Berlusconi en route pour l’impunité définitive
Sarkoni ou Berluskozy : qui est le pire ?
En même temps, difficile de faire autrement tant cette quête permanente de l’impunité est flagrante, à l’analyse de l’historique qu’Eric Jozsef retrace avec brio : "A peine retourné aux affaires il y a un an et demi, le gouvernement du Cavaliere avait présenté un texte sur le modèle français, octroyant une immunité aux quatre plus hautes autorités du pays, donc au président du Conseil, durant l’exercice de leur mandat. Mais le texte a été retoqué par la Cour constitutionnelle, laquelle a estimé que le projet violait « l’égalité » des citoyens devant la loi. Immédiatement, le procès qui voit le magnat de la communication soupçonné d’avoir corrompu l’avocat britannique David Mills, et qui avait été suspendu en attendant le verdict de la Cour constitutionnelle, a repris. David Mills a déjà été condamné en appel à quatre ans et demi de réclusion. Il a été reconnu coupable d’avoir touché 600 000 dollars de la Fininvest, le groupe de Berlusconi, pour fournir un faux témoignage en faveur du Cavaliere dans un autre procès. « S’il y a un corrompu, il y a un corrupteur », ont écrit en substance les juges dans leur sentence de condamnation de l’avocat. Avec l’adoption de la nouvelle loi, les poursuites seraient immédiatement abandonnées. Le chef du gouvernement est également en procès pour « falsification de bilan » et constitution de caisses noires dans le cadre de l’acquisition de droits télé. Avec le nouveau texte, soumis à l’examen du Sénat, il éviterait là aussi toute sanction éventuelle. Pour Silvio Berlusconi, il s’agit du dix-huitième texte judiciaire ad personam présenté par sa majorité depuis son entrée en politique en 1994. Jusqu’à présent, entre acquittement, relaxes et affaires classées à la suite de lois sur mesure, le patron de la droite italienne a toujours réussi à échapper à la justice."
Voilà donc qu’il est établi - il a été condamné pour cela - que l’avocat David Mills a touché 600 000 dollars en récompense d’un faux-témoignage en faveur de Berlusconi. Donc que ce dernier est objectivement coupable de corruption. Mais une nouvelle loi sortie du chapeau lui promet d’échapper à la légitime condamnation, ainsi qu’elle lui évite de répondre devant la justice des comportements délictueux qui lui sont reprochés dans d’autres affaires, pour faire bon poids. Et l’entourage du président du Conseil ne cache même pas que, oui, cette loi est faite pour le mettre à l’abri. Immoral, cynique ? On croyait la Sarkozie championne du monde, mais son homologue transalpine la surpasse de cent coudées ! Remarquez, ce que les UMPistes français concèdent en décomplexion, ils le regagnent en hypocrisie : chez nous, pour être sûr de mettre à l’abri tous les amis du Pouvoir d’un quelconque risque judiciaire, on s’apprête à supprimer le juge d’instruction, sans admettre que placer la justice sous les ordres du parquet, donc directement du ministre, pose un quelconque problème en termes d’indépendance et de séparation des pouvoirs. Toujours nier l’évidence, mentir, constamment. Tout en hurlant à "la dictature", au nom justement de la séparation des pouvoirs, simplement parce les socialistes réclament une enquête parlementaire sur les 3,8 millions d’euros de sondages commandés par l’Elysée dans l’opacité la plus totale ! C’est Jean-François Copé, président du groupe de l’UMP à l’Assemblée nationale, qui s’est fendu de cette déclaration hallucinante de mauvaise foi et d’outrance. Finalement, en terminant ce billet, nous ne sommes plus si sûr que la droite berlusconienne soit vraiment pire que les sarkozystes.
PS : salut fraternel aux amis d’Italie que nous étions allés rencontrer à Bologne. Qui, de Sarkozy ou Berlusconi, est le pire ? Le débat avait alors fait rage !
A lire aussi notre dossier d’avril 2006, Berlusconi et l’extrême droite.
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