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Il y a deux ans, liquidation d’un assureur français au Cambodge

L’accord protégeant les investissements français au Cambodge est-il encore valable ? Deux ans après la brutale liquidation de l’assureur français Indochine, et un an après la rencontre Chirac - Hun Sen sur le sujet, l’investisseur français doute de la volonté des pouvoirs publics.

Le 17 août, celà fera 2 ans que le Ministère des Finances du Cambodge liquidait autoritairement Indochine Insurance, société française, leader du marché, établie depuis 1993.
Son propriétaire Philippe Lenain était pourchassé et se réfugiait avec sa famille dans l’Ambassade de France.

Il faut rappeler qu’Indochine venait d’annoncer l’entrée dans son capital de la Macif et de l’Agence Française de Développement, pour un montant total de 6 millions de dollars. C’est ce qui avait mis le feu aux poudres.

Les entreprises sont en principe protégées par un accord entre la France et le Cambodge, mais le recours introduit par Mr Lenain auprès des autorités Khmères est resté sans effet.

Le Premier Ministre Hun Sen s’était pourtant engagé auprès du Président Chirac, en septembre 2005, à régler le dossier. Mais on peut se demander ce que vaut la parole d’un dirigeant du calibre de Hun Sen, au pouvoir depuis 1985, dont le régime mafieux est régulièrement dénoncé par le FMI...

Cependant la France ne peut se désintéresser de ce dossier emblématique des relations franco-khmères. Le Sénateur français Richard Young a officiellement posé le 16 mai 2006 une question écrite au Gouvernement, sans réponse à ce jour.

A l’occasion du second anniversaire de la liquidation de sa firme, Monsieur Lenain a adressé une lettre ouverte au Ministre des Affaires Étrangères Philippe Douste-Blazy. Il y rappelle qu’au moment où la France affirme fonder sa relation au Cambodge sur le "soutien à l’état de droit, il paraît surprenant que, lorsque le Cambodge viole l’engagement de principe qu’il a signé avec la France, celle-ci non seulement ne bronche pas, mais augmente son aide bilatérale.”

Liens :

Détails sur l’affaire Indochine

L’Argus de l’Assurance du 25 mai 2005 

L’Express du 6 septembre 2005


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9 réactions à cet article    


  • Dueymes JM (---.---.164.179) 16 août 2006 18:23

    Il y a un mois, un projet d’Aide Médicale au Vietnam (DialAsie Vietnam ; Ho Chi Minh Ville) destiné à la population vietnamienne a subi exactement le même sort. L’expropriation est flagrante, démontrée, les engagements de l’Etat Vietnamien décrits dans la Licence d’Investissement violés par le Comité Populaire de Saigon. Menaces de mort, interdiction de sortie de territoire, diffamation. Tout a été fait pour nous contraindre à fermer. Sans que les autorités françaises (ni les autorités vietnamiennes à Hanoi) n’aient les capacités d’agir. Pauvre France, réduite à faire de la figuration, incapable de défendre ses concitoyens alors que les règles internationales sont bafouées. Votre expérience au Cambodge est hélas le reflet de notre propre aventure. Il est clair que la France dans le Monde n’est plus que l’ombre d’elle-même et a perdu toute autorité et crédibilité. La Corée, le Japon ou tout autre pays soucieux de défendre les intérêts nationaux auraient réagi, en conditionnant la poursuite des « aides bilatérales » au respect des règles... Ce n’est manifestement pas ou plus dans les capacités de notre pays.


    • Philippe Lenain Philippe Lenain 16 août 2006 19:29

      Il me paraît utile de noter que DialAsie Vietnam et Indochine Insurance étaient de petites structures, des initiatives individuelles. Si elles s’étaient nommées Total, Vinci, Mondeo, Vivendi, Airbus, Thalès, Air France ou que sais-je, nul doute que les chancelleries et les Ministères se seraient mobilisés avec ferveur. À la différence des responsables de ces fleurons de l’économie française, il ne nous est pas possible de décrocher le téléphone pour appeler nos amis aux plus hauts échelons du pouvoir. Et si nous redoublons d’ardeur à nous défendre, nos diplomates auront vite fait de juger que nous mettons en péril d’autres intérêts (ceux des sociétés précitées) autrement plus « importants ». Le message m’a été transmis, à mots à peine couverts, à plusieurs reprises, par le Quai d’Orsay.


    • Dueymes JM (---.---.138.113) 17 août 2006 13:17

      Votre réponse est tout à fait exacte. Les « petits investisseurs », qui prennent pourtant des risques à titre personnel, sont traités avec dédain, compassion parfois... mais n’ont aucun poids lorsqu’il y a de grosses entreprises à protéger ou à soutenir. Défendre une PME, quantité négligeable, et irriter les autorités locales, alors que parallèlement il y a d’autres enjeux (comme l’envoi d’un satellite ou l’achat d’avions européens), telle est la problématique de nos représentants diplomatiques.

      La réponse est toute simple et nous en sommes des exemples types. Et, à mots couverts (en insistant que « ces commentaires ne devaient pas sortir de ces murs »), avec diplomatie, nos représentants esquivent, même si au bout du chemin la PME en question est considérée comme perdue.

      C’est tout de même bien particulier à notre pays, cette politique qui ne dit pas son nom. D’autres pays européens, et surtout asiatiques ont un langage de fermeté et exigent que toutes les règles soient respectées. Sans quoi, l’aide bilatérale pourrait être remise en cause. Cette politique ferme du donnant-donnant n’est pas celle de notre pays...qui préfère continuer à faire des « cadeaux », à courber l’échine pour espérer obtenir un gros marché pour une entreprise nationale.

      Depuis 5 ans, le Vietnam parlait de lancer un satellite de télécommunication. A priori la France était bien placée. A ma connaissance, ce sont les USA qui vont le lancer ! Il y a d’autres exemples qui vont dans le même sens.

      Les Vietnamiens (et les Cambodgiens entre autres) le savent très bien et jouent avec la France en acceptant les aides et les dons, tout en continuant à violer les engagements internationaux. La France n’est vraiment pas en position de force et je pense qu’on ne peut pas être fier de notre pays de se comporter avec une telle mièvrerie !


    • Bulgroz (---.---.87.50) 16 août 2006 18:59

      Je ne connais pas l’affaire (j’ai lu l’histoire sur le site dédié), et j’avance une explication sur la non défense des intérêts DES Français à l’étranger.

      Beaucoup des ambassadeurs sont :

      i) issus du sérail

      ii) des poètes qui ne connaissent rien à l’économie et au business ou répugnent par culture à parler petits sous. Se battre pour des sous nuit à l’image de la France et de sa culture.

      Les ambassadeurs US, eux sont issus des milieux du business, ils ne pensent qu’à ça et sont nommés pour ça.

      Exemple : l’ambassadeur US au Mexique est du Texas, ami de Bush, travaillait dans le pétrole et ne connaissait rien à la diplomatie. Il s’est d’ailleurs marié tout en étant ambassadeur en énormes pompes à une Mexicaine, 2ième fortune du pays (La bière Corona). Impensable pour un ambassadeur Français.


      • Philippe Lenain Philippe Lenain 16 août 2006 20:03

        Notre ambassadeur à Phnom-Penh était, dans son précédent poste, Directeur des Archives et de la Documentation au Ministère des Affaires Étrangères. Je ne doute pas qu’il soit plus porté à s’occuper de culture qu’à défendre l’application des accords bilatéraux en matière d’investissements. Je me remémore un détail piquant : je suis resté durant une semaine sans sortir de l’Ambassade de France, jusqu’à ce que l’Ambassadeur obtienne des autorités cambodgiennes un sauf-conduit. L’affaire de la liquidation de ma société faisait alors les gros titres de la presse locale, jour après jour. L’une des parties flouées par la liquidation d’Indochine était l’Agence Française de Développement, qui avait donné son accord (après études etc...) pour investir 3 M$. Pendant ces quelques jours, l’Ambassadeur a organisé en grandes pompes la remise d’un chèque de 3 M$ de dollars au gouvernement Cambodgien (pour un programme lié à la maintenance des temples d’Angkor, je crois). Étonnant, non ? Mais ce n’est encore rien ! Qui était le généreux donateur ? L’Agence Française de Développement...


      • faxtronic faxtronic 16 août 2006 20:52

        Mr Lenain,

        Connaissiez-vous intimement des officiels (armée, gouvernement), avant d’aller vous installez au Cambodge. Il y a 5 ans un ami combodgien vivant en france, venu en france en 78 apres etre sortis des camps. Il m’a demander de venir investir avec lui dans une societé de medicament générique. N’ayant comme fortune personnel que 0 euros, j’ai du refuser. Cet ami a dans la famille un general tres influent parait-il, la fois ou il nous inviter a PhnomPenh c’etait en grande pompe. Dans la famille il y avait aussi un negociant de vins français et de telephone portable.

        Est ce que retrospectivement vous auriez investi si vous aviez été a ma place ?


      • Bulgroz (---.---.87.50) 16 août 2006 21:18

        En tout cas, Philippe Lenain, je vous tire mon chapeau :

        i) de vous être lancé dans ce métier d’assurance qui est, je suppose complexe

        ii) d’avoir su vous développer au point de faire rentrer la Macif dans le capital, signe du sérieux de votre entreprise

        Je souhaite que la procédure en cours puisse aboutir favorablement et que vous puissiez rentrer dans vos droits.


        • (---.---.135.145) 16 août 2006 23:30

          Bonjour,

          Votre article crée un certain malaise. Personnellement, je n’ignore pas la gravité des risques, y compris physiques, que prennent les investisseurs dans certains pays pauvres et instables d’Asie ou d’Afrique. Mais je n’ignore pas non plus la voyoucratie qui règne parmi ces investisseurs étrangers qui sévissent dans ces pays. Voyoucratie : le mot est bien pesé - et, les grands groupes ne sont pas exclus de cette appréciation...

          Je ne souhaite en tous cas insulter personne sans savoir. Et voilà le problème, quand on ne sait pas bien, qu’on entend qu’un son de cloche, et qu’il est difficile de savoir... eh bien, comprenez que le métropolitain paraisse tiède tant il est raisonnable d’être prudent.

          La remarque suivante vous déplaira sans doute : un article sur soi-même à la 3ème personne, ça produit vraiment le malaise du lecteur. Pourtant ce dernier paragraphe est sûrement le plus amical.


          • Philippe Lenain Philippe Lenain 17 août 2006 02:49

            Je vous comprends.

            Je vous prie de croire cependant, en tant qu’individu, qu’il n’est pas facile de se défendre contre un état. Le communiqué de presse, que j’ai évidemment rédigé à la troisième personne, est un des seuls moyens à ma disposition.

            D’autre part, intéresser un assureur de premier plan et une agence gouvernementale est une démarche lourde qui comprend des audits et études approfondies.

            En l’occurence, il ne faut pas se tromper de voyou, et ma démarche - intéressée je le concède - consiste à encourager les autorités françaises à défendre ses ressortissants entrepreneurs.

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