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Accueil du site > Actualités > International > Des Tibétains sacrifient leurs vies par désespoir devant la répression (...)

Des Tibétains sacrifient leurs vies par désespoir devant la répression militaire au Tibet

Depuis les manifestations de 2008 et la répression qui suivie, le Tibet est sous très forte tension, notamment dans les monastères où campagnes de rééducation et expulsion des moines se succèdent. Ces derniers mois, dans la région de Ngaba et de Kardzé dans l’Amdo et le Kham, 9 jeunes moines, et récemment une nonne, se sont immolés, 5 sont morts. En réponse, les autorités chinoises mettent en place une répression militaire et accusent les Tibétains en exil, une politique à l’origine du désespoir, comme le confirme les nouvelles qui commencent à nous parvenir. Le dialogue sino-tibétain débuté en 2002 et qui a connu une longue interruption après 2008 est dans l’impasse depuis janvier 2010.

Déjà en février 2009, alors que le monastère de Kirti est bloqué par la police militaire chinoise, un moine portant un drapeau tibétain s’est immolé. La police aurait tiré sur le jeune homme et éteint le feu, avant de l’évacuer rapidement, il serait actuellement emprisonné.

En mars 2011, un autre moine tibétain du monastère de Kirti près de la ville de Ngaba, protestant contre l'occupation chinoise s’immole. Des policiers éteignent les flammes tout en le frappant à coups de pieds, précipitant sa mort. Suite au bouclage du monastère, la ville devient le lieu d'une révolte et d'une violente répression, au moins 2 personnes s’opposant à l’évacuation de centaines de moines sont tuées. En août, 3 moines sont accusés et condamnés à de lourdes peines pour « complicité » dans ce suicide.

Le 15 août, un autre moine est mort après s’être immolé dans un monastère du comté de Tawu, bouclé également par la police et l’armée.

Le 7 octobre, 2 anciens moines du monastère de Kirti se sont immolés dans la ville, joignant leurs mains et appelant les Tibétains à s’unirent contre le régime chinois, pour la liberté du Tibet et le retour du Dalaï-Lama. Les forces de sécurités militaires arrivées sur les lieux, ont commencé à battre les 2 malheureux, tout en noyant le feu. L’un est mort environ 1h 30 après tandis que l’autre, amené à l’hôpital, est mort lui aussi.

Le 15 octobre, un 8ième moine s’est immolé sur le marché de Ngaba. Les policiers l’ont frappé, jeté à terre et ont éteint les flammes.

Le 17 octobre, c’est une nonne tibétaine qui est morte après s’être immolée près de Ngaba.

Le 25 octobre, un moine de 38 ans du monastère de Kardzé dans le Kham s’est immolé dans le monastère, la police militaire est intervenue immédiatement pour arrêté l’incendie, mais le moine se trouvait dans une condition critique.

Depuis mars 2011, 10 Tibétains se sont immolés, protestant contre la politique de la Chine au Tibet et demandant le retour du Dalaï-Lama en exil. Ces immolations viennent nous rappeler qu’au Tibet et les anciennes provinces du Kham et l’Amdo règne un climat de terreur ayant mené aux manifestations de 2008 et qui s’est aggravé depuis lors. En conséquence et en désespoir de cause, des Tibétains sacrifient leurs vies par désespoir devant la répression. Pour toute réponse, le gouvernement chinois poursuit un politique de répression, sans dialogue sur la question du Tibet. C’est pourtant cette politique qui mène des Tibétains à s’immoler.

Lobsang Sangye, le premier ministre tibétain en exil récemment élu a critiqué la Chine pour sa politique d’occupation au Tibet qui mène les Tibétains au désespoir devant la destruction de leur culture de leur environnement, suscitant régulièrement des manifestations des Tibétains.

Le 27 octobre, le Parlement européen a condamné les mesures drastiques imposées par le gouvernement chinois aux monastères tibétains, y compris les rafles, la détention arbitraire des moines, la présence policière permanente dans les monastères. A plusieurs reprises, le Parlement européen a demandé de faire nommer un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet pour promouvoir des négociations sérieuses entre le gouvernement chinois et le gouvernement tibétain en exil. Cette demande n’a pas encore aboutie.


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33 réactions à cet article    


  • Gabriel Gabriel 2 novembre 2011 09:20

    Quelques étaient les défauts du Tibet, rien n’excuse l’invasion de ce pays et le génocide de son peuple et de sa culture. Aucune justification ne peut être donnée à un gouvernement qui opprime des peuples. Avons-nous accepté l’invasion germanique en 40 ? Le Daïla lama n’a cessé de privilégier dialogue et non violence, allant même jusqu’à accepter que le Tibet soit une province chinoise en échange que son peuple puisse vivre en paix avec sa culture. Malheureusement, l’épuration ethnique continue. Que l’on se rassure, l’intérêt financier du Tibet pour l’Europe est quasi nul, donc, aucune intervention sarkozienne à prévoir et BHL fermera sa boite à sottise, c’est bien là le seul avantage…


    • Surya Surya 2 novembre 2011 09:59

      Je crois que le Tibet est le seul pays actuellement colonisé dont on dit (heureusement on ne dit pas que cela) qu’il est colonisé parce qu’il l’a bien mérité.
      Mais dans le cas du Tibet, le terme « colonisé » est soigneusement remplacé par un autre = « libéré ». C’est pratique...
      Je suis sûre que les Tibétains n’ont, en effet, jamais été aussi libres que maintenant...


      • easy easy 2 novembre 2011 10:57

        Mon père serait un chrétien de Rome avant Constantin 1er, il serait protestant sous Charles IX, il serait cathare sous l’Inquisition, juif en 1930, moine au Tibet de 2000, je le supplierais de viser un biais moins hystérique où l’on n’exprime plus rien de saillant, où tout est intériorisé et discret.

        Lui me répondrait probablement que sans les praxis coagulatrices massives, sans les projets toujours quelque peu hégémoniques ou ambitieux, il n’y aurait jamais eu de temples si hauts, de châteaux si forts, de palais si luxueux, il n’y aurait jamais eu des courants philosophiques, religieux, rhétoriques, il n’y aurait pas eu de musiques, de sculptures, pas de critiques, pas de dazibao, pas de pamphlets, pas de fables, pas de roue, pas de zoo, pas de cirque, pas de fusée...

        Je lui aurais dit « Mais pas de mépris, pas d’insultes, pas de meurtres, pas de batailles, pas de guerres non plus »

        Et il m’aurait répondu « Ecoute fiston, il y a une telle absurdité fondamentale à la vie, il y a un tel trou à l’endroit de la question de la justice du sort, que ça vaut le coup de mourir transpercé pour avoir tenté de le combler d’un certain sens, ce trou. Mourir pour quelque cause, même puérile, afin ne ne pas mourir sans savoir pourquoi on a vécu, c’est mourir comblé »


        • amipb amipb 2 novembre 2011 21:43

          Pour mourir, encore faudrait-il vivre.


        • Tibet Libre Tibet Libre 2 novembre 2011 11:02

          Ce jour, mercredi 2 novembre 2011 de 15h à 19h Lieu : du Trocadéro à l’Ambassade de Chine populaire à Paris. Métro : Trocadéro : L’association de « la Communauté Tibétaine de France et ses Amis » lancent un Appel pour une mobilisation générale des Tibétains avec leurs amis français contre la visite du Président chinois, Hu Jintao, surnommé « Le Boucher de Lhassa », afin de dénoncer les répressions et l’état de siège dans les régions de Ngaba et de Kardze. Hu Jintao est tenu responsable de la mort de centaines des Tibétains par assassinats politiques.
          http://www.tibetan.fr/?Manifestation-nationale-contre-la


          • njama njama 2 novembre 2011 12:30

            Une solution pour le retour du dalaï lama au Tibet serait que cette région de culture tibétaine soit clairement laïque au sens politique, tel qu’on le comprend en France, et que la religion bouddhiste soit confinée dans la sphère privée.
            Soutenir et prôner un retour du dalaï lama en tant que chef spirituel et politique (retour à une théocratie donc), est totalement absurde.
            Par analogie, c’est un peu comme si les chinois militaient pour que l’on (re)mettre le pape comme chef temporel de l’Europe.

            Depuis des années déjà, le dalaï lama actuel peut y retourner en tant que simple citoyen Tenzin Gyatso, il le sait ...
            un bouddhisme au quotidien ferait peut-être évoluer les chinoiseries, qui sait ?
            Avec un peu d’humilité, et plus de philosophie, c’est ce qu’il devrait expérimenter ...

            "A plusieurs reprises, le Parlement européen a demandé de faire nommer un représentant spécial de l’Union européenne pour le Tibet pour promouvoir des négociations sérieuses entre le gouvernement chinois et le gouvernement tibétain en exil."

            Ben dites donc ! rien que ça !!!
            Vous pourriez citer vos sources ? que l’on puisse identifier assez clairement l’auteur (ou les auteurs) de cette déclaration.

            Le Parlement européen devrait savoir que ce gouvernement tibétain en exil, autoproclamé depuis 1959, n’a été reconnu par aucun État ni gouvernement de par le monde.
            Voir La question de la reconnaissance du gouvernement tibétain en exil

             


            • Abdu Abdu 2 novembre 2011 16:57

              njama, un des tenants de ce dialogue de sourds est que le Dalaï Lama ne peut en aucun cas se départir de sa fonction politique aux yeux des adeptes de la religion tibétaine pour qui il est par définition le guide dans ce monde.
              Or, Pékin ne peut pas admettre un pouvoir qui ne lui soit pas subordonné. Le Dalaï Lama n’ayant manifestement pas fait allégeance à Pékin, il est dans les faits un opposant au régime.
              Pékin a tenté de créer son propre Dalaï Lama, ce qui aurait résolu le problème... si la religion tibétaine pouvait l’admettre ce qui est bien entendu impensable.

              Bref, la situation est bloquée. Les causes de ce blocage ne sont pas toutes du coté de Pékin. Comment se proclamer gouvernement en exil et tenir un discours « pas indépendance, juste un peu plus d’autonomie » par exemple ? Comment aussi dire que le Dalaî Lama ne fait pas de politique et faire référence à « sa sainteté » dans les discours de négociation ?


            • njama njama 2 novembre 2011 17:33

              Une autre solution serait que ce bouddhisme tibétain se remette en question au plan « a_théologique » (faute d’autre mot, j’en crée un pour me faire comprendre, car le bouddhisme est une religion sans Dieu ni dieux).

              Le bouddhisme prospère en Chine depuis le II° / III° siècle ... et la Chine d’aujourd’hui compte environ + ou - 100 millions d’adeptes.
              http://fr.wikipedia.org/wiki/Bouddhisme_en_Chine

              Et si c’était le bouddhisme tibétain qui était le problème ?


            • amipb amipb 2 novembre 2011 21:51

              2 éléments de réponse :
              1) Le Dalaï Lama n’est plus le leader politique tibétain, et ce depuis le mois de mars. Une décision prise à l’encontre de la volonté tibétaine
              2) C’est aux tibétains de choisir leur avenir, certainement pas aux anti-cléricaux ou autres athés combattants occidentaux.

              Sachez que les peuples tibétains et tibétophones (Bhoutan, Ladakh, Zanskar) respectent toujours le Dalaï Lama et que le gouvernement en exil ne s’est pas « auto-proclamé » mais a été constitué par le chef politique en exil qui était déjà Tenzin Gyatso.


            • njama njama 2 novembre 2011 15:58

              @ l’auteur Tibet Libre

              Cette position du Parlement européen semble d’autant plus surprenante que « la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit. »

              France / Chine : communiqué du ministère des Affaires étrangères et européennes (1er avril 2009) ICI
              « La France mesure pleinement l’importance et la sensibilité de la question du Tibet et réaffirme qu’elle s’en tient à la politique d’une seule Chine et à sa position selon laquelle le Tibet fait partie intégrante du territoire chinois, conformément à la décision prise par le général de Gaulle qui n’a pas changé et ne changera pas. Dans cet esprit et dans le respect du principe de non-ingérence, la France récuse tout soutien à l’indépendance du Tibet sous quelque forme que ce soit. »


              • njama njama 2 novembre 2011 22:08

                vous pouvez me moinser tant que vous voulez, c’est une réalité politique !


              • Abdu Abdu 2 novembre 2011 17:18

                N’y aurait-il pas également quelques questions à se poser sur les dogmes, préceptes et enseignements qui poussent des moines à de tels extrémités ?

                Ok, il y a l’impérialisme, la colonisation, l’absence de démocratie etc.

                Mais ce sont tout de même des immolations de protestation politique issues d’un milieu monastique... ça demande qu’on y réfléchisse, non ?


                • Marc Bruxman 2 novembre 2011 20:10

                  "N’y aurait-il pas également quelques questions à se poser sur les dogmes, préceptes et enseignements qui poussent des moines à de tels extrémités ?"

                  Les mêmes qui poussent des gens à manifester devant le 104 et la place du chatelet (cathos), d’autres à bruler les locaux de Charlie Hebdo.

                  Leur croyance et leur mode de vie sont d’une certaine façon terminée dans la société ou ils vivent et ils le sentent bien. Cela créer de l’intégrisme car ils se sentent dépossédés.

                  Même les musulmans intégristent voient très bien que d’autres musulmans plus modernes ont pris une autres voie comme en Turquie. Ils sentent bien que la société va se moderniser et devenir comme la notre. Mais ils ne le veulent pas et cassent tout car cela leur semble être la seule voie.

                  Pour les cathos intégristes même combat, ils ont bien compris que le christianisme en europe était en train de mourir. Ils savent mieux que tout le monde que ce qui était le centre de la vie, devient au mieux un héritage culturel dont tout le monde se fout. Ils veulent pourtant montrer au monde qu’ils existent...


                • amipb amipb 2 novembre 2011 21:59

                  Cela n’a rien à voir : on parle ici de la destruction d’une culture, et de l’interdiciton de pratiquer sa langue et sa liberté d’opinion. En quoi cela a-t-il la moindre similitude avec une pièce de théâtre, certes volontairement injurieuse ?

                  Le bouddhisme condamne le suicide, ces moines sont donc au bout du désespoir pour le pratiquer. Ces actes ne sont d’ailleurs pas perçus par les tibétains comme des suicides, mais comme des sacrifices.

                  Et qu’y a-t-il de plus fort que de se sacrifier pour son peuple ?


                • Abdu Abdu 3 novembre 2011 01:05

                  Le boudhisme condamnant ces gestes, pourquoi sont-ce des moines qui le font ?

                  NB : la langue tibétaine n’est aucunement interdite ou condamnée. Elle est la langue parlée au Tibet et l’enseignement de la lecture touche une proportion de tibétain plus forte aujourd’hui qu’avant Mao.
                  Le problème de la langue est que l’enseignement du mandarin, lui, est obligatoire alors que le tibétain n’est qu’autorisé. De plus, le mandarin est le vecteur d’enseignement d’autres savoirs généraux dans les écoles. Il y a donc bien sinisation, mais pas de lutte contre la culture tibétaine (en dehors de la question de la structure du clergé lamaïste).


                • amipb amipb 5 novembre 2011 13:42

                  Parce que ce sont les plus instruits, et même parfois les plus ouverts sur le monde (Internet). Connaissant la situation mondiale et le peu de cas fait de leur problème, ainsi que les graves compromissions occidentales avec le régime chinois, ils trouvent par ces immolations un moyen de remettre leur problème sur le devant de la scène.

                  Le but n’est donc pas de mourir, mais de se sacrifier pour une cause, chose que le bouddhisme ne condamne pas, bien au contraire si la cause est juste (entendez par là : va dans le sens de plus de bonheur global).


                • amipb amipb 2 novembre 2011 22:04

                  Vous ne devez pas beaucoup voyager ni côtoyer la communauté tibétaine pour continuer à dispenser la même propagande chinoise.

                  Pouvez-vous nosu dire :
                  1) Si les tibétains ont demandé à être « libérés »  ?
                  2) S’il vous semble normal que cette « libération » ait tué des hommes et des femmes qui n’étaient ni soldats, ni armés (moines et nonnes) ?
                  3) S’il y a une justification à la destruction des temples, qu’aucun tibétain n’avait demandée ?
                  4) Si les tibétains modernes peuvent pratiquer leur culture dans les mêmes conditions que l’ethnie Han, désormais majoritaire au Tibet ?
                  5) S’il vous semble normal que le gouvernement tibétain en exil soit élu de manière démocratique, et pas le gouvernement chinois ?
                  6) Pourquoi le moindre chanteur ou le moindre intellectuel tibétain critiquant le système chinois, même s’il ne s’agit que d’environnement, se retrouve systématiquement en prison, et pour de nombreuses années ?

                  Merci d’avance pour vos réponses.


                • Abdu Abdu 3 novembre 2011 01:32

                  1) A nos oreilles non, mais les esclaves n’avaient pas accès à internet et les seules qui pouvaient entendre leurs doléances étaient leurs maîtres qui ont formellement refusé de les libérer.
2) Non, c’est anormal et monstrueux.
3) Non, mais ils ont été largement reconstruits depuis que ces fautes de guerre ont été commis. D’un point de vue militaire, il faut tout de même noter qu’un monastère est construit comme une caserne et que les lamas n’ont pas toujours été pacifistes puisqu’ils ont envahis la Chine en leur temps. Demander à des soldats communistes de faire preuve de discernement dans leur action revient à exiger d’eux des vertus dont aucune armée n’a fait preuve.
4) Oui, à un gros « détail » près qui est que leur religion institue en tant que chef une personne qui organise une résistance politique. Is sont donc privés de cette personne. Il est tout de même notable que les bouddhistes ne rencontrent aucun problème en Chine, seulement les lamaïstes.
5) Démocratie impossible car le Dalaï Lama est le maître de tous. C’est comme si on demandait au Vatican d’être démocratique. 
6) Pas de réponse. Il faudrait connaître ces événements pour en parler.

                  Par contre, amipb, vous oubliez un argument important : les religieux tibétains d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’il y a un siècle et quelle qu’ait pu être la théocratie d’antan il est évident que le projet politique de ceux d’aujourd’hui ne lui ressemble en rien. La réalisation de ce projet pourrait être une expérience utile et instructive pour le monde et il est dommage qu’elle ne puisse aboutir. Mais dans l’état actuel des choses, ça n’en prend pas le chemin.


                • amipb amipb 5 novembre 2011 08:30

                  Le projet des tibétains de l’époque est le même que celui d’aujourd’hui, pouvoir politique du Dalaï Lama en moins : diriger un pays indépendant et veiller au bonheur du peuple.

                  Et pour cela, les tibétains, tout comme tout autre peuple, n’ont certainement pas besoin d’une Chine dont le gouvernement ne pense même pas au bonheur de son peuple.


                • Marc Bruxman 2 novembre 2011 20:06

                  Le problème du tibet est double. Il ne s’agit pas seulement d’une occupation (même si elle existe) mais surtout il s’agit du fait que cette occupation coincide avec l’arrivée de la modernité. Or, si cette modernité arrivée en seulement 30 ans est dure à supporter pour les chinois, elle l’est encore plus pour les tibétains qui ont l’impression de ne pas l’avoir choisie.

                  Rappelons cela dit que le régime Tibétain avant l’arrivée de la chine n’était pas franchement le paradis sur terre. C’était une théocratie ou tout le pouvoir était réservée aux moines et qui fonctionnait sur le système féodale. Bien sur cela n’excuse en rien le comportement de ceux qui ont suivi.

                  Quelques autres infos pour bien comprendre :

                  • Le boudisme tibétain, une variante du boudisme ne peut être réelement pratiqué qu’au Tibet car nombre de légendes et pratiques sont attachées à des lieux. Dès lors les tibétains qui quittent le tibet pour étudier quittent la sphére d’influence tibétaine et s’assimilent rapidement dans le reste de la société.
                  • De nombreux chinois « Han » ont été encouragés à venir vivre au Tibet (à coup de subventions car ils n’aiment pas trop l’altitude en général) afin de développer celui ci. En s’installant et même en vivant pacifiquement, ils dilluent de fait la culture du tibet en amenant avec eux la modernité.
                  • Une partie du désespoir actuel au tibet ne vient pas tant de la politique du gouvernement chinois (aussi dure soit elle) mais de la sensation pour les tibérains que leur culture est « finie ». C’est un peu comme si on vous disait que demain vous ne serez plus français ou européen car un truc mieux arrive et que vous voyez que finalement même vos gosses sont attrirés par ce truc « mieux ». En conséquence vous êtes tentés de tout casser et en conséquence une répréssion disproportionnée se met en place.
                  Le problème n’est guére plus compliqué mais il est insoluble. Ou plutôt si, le temps le rendra soluble.
                   

                  • amipb amipb 2 novembre 2011 22:39

                    La modernité est une chance que même le Dalaï Lama ne critique pas. Mais pour que cette modernité soit appréciée à sa juste valeur, il faut que son accès soit aussi facile aux tibétains qu’aux autres. Or ce n’est pas le cas. Il est, par exemple, quasiment impossible pour un tibétain de monter une société et de faire du commerce avec les chinois. De plus, les nomades Kham sont désormais sédentarisés de force, ce qui est totalement contraire à leurs us et coutumes (http://chinaperspectives.revues.org/4833).

                    Il y a effectivement un sentiment de la part des jeunes tibétains, d’un abandon de leur sort et de leur culture à la voracité chinoise : la violence vient de jeunes érudits (les moines sont moines souvent par volonté de pouvoir donner une éducation aux enfants), qui n’ont plus la patience de leurs aînés et sont encouragés dans leurs gestes par la médiatisation, même sommaire (le grand firewall chinois veille).

                    Ces actes renforcent de manière importante le ressentiment des tibétains contre le pouvoir politique chinois, voire contre les chinois eux-mêmes, même si ces derniers ne sont que rarement agressés, la violence contre autrui étant durement condamnée par le bouddhisme, toujours très ancré dans la vie quotidienne.

                    Les chinois eux-mêmes commencent à être bien au courant de la situation explosive qui règne dans certaines régions tibétaines, désormais fermées ou fortement contrôlées par l’armée et la police chinoise, suite à ces immolations. Des intellectuels chinois ont d’ailleurs signé une pétition demandant l’arrêt de la répression et de l’oppression dans les monastères concernés (http://www.phayul.com/news/article.aspx?id=30287&article=Chinese+intellectuals+blame+China%e2%80%99s+repressive+policies+for+sek-_immolations).

                    Le gouvernement chinois, lui, accentue au contraire la pression sur les intellectuels ou politiques tibétains, que ce soit en Chine ou dans les pays voisins (http://www.allvoices.com/contributed-news/10759439-nepal-over-50-tibetan-refugees-detained).

                    Le problème est loin d’être insoluble, il suffit seulement que la dictature chinoise s’ouvre tout comme la dictature militaire birmane est en train de le faire. Il y a évidemment un risque de demande de sécession de la part de certains groupes, mais les tibétains sont en majorité pour le plan d’autonomie demandé par le Dalaï Lama. La Chine perdrait peut-être une position géostratégique et l’exploitation de gisements de premier ordre (lithium, méthane, etc.), mais des accords pourraient certainement être trouvés entre l’autorité tibétaine et le gouvernement chinois.

                    Un changement de paradigme est donc nécessaire pour une réelle évolution.


                  • Surya Surya 3 novembre 2011 10:19

                    « De nombreux chinois »Han" ont été encouragés à venir vivre au Tibet [...] afin de développer celui ci« 
                    Ca, c’est ce que le gouvernement chinois leur a dit ! »Allez au Tibet, ils ont besoin de vous, c’est pour le développer.« 
                    C’est pour le développer ! La belle excuse...
                    Pour commencer, les Tibétains ne sont pas plus idiots que les Chinois, ils sont parfaitement capables de développer eux-mêmes leur pays si ce développement est nécessaire.

                    Ensuite, il est étonnant qu’on puisse nous aussi avaler de tels discours de propagande. Nous savons bien, parce que nous avons la possibilité d’avoir le recul que les Chinois de Chine ne peuvent peut être pas avoir (propagande continuelle) que la véritable raison de ces transferts importants de population Han au Tibet est toute autre : plus il y aura de Han au Tibet, ce qui fera des Tibetains une minorité dans leur propre pays, plus la culture tibétaine sera diluée, étouffée, agonisante.

                    Imaginons qu’au départ les Chinois aient été sincères (imaginons...) et aient réellement voulu »libérer" le Tibet de la théocratie. Cela ne justifie en aucune facon qu’ils demeurent ensuite en permanence sur le sol tibétain, viennent s’y installer en masse et, finalement, colonisent le Tibet.

                    Les Tibétains, le peuple tibétain lui même, ne leur avaient rien demandé, et le Dalai Lama, qui était déja quelqu’un de très ouvert et très moderne malgré son jeune age au moment de l’invasion chinoise, aurait, je le pense, été celui de la réforme du Tibet. Rappelons qu’il a, il y a quelques mois, abandonné son rôle politique.
                    Pour ce qui est de son rôle religieux, c’est au peuple tibétain de décider, et non à nous de vouloir leur imposer (décidemment, ces pauvres tibétains sont vraiment traités comme des enfants !! On les prend pour des imbéciles, ou quoi ??), croyant tout savoir d’eux, de leur culture et de leur mentalité profonde, une absence totale de religion dans leur pays.

                    Théocratie ou pas, le Tibet vivait en paix avec tous ses voisins. Il n’a demandé ni à etre envahi, ni à etre ensuite colonisé.


                  • Abdu Abdu 3 novembre 2011 11:05

                    Mais si on imagine (pour imaginer, hein...) qu’ils ont vraiment voulu chasser la théocratie, ben ils peuvent vouloir rester pour qu’elle ne revienne pas...

                    Par contre, je ne comprend jamais dans ces discutions quel intérêt Pékin trouverait à faire agoniser la culture tibétaine. A quoi ça sert ?
                    Et voyez-vous souvent les chinois faire des trucs couteux dans tous les sens du terme pour rien ?

                    La Chine s’oppose uniquement aux religions qui intègrent un pouvoir politique.
                    On est bien dans un conflit de pouvoir sur une population dans un territoire donné.
                    Pas dans un conflit culturel.

                    Je rejoint ce qui a été dit, les traditions au Tibet sont plus menacés par le modernisme que par le comunisme.


                  • Surya Surya 3 novembre 2011 13:53

                    Mais si on imagine (pour imaginer, hein...) qu’ils ont vraiment voulu chasser la théocratie, ben ils peuvent vouloir rester pour qu’elle ne revienne pas...

                    Tout comme tel ou tel pays s’arroge le droit d’envoyer son armée ici et là pour chasser tel ou tel homme de pouvoir, et s’installe ensuite, histoire de s’assurer qu’il ne revienne pas au pouvoir. C’est le même mécanisme, et ce qui est valable pour le reste du monde est valable aussi pour le Tibet.

                    Admettons que la théocratie soit une mauvaise chose (apres tout j’en sais rien, je n’ai jamais vécu dans un pays théocratique, mais je veux bien admettre cela, comme tout le monde, comme un fait entendu. En tout cas ce n’est sûrement pas pire qu’une autre forme de dictature) au nom de quoi une puissance étrangère s’arroge-t-elle le droit de décréter que le système politique de son voisin ne convient pas (uniquement parce qu’il ne correspond pas à ses idées a lui) et que par conséquent il lui revient le droit d’envahir et coloniser ce pays ?

                    Croire détenir la Vérité, croire savoir mieux que les peuples concernés ce qui est bon pour eux, si ce n’est pas du colonialisme, alors je ne sais pas ce que c’est.

                    C’est exactement le même mécanisme lorsque des gens décretent aujourd’hui que le Tibet doit avoir telle forme de gouvernement plutôt que telle autre, doit abandonner sa religion, doit faire ceci plutôt que cela... Ce sont des relents de mentalité colonialiste (dire aux autres peuples, du haut de sa grandeur, ce qui est bon pour eux... sans parler du fait de le leur imposer par la force...) dont ces gens n’ont même pas conscience.

                    Par contre, je ne comprend jamais dans ces discutions quel intérêt Pékin trouverait à faire agoniser la culture tibétaine. A quoi ça sert ? 

                    Sa sert à la même chose que pour tous les autres pays colonisés, passés ou présents. On ne colonise pas un peuple en l’autorisant en meme temps à conserver son identité. Tout juste lui permet-on de pratiquer ses traditions de facon controlée, histoire qu’il ne se révolte pas, ou pour faire croire au reste du monde (et visiblement, ca marche !!) que ce peuple est heureux, ou comme on le ferait pour des attractions touristiques. 

                    Vous avez déjà vu un peuple colonisé heureux, vous ??

                    Les « Indiens » d’Amérique ont subi la même chose et continuent de le subir de nos jours, pour ne donner que cet exemple.

                    Et voyez-vous souvent les chinois faire des trucs couteux dans tous les sens du terme pour rien ?

                    Si vous pensez que c’est pour rien vous êtes décidement très naif.

                    La Chine s’oppose uniquement aux religions qui intègrent un pouvoir politique. 

                    La Chine a le droit de s’opposer à ce qu’elle veut chez elle, mais elle n’est pas la propriétaire du monde entier.

                    On est bien dans un conflit de pouvoir sur une population dans un territoire donné.
                    Pas dans un conflit culturel.

                    Je pense qu’on est dans les deux. 

                    Je rejoint ce qui a été dit, les traditions au Tibet sont plus menacés par le modernisme que par le comunisme.

                    Cela n’est pas le propos de savoir si le Tibet est plus menacé par ceci plutot que cela, c’est essayer de noyer le poisson que de vouloir engager ce genre de débats.
                    Le Tibet est un pays colonisé, et en tant que pays colonisé, si son retour à l’indépendance est impossible car le peuple subit une trop forte répression et que les autres pays du globe n’apportent aucune aide, alors le Tibet doit au moins pouvoir bénéficier de l’autonomie.

                    On ne peut pas être anticolonialiste pour tel pays, et ensuite justifier le colonialisme pour tel autre. Agir ainsi, ce serait de la malhonnêteté pure et de la mauvaise foi.


                  • Abdu Abdu 4 novembre 2011 03:51

                    Surya, sans avoir les compétences pour en juger n’étant pas historien, je suis aussi de l’avis que l’invasion du Tibet par la Chine était une invasion et que ce qui suit depuis est une colonisation.

                    Autant appeler un chat un chat.


                  • myaby 2 novembre 2011 20:16

                    Ce n’est pas le bouddhisme Tibétain le problème. D’ailleurs, il n’y a pas qu’au Tibet que des protestations politiques émanent du milieu monastique ça été le cas par ex au Vietnam, c’est le cas en Birmanie. Ce n’est pas le fait de moines illuminés Tibétains. Cependant, il est vrai que le Tibet était une société féodale avant l’invasion des Chinois, mais si on suit cette logique alors le Laos, le Cambodge et le Vietnam devraient revenir sous domination Française puisqu’avant leur arrivé ce n’étaient que des Etats de sauvages que l’on devaient « éduquer ». C’est là l’essence même de la colonisation de justifier une présence sur une terre par l’amélioration économique (qui ne va pas dans les poches des autochtones) & culturelle (assimilation de force)

                    Pour ce qui est du « soutient » de l’occident au Tibet, il s’agit plutôt d’hypocrisie puisque comme vous le dites personne ne reconnait le Tibet comme ne faisant pas parti de la Chine, pourtant le parlement européen, je cite : « demande aux autorités chinoises de respecter les droits des Tibétains et de prendre, en amont, des mesures afin de répondre aux revendications de la population tibétaine de la Chine. » Donc, tout le monde voit qu’il y a un problème au Tibet mais personne n’ose contredire le grand manitou Chinois qui a les bourses bien pleines

                    • amipb amipb 2 novembre 2011 22:14

                      L’hypocrisie que vous dénoncez est politique et économique. Les associations de défense du Tibet et de sa culture, elles, n’ont aucun intérêt de la sorte et n’iront jamais se compromettre aux pieds de l’ancien « boucher de Lhassa » (surnnom donné par les tibétains eux-mêmes à Hu Jintao, alors gouverneur de la Région Autonome du Tibet) pour se confondre en excuses afin de pouvoir de nouveau signer des contrats.

                      Les tibétains ont la sympathie d’un grand nombre d’occidentaux, grâce bien sûr à la jovialité et à la profondeur des enseignements du Dalaï Lama, mais également parce que les tibétains ne sont absolument pas les « arriérés moyen-âgeux » que certains veulent nous présenter ici. Bien au contraire, ce sont souvent des fêtards et même les moines sont souvent pourvus d’un sens de l’humour déconcertant.


                    • njama njama 2 novembre 2011 22:56

                      @myaby
                      « Ce n’est pas le bouddhisme Tibétain le problème. »

                      mais bien sûr, c’est une évidence ... que pour vous.
                      Trop facile de botter en touche, de les prendre pour des saints !
                      pas touche à leur religion archaïque ! de quoi vivent-ils (ou vivaient-ils) si ce n’est que de l’aumône ou de (l’équivalent de) la dîme qu’ils imposaient au peuple tibétain. Des parasites, ces moines.
                      Ici en France, ou même en Europe, ces bouddhistes qui enrôlent des enfants en bas âge passeraient ni plus ni moins que pour la pire des sectes ...


                    • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 3 novembre 2011 03:17

                      @ Myaby : « Des parasites, ces moines.
                      Ici en France, ou même en Europe, ces bouddhistes qui enrôlent des enfants en bas âge passeraient ni plus ni moins que pour la pire des sectes ... »


                      Il est toujours amusant et instructif d’observer des endoctrinés fanatiques, ignares et prétentieux comme Myaby tenter de se faire passer pour des apôtres de la libération des peuples... à coups de mitrailleuses et par la destruction à la dynamique de trésors de la culture, sans même parler des ravages écologiques actuels. Que connait-il du Tibet, des Tibétains, des organisations démocratiques tibétaines, de l’histoire des relations entre la Chine et le Tibet ? RIEN visiblement. Mais il bave, il crache, il éructe sa haine de la figure qu’on lui a désignée comme l’ennemi diabolique : le moine médiéval. Mais au fait, que connaît-il de l’époque médiévale occidentale et du rôle des moines dans l’organisation sociale complexe du 12e ou du 14e siècle ? RIEN. Il ne connaît rien, mais il aboie, il crie, il vitupère, il vomit sa haine aveugle et sourde. 


                    • amipb amipb 5 novembre 2011 08:35

                      @Gaspard : je pense que votre commentaire s’adressait à njama.

                      @njama : les enfants ne sont pas enrôlés de force, mais envoyés par les familles pour recevoir une éducation impossible autrement. Encore une fois, renseignez-vous ou voyagez plutôt que d’exposer ainsi votre ignorance.


                    • bert bert 3 novembre 2011 01:41

                      ouaip mourir pour des idées mais de mort lente .....

                      bon perso
                      je m’suis fait larguer par une « proDailiLama ».......
                      **********************************************************************************************************

                      pour rigoler tape george bush daili lama dans google photo :->


                      • Qaspard Delanuit Gaspard Delanuit 3 novembre 2011 03:21
                        « je m’suis fait larguer par une proDailiLama ».

                        Voici la preuve inéluctable que ce Dalai-Lama est un salaud.

                        « pour rigoler tape george bush daili lama dans google photo »

                        Pourquoi, votre ancienne copine est sur la photo ? 

                      • amipb amipb 5 novembre 2011 08:39

                        @bert : je fais partie de ceux qui pense que le Dalaï Lama commet parfois quelques bourdes. Ces rencontres avec le président Bush en sont une, à mon humble avis.

                        Mais que seriez-vous prêt à faire pour sauver votre pays, votre peuple ?

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