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Belgique : l’extrême droite flamande a encore un peu de pain sur la planche, juste un peu

Aux élections communales belges d’octobre 2006, le Vlaams Belang (extrême droite flamande) a encore gagné du terrain. Le cordon sanitaire, organisé et entretenu par les partis démocratiques, tiendra-t-il jusqu’aux prochaines élections de 2007 ? Dans un contexte complexe où les communautarismes s’affichent au grand jour, le Vlaams Belang n’a plus grand-chose à faire pour prendre le pouvoir, dans ce plat pays qui est le nôtre.

C’est clair, la Belgique n’est pas épargnée par la montée de l’extrême droite. En raison du contexte institutionnel assez complexe de la Belgique, l’extrême droite ne s’exprime pas de la même manière que l’on soit dans le Nord ou dans le Sud du pays. La Flandre, depuis 1978, a son parti nationaliste. Au départ, on l’appelle le Vlaams Blok, mais en 2004, à la suite de la décision de la Cour de cassation de Belgique qui condamna pour racisme et xénophobie plusieurs associations proches du Vlaams Blok, ce dernier décida de changer purement et simplement de nom, pour éviter de lourdes amendes pénales ainsi que la privation de ses dotations publiques.
Dans le Sud, en Wallonie, c’est différent. Le parti d’extrême droite, le Front national, perd en crédibilité un peu plus chaque année, pour cause de déboires judiciaires de son président à vie, le médecin Daniel Féret. Nous ne nous attarderons pas dans cet article sur cette veine de l’extrême droite. Plutôt, nous aimerions présenter de manière la plus claire possible le Vlaams Belang (le parti extrémiste de la droite flamande) ainsi que les conséquences de sa progression pour la vie politique belge et étrangère.

Nous sommes donc le 14 novembre 2004. Lors d’un congrès réuni à Anvers, le Vlaams Blok se dissout pour les raisons que nous connaissons déjà et refonde un nouveau parti, avec les mêmes personnes et pour l’essentiel le même programme : le Vlaams Belang.

C’est ainsi que le parti change de nom, tout en conservant les mêmes initiales (VB) et les mêmes couleurs, le noir et le jaune, qui sont celles de la Flandre et du fameux Lion flamand. Néanmoins, le parti change sa ligne politique en matière d’immigration. Alors qu’il avait été attaqué pour ses positions racistes, le parti renonce à demander le « renvoi vers leur pays (d’origine) de larges groupes d’immigrés non européens », et fait désormais campagne pour une non-acceptation de ceux qui « rejettent, nient ou combattent notre culture ». La nuance est de taille. Le VB peut à nouveau remonter sur la scène politique belge.

Les élections municipales du 8 octobre dernier : victoire du VB !

C’est clair, net et précis, le Vlaams Belang s’installe en force dans le paysage politique flamand. Le parti d’extrême droite a encore amélioré ses positions le dimanche 8 octobre dernier lors des élections communales, et ceci dans la quasi-totalité des villes de Flandre. Néanmoins, fait très important, le VB a perdu sa première place dans son bastion d’Anvers.

Franck Vanhecke, le chef du Vlaams Belang, n’a pas tardé à crier victoire. "Nous sommes vraiment loin devant. Nous avons gagné de façon spectaculaire. Nous sommes les vainqueurs de cette élection", a-t-il lancé.

Et il n’a pas tout à fait tort. Le Vlaams Belang s’est ainsi imposé comme le premier parti dans sept municipalités flamandes. Sur l’ensemble de la Région flamande, il progresse de 7,6 points pour atteindre 20,8% des voix, renforçant ses positions bien au-delà du port d’Anvers, deuxième ville de Belgique et bastion historique de l’extrême droite flamande.

Il faut savoir que lors des précédentes municipales de 2000, le parti d’extrême droite était arrivé en tête à Anvers avec un tiers des voix, mais il avait été écarté du pouvoir par un "cordon sanitaire", coalition disparate de partis opposés à cette formation xénophobe et séparatiste.

 Filip Dewinter, figure charismatique et chef du Vlaams à Anvers, a reconnu que les résultats de son parti étaient décevants dans sa ville, mais il les a attribués au vote des immigrés. "Nous n’avons pas fait aussi bien (que nous l’espérions) " à Anvers, parce que "les immigrés ont eu le droit de vote, cela a eu une influence", a-t-il estimé dans la presse.

Au plan national, ce scrutin marque un revers majeur pour le Premier ministre Guy Verhofstadt, à moins d’un an des élections législatives prévues au printemps 2007.
Les socialistes sont également en recul dans les 19 conseils municipaux de la région-capitale de Bruxelles, mais gardent le contrôle de la ville elle-même. Ce sont les chrétiens-démocrates du CDH qui sont les principaux bénéficiaires des pertes socialistes en Wallonie et à Bruxelles.
Les législatives, qui devraient avoir lieu en mai ou juin 2007, s’annoncent donc mal pour la fragile coalition gouvernementale menée par le Premier ministre Guy Verhofstadt, qui espère décrocher un troisième mandat.

Quand l’extrême droite flamande s’associe à l’extrémisme des immigrés.

Pour la première fois en Belgique, les citoyens non européens pouvaient voter aux municipales. Progrès social impressionnant, les immigrés non européens, qui sont souvent considérés comme des individus de seconde zone, pouvaient enfin élire leurs représentants ! Pourtant, le résultat de cette avancée démocratique semble assez désolant. En effet, des candidats extrémistes religieux présents sur des listes (pourtant démocratiques) ont reçu plus de voix que prévu. Les débats ont été vifs en Belgique avant, pendant et après les élections ; certains ont même noté la présence de membres des Loups gris (extrême droite radicale turque) sur la liste PS tenue par la ministre de la Justice en personne.

Il y a donc eu des candidats et des élus de l’extrême droite immigrés. Le Vlaams Belang d’ailleurs n’était pas complètement ignorant de cette donnée puisqu’on a pu voir sur les listes du parti extrémiste flamand, une dénommée Belkis Sögütlü ainsi que des tracts en langue turque dans certains quartiers de Bruxelles. Le journaliste Mehmet Koksal dénoncera même, sur son site, la présence sur les listes du Vlaams Belang d’un candidat musulman qui communique en arabe avec ses électeurs. Enfin, une étude universitaire conduite par le Centre d’études en sciences politiques de l’Université libre de Bruxelles (Cevipol) montre que lors des élections régionales de juin 2004, parmi les électeurs bruxellois du Vlaams Belang, il se trouvait 4,5 % de musulmans.

On peut donc conclure, à la vue de ces élections belgo-belges, que les immigrés ne rechignent pas à fréquenter et à soutenir par le vote un parti politique qui déclare pourtant, avec beaucoup de finesse, son mépris pour les immigrés.

Les prochaines élections de 2007 seront décisives.

On en parlera peu, parce que la présidentielle en France va probablement faire plus de bruit. Et pourtant, on peut s’attendre à voir en Belgique, pour les élections fédérales (élection du gouvernement et du Premier ministre), une montée radicale de l’extrême droite, que ce soit en Flandre ou en Wallonie. Une première raison est à trouver dans l’absence du vote des citoyens non européens. Si ces derniers ont bien le droit de vote aux communales, ils ne l’auront pas à l’échelle fédérale. Et comme l’a bien dit Filip Dewinter, son parti a perdu du poids dans la répartition des sièges aux communales à cause du vote des citoyens non européens. De plus, l’extrême droite francophone (FN), même si elle bat de l’aile pour le moment, n’est pas en reste. Le FN a ceci de particulier : il n’est pas fédérateur, et se voit souvent concurrencé par de petits partis dissidents. Malgré ce contexte, le FN engrange à nouveau des bénéfices électoraux importants par rapport aux élections de 2000, comme l’avait déjà démontré les élections législatives de 2003 et les régionales de 2004. On peut donc s’attendre à ce que l’extrême droite dans la partie francophone se stabilise, au minimum, voire à ce qu’augmente ses scores. Enfin, la montée de l’extrémisme communautariste ne présage rien de bon pour l’avenir de la Belgique. Les positions se radicalisent un peu plus chaque jour, et les citoyens se replient sur eux-mêmes, se crispent et se tourneront probablement vers des partis plus traditionnels tels que le CDH (anciens chrétiens démocrates) ou encore tourneront le dos à la démocratie pour voter FN ou VB (comme l’ont montré ces dernières élections). Le dialogue intercommunautaire est en train de disparaître peu à peu dans les villes (voir pour cela Bruxelles, où certains quartiers vivent dans un tel vase clos que ni le français ni le flamand ne sont les langues utilisées quotidiennement) et au vu des scores engrangés lors des dernières élections communales, on peut facilement imaginer que le fameux cordon sanitaire belge se déchire.
Dans ce cas, espérons que le nouveau président français réalisera assez vite que chez ses voisins, la peste brune s’empare des doux foyers du plat pays et qu’elle se répand facilement, même là où on ne l’attendait pas.


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7 réactions à cet article    


  • françois (---.---.80.157) 9 novembre 2006 12:07

    La Belgique est sur la même voie que la France, parce que vous faites les mêmes « bêtises ». Au lieu de régler les problèmes de l’immigration, vous avez préférez diaboliser (racisme, fascisme, guerre etc...) ceux qui la dénonçaient, tout en sachant qu’une immigration trop importante de populations aussi différentes, ne peut se faire que lentement en l’assimilant au fur et à mesure. Les électeurs, voyant que rien ne règle leurs problèmes (pour ceux qui en souffre, souvent les plus pauvres), n’ayant rien à perdre se rapprochent de ceux qu’ils pensent plus à même de les aider. Certains immigrés soucieux de s’intégrer complètement votent également pour eux. Alors que d’autres souvent des religieux radicaux, préfèrent intégrer les partis qu’ils savent plus « perméables » à leur implantation voulue. D’autre part l’Europe, telle qu’elle se présente actuellement, essaie de « tuer » les nations en employant les mêmes méthodes que celles employées après la guerre 45 pour éliminer le nationalisme allemand du « national-socialisme » (qui n’a rien à voir avec le nationalisme de la « préférence nationale » naturelle qui existe partout) par les Lander, favorisant par là-même le repli identitaire régional (plus besoin d’armée nationale pour se protéger, l’Europe le fera pour tous). La Belgique avec ses problèmes linguistiques, n’avait pas besoin de cela en plus. Si vous voulez faire disparaître Vlams Belang ou le FN belge, tout comme le FN Français (je suis du Nord de la France) c’est facile, réglez les problèmes vous-même au lieu de « laisser filer » et de manoeuvrer ou diaboliser « à coup de peste brune »( à la longue, ça n’impressionne plus beaucoup). Ils disparaîtront d’eux-même.


    • (---.---.9.230) 10 novembre 2006 10:49

      tout à fait d’accord.

      A force de traiter de rasciste, fasciste, etc... tout individu censé qui dénonce un flux d’immigration trop important (je parle bien de FLUX trop grand, pas d’immigration) pour les capacités d’absorption du pays d’accueil on arrive à cette réaction radicale des populations autochtones qui en souffrent. Vous bien de parler d’assimilation car le concept à la mode de l’intégration est malsaint (et l’exemple britannique nous montre bien ses limites).

      La culpabilité de Bruxelles (capitale européenne, non la capitale belge) est également énorme. En jouant les régions contre les états nations pour assoir son pouvoir elle a rendu les institutions de chaque pays totalement incapables de lutter contre les dérives anti démocratiques, anti civiles etc... Ne pas s’étonner donc du repli identitaire régional. Une boite de Pandore a été ouverte, car maintenant les régions prennent de plus en plus de force et de légitimité et à l’avenir la Comission devra lutter non contre 25 adversaires mais plus d’une centaine. Une joli fronde en perspective.


    • Depi Depi 9 novembre 2006 13:07

      Ayant ma « compagne » qui habite à Bruxelles, j’ai un peu (vraiment un peu) suivi les élections municipales belges.

      La montée de l’extrême droite flamande s’explique par l’immigration et les immigrés en partie c’est sur. Quasiment tous les pays européens qui présente une fort part d’immigrés est en proie à un problème plus ou moins similaire.

      Toutefois, cette montée s’explique aussi en région flamande par le communautarisme Wallonie / Flandre. Il me semble que le phénomène de racisme anti-wallon par exemple prend de plus en plus d’ampleur. On se dirige à grand pas vers une plus grande partition de la Belgique, particulièrement si l’extrême droite flamande continue d’engranger des succès. Après je ne suis pas un expert de la politique belge. J’ai surtout des échos. Par exemple le blocage avant hier d’écoles primaires francophones par des flamands.


      • LE CHAT (---.---.75.49) 9 novembre 2006 14:14

        bon article, mais tout comme en france la stratégie du cordon sanitaire est néfaste car elle entretien l’idée que tous les autres partis se coalisent pour garder le beurre et l’argent du beurre et comme le F.N en france , le vlaams belang aura beau jeu de jouer les victimes face à « l’etablishment »


        • Antoine Diederick (---.---.26.47) 9 novembre 2006 18:54

          Bonsoir Monsieur Ribeaucourt,

          Très bon article, bien fait.

          Rapidement pour moi, comme intervention ici (j’ai assez à faire) mais je ne veux pas rater de commenter cet article.

          Comme belges nous aurions pu craindre le pire, il n’est pas arrivé, le Vlaamse Belang a été contenu.

          A mon sens, les électeurs ont fait preuve de bon sens et de modération sur l’ensemble du territoire belge et s’il ny avait les problèmes que rencontrent les socialistes avec la justice pour mauvaise gouvernance, nous aurions pu dire tout est parfait....enfin presque...mais ds l’ensemble, personnellement, je ne veux pas comme citoyen belge succomber aux scénarios du pire.

          Concernant le vote des étrangers , cela n’a pas été un succès.Cela montre, à mon sens, que le principe de citoyenneté n’est pas donné naturellement mais qu’il est le résultat de bien autre chose, éducation et apprentissage culturel (n’en déplaise à certains élus qui claironnent que citoyenneté n’est pas nation etc..., je ne prends pas position mais il y a des confusions).

          Concernant, le vote allochtone qui aurait été au Vlaamse Belgang, c’est la parfaite illustration des contraires qui se rejoignent (les statistiques montrent souvent par ex. en France jadis que les déçus du communisme votaient alors pour l’extrême droite et cela reste souvent marginal). Il est vrai que les extémismes peuvent faire alliance comme craignent des démocrates allemands : voir des néos-nazis s’allier avec des islamistes pur et durs. Mais cela ne c’est pas vu en Belgique, heureusement.

          Problème linguistique et TAK (Taal actie kom.) qui s’est manifesté il y a peu comme auparavant ds les communes a facilités linguistiques, à mon avis pour l’instant cela reste marginal et n’a plus la mme importance que lors de la réforme constitutionnelle.

          Concernant le Vlaamse Belang : il a été montré que cette formation serait tout à fait incapable de gouverner. Pour quelle raison ? Voici un parti qui dépense l’ensemble de son budget électoral en publicité et marketing alors que les grands partis traditionnels entretiennent à grands frais un bureau d’études politiques afin d’aborder serainement et avec bonne gouvernance la pratique du pouvoir. Donc, la capacité de cette formation a participer au pouvoir en terme qualitatif est inexistante mme si sa présence quantitative lui est favorable.

          Progression de la formation chrétienne...en effet, ils pourraient fortement progresser aux législatives prochaines.

          Concernant la région de Bruxelles, il y a de nouvelles données a intégrer concernant la ville qui s’oriente de plus en plus comme un ville en extension.

          Enfin, je voudrais dire ici comme belge que je trouve le résultat électoral raisonnable et apaisant.

          La suite ?

          Il faudra voir comment les partis traditionnels vont traiter les nouvelles questions, c’est à dire avec quelle capacité a générer un nouveau consensus.

          Dernière remarque : La Flandres qui est une région riche craint la fin de cet âge d’or.

          Exemple :L’industrie automobile pourrat-elle se maintenir sans délocatisation (voyez Genk , Ford ou encore Volkswagen - Audi) dont certaines cassandres les voyent à terme partir, imaginez les séismes sociaux)...ce n’est qu’un exemple. Enfin, l’Europe qui ne parvient plus à convaincre...

          Ok, je stoppe ici....sinon , j’y suis encore demain...

          Bonne soirée à vous et bravo pour votre texte.


          • Yann (---.---.178.148) 10 novembre 2006 11:18

            La Belgique est complètement pourrie de l’intérieur, ce pays ne ressemble plus à rien d’autre qu’un magma putride. Et dire que Bruxelles est la capitale de l’Europe, c’est à chialer de rire ou d’effroi, ce n’est plus l’Europe c’est la tour de Babel, ces elections ont montrées le réveil des citoyens Belges, sans les alliances et les trucages des partis immigrationnistes, la Droite Nationale l’aurait emporté haut la main, c’est d’ailleurs un phénomène Européen, en France le FN va sans doute également dépasser les 25%.. Il est évident que si une vraie Droite ne prend pas le pouvoir en Europe, des gigantesques pogroms vont voir le jour partout sur le continent et une tentative d’extermination des envahisseurs va naitre, les politiquards sont des fous..


            • Antoine Diederick « the Contrarian ». (---.---.212.249) 10 novembre 2006 13:23

              la Belgique complétement pourrie ?

              Merci pour nous.....enfin bon...c’est votre avis.

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