Boeing 737 MAX : le ciel s’assombrit un peu plus pour les compagnies aériennes
Verra-t-on le Boeing 737 MAX dans le ciel cet hiver ? Rien n’est moins sûr. Alors que les trois principales compagnies américaines qui utilisent l’appareil viennent d’annoncer un report de la remise en service de leurs MAX à début novembre, l’inquiétude monte au sein de la Federal Aviation Administration (FAA), l’autorité américaine de l’aviation civile, au sujet d’une possible immobilisation du moyen porteur jusqu’à la fin de l’année.
Juin, août, septembre et maintenant novembre : les reports s’enchaînent et la facture s’alourdit pour American Airlines, United Airlines et Southwest Airlines, qui verront leur flotte de Boeing 737 MAX au sol pendant encore 3 mois au moins. Depuis le début de la saison estivale, c’est par exemple 115 vols par jour qui sont annulés chez American Airlines, pénalisant des milliers (et bientôt des millions) de passagers. La première compagnie aérienne mondiale a même été contrainte de suspendre une liaison, Oakland – Dallas, une première ! Or, le mois d’août est le plus chargé de l’année. Pour American Airlines, la perte de revenus dépassera donc largement les 350 millions de dollars estimés en avril dernier. D’autant que la saison hivernale, qui débute mi-novembre, est désormais elle aussi menacée.
Découverte d’une nouvelle faille de sécurité
La cause de cette indisponibilité prolongée du MAX ? La découverte par la FAA, en juin dernier, d’une nouvelle faille de sécurité lors d’essais en simulateur. Boeing estime que les corrections nécessaires seront terminées, au mieux, fin septembre. Par ailleurs, les modifications effectuées sur le système anti-décrochage, mis en cause lors des deux crashs de mars et octobre derniers, n’ont toujours pas été soumises aux régulateurs.
Le communiqué publié le 18 juillet par la compagnie Southwest Airlines résume bien la situation on ne peut plus floue dans laquelle se trouvent les compagnies aériennes :
« Southwest Airlines continue de suivre les informations délivrées par Boeing et la Federal Aviation Administration concernant les améliorations imminentes du logiciel du 737 MAX et les exigences en termes de formation. Nous sommes confiants que, une fois certifiées par la FAA, les améliorations permettront la sûreté opérationnelle du MAX. Nous avons précédemment revu notre programme de vols en retirant le MAX jusqu’au 1er octobre […]. La date de la remise en service du MAX étant toujours incertaine, nous révisons une nouvelle fois notre programmation et retirons le MAX jusqu’au 2 novembre. »
Southwest est le principal acheteur du Boeing 737 MAX, avec 34 unités présentes dans sa flotte et la livraison de 41 autres attendue, initialement, cette année. Jusqu’à la remise en service de l’appareil, 180 vols quotidiens seront supprimés, sur un total de 4 000 vols quotidiens.
Si les compagnies américaines en paient un lourd tribut, elles ne sont bien sûr pas les seules à subir les déboires de l’avionneur. La compagnie low-cost irlandaise Ryanair a ainsi annoncé il y a quelques jours la fermeture de certaines de ses bases cet hiver ainsi qu’à l’été 2020 car les livraisons seront retardées. La 2e compagnie européenne devrait recevoir 30 appareils sur les 58 commandés d’ici à mai 2020. Conséquence : une croissance prévisionnelle du trafic à l’été prochain de 3 %, 4 points inférieure aux estimations initiales.
Analyses de sécurité élargies
Selon le Wall Street Journal, l’inquiétude grandit aussi bien du côté des instances dirigeantes de Boeing que des régulateurs et des ingénieurs de la FAA, qui n’excluent pas une remise en service en 2020. Au fil des mois en effet, ces derniers se voient contraints de mener des analyses de sécurité sur un nombre croissants d’éléments, comme certains composants électroniques ou les procédures d’urgence, ce qui n’était pas prévu.
En mai dernier, lors de son audition au Congrès américain, le directeur général par intérim de la FAA Daniel Elwell n’avançait d’ailleurs aucune date de remise en service de l’appareil, indiquant simplement que le Boeing 737 MAX volerait uniquement lorsque « cela ne posera plus aucun problème de sûreté ».
Photo : Colin Brown Photography - licence
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