Catalogne, droite ligne vers l’indépendance ?
Les indépendantistes catalans n’ont pas encore réussi à s’unir sur le nom du Président de l’exécutif de la Catalogne, mais ils ont réussi à s’unir sur l’essentiel pour eux : la marche vers l’indépendance, de manière unilatérale, le parlement par 72 oui sur 135 membres a approuvé la démarche le 9 novembre. Avec quelles répercussions pour la Catalogne, l’Espagne et ses voisins (dont la France) ?
Tout d’abord, premier problème : la question ne fait pas l’unanimité en Catalogne. Les députés opposés à la décision ont brandi en même temps les drapeaux espagnols et catalans pour protester. La population pour sa part ne s’est pas vraiment prononcée pour l’indépendance, la coalition ne remportant que 48,5% des suffrages même si elle a eu la majorité des sièges.
Rien ne dit que la voie vers l’indépendance se fera sans violences civiles (même si le gouvernement local disposant de la police autonome, 21 000 hommes des Mosos d’Esquadra serait en mesure de « rétablir l’ordre »). Tous les habitants de Catalogne ne souhaiteront pas se séparer de l’Espagne.
Le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy peut compter dans une certaine limite sur le soutien de l’ensemble des partis espagnol (seul Podemos propose un référendum), même si certains et ils ont sûrement raison, souhaiteraient laisser une plus grande autonomie à la Catalogne. Il en va certainement de même de l’ensemble des espagnols peu disposés à voir leur pays éclater.
Rajoy a donc décidé de porter la question devant la cour suprême espagnole mais les parlementaires catalans ont d’ores et déjà averti qu’ils ne reconnaissaient pas sa compétence et qu’ils considéraient leur parlement comme « souverain » c'est-à-dire en droit de décider de l’avenir de leur future république. Le gouvernement espagnol ferait donc bien de faire preuve de beaucoup plus de courage judiciaire (Artur Mas pour son référendum illégal n’a été mis en examen que pour désobéissance civile et non pour rébellion ou trahison !). Cela lui éviterait à terme de faire intervenir la force de manière plus concrète, c'est-à-dire militaire.
Les décisions doivent être prises rapidement et en concertation au niveau espagnol, car les prochaines législatives ont lieu le 20 décembre et cela risque de bloquer le processus de réaction nationale.
Sur le plan international, la situation devient épineuse : la France en tant que pays limitrophe ne peut se désintéresser du problème. D’autant plus que les indépendantistes ne sont pas loin d’avoir des revendications sur les Pyrénées orientales comme l’a prouvé une déclaration faite sur le territoire français en août dernier.
Si notre pays reconnaît le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et ne peut interférer dans les affaires intérieures d’un état étranger, il serait peut-être nécessaire qu’une déclaration publique (comme l’on fait la Grande-Bretagne, l’Allemagne et les Etats-Unis) précise que nous ne reconnaîtrons pas une déclaration d’indépendance faite illégalement et sans consultation de la population. Et ce, de préférence avant que la Catalogne ne crée sa propre sécurité sociale et son administration fiscale !
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