Internet, courroie des révolutions modernes
J'avais relayé ici même des points de vue tiers agrémentés de mes propres interrogations sur les récentes émeutes en Tunisie.
Plus le temps passera, plus les gens anciennement au pouvoir auront tôt fait d'étouffer le mouvement populaire pour n'en faire qu'une révolution de palais.
De même que l'on devra accorder une attention très importante à l'essor attendue des mouvances radicales religieuses qui pourraient tirer profit de la possibilité désormais offerte de se présenter librement aux élections. Encore faudrait-il qu'elles sachent canaliser et capitaliser sur la durée cette désespérance populaire, surtout des plus jeunes.
L'une des théories avancée concernant ces évènements aurait été que les Etats-Unis pressentaient que le maintien d'un régime corrompu et arbitraire favoriserait inéluctablement l'avènement d'un mouvement social d'obédience religieuse. Dès lors ils auraient préféré laisser déposer l'ancien Président afin d'éviter tout scénario à l'Iranienne. Vrai, faux ? Quoi qu'il en soit, les dés ont été jeté et la reprise en main de la situation par un gouvernement provisoire formé d'anciens membres proches du parti au pouvoir laisse plutôt présager une récupération qu'une révolution dans les règles de l'art.
Autre point d'importance que je corrèle avec les récents évènements survenus eux en Egypte : l'impact de plus en plus net des réseaux sociaux et autres outils assimilés transitant par voie numérique. Bref, Twitter et Facebook ont joué un rôle certain dans ces évènements. Dans quelle proportion ? Là c'est plus problématique à déterminer. De l'extérieur, et d'après les éléments que je glane ici et là, je dirais que c'est plus l'accompagnement d'un mouvement qu'une initiation. Les outils, mêmes informatiques, restent des outils et ne sauraient se substituer à des individus restant maîtres de leurs actions. Un outil par définition est neutre, il n'est ni bon ni mauvais à l'état initial : c'est son utiilisation qui lui donne sa force de frappe et son utilité (sociale).
De fait, je préfère évoquer le rôle de ces outils numériques en tant que courroie d'un mouvement social.
Enfin, si nos yeux sont tournés vers le monde Arabe et Perse, n'omettons pas non plus de souligner combien les pays occidentaux cherchent eux aussi à "domestiquer" le phénomène Internet. Le plus souvent par des formules très déresponsabilisantes et savoureuses à la 1984 : "Pour votre sécurité... Dans le souci de protéger vos droits... En raison du risque encouru pour vous et vos enfants... etc.".
Il apparait acquis au vu de l'activisme de divers gouvernements de par le monde qu'Internet et le mouvement des idées qui y transite mettra de plus en plus à mal la réalité des régimes. Tout comme l'imprimerie, Internet est un outil qui remodèle le monde connu et entend de fait bouleverser les équilibres de pouvoir. Et ce à une vitesse encore plus impressionnante que du temps de l'imprimerie en raison de la progression technique des transferts d'informations (dorénavant un mobile permet l'accès à une quantité d'informations tout en opérant le contact avec une quantité de personnes que l'on n'aurait jamais pu soupçonner voici à peine 20 ans !).
Lectures complémentaires : celle de Charles Bwele sur Alliance GéoStratégique, celle de JGP sur Mon Blog Défense et enfin Numérama sur la lutte des autorités Egyptiennes envers l'emploi des réseaux sociaux par les Internautes.
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