènent vers des villages trop étroits pour nos 4X4, nous obligeant à rebrousser chemin, repartir sur d’autres traces, bref nous avançons à la vitesse d’un escargot.

Après quelques heures à parcourir la savane dans tous les sens nous décidons de demander notre route. Nous nous arrêtons à une cinquantaine de mètres de l’entrée d’un village, et déjà une ribambelle d’enfants vient vers nous en courant. Nous descendons de nos véhicules et, surprise énorme, les enfants font demi-tour et repartent en courant de plus belle ! Nous les appelons, leur faisons signe de venir, rien à faire, ils sont tout « en grappe » à l’entrée de leur village et nous regardent sans aucun bruit. C’est à ce moment que vient vers nous un jeune adulte, le transistor collé à l’oreille, un T-shirt d’un autre âge avec une publicité française dessus. Il parle français, enfin un peu mais suffisamment pour que nous nous comprenions. Ou sommes-nous ? Vers ou nous diriger pour rejoindre Diabi ? Qui est-il ? Qui nous sommes ? Nous sympathisons un peu et ouvrons la malle de mon Patrol pour nous faire et lui offrir un café. Je regarde vers le village, les enfants, toujours tous ensembles, se sont rapprochés de nous et de nos véhicules. Je leur fait à nouveau signe de venir, mais rien à faire, ils ne bronchent pas. Notre jeune interlocuteur leur lance une phrase dans leur langage et deux ou trois s’approchent de moi, lentement, jeunes animaux prudents et apeurés. Je ne bronche plus, assis par terre et me contentant de les regarder. Puis l’un nettement plus téméraire que les autres vient jusqu’à moi et me caresse l’avant-bras, une fois, une seconde fois, encore et encore. Il est ébahi ! Je demande à notre interlocuteur plus âgé ce qui se passe et sa réponse est surprenante pour nous tous.

-Vous êtes les premiers Blancs qui passent et s’arrêtent dans ce village, ils n’en ont jamais vu avant.

Bref ces gosses nous ont regardés comme probablement nous regarderions des extra-terrestres débarquant chez nous, sans savoir si nous sommes des amis, si nous avons de bonnes ou de moins bonnes intentions. Cela fait longtemps que j’ai vécu cette aventure mais encore maintenant elle me revient à chaque film sur les OVNI, à chaque fois que je vois ces éventuels envahisseurs provenant d’une hypothétique autre planète.

On parle des guerres asymétriques, mais n’est-ce pas normal qu’elles existent quand, sur la même planète, nous avons ces mondes et peuples asymétriques ?

Diaby – Kolokani : La cuiller

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Une cuisine

Au Mali on ne mange pas avec des cuillers et des fourchettes. D’abord il n’y a pas de soupe et le repas se prend en famille, dans un grand plat autour duquel tout le monde est assis. Quand on boit, c’est également dans un pot qu’on se passe de main en main. Ensuite le repas se prend avec la main droite, l’influence de l’Islam ayant amené à ce qu’on considère la main gauche comme impure. Elle sert aux ablutions, la droite sert à se saluer et à manger. Quand on arrive avec nos équipements de touristes aventuriers, quand on se rend dans les hôtels de qualité, on ne rencontre pas ce phénomène. Mais quand on rentre dans une famille, invités pour un repas, ou bien quand on va dans un restaurant dans un village en pleine brousse, on se retrouve confrontés avec la tradition. C’est difficile de refuser de manger, cela peut être insultant. Lors d’une de mes traversées, un des copilotes n’avait pas prévu ce fait. Pour Jean René, l’Afrique pouvait se traverser comme dans un bocal, sans contacts avec les Noirs. Et là, il se retrouvait coincé. Il faut dire que nous étions dans la boucle du fleuve Niger, dans un tout petit village, Diaby, où nous avions apporté des médicaments et des cadeaux, et où pratiquement aucun Blanc n’était jamais venu. Et, reçus en grandes pompes, le chef du village avait ordonné de tuer un mouton pour que nous le mangions ensemble. Nous avions réussi à échapper au premier rituel, qui était que l’un d’entre nous avait l’honneur d’égorger le mouton, mais pas au sacrifice. Ensuite nous avions longtemps parlé avec le chef pendant que les femmes préparaient le repas. A la tombée de la nuit vient le moment du service. Le chef, très cérémonieusement, nous découvre le plat de réception, les abats du mouton. Ici, c’est le plat réservé aux chefs, pour nous, c’est ce qu’on garde pour les chats. Le second plat est plus appétissant, c’est du riz avec une sauce de couleur rouge. Jean René est bloqué, il n’y a pas l’ombre d’une fourchette à l’horizon et déjà le chef nous incite à faire comme lui, en plongeant sa main dans le plat et en ressortant un morceau de foie ou de rein. Ce n’est pas évident et nous nous rabattons plutôt sur le plat de riz. Aie ! Aie ! Aie ! La sauce rouge, c’est du piment ! Et on n’a pas de pain. L’eau dans le broc étant l’eau du puits, il nous reste à attaquer la viande pour éponger l’incendie. Et Jean René ne mange toujours pas. A un moment le chef nous interroge.

- Votre ami, il ne mange pas ?

Jean René explique qu’il ne sait pas manger avec la main.

-Qu’à cela ne tienne, je vais te donner une cuiller.

Et voilà le chef qui donne un ordre à un des jeunes enfants entassés dans l’entrée de la pièce, et deux minutes après celui-ci revient triomphant avec une cuiller. Jean René est à la fois soulagé et embarrassé. Il peut maintenant manger, mais aussi il doit manger. Il va donc comme nous mastiquer la viande réservée aux chats et se brûler la gueule avec le riz. Après deux jours passés dans ce village nous repartons vers Bamako puis Kolokani. Là, nous nous arrêtons chez un Père, un missionnaire, sédentarisé dans ce gros village. Il possède des bières fraîches plein son réfrigérateur, il a beaucoup de choses à nous raconter et à nous demander, et le temps passe sans compter. Quand nous lui parlons de notre séjour dans le village de Diabi, et du fait qu’on s’est presque tous mis à manger avec les mains, il a une mimique intriguée, un peu inquiète.

-J’espère que vous ne leur avez pas demandé de cuiller ? Et sans attendre notre réponse il enchaîne : parce que, vous savez, ici dans chaque village il y a une cuiller, une seule. Elle est réservée aux lépreux.

 Jean René n’a rien dit, il est resté muet jusqu’au soir, au moment de notre bivouac en pleine brousse. Puis tout d’un coup il interroge.

-La cuiller du lépreux, c’était un coup monté avec le Père Blanc pour me faire peur, hein ?

On lui a en effet laissé croire qu’on avait arrangé le coup avec le Père Blanc, ça lui a permis de finir son voyage sans trop angoisser, mais en fait il n’a plus demandé de cuiller.

La mobylette de Diabi

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Jardin boucle du Niger

Après notre passage à Diabi, et de retour en France avec des centaines de photos, nous rencontrons les responsables de l’association qui gère le jumelage Diabi – St Paul en Jarez. La salle communale est archi pleine, nos photos font un tabac. Puis nous en venons au débat au cours duquel nous donnons la liste des besoins recensés dans le village. Cette liste, faite par nous, est également essentiellement composée de ce que nous a demandé le chef du village, via son interprète, puisque là-bas très peu de gens parlent le français. Dans cette liste trois éléments dominent.

 Le premier, les médicaments, tout le monde s’y attendait. Il est vrai que les maladies sont chez elles en Afrique et que les compagnies pharmaceutiques sont très loin d’être intéressées à vendre leurs produits à des tarifs abordables et liés au pouvoir d’achat des gens. L’association valide une liste dans laquelle l’accent est mis par nous sur les trousses de secours et les antipaludéens, et élimine tout ce qui nécessite une conservation au frais, le village n’ayant pas l’électricité.

Le second est la constitution d’une caisse pour les situations d’urgence. Un débat s’engage car l’association a un correspondant basé a Bamako, à 500 km de Diabi, et lui envoie chaque année de l’argent pour le village. Notre commentaire à ce propos jette un grand froid dans la salle : selon le chef du village, jamais rien n’est arrivé à destination ! C’est un problème interne à cette association, nous ne pouvons pas le régler.

La troisième demande surprend l’assistance, comme elle nous a surpris lorsque nous l’avons entendue. Le chef du village veut une mobylette pour pouvoir se rendre à Djenné quand il y a des réunions avec le préfet et les autorités. Des regards étonnés entrainent une question à notre adresse.

-Et pourquoi ne demandent-ils pas un véhicule ?

Nous leur expliquons ce que nous a dit le chef du village. D’abord, une mobylette cela ne coûte pas cher ni à l’achat, ni à l’entretien. Ceci étant avec un petit soutien financier de l’association cela peut se résoudre. Ensuite il en a déjà eu une et donc sait s’en servir. Mais l’argument majeur qui va nous laisser sans contre proposition est que, si nous apportons un véhicule, dès notre départ celui-ci sera réquisitionné par le préfet. Et de nous expliquer qu’il est difficilement imaginable que, au Mali, un maire dispose d’un véhicule et que le préfet n’en ait pas. Je savais déjà qu’au Sénégal le premier véhicule que nous avions amené et donné au centre de sauvegarde de Nianing était régulièrement utilisé par le préfet, mais seulement quand des délégations venaient. Comme ce centre est un service du Ministère de la Justice, cela ne m’avait pas vraiment surpris, j’en avais déduit qu’il s’agissait de solidarité entre fonctionnaires. Mais là nous sommes dans une autre dimension, à savoir un élu local n’est pas maître de ce qu’il reçoit, même via des associations étrangères, et comme pour l’argent transmis à Bamako et disparu dans la nature, probablement dilapidé par le correspondant de l’association, un véhicule revient directement au service de l’Etat ou d’un des ses fonctionnaires.

Choqués mais convaincus, nos amis de l’association de jumelage vont trouver cette mobylette, et l’année suivante, comme nous l’avions promis au chef du village, nous allons reprendre la route de Diaby avec ce bien précieux et un casque de moto, car il ne faudrait pas que le chef se blesse lors de ses déplacements.

 

Quand on parle des dirigeants africains, on pense souvent à ces présidents élus à vie et s’enrichissant sur le dos de leurs compatriotes, à ces sous-officiers devenus l’espace d’un coup d’état rois ou empereurs. Notre mobylette, quand à elle, se rapproche de la sagesse des vieux africains, lesquels définissent leurs besoins et leur train de vie en fonction de leurs propres moyens et de ceux de leurs administrés. Belle leçon de dignité humaine.

 

Ces petits textes sont extraits de mon livre, mentionné dans ma présentation

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.78/5   (18 votes)




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8 réactions à cet article    


  • leypanou 28 janvier 2013 15:15

    Article drôle qui mérite d’être connu par ceux qui n’ont pas la chance/le courage de « connaître » des pays « bizarres ».

    Après seulement plus de 50 ans d’indépendance, le Mali a encore des endroits où c’est comme çà !


    • Gérard Luçon Gérard Luçon 28 janvier 2013 15:58

      oh simplement « la chance », on m’a propose en 1986 de faire partie d’une traversee du desert si je trouvais un 4x4 .... et puis apres c’est une histoire de « virus », quand on en a pris une fois, on en redemande


    • Brontau 28 janvier 2013 15:20

       Bjr et merci Gérard pour ce récit plein de fantaisie et d’humanité. Cette alliance des mots et des images ne parle pas qu’à notre intellect mais aussi à notre imaginaire et à notre sensibilité.


      • Gérard Luçon Gérard Luçon 28 janvier 2013 16:02

        @Brontau, merci !

        Avec une petite precision, la 1ere photo de la case et des « minettes » demontre qu’en 1988 on ne se preoccupait pas de la burqua et autres tchador, cela faisait partie de leur paysage et deja de leur quotidien.

        Maintenant ils vont devoir se preoccuper des mines anti-personnel (mes ex-collegues de Handicap International sont deja sur le terrain pour cela), comme s’ils avaient eu aussi besoin de ce fleau !


      • pierrot pierrot 28 janvier 2013 18:30

        Merci pour l’article.
        Je ne connais pas Gao ni le Mali mais le Sahara algérien dont Tamanrasset, quel beau paysage et peuple hospitalier !


        • Gérard Luçon Gérard Luçon 28 janvier 2013 20:12

          j’ai eu la chance de passer le Hoggar avec des chutes de neige ... dommage que tu n’aies pas suivi ensuite Im Guezzam puis Arlit, Agades ... on a l’impression de passer d’un monde a un autre


          • Kindred Kindred 6 février 2013 18:27

            Je vais relire vos 5 articles à tête reposée.

            Vous avez lu Hampaté Ba ? L’étrange destin de Wangrin ?


            • Gérard Luçon Gérard Luçon 7 février 2013 01:06

              j’ai lu Amkoullel, l’enfant Peul ...

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