Blackwater contre Al-Qaida, tout contre
Crimes de guerre, corruption, assassinats de témoins, proxénétisme, tortures, déportations : bienvenue dans le monde enchanté de Blackwater, groupe paramilitaire made in USA. A la surprise générale, le contrat en Irak des sinistres mercenaires vient d’être prolongé, avec l’accord tacite d’Obama. Plongée en apnée dans les abysses du cauchemar américain.

Pas besoin de plan média pour Blackwater, désormais rebaptisé « Xe » (prononcez « Ziii ») : depuis deux ans, la société privée de militaires globe-trotteurs fait régulièrement la une, allant d’un scandale à un autre, au gré des nouvelles turpitudes dévoilées par d’intrépides journalistes d‘investigation. Depuis la fusillade de 17 civils irakiens le 16 septembre 2007 jusqu’à la révélation ces jours-ci par le New York Times d’un programme secret d’assassinats commandité par la CIA et sous-traité par Blackwater, la firme privée de soldats baroudeurs n’en finit pas d’en prendre pour son grade. Mais pas au point de tomber en disgrâce pour l’Administration américaine. Le département d’Etat, sous la férule d’Hillary Clinton, vient de reconduire « pour des semaines ou des mois » le contrat, dont la fin était prévue pour le 3 septembre, liant Blackwater à l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad. Précisément, et malgré l’expiration de précédentes missions de protection, la firme, persona non grata pour le gouvernement irakien, s’est vue accordée le droit de continuer à garantir la sécurité des diplomates américains lors de leur transport par voie aérienne. Cette décision fait pourtant suite à la protestation officielle de certains membres du Congrès américain qui avaient solennellement demandé à Hillary Clinton de cesser toute coopération et tout financement, déjà trop généreux dans le passé, d’une société dont les pratiques criminelles sont largement avérées.
Les derniers croisés de l’empire américain
Mais, visiblement, le tandem Obama-Clinton a fait fi de la réputation sulfureuse des mercenaires, préférant le statu quo à la rupture. Etrange désinvolture, au vu du nombre et de la taille des casseroles que traîne Blackwater. Sombre florilège : une vingtaine d’Irakiens tués entre 2005 et 2007 sans aucun motif de légitime défense, un programme d’assassinats de leaders d’Al Qaida, commandité par la CIA de 2004 jusqu’à juin 2009 et tenu secret pour le Congrès de par la volonté du vice-président Cheney, une mission d’acheminement en Afghanistan et au Pakistan de drones transportant missiles et bombes téléguidées vers des « cibles désignées », la déportation et la torture de terroristes présumés d‘Asie centrale à Guantanamo, les meurtres de témoins d’exactions « extra-judiciaires » commises par le groupe, l’enquête militaire en cours sur la mort suspecte de deux Afghans à Kaboul le 5 mai dernier, un réseau de prostitution d’adolescentes organisé par et pour ces miliciens basés en Irak et , enfin, la volonté affirmée par le fondateur Erik Prince, et corroborée par plusieurs sources, d’éradiquer l’islam de la planète.
Prince des ténèbres
L’homme est une caricature : chrétien conservateur âgé de 40 ans, converti au catholicisme romain pour se rapprocher des origines, cet ancien commando des Marines voue un culte aux croisades, au point de s’être inspiré des Templiers et de leurs signes de reconnaissance pour communiquer avec certains de ses frères d’armes. Ce milliardaire, fils d’une famille influente de Républicains, prétend ne pas « être guidé par l’argent » et admet tout au plus avoir le « cœur d’un guerrier ». Très présent auprès des personnages qui comptaient sous l’Administration Bush, l’homme a délaissé le titre de Pdg en début d’année, même s’il conserve encore des fonctions de direction. Fin connaisseur du gotha politique lié au monde de l’espionnage, Erik Prince a su au fil des années tisser des liens d’amitié avec nombre d’anciens cadres de la CIA, à tel point que certains d’entre eux l’ont rejoint au conseil d’administration de Blackwater, tel Alvin « Buzzy » Krongard, ex-numéro 3 de l’Agence, ou Cofer Black, ancien responsable chargé du contre-terrorisme.
Zacarias Moussaoui, agent trouble
Du fond de sa cellule au Colorado, un ancien gamin des cités françaises, condamné à perpétuité et regrettant aujourd’hui, à l’âge de 41 ans, d’avoir plaidé coupable, connaît sans doute la réponse.
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