Chine & États-Unis : ensemble vers le Nouvel ordre mondial
Du 18 au 21 janvier dernier, le président de la république populaire de Chine, Hu Jintao, faisait une visite officielle aux États-Unis. Il s’agissait, vraisemblablement, de la visite la plus importante dans l’histoire de la diplomatie entre la Chine et les E-U depuis que Nixon avait rencontré Mao Zedong en 1972. Cette visite officielle de Hu Jintao devait marquer, selon ceux qui l’ont planifiée, une nouvelle ère dans les relations sino-américaines sous les thèmes de la coopération, la bonne entente mutuelle et la montée en puissance de la Chine dans un climat pacifique.
Cette visite symbolique du président chinois Jintao était en effet une opération de relations publiques pour nous montrer que la Chine et les États-Unis veulent devenir les meilleurs amis du monde. Le nouvel ordre mondial qu’Henry Kissinger et Zbigniew Brezsinski ont construit dans leurs esprits exige un rapprochement inévitable entre la Chine et l’Amérique. Nous y reviendrons. Voici d’abord comment les médias ont présenté l’évènement.
Dans les médias chinois, la visite de Hu Jintao a été décrite comme un immense succès diplomatique pour la Chine, l’établissant ainsi symboliquement comme deuxième puissance mondiale. Selon la presse chinoise, la rencontre entre Obama-Jintao fut tout simplement un « coup de maître historique de la diplomatie sino-américaine d’une portée mondiale« . Tous les médias chinois ont rapporté les mots du président Jintao lors de la cérémonie d’accueil : « L’objectif de ma visite aux Etats-Unis est de renforcer la confiance mutuelle, de raffermir l’amitié, d’approfondir la coopération, et de promouvoir les relations positives, coopératives et globales entre la Chine et les Etats-Unis au cours du 21e siècle ». Le China Daily y a consacré un dossier et a publié que des articles favorables à l’évènement avec des titres tels que « Obama : la visite de Hu Jintao jette la base pour les relations sino-américaines des 30 prochaines années » ou « Obama : La coopération sino-américaine bénéficie aussi bien aux deux pays qu’au monde« . L’éditrice et columniste Li Hongmei, du People’s Daily Online en Chine, a également écrit un texte en faveur d’un rapprochement entre la Chine et les E-U qu’elle conclut avec les mot d’un certain monsieur Brzezinski : « C’est le temps de définir une relation [Chine-É-U] qui rend justice à la promesse globale d’une coopération constructive ».
En Amérique, la campagne médiatique a débuté dès le début de l’année 2011 sous la forme d’une lettre d’opinion de Zbigniew Brezsinski publiée dans le New York Times avec comme titre : How to Stay Friends with China (Comment rester ami avec la Chine). Dans son texte, il suggère aux deux pays de plancher sur une déclaration conjointe, une sorte de partenariat officiel. Ce partenariat, selon Zbig, doit être « guidé par les impératifs moraux de l’interdépendance mondiale sans précédent du 21ième siècle ». En somme, dit-il, il ne faut pas répéter le scénario de la guerre froide.
Le 14 janvier suivant, Henri Kissinger lui-même publiait un texte dans le Washington Post qui faisait écho à celui de Zbig, publié 12 jours auparavant. Le titre est clair : Avoiding a US-China Cold War (Pour éviter une guerre froide entre la Chine et les E-U). Kissinger demande aux deux pays de mettre de côté leurs ambitions strictement nationales, voici son analyse :
« Des concepts communs [entre la Chine et les É-U] n’ont pas encore émergé de la multiplicité des nouvelles tâches à faire face à une planète mondialisée et soumise à des bouleversements politiques, économiques et technologiques. Ce n’est pas une simple affaire. Puisque cela implique la subordination des aspirations nationales à une vision d’ordre global. »
Telle est la vision de « Zbig » et Kissinger : la Chine et les États-Unis, main dans la main, réceptifs aux exigences du nouvel ordre mondial, portant ensemble le flambeau de la gouvernance mondiale (et du fascisme corporatif) sur toute la surface du globe.
Pour ce qui est de la rencontre officielle entre Obama et Hu Jintao, Kissinger affirme qu’elle « revêt d’une importance fondamentale » pour l’avenir des deux pays. Kissinger est un des architectes principaux de la normalisation des relations sino-américaines. C’est quand même lui qui a préparé en secret la visite en Chine de Nixon en 1972. Henry Kissinger est très respecté à l’intérieur de l’establishment chinois, plus que n’importe quel président. Dans une entrevue accordée à Xinhua, il a confié ceci au média chinois : « J’attends avec impatience de rencontrer votre président à l’occasion des différentes cérémonies qui vont se tenir à Washington. Et à chaque fois que je rencontre un dirigeant chinois, je deviens un vieil ami. »
L’objectif de la rencontre a été résumé dans la conclusion d’un article cité plus haut : « La visite actuelle du président chinois aux Etats-Unis pourra promouvoir le développement du nouvel ordre international dominé par la coopération et injecter une nouvelle énergie à la marche du monde vers la paix, la prospérité et le développement. » Un discours que nous commençons à connaître par coeur.
David Rockefeller, la Chine et le Nouvel ordre mondial
Il y a 40 ans, débutait l’intégration graduelle de la Chine à l’ordre mondial avec la reconnaissance internationale de la dictature de Mao Zedong. Une dictature qui a été appuyée par des financiers américains qui souhaitaient sa naissance et sa survie. Parmi ces financiers, un dénommé David Rockefeller voue une véritable affection pour le règne de Mao. Ce dernier, accompagné d’un groupe d’individus de la Chase Manhattan, avait été invité par le gouvernement chinois à faire un séjour en Chine en 1973. À son retour, David Rockefeller écrit une lettre qui est publiée le 10 août de cette année-là dans le New York Times qui a pour titre : « From a China Traveler » (De la part d’un voyageur en Chine). Rockefeller décrit son séjour et pose du même coup les questions qui, aujourd’hui, sont à l’ordre du jour.
La Chine qu’il décrit avec affection est un pays de censure et de répression : « Les universités sont rigoureusement politisées, avec peu de marge de manoeuvre pour questionner la pensée de Mao. La liberté de voyager ou de changer d’emplois est réduite. Lorsqu’on évoque la créativité personnelle, un poseur de céramique a tout simplement répondu qu’il n’y avait pas de temps pour les arts individuels si les masses devaient être servies. » Il pose également la question qui tient encore à ce jour : « Sommes-nous, avec les Chinois, préparés à accepter nos véritables différences et progresser vers une meilleure entente mutuelle qui doit être la base d’un futur contact plus substantiel ? » C’est la question que pose encore aujourd’hui « Zbig » et Kissinger. Rockefeller conclut son texte avec une apologie du règne de Mao : « L’expérience sociale en Chine, sous le leadership de Mao, est l’une des plus importantes et des plus réussies dans l’histoire de l’humanité. »
La Chine, somme toute, est le modèle à suivre pour Rockefeller. La Chine est un état policier où la censure règne et les dissidents sont éliminés. La Chine a adopté des politiques extrêmes comme celle de l’enfant unique qui punit les femmes qui ont plus d’un enfant. Le nouvel ordre mondial dont rêve « Zbig », Kissinger et Rockefeller s’inspirera du modèle chinois. La dernière rencontre entre Obama et Hu Jintao a confirmé cet état des choses. Le nouvel ordre mondial risque malheureusement de ressembler à la Chine du dictateur Hu Jintao.
11 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON