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Cameroun : le roi est mort, vive le roi !

Toute la comédie orchestrée après le trémolo d’une forme de tarentelle et de carmagnole du samedi 26 janvier 2019, lors de la prise de la Bastille camerounaise, a laissé plusieurs observateurs pantois. Les avis sont partagés. Certains auraient voulu qu’on mette à feu le bastion de la débauche qu’est le château de la rue d’Auteuil. D’autres plus conciliants auraient voulu qu’on épargne les documents administratifs de certains usagers. Une autre opinion clame que le Château d’Auteuil est la propriété de tous les Camerounais. Faux ! Tout au Cameroun appartient au Roi. Pour preuve : Il est le Premier sportif, Premier magistrat, Chef suprême des armées, Chef coutumier, Maître mystique de toutes les confréries. Tout commence par lui et finit par lui. Le château d’Auteuil est une de ses résidences secondaires. Pour preuve, depuis deux ans, son directeur de cabinet, voire son majordome, cumule les fonctions de ministre au Cameroun et ambassadeur en France. Alors le Château d’Auteuil, appartient-il à tout le peuple ? A regarder tous les vaguemestres qui officient, on a envie d’écraser une larme. Ils sont dans la posture des bouffons du Roi. Rien à voir avec le raffinement diplomatique. Ce laisser-faire et ce laisser-aller, sont typiquement des attitudes de Château. Sans tenue et retenue. Souvent à 8h du matin, ils éjectent des émanations d’alcool. Où sont-ce les codes de bonne conduite que confère la diplomatie ? Sans oublier la corruption à ciel ouvert qui y est pratiquée. Le Château d’Auteuil ne représente pas le Cameroun encore moins les Camerounais, mais son Altesse Biya.

Comme il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs, il n’y a pas de troubles à l’ordre public sans provocateurs. Qui provoque les Camerounais ? Qui tue les Anglophones ? Qui dirige le Cameroun avec ses copains ? Qui a donné le pouvoir aux riches et puissants en négligeant, les sans-dents et les sans-culottes ? Biya !

 Il est impératif de le rappeler, alors que les faits de l’actualité mettent aujourd’hui le Président Kamto sous les feux de la rampe, on oublie que l’auteur de ce qui advient aujourd’hui, est Paul Biya. Les policiers et les gendarmes qui sont mis sur le banc des accusés, ne sont que des exécutants, des personnes liges. Même si les techniques d’intervention de ces derniers sont sans doute perfectibles, il convient de ne pas inverser la charge des responsabilités.

 Depuis quelques mois, après la présidentielle, la sacralisation de Biya par une cour aux ordres, a laissé des blessures. Il existe des milliers de blessés moraux, des traumatisés à vie, des vies brisées. Les Camerounais dans les rêves les plus sombres s’attendaient à tout sauf à une parodie d’élection. Biya blaire cette colère, raison pour laquelle, sans couvre-feu ni état d’urgence, il interdit les manifestations publiques fussent-elles pacifiques. Contre leur gré, les Camerounais sont priés de rester chez eux et de la fermer. Oui, nous sommes en 2019. Ce qui survint le 26 janvier 2019, montre que notre société est traversée par une violence d’une intensité inouïe. Et elle n’est pas seulement le fait de casseurs et d’extrémistes patentés. C’est du fait du pouvoir illégitime de Biya.

Ce 26 janvier, les Camerounais en rage lui ont coupé la tête. Par procuration. Mais l'intention expéditive y était. Sur les Châteaux de Paris, Berlin et Bruxelles, comme à la prise de la Bastille, la BAS (Brigade anti sardinards), a trainé son portrait comme une guillotine. La destruction de ses portraits, était un simulacre dérisoire d’exécution. La colère quoi ! La plupart de ces jeunes représente la majorité d’exclus qui sont devenus des refugiés économiques. Aujourd’hui ils sont passés de refugiés économiques, à réfugiés politiques. Des adversaires redoutables du régime.

 De son sac à malices constitutionnelles, le magicien-Roi peut encore sortir les surprises que lui dictera son bon vouloir. Entre temps, que les prisonniers d’opinions soient libres.

 AIME MATHURIN MOUSSY


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