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Accueil du site > Actualités > International > Flint, retraités, inégalités : ces nuances du cauchemar étasunien

Flint, retraités, inégalités : ces nuances du cauchemar étasunien

L’automne dernier, j’avais fait une longue série de papiers sur le cauchemar étasunien, cette société oligolibérale qui sert malheureusement de boussole à la majorité de nos dirigeants. Depuis cette série, de nombreux faits illustrant le cauchemar que sont devenus les Etats-Unis ont été rappelés par les médias, une occasion de revenir sur certains côtés obscurs effarants de ce pays.

 

Malheur aux pauvres…
 
Dans la série de cet automne, j’avais omis l’incroyable scandale de santé publique de l’empoisonnement de l’eau municipal de Flint. The Economist est revenu sur ce drame à l’occasion de la publication de deux livres sur le sujet, me permettant d’en parler enfin sur le blog. En 1980, Flint, où GM employait 75 000 travailleurs, avait le plus haut revenu médian pour les travailleurs de moins de 35 ans. Aujourd’hui, elle en emploie moins de 7 000, ce qui a provoqué un tel effondrement économique que les médecins de la Navy SEAL s’y entrainent car la ville offre la plus proche approximation d’une ville affectée par des années de guerre  ! 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté fédéral.
 
En 2011, le gouverneur du Michigan plaça la ville en état d’urgence financière, avec un manager chargé de couper les coûts. Malgré des besoins critiques, le nombre de policiers et de pompiers fut coupé. Et en 2014, pour faire des économies, la ville, qui approvisionnait son eau du lac Hudson, décida de passer à la rivière Flint, alors qu’elle était très toxique du fait des rejets industriels. Et alors qu’il aurait été possible de traiter une telle eau, des économies de bout de chandelle (100 dollars par jour), sur les agents anti-corrosion, ont provoqué une grave contamination au plomb, que les autorités essayèrent de camoufler dans un premier temps, avant que le scandale ne remette les choses en ordre.
 
 
Autre aspect particulièrement choquant de la société étasunienne : le traitement réservé aux personnes les plus faibles et les moins riches. Pas moins de 255 000 personnes de plus de 85 ans sont contraintes de travailler, (4,4% de la classe d’âge, contre 2,6% en 2006), dans des péages, des supermarchés ou pour faire le ménage. En cause : la crise de 2008 qui avait frappé leurs plans d’épargne retraite, et le coût des soins de santé, qui augmente plus rapidement que les petites retraites. Une terrible démonstration des conséquences de la privatisation du service public, qui perd alors en partie sa fonction protectrice pour les plus faibles, abandonnés à un marché sans pitié.
 
 
 
Cela fait longtemps que les Etats-Unis ne sont plus un modèle. Tant de faits viennent nous le rappeler, mais pourtant une grande partie des élites européennes continuent de suivre son chemind’accepter ses oukases et de relayer son extravagante vision du monde. Voilà pourquoi il est essentiel de continuer à rappeler toutes les tares du pays qui est allé le plus loin dans l’oligo-libéralisme.

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22 réactions à cet article    


  • Dron 14 août 2018 10:06

    On peut pas avoir 800 bases militaires dans le monde et prendre soin de son peuple , les USA ont choisi la fuite en avant idéologique d’une poignée de fous dangereux qui les mènent à leur perte.Ce pays si riche et innovant est en train de devenir pour les populations pire que l’afrique , surtout avec les problèmes de drogues , les gens se réfugiant dans des paradis artificiels. Les soi disant grands cerveaux de ce pays n’ont pas compris que le monde change et devient multipolaire , ils en sont réduits à desindustrialiser leur pays , en oubliant que c’ est cela qui les a rendu si riches et puissants , finalement le capitalisme financier est leur propre tombe.


    • Francis, agnotologue JL 14 août 2018 10:33

      @Dron
       
       
      ’’ fuite en avant idéologique’’ ?
       
       Non, fuite en avant tout court, devant l’impératif du profit.
       
       Pour eux, richesses est l’autre nom du profit et réciproquement : ces deux mots sont synonymes, point barre.
       
       Le crony capitalism a toujours besoin de davantage de profits, ne serait-ce que pour engranger des provisions en vue d’éventuels déboires : banqueroutes, procès, révolutions, etc.
       
       <<Le capitalisme est « libéral » par nature, si l’on entend par « libéralisme » non pas ce joli qualificatif que le terme inspire, mais l’exercice plein et entier de la domination du capital non pas seulement sur le travail et l’économie, mais sur tous les aspects de la vie sociale. Il n’y a pas « d’économie de marché » sans « société de marché  ». > >
       

       << Le capitalisme contemporain est devenu par la force de la logique de l’accumulation, un « capitalisme de connivence ». Le terme anglais « crony capitalism » ne peut plus être réservé aux seules formes « sous-développées et corrompues » de l’Asie du Sud est et de l’Amérique latine que les « vrais économistes » (c’est à dire les croyants sincères et convaincus des vertus du libéralisme) fustigeaient hier. Il s’applique désormais aussi bien au capitalisme contemporain des États-Unis et de l’Europe. Dans son comportement courant, cette classe dirigeante se rapproche alors de ce qu’on connaît de celui des « mafias », quand bien même le terme paraîtrait insultant et extrême.>>
       
      Par Samir Amin, économiste et président du World Forum for Alternatives.

    • zygzornifle zygzornifle 14 août 2018 13:35

      @Dron
       On peut pas avoir 800 bases militaires dans le monde et prendre soin de son peuple....


      Bientôt on va y arriver aux 800 camps de migrants .... 

    • Passante Passante 14 août 2018 10:08

      il n’y a plus qu’un seul reporter sérieux qui s’intéresse à Flint



      • Francis, agnotologue JL 14 août 2018 10:11
        Pourquoi prendre pour modèle un pays aussi inégalitaire ?
         
        Parce que les inégalités sont THE moteur de la croissance, et donc de profits, tout simplement.

        • Dron 14 août 2018 10:38

          @JL
          Faux la croissance est productive , pas le capitalisme financier qui ne repose que sur du vent , cf les cotations boursières délirantes que l.on trafique à coups d’algorythmes , il n’y a qu’a regarder la Chine pour s’en convaincre. Après que la production de masse soit nocives pour l’environement est un autre débat.


        • Dron 14 août 2018 10:45

          @Dron
          J’oubliais la puissance financière des USA ne repose que sur la suprématie du Dollar , ce à quoi les Brics travaillent pour contester cela , le jour ou ils contourneront le Dollar , End of Game.


        • Francis, agnotologue JL 14 août 2018 11:35

          @Dron

           
          ’’la croissance est productive’’
           
           Quelle croissance ? D’où vient-elle ? C’est magique ? Et de quelle production parle-t-on ?
           
          De fait, c’est l’activité - plus précisément, le travail physique, intellectuel, mais aussi celui des machines - qui génère des richesses ; le capitalisme financier certes, mais pas que, « transforme » ces richesses en profits au motif qu’il en est le producteur en première intention : Le capital, mais aussi l’argent dette, génère de l’activité. Le capitalisme financier est peut-être votre bête noire, mais il n’y a pas que lui qui opère cette « transformation »

        • Enabomber Enabomber 14 août 2018 17:40

          @JL
          Suivant les principes de l’écodynamique, il faut une source pauvre et une source riche. Plus la différence de revenu est élevée, et plus le rendement l’est aussi. Simple comme bonne choure.


        • LUNATIC GALDIV 15 août 2018 10:01

          @Enabomber

           
          Ah… ! une fois n’étant pas coutume, surtout sur AV, enfin un commentaire situé à un niveau d’analyse critique qui, s’il était plus fréquent, nous épargnerait les circonlocutions stupéfiantes qui hantent ce lieu. L’approche thermodynamique de la réalité écologique nous contenant nous et nos rêves éveillés me semble mieux appropriée à notre besoin infini de lucidité.

        • chantecler chantecler 15 août 2018 11:44

          @JL

          Non, mais il y a ses appendices comme les multinationales désormais plus puissantes que les états .
          Et dont les directions sont encore plus menteuses que leurs représentants ...
          Je donne ce lien car j’ai appris qu’ Arte a déprogrammé le docu ; « le monde selon Monsanto . »
          L’activité de Monsanto est très grave car elle touche l’alimentation du monde entier, en la pervertissant , en empoisonnant les gens et « la nature »....
          Mais si vous suivez ce docu il est facile de faire des rapprochements avec d’autres multinationales ou plutôt d’autres transnationales ...
          Il s’agit en outre d’un système de corruption inouï .
          Défendu par une armada de lobbystes et d’avocats .
          -Too big to fail ....-

        • jesuisdesordonne jesuisdesordonne 15 août 2018 19:57

          @Enabomber

          « Plus la différence de revenu est élevée, et plus le rendement l’est aussi. »
          Vous voulez dire : « plus la tempête sociale sera violente  ? »

        • Enabomber Enabomber 15 août 2018 21:38

          @jesuisdesordonne
          J’espère bien !


        • Alren Alren 16 août 2018 19:17
          @JL
          « Le capital, mais aussi l’argent dette, génère de l’activité. »

          Ce n’est pas le capital qui génère de l’activité mais l’investissement capitaliste.
          Et cet investissement ne produit pas directement de la richesse mais en permettant la création de moyens de travail, permet à ce travail de créer de la richesse.

          Malheureusement si en payant les premiers fournisseurs de machines et de produits à transformer, le capital à une certaine utilité (mais que pourrait fournir aussi la collectivité dans un cade de socialisme), il devient rapidement nuisible en prélevant une marge trop importante sur le surcroît de valeur fourni par le travail et de ce fait en réduisant au maximum l’indispensable investissement pour conserver la compétitivité de l’entreprise.

        • Francis, agnotologue JL 16 août 2018 19:52

          @Alren
           
          ’’le capital à une certaine utilité mais que pourrait fournir aussi la collectivité dans un cade de socialisme’’ Et que fournit la collectivité, dans les sociétés collectivistes. De fait, c’est la confiance, qui permet l’investissement productif. Or qu’est-ce que l’argent, sinon de la confiance .. et de la violence ( Michel Aglieta) ! Dans les sociétés capitalistes il est avant tout violence : l’investissement privé n’est le plus souvent que de la spéculation ; dans les sociétés solidaires il est essentiellement de la confiance.

           
          « L’investissement produit l’avenir dont la spéculation ferme au contraire les possibilités. Le spéculateur agit contre les intérêts du monde dans lequel il vit, et c’est pourquoi la financiarisation n’est pas durable : elle détruit le monde. Mais tous ceux qui l’ont soutenue – activement ou passivement – participent d’un même désinvestissement dans leur propre activité. Le populisme politique, par exemple, est aussi pulsionnel que la spéculation : c’est la forme politique de la spéculation. Le populisme industriel mis en œuvre par la télévision est du même ordre : c’est la forme consumériste de la spéculation. . »
           
          « La financiarisation liquide le capitalisme de la bourgeoisie qu’elle remplace par un capitalisme mafieux. le capitalisme d’actionnariat, où les actionnaires peuvent soumettre les dirigeants à leurs exigences les plus folles, conduit à une économie globalement ruineuse pour le monde, généralisant les comportements irresponsables au nom d’une prétendue rentabilité qui produit de plus en plus de toxicités en tous genres – du CO2 aux actifs bancaires dits toxiques, en passant par mille formes d’addictions. La bourgeoisie investissait et prenait encore soin du monde. Le capitaliste mafieux est structurellement je-m’en-foutiste. Depuis la « révolution conservatrice », ce je-m’en-foutisme est devenu le principe même de la guerre économique. » (Bernard Stiegler)

           


        • HELIOS HELIOS 17 août 2018 09:20

          @Alren

           Le problème n’est ni la pauvreté ni le mécanisme que vous décrivez -l’investissement capitaliste- qui finance l’outil de création de richesse.... et ce n’est même pas la rentabilité probablement exagérée et encore moins les choix qui sont naturellement arbitrés par le marché .... 

          Notre societé est aussi naturellement inégalitaire et cela est dû aux personnes, aux comptétences, aux volontés des uns et des autres, a la chance souvent, mais a un défaut règlementaire qui devrait être la pour réguler les excès.

          Dans ce contexte de guerre économique, et de gestion de la survie même -car il faut bouffer tous les jours- l’état n’a pas joué son role qui est de s’assurer que le createur de richesse soit récompensé pour son oeuvre collective et que celle ci « ruisselle » au plus prés de là où elle est produite.


          Les mecanismes financiers et bancaires fonctionnent comme des cancers par ses consequences directes du créateur de richesse en « évadant » la part de richesse qui leur revient directement.

          Il est anormal que 1 euro gagné par une usine a St Etienne par exemple enrichisse une banque dont le siège est a La Défense alors qu’elle devrait rapporter a la succursalle de St Etienne même et faire vivre tout le tissus économique local.

          Il est urgent de modifier les règles sociales et fiscales desentreprises en creant, modifiant des formes juridiques adaptées aux nouveaux defit de la globalisation.

          Le seul defaut, c’est que ceux qui doivent appliquer ces actions ne sont pas neutres....

        • zygzornifle zygzornifle 14 août 2018 13:33

          Malheur aux pauvres…


          C’est la devise favorite de Macron et de ses sbires ....

          • À rebours 14 août 2018 14:25
            Je n’ai pas lu vos précédents papiers mais j’imagine que vous avez mentionné

            Les salariés privilégiés qui ont la couverture sociale et les salariés qui ne l’ont pas. Et qui en meurent. Les ghettos de riches, les ghettos de vieux, les ghettos de tout ce que vous voulez. Les campus où des démarcheurs de banque endettent les fils des classes moyennes pour la vie avant même que leur carrière ne commence. La vente de sang rémunérée. La drogue partout et prise en gestion directe par certains états. L’augmentation du recours aux coupons alimentaires. Les fonds de pension qui ferment et les cotisants spoliés de leur retraite. La fin du fédéralisme qui doit égaliser les territoires (Detroit). L’intégration de l’économique et du politique, l’omni-puissance des lobbies. Les guerres tribales. Le travail dans les prisons . Le ...

            Trump n’a pas intérêt à échouer.

            Les USA d’aujourd’hui sont un pays barbare, un enfer climatisé.
            On commence à y ressembler, nos élites ont fourni beaucoup d’efforts. Nous avons aussi des Madeleine Albright et des Warren Buffett.



            • pipiou 14 août 2018 20:39

              Même quand l’humanite aura disparu Herblay sera toujours là pour nous publier ses articles de dépressif qui détient la vérité


              • Odin Odin 15 août 2018 11:29

                En restant dans l’U.E./ € / OTAN les français devraient regarder de plus près le mode de vie US, il sera à terme le nôtre et nous y allons à grand pas avec l’associé gérant de chez Rothschild dont la mission est d’accélérer la grande braderie de notre pays smiley


                • Magna carta 16 août 2018 02:16

                  J ai remarque pour beaucoup d entre vous aviez des arguments bien Français !!!! je m explique j aimerais vous donnez un point vue différent mais il est vrai que vous êtes excusé par la manipulation médiatique et chauvaine de nos politiques et hauts fonctionnaires dont vous êtes victime !!!! Dites moi pourquoi dans ce cas précis les usa sont la 1ère puissance économique, technologique, militaire, sportif ect.....moi je pense savoir combien de français ont quitté le territoire depuis 20 ans ?? beaucoup certainement mais pour la plupart c est chez l oncle Sam qu ils ont émigrés avec dans leur valise pour certain des millions d autre des milliards d autre encore leur compétence et savoir-faire mais rien ne leur donne envie de rester surtout pas cette solidarité en trompe oeil pour ceux qui souhaitent vivre leur rêve et cela fonctionne avec a peu près toutes les nations du monde voilà pourquoi les États-Unis seront et pour un long moment le porte étendard de la liberté et vous a commenté leur désespoir pour caché leur réussite alors s il vous plaît arrêté de penser que d une façon soyez ouvert pour mieux comprendre le monde est vous y adapté avec de l amour et non de la haine .


                  • Coriosolite 16 août 2018 21:31
                    Bonsoir,

                    Grace à nos dirigeants successifs de gauche et de droite, nous avons échappé à un enfer comparable aux USA.
                    Ici pas de chômeurs, pas de pauvres, pas de SDF, pas de drogue, pas de délinquance, pas de terrorisme, pas d’immigration non désirée, etc etc..
                    Le paradis, ma parole.
                    Si je pouvais me permettre une suggestion à l’auteur, ce serait de lui proposer d’éteindre son PC et d’aller se promener dans quelques cités du 93 ou de Marseille (risqué mais instructif) et dans ce qu’on appelle maintenant la France périphérique (en langage normal : la France pauvre et abandonnée), de visiter les agences Pole Emploi, les Restos du cœur, les locaux du Secours Catholique et du Secours Populaire.
                    Il y trouverait matière à articles moins « exotiques » mais tout aussi intéressants.

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