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Crise du Golfe : sortie de crise et lignes de fracture

La crise diplomatique du Golfe semble aujourd’hui tranquillement se diriger vers une sortie heureuse. En un mois, ce qui a été jugé, à raison, comme le plus grave incident diplomatique du Golfe depuis la création du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) s’est dégonflé comme une baudruche. Mais les relations pourront-elles revenir au beau fixe ? Vu la situation, il est permis d’en douter.

De 13 demandes à 6 principes

Une crise d’une rare violence a d’abord éclaté. Sans crier gare, à la suite de déclarations de l’émir du Qatar qui se révéleront avoir été inventées de toutes pièces, les autres pays du Golfe ont rapidement mis Doha au ban de la région avec des demandes qui tenaient plus de l’exigence que du dialogue.

L’alibi officiel de cette ostracisation programmée  ? Le terrorisme, que Doha soutiendrait activement selon ses détracteurs — oubliant dans la foulée que Oussama Ben Laden venait d’une riche famille saoudienne.

Entre les exigences de fermeture de bases militaires, les sermons diplomatiques ou encore un blocus terrestre ayant mis à mal des milliers de citoyens de tous les pays impliqués, cette crise a été autant inattendue qu’inouïe dans sa violence.

Mais la coalition menée par l’Arabie saoudite n’a pas fanfaronné longtemps face au soutien massif de la communauté internationale. En quelques semaines, celle-ci est passée de treize demandes à six principes, tous afférents au terrorisme.
De l’Iran, de la base turque ou des tributs financiers exigés dans les premières demandes, il n’est plus question.

Le piratage de l’agence QNA : un tournant dans la crise

Il est évident que la pression exercée par la communauté internationale, au premier rang de laquelle les Etats-Unis, la France et surtout le Koweït, médiateur officiel de la crise, a eu un impact décisif sur la souplesse que l’on voit s’afficher.

Mais c’est principalement un événement majeur qui va complètement changer la donne, à savoir les révélations liées au piratage de l’agence de presse qatarie Qatar News Agency.
La chaîne, dont les comptes de réseaux sociaux et les sites Web ont été piratés, avait été utilisée pour diffuser des messages fabriqués laissant penser que l’émir qatari Tamim ben Hamad Al-Thani soutenait activement l’Iran. Prenant à la lettre ces déclarations pourtant niées dans l’heure, l’Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis en ont profité pour lancer l’ultimatum au Qatar source des tensions actuelles.

Pourtant, d’avis concordants, tout semble indiquer que ce piratage était en réalité le fait d’un autre Etat, potentiellement les Emirats Arabes Unis, Machiavel du Golfe qui tente depuis longtemps de miner l’influence de Doha. C’est en tout cas les conclusions des services de renseignement américains, interrogés par le Washington Post, et celles des enquêteurs du Qatar, après analyse du piratage.

Ces révélations, qui ont mis dans l’embarras la coalition des mécontents et jeté un doute sur leurs véritables intentions, ont marqué un véritable tournant dans la crise qui amorce désormais une phase de détente.

L’Emir du Qatar tend la main, mais….

Signe de cette détente programmée, Tamim ben Hamad Al-Thani, l’émir du Qatar a prononcé un discours remarqué vendredi soir dans lequel il annonçait sa volonté de s’asseoir à la table des négociations… tout en rappelant que Doha n’avait pas de leçons à recevoir en termes de lutte contre le terrorisme. 

«  Le Qatar combat le terrorisme sans relâche et sans aucune compromission et la communauté internationale le reconnaît  », a-t-il martelé dans son discours retransmis à la télévision, quelques heures à peine après que la loi contre le terrorisme ait été durcie. «  Nous sommes ouverts au dialogue pour régler les problèmes en suspens  », a-t-il ajouté, «  dans le respect de la souveraineté  » et sans «  diktats  » cependant.

Ce discours, véritable porte de sortie pour une crise diplomatique où tout le monde semble perdant, a également été égrené de piques intelligentes à l’encontre de ses voisins, que le cheikh a appelés au «  respect de la souveraineté  », aux «  engagements communs et contraignants pour toutes les parties  » et au respect de la liberté d’expression en général — une référence discrète à la demande du Quartet du Golfe de faire fermer Al Jazeera.

Vers un retour au statu quo  ?

Les Etats du Golfe sauront-ils saisir cette main tendue et ravaler leur fierté  ?
Il semble de plus en plus évident qu’ils n’auront pas le choix, les Etats-Unis ayant déjà appelé de leurs vœux, par le biais de leur secrétaire à la Défense Rex Tillerson, à une levée immédiate du blocus terrestre que subit Doha. Ils ne sont pas les seuls : la Chine, pleinement investie dans un projet de route commerciale avec le Golfe persique, a déjà appelé à une issue pacifique rapide, et la France, «  pays le plus influent du monde  », pèse de tout son poids en ce sens.

Mais il est difficile de croire qu’après le mois passé et les pressions d’une rare violence subie par le Qatar, la confiance puisse être un jour rétablie entre les pays du Golfe.
Adel al-Joubeir, chef de la diplomatie saoudienne, ne suggérait pas autre chose quand il affirmait, devant les médias italiens la semaine dernière : «  Avec le Qatar, nous ne reviendrons pas au statu quo ante  ».

Quant à Doha, il y a fort à parier qu’il lui faudra désormais prendre toutes les mesures possibles pour se soustraire à l’appétit de ses voisins… les pays du Golfe n’ont pas dit leur dernier mot.


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4 réactions à cet article    


  • baldis30 25 juillet 2017 08:15

    bonjour,

    La puissance des pays du Golfe n’est qu’une illusion : ils n’ont d’autres portes de sortie que la commercialisation de leur pétrole, sans autre base industrielle que celle à base d’hydrocarbures : autrement dit en usant d’un terme agricole : monoculture.....

    Plus toutes les contraintes sociales que la religion dominante impose....

    Il en résulte qu’ils sont des jouets dans les mains très sales de nations bien mieux assises sur tous les plans industriels ...

    Nous non plus n’en tirons pas les leçons... en particulier les sbires de bruxelles qui imposent de fait ce que hitler voulait réaliser de force ... des pays qui alimentent un pays-chef-dictateur.. sur le plan des fournitures et de l’alimentation....

    On a devant les yeux les dangers de la monoculture et on persiste dans la même voie ... En Europe comme dans les pays de la péninsule arabique. C’est ine façon pour un pays-che-dictateur de coloniser les autres ...


    • zygzornifle zygzornifle 25 juillet 2017 08:33

      Ligne de facture...... qui va payer ? 

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Auteur de l'article

Laurent


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