Bonne nouvelle, l’Arctique meurt !
La fonte de la banquise arctique, qui se tient dans l’indifférence de la classe dirigeante internationale, s’explique par de nouveaux atouts que présente l’Arctique, à la joie des grandes puissances économiques...

L’ours polaire, symbole d’un écosystème bouleversé
Les ours polaires feront partie de l’Histoire et nos petits-enfants ne les verront plus que dans les livres affirme un responsable WWF. Cette phrase mesure tout l’ampleur du danger auquel doivent faire face les ours polaires, menacés à terme, d’extinction, en raison de la fonte de leur habitat, la banquise arctique. Cette fonte pousse effectivement certains ours à passer l’été sur la terre ferme, où ils manquent cruellement de nourriture et s’aventurent dans des zones urbaines où ils sèment la panique. A terme, si la superficie de la banquise poursuit sa chute, l’ours polaire rencontrera en hiver des problèmes similaires à ceux qui se limitent actuellement à la seule saison chaude.
Récemment, les 5 états (Russie,Etats-Unis, Canada, Danemark, Norvège) recensant des ours polaires sur leurs territoires se sont réunis pour la première fois en 30 ans, sans que cette rencontre n’aboutisse sur quelque mesure concrète. La classe dirigeante internationale n’en reste pas moins consciente du problème : contre 22.000 ours blancs aujourd’hui, seuls 9000 fouleront le sol arctique en 2050.
Par ailleurs, la chaîne alimentaire du monde Arctique s’avère particulièrement étriquée, rendant extrêmement préjudiciable toute extinction. Certaines espèces ont d’ores et déjà subi le bouleversement de l’écosystème, qui a amorcé la venue d’espèces venues du sud assure le professeur Louis Fortier, avant d’ajouter que la pénétration des saumons du Pacifique en Arctique est de plus en plus fréquente. Dans la baie d’Hudson, la morue est peu à peu remplacée par le capelan de l’Atlantique. Déconcertées par cette tendance, des espèces plus visibles telles que le phoque ou l’ours polaire doivent procéder à une évolution de leurs modes de vie.
Les inuits contraints de remettre en question leur mode de vie

Or, la chasse du phoque apporte nombre de ressources aux Inuits, qui utilisent non seulement leur viande mais aussi leur fourrure ainsi que leur graisse, à la base de l’huile qu’ils produisent. Par ailleurs, certaines espèces marines, dont le nombre décroît au fil des mois, se verront probablement attribuées le statut d’espèce en voie de disparition et il sera impossible pour les Inuits de poursuivre leur activité de pêche. Or, la chasse et la pêche représentent 80% de l’activité économique inuit !
Ces perspectives inquiétantes vont contraindre les populations inuit à une mutation radicale de leur mode de vie, la fonte des glaces ouvrant cependant nombre de nouvelles possibilités : premièrement, les pêcheurs ne renonceront pas à leur activité étant donné que de nouvelles espèces maritimes font et feront leur apparition, tandis que la fonte des pôles va permettre de développer profondément le secteur énergétique (voir paragraphe ci-dessus) et par conséquent offrir de nombreux emplois aux générations futures. Le potentiel énergétique arctique pourrait par ailleurs servir de prétexte à la création d’un état inuit, solution consensuelle au "conflit" (voir dernier paragraphe) qui va certainement opposer les grandes puissances du bassin arctique...
Un nouvel eldorado énergétique
Face à ce constat saisissant, la relative inaction des autorités internationales peut être interprétée comme un certain contentement face à la fonte de la banquise, qui va permettre d’accéder aux nombreuses ressources énergétiques contenues par le pôle. On estime à 25% des réserves mondiales non découvertes la quantité de pétrole contenue en Arctique, soit quatre années de consommation mondiale actuelle affirme l’ingénieur Yves Mathieu.
Les deux zones les plus "riches" sont celles à proximité de l’Alaska (Etats-Unis) et de la Russie. On estime effectivement que l’ensemble des ressources pétrolières d’Alaska amortiraient quatre ans de consommation aux Etats-Unis. La Russie, elle, concentre énormément de réserves gazières en Arctique, et cherche d’ores et déjà de nouvelles réserves au delà de ses eaux territoriales. Quant au Canada, il se montre intéressé pour prendre possession des importantes réserves potentielles de diamant.
Une voie maritime au coeur du commerce mondial de demain ?

Une guerre froide géostratégique
Cette formidable opportunité énergétique et stratégique a d’ores et déjà aiguisé l’appétit de 5 puissances frontalières avec l’Arctique que sont le Canada, les Etats-Unis, la Russie, la Norvège et le Danemark. La réglementation internationale a effectivement institué que les états côtiers peuvent réclamer la création d’une ZEE (Zone Economique Exclusive), qui leur assure le libre droit d’exploitation d’une zone marine n’excédant pas les 370,4 km au delà de leurs côtes continentales. Les états peuvent cependant demander à l’ONU une extension de leur ZEE, en se basant sur des arguments concrets. Seul 36% du monde marin est sous administration d’un état, le reste étant compris dans les eaux internationales, ou nul ne peut exercer d’autorité.
L’extension de la ZEE a d’ores et déjà été réclamée par la Russie, qui s’est basée sur des études géologiques tendant à prouver que la dorsale de Lomonosov est en réalité rattachée au plateau continental russe. Moscou a fait de la question Arctique une priorité, l’administration russe avait d’ailleurs réalisé un coup médiatique de grande échelle au mois d’août 2007, en plaçant un drapeau russe par sous-marin sur le point le plus profond de l’océan arctique, une première dans l’histoire. Dans sa volonté de prendre possession de la région, les Russes ont basé en Arctique une flotte militaire, la plus conséquente de la région.
La détermination russe n’en reste pas moins contestée par les autres nations revendiquant une extension de leur ZEE en Arctique, le ministre des Affaires étrangères canadien avait d’ailleurs affirmé que nous ne sommes pas au XVe siècle. Vous (les russes) ne pouvez pas parcourir le monde, planter des drapeaux et dire nous revendiquons ce territoire. Le Canada n’en reste pas moins impliqué dans la bataille pour l’Arctique puisqu’il revendique les zones maritimes de l’Archipel arctique canadien, considérées comme des eaux internationales. La Norvège, quant à elle, a déposé voilà trois ans une requête visant à étendre sa ZEE sur trois points. Par ailleurs, le Danemark, via le Groenland, a tout comme la Russie revendiqué la dorsale de Lomonosov comme extension de son territoire. Cependant, les Groenlandais se dirigent lentement vers l’indépendance, prenant conscience du potentiel économique que leur confère la fonte de la banquise.
Face à cette guerre froide de l’Arctique, l’ONU aura-t-elle les moyens de trancher en toute transparence ? A priori non tant les belligérants ne semblent pas prêts de lâcher l’affaire. Seule issue de secours, la création d’un état inuit, éventualité peu évoquée par la classe dirigeante internationale car si naturelle. Reste que les populations doivent prendre conscience du potentiel qui est le leur...
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