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Au Maroc, une croissance fragile

Le Maroc affiche une croissance de 5% par an depuis une demi-douzaine d’années. Le modèle économique marocain, cité en exemple par les institutions internationales montre toutefois des limites au niveau macro-économique et social. Plus que des réformes partielles, « des réparations » comme on dit, ce sont désormais des réformes politiquement sensibles et risquées qui sont nécessaires pour une continuation d’une croissance forte et redistributive.

Au Maroc, on se plait à citer le réseau autoroutier, allant du nord à Agadir, et bientôt d’ouest en est comme un exemple de ce qui a été accompli au cours des 10 dernières années. Force est de constater que plus que cela a été fait. Le nombre de touristes a été multiplié par deux, le taux de pauvreté a fortement baissé de même que le taux de chômage (de 14 à 9%), la dette publique a baissé, les investissements étatiques sont parallèlement à un niveau jamais atteint, l’économie non-agricole n’a pas connu de récession en 2008-2010, lors de la grande dépression. Toutefois, ce modèle commence à montrer quelques limites inquiétantes au niveau économique.
 
D’un côté, les investissements dépassent l’épargne disponible depuis maintenant trois ans, et la situation n’est pas sur le point de s’inverser. Cette situation créé une tension sur les liquidités bancaires très forte, obligeant la banque centrale à servir constamment aux banques commerciales des liquidités et réglementairement à baisser les taux de réserves monétaires obligatoires de 18% à 6% en deux ans. Cette situation est sans conséquence sur le court terme puisque les prêts des banques sont remboursés dans le cadre d’une activité florissante. Elle rend toutefois le système financier extrêmement fragile à tout ralentissement macro-économique puisque les réserves sensées assurer les liquidités bancaires en cas de non-paiement des emprunts sont faibles. Je vous laisse imaginer le scenario d’une crise de liquidités bancaires tel qu’il est bien connu...
 
De l’autre, dans le cadre d’un taux de change contrôlé, les réserves en devises du pays sont seules à même d’assurer les fonds nécessaires au financement des biens et services achetées à l’étranger. La balance des biens est toutefois tellement déficitaire, que le tourisme et le retour de capitaux des migrants ne sont pas suffisants pour combler le manque à gagner. Les IDE ou les emprunts à l’étranger sont donc nécessaires, or les IDE sont en baisse. Il reste donc la solution des emprunts à l’étranger, solution qui ne peut être viable sur le long terme, mais qui a dores et déjà été appliquée par la future émission d’un emprunt étatique à l’étranger.
 
Enfin, la subvention de produits de base, pétroliers surtout, provoque une explosion des dépenses de l’Etat dès que les prix de l’énergie augmentent au niveau international, ce qui est le cas cette année. Le pays ne dispose toutefois pas des réserves fiscales en termes de niches improductives afin de couvrir ce trou comme en 2007-2008.
 
Le pays se trouve donc face à trois dangers majeures, une crise de liquidités, une crise de la balance extérieure et une crise du budget étatique.
 
Le développement des exportations industrielles pour les rentrées en devises, la réforme des subventions étatiques énergétiques pour le budget de l’Etat et la hausse des taux d’intérêt et une hausse progressive des réserves des taux de réserves des banques est donc un impératif sur le court terme pour éviter de se trouver dans un scenario de crise grave, or toutes ces réformes sont risquées politiquement et économiquement..
 
Des réformes simples pourraient pourtant être mis en place sans grand risque d’explosion sociale. Ainsi, les forts investissements en infrastructure pourraient être réduits au profit de subvention à l’équipement industriel pour le développement des exportations, la subvention pétrolière et gazière pourrait être variable, vers les transports professionnels et communs au niveau pétrolier et les zones défavorisées pour le gaz, les règles prudentielles des banques devraient devenir légèrement plus strictes afin de limiter le taux d’investissement, avec en surplus une hausse progressive du taux d’intérêt et du taux de réserves liquides obligatoires jusqu’à un retour à l’quilibre épargne/investissement. Le problème est que ces réformes sont vues comme des vecteurs de risques politiques et/ou sociaux par un régime connu pour sa prudence. Le grand risque est pourtant de ne pas agir suffisamment sur ces trois fragilités.

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11 réactions à cet article    


  • jako jako 22 septembre 2010 10:04

    Logique libérale, cela se vide ici et cela se remplit ailleurs, que du bohneur quoi


    • manusan 22 septembre 2010 10:56

      à quand un TGV au Maroc ? la géographie s’y prête bien.


      • Martin D 22 septembre 2010 11:06

        je ne connais pas le Maroc, mais j’aime bien allé en touriste l’été.
        j’ai constaté bcp de pauvreté dans ce pays que je trouve très agréable tant au niveau du tourisme qu’au niveau des gens.
        j’imagine que le Maroc perdra bcp le jour ou ses exportations et son tourisme déclineront...je trouve que ce que fait M6 est très bien et donne bcp de travail au peuple, mais c’est encore insuffisant, il faut faire plus d’effort !


        • edzez edzez 22 septembre 2010 12:12

          les pauvres vivent tres bien, ils n’ont pas de grosses taxes
          ils n’ont pas faim

          par contre il y a des enfants abandonnné
          des gens de plus en plus indifferent et egoistes , qui deviennent comme des occidentaux ou riches d’emirats , trop consommé , gaspillé de l’argent dans la futilité ...


        • pat30 pat30 22 septembre 2010 20:46


          @ edzez
          vous utilisez le système balkany qui prétendait qu’il n’y avait pas de pauvres en France. 

          « les pauvres vivent tres bien, ils n’ont pas de grosses taxes
          ils n’ont pas faim »


          Vous n’avez pas honte d’écrire ça ?

          Vous êtes MRI ? Je suis marié à une Marocaine, je vais très souvent au royaume enchanté hors des circuits touristiques, je sais de quoi je parle.

          Vous mentez monsieur.



        • pat30 pat30 22 septembre 2010 21:44

          « les pauvres vivent très bien » !


          Deux femmes et dix enfants marocains ont été retrouvés morts de froid en décembre dans la région de Khénifra au Moyen-Atlas, à quelque 1.600 mètres d’altitude, a indiqué jeudi l’agence marocaine de presse Map 

          « Les localités (de la province de Khénifra) ne disposent pas d’assez de structures sanitaires de proximité » - Tounfite, le centre de santé le plus proche d’Amsegou étant situé à 30 km de la ville, avec des pistes impraticables lors de cette période de l’année, a tenté d’expliquer une source médicale à la Map 

          Et, ce n’est pas la première fois que l’hiver a fait des victimes à Amsgou. En 1980, quatre-vingts personnes ont péri à cause d’une brusque chute des températures. Apparemment, ça n’a pas servi de leçon. 

           Faute de moyens, quelques habitants coupent des arbres clandestinement de la forêt avoisinante. Ce qui leur a valu de lourdes amendes imposées par l’Etat. L’un d’entre eux est condamné à payer 180.000 dirhams d’amende. S’il ne peut pas honorer sa dette, il fera un jour de prison pour chaque billet de cinquante dirhams. Cet homme aura à faire 3.600 jours de prison, soit 10 ans. 



        • alexandre1978 alexandre1978 22 septembre 2010 12:01

          article interessant, je connais le maroc, pour y être allé plusieurs (dernière en date, il y a deux ans) contrairement a son voisin algérien, le peuple marocain est accueillant et hospitalier.
          je pense que le maroc est sur la bonne voie et je souhaite à ce pays de pouvoir démontrer qu’un pays arabe et musulman peut accèder à la modernité.


          • edzez edzez 22 septembre 2010 12:16

            pays arabe ou musulman , pas vraiment !

            y a de tout comme la france , chretien, juifs , afrique central , europeen , chinois , français sedentarisés , des sans papiers ...

            c’est cosmopolite comme la france, je sais de quoi je parle , je suis d’origine marocaine, et qand je voyage , je ne vais pas dans les villes touristiques.


          • agoratoc 22 septembre 2010 21:55

            « contrairement a son voisin algérien, le peuple marocain est accueillant et hospitalier. »

            bah moi j ai trouvé les algeriens tres acceuillants j ai plus d une anecdote en stock , tres loin des images vehiculées en France . mais je ne connais pas du tout le maroc qui semble en effet plus moderne et decontracté


          • agoratoc 22 septembre 2010 21:58

            et encore faut il se mefier des soi disant modernes , quand un rural se confronte a la modernité il ne devient pas pour autant moderne mais veut s en donner l air


          • ali8 22 septembre 2010 16:48

            ce sont probablement les conseillers du Commandeur des Croyants, des amis @ manusan, qui sont à l’origine d’une telle croissance mdr !!

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