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Accueil du site > Actualités > International > Israël : le Lion se meurt... et maintenant ?

Israël : le Lion se meurt... et maintenant ?

Ariel Sharon lutte contre la mort. Mais politiquement, il est déjà mort. Réalisme oblige, après la fin d’Arafat, une nouvelle ère commence. Laquelle ?

Le « Lion » se meurt. Pas de miracle médical en vue : « Soyons réalistes », dirait-il... L’Histoire bascule. Que faire ? « Attendre et Prier », comme l’écrit « Ha’Aretz ». Prier « pour le Premier ministre, l’homme qui ne peut pas être brisé, pour notre présent qui vole en éclats, et pour notre avenir qui est bloqué ». Prier, comme le font nombre de Juifs d’Israël et d’ailleurs, à l’appel de leurs autorités religieuses et civiles. Prier, comme le font Bush et quelques autres dirigeants de cette planète, qui savent bien que la lutte contre la mort d’ « Ariel » , le « lion » en hébreu, marque la fin d’une ère...

Prier et attendre. Et se préparer à tout, surtout à l’imprévisible... Sans Sharon, le paysage politique israélien change complètement, les prochaines élections en Israël s’annoncent différemment, et la donne du conflit israélo-palestinien change complètement. L’inconnu fait toujours peur. Mais comme Sharon l’a si bien illustré, jusqu’au cynisme, depuis longtemps, le réalisme exige de vaincre ses peurs, non de les entretenir. Alors, regardons « les choses en face ».

Controversé, Sharon l’est depuis longtemps. Il l’était même avant d’entrer en politique. Quoi qu’on pense de l’homme et de ses actions, ce n’est pas un homme « ordinaire » qui, blessé à la tête, risque de mourir, ou de survivre dans des conditions telles que sa mort politique est déjà là. Quelle vie, et quel destin ! Ce « paysan », comme il aimait le dire en se déclarant « agriculteur », sait mieux que quiconque les liens qui peuvent se tisser entre le sol et le sang... Avec tout ce que cela peut comporter d’héroïsme et de barbarie.

« Le bulldozer » n’est pas qu’un surnom imposé par sa stature ou par son tempérament, le mot est aussi et surtout inspiré par ses méthodes d’action, sur le terrain comme dans les bureaux et les salons ; sous l’uniforme comme dans ses costumes ou ses chemisettes... « L’homme qui fonce au feu rouge » : son biographe, Uzi Benziman, avait su trouver un titre pertinent. Le « Lion » a 72 ans, mais il grille les feux rouges depuis l’âge de 14 ans, époque de son engagement dans la Haganah, l’armée secrète des sionistes. Une vie militante qui force l’admiration, même de la part de ses adversaires. On se décrète pas « héros » : on est sacré par l’alchimie des événements.

« Bulldozer » ! Arik l’a été, en tout, et pour tout. Contre ses ennemis, bien sûr, mais aussi contre ses amis. La conviction envers et contre tous, y compris envers ses supérieurs hiérarchiques. Le souci de l’efficacité, d’abord. Poussé jusqu’au cynisme, alimenté par un machiavélisme pur et dur, mais toujours auto-légitimé par le souci du résultat, la volonté d’influencer le cours de l’histoire, le besoin de donner un sens, du sens, à ses actions, donc à sa vie. De laisser une « trace ». « Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaît, tu ne pourrais pas te tromper »... D’ailleurs, « ce n’est pas le but qui compte, c’est le chemin »... Lui, le laïc, avait un sens aigu du mysticisme, de la transcendance. Une forme de fondamentalisme ? Attention aux mots piégés...

Je l’ai rencontré trois fois.
Une fois, en privé, chez des chrétiens de Beyrouth, qui, l’année précédente, étaient à fond pro-palestiniens et affichaient un antisionisme proche de l’antisémitisme. Surprise.

Une fois, en journaliste suivant l’opération « Paix en Galilée » au Liban. Un bien vilain fiasco : la campagne qui devait durer deux jours s’est prolongée pendant 18 mois, dans le sang comme on sait, avec les massacres qu’on connaît... Stupéfaction.

Une troisième fois, à Jérusalem : l’interview que je voulais faire de lui sur la tragédie de Sabra et Chatila a tourné court. Déception.

  • La première fois, il m’a semblé chaleureux, bon vivant, plein d’humour, riche de valeurs personnelles. Sympathie.
  • La deuxième fois, il se posait en chef de guerre, fin stratège, meneur d’hommes hors pair. Admiration.
  • La troisième fois, il m’est apparu comme un homme orgueilleux, sourd à toute remarque critique, comme autoprotégé par un bouclier anti-doute, bardé de certitudes, rendu inoxydable par ses ambitions. Peur.

Sa vie ? Elle deviendra légendaire, de son vivant...

  • Guerre de 1948 : il commande (déjà) dans l’infanterie. Et il est blessé dans la bataille de Latroun.
  • Dans les années 1950 : il dirige le « commando 101 » qui mène des opérations « spéciales » en territoire « ennemi », sans être prisonnier des « conventions de Genève » et des ordres officiels : le contre-terrorisme avec les armes du terrorisme.
  • 1956 :Le voici dans les commandos parachutistes.
  • 1967 : le voilà dans les blindés. Général de division à 37 ans !
  • 1973 : le réserviste déjà entré en politique et rappelé en renfort fait figure de héros (encore) sur le canal de Suez et dans le Sinaï. C’est lui qui donne le coup fatal aux forces égyptiennes.
  • 1982  : c’est lui l’architecte et le chef de chantier de l’opération au Liban.
  • 2002 : sa visite provocatrice sur l’esplanade de la Grande Mosquée de Jérusalem déclenche la deuxième Intifada... qu’il combattra, avec la vigueur qu’on sait.

Son « activisme » ne fait pas des mécontents que chez ses ennemis. Il échappe de peu, à plusieurs reprises, à la cour martiale, pour désobéissance aux ordres...

Sur Sabra et Chatila, en 1982, après l’assassinat de son « ami Béchir Gémayel », il a été reconnu « indirectement responsable » par une commission d’enquête israélienne... C’est lui qui contrôlait le secteur. Ce sont ses troupes qui « ont laissé faire ». C’est Tsahal (qu’il dirigeait) qui a autorisé, sinon stimulé, les « massacres d’Arabes musulmans par des Arabes chrétiens » : 800 civils tués. Un carnage. Un charnier. Un scandale.

J’étais au Liban à l’époque : un spectacle d’inhumanité insoutenable... « Arik » ne s’est pas seulement défendu : il a attaqué en diffamation ceux qui ont osé l’impliquer dans cette « sale affaire », qui n’était pas la seule dans l’ordre de la vilénie, il est vrai... Ariel Sharon, criminel de guerre ? Oui, sans doute, peut-être, sûrement. Même les Belges ont essayé de lui faire un procès, au nom d’une jurisprudence territoriale généreuse, mais utopique.

Liban années 1980 : la barbarie à visage découvert et à figures multiples. Tous criminels, dans tous les camps... même quand les tueurs de tous bords se retrouvent dans un hôtel luxueux de Genève pour tenter une paix rendue impossible pour cause d’hypocrisie, de lâchetés internationales et d’ingérences inadmissibles.

Qui, des Syriens et des Israéliens, a fait le jeu de qui ? Et quel rôle, meurtrier, ont joué les « services » de puissances étrangères au Liban ? Le vrai procès reste à instruire, et il ne concerne pas que Sharon... Qui a fait le jeu des chiites ? Qui a fait le jeu du Hezbollah ? Qui a joué le plus et le mieux le rôle du pompier-pyromane ? Qui est le vrai responsable d’une bataille géopolitique où tout, y compris l’eau, a débouché sur la mort de Phénix, qui ne renaît plus de ses cendres ? Qui a le plus contribué à la mort d’un Liban qui se voulait multi-confessionnel, multi-culturel, terre de rencontres ? Sharon, en l’occurrence, n’a été qu’un acteur parmi d’autres... Ce qui n’excuse en rien ce qu’il a pu faire et laisser faire.

Assad-le-Syrien, soutenu par les « occidentaux », au bout du compte, s’en tirera mieux que lui. Et son successeur de fils aussi... Aujourd’hui encore, Damas, qui a plus malmené les « réfugiés palestiniens » que les Israéliens, qui a plus soutenu le « terrorisme international » que n’importe quelle « capitale arabe », qui a plus été outrageusement hypocrite (et affairiste) que n’importe quel centre « du mal », bénéficie d’indulgences, voire d’impunité, plus que d’autres.
La France, pour ne citer qu’elle, n’a jamais voulu faire toute la lumière sur l’assassinat de son ambassadeur Delamarre, en zone syrienne... Scandale de la lâcheté.

J’ai suivi un voyage officiel à Damas d’un premier ministre français (fort estimable par ailleurs) à l’époque. J’avais honte, non pour moi, mais pour la France. La raison d’Etat est trop souvent la déraison dans tous ses états.

Le régime syrien aujourd’hui reste celui qui, dans la région, s’est le plus et le mieux accommodé de la chute de l’URSS. Pourquoi ? Sharon a toujours été ferme sur le Golan. Il suffit de visiter la région pour reconnaître qu’il a eu raison. Au-delà des slogans, il y a les réalités. Sharon avait la capacité de bien exploiter les déboires syriens dus aux suspicions internationales qui pèsent sur les attentats qui ont frappé au cœur et à la tête les démocrates de Beyrouth. Il importe plus que jamais que les Européens ( les Français en particulier) soutiennent jusqu’au bout les enquêtes internationales déclenchées....

Je ne vois pas la plaine d’Alsace accepter d’être sous des canons ennemis plantés sur le Mont-Saint-Odile... Israël dans ses frontières de 1948, c’est...17 kilomètres de large. Moins que la plaine d’Alsace, entre Vosges et Forêt noire. De bons esprits « progressistes » devraient réapprendre la géographie... Passons. Nous n’évoquons cela que parce que ces circonstances expliquent à elles seules les difficultés d’agir de Sharon, sans excuser ses excès, ses bavures, voire ses actes irresponsables. « A la guerre comme à la guerre » : cela ne doit jamais servir d’excuse quand on se veut « démocrate » et « défenseur de valeurs »...

Sharon a rencontré énormément de difficultés, parce qu’il n’a jamais hésité, non plus, à se retourner contre ceux qui ne comprenaient pas l’exigence des évolutions. Il était, dans son genre, à son échelle, et à sa mesure, le « de Gaulle de l’Algérie française qui donne son indépendance à l’Algérie », le « Beguin-le-faucon qui fait la paix avec Sadate », le « Rabin-le-dur qui met en route un processus de paix ». C’est lui, le vainqueur du Sinaï, qui évacue par la force les « colonies » israéliennes installées là-bas. C’est lui qui ordonne l’évacuation des « colons » juifs de Gaza. C’est lui qui aurait pu imposer aux Israéliens des retraits (calculés) de Cisjordanie.

Mais ce n’est sûrement pas lui qui aurait pu régler le problème-clef que les accords d’Oslo ont eu tort de mettre entre parenthèses : celui de Jérusalem... Du statut de cette ville, trois fois sainte, par lequel toute « feuille de route » pour une solution de règlement doit commencer, et non finir.

Regardez et méditez l’histoire, sous toutes les latitudes : les « vraies paix sont négociées à partir de positions de force, non à partir d’aveux de faiblesse ». Ce ne sont pas jamais les « pacifistes » qui font la paix. Parce que la qualité des « bonnes intentions » ne sert à rien. Tout est dans le Faust de Goethe. Les meilleures des intentions peuvent provoquer les pires des catastrophes... Sharon, dans cette perspective, part, politiquement, d’une façon inopportune. Et ce n’est évidemment pas de sa faute.

En Palestine, les élections vont être perturbées. On imagine qui peut le plus tirer parti de sa disparition politique sinon physique : le Hamas, les islamistes, les plus extrémistes. Soutenus par les pires (faux) « alliés » de la « cause palestinienne », des Iraniens aux « al-quaïdiens »... Dans le monde dit « arabe » (qui n’a aucune unité), les nouvelles incertitudes nées de la disparition politique de Sharon vont favoriser les pires manœuvres. Il est clair que les Palestiniens ne sont pas les seuls à ne pas pleurer Sharon...

En Israël, la gauche travailliste « new look », dirigée par Amir Peretz, peut espérer en tirer parti, mais par défaut. Tout le jeu est en fait redistribué... Refaites vos jeux. Impair, et ne gagne pas forcément. La droite extrême va aussi bénéficier de la fin de l’espérance « centriste » lancée par la « main de fer » devenue « gant de velours ».

Le « lion » est frappé, alors que sa cote de popularité est au plus haut dans l’opinion israélienne. Malgré l’hostilité de la droite extrême, qui le traite de « traître », et de la gauche pacifiste, qui le considère toujours comme un « faucon », malgré les problèmes engendrés par les affaires de fraudes et de corruption qui concernent son fils et l’éclaboussent, c’est lui qui incarne, depuis ses décisions courageuses sur Gaza, l’espoir de concilier « paix et sécurité », « fermeté et ouverture », « force et dialogue », pour Israël.

Son parti, Kadima, partait gagnant pour le scrutin du 28 mars. Mais, comme le souligne le Jérusalem Post, « que restera-t-il de ce parti sans lui ? ». Ce n’est pas Shimon Pérès qui a quitté les travaillistes pour le rejoindre qui peut jouer les leaders : son âge limite son action. Et ses adjoints n’ont pas pour l’heure le charisme nécessaire : les journaux israéliens citent notamment le ministre des Finances et vice-Premier ministre, Ehoud Olmert, qui assure l’intérim à la tête du gouvernement, le ministre de la Défense, Shaul Mofaz, et celui de la Justice, Tzipi Livni.

Voici Israël en manque de leader charismatique. Voici surtout une nouvelle époque. De l’ère des pionniers, côté israélien, seul survit Shimon Pérès. Côté palestinien, depuis la mort d’Arafat, personne ne s’impose... 2006, l’année de toutes les éventualités. Des pires comme des meilleures. Prions, si l’on croit en Dieu. Et attendons. L’agonie du Lion, Ariel dit « Arik », est l’occasion de bien des réflexions... Questionnons les questions...


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18 réactions à cet article    


  • Norman (---.---.79.178) 6 janvier 2006 13:56

    Cette disparition est un coup dur pour l’application de la feuille de route. Que l’on soit partisan de sa politique ferme mais droite ou détracteur vis à vis de ses actions militaires passées et des méthodes parfois controversées. Il reste que cet homme maintenait une certaine stabilité au Proche-Orient.

    voivi venu le retrait politique de la seule colombe aux yeux de faucon. Il est temps de penser à la succession.


    • Un lecteur (---.---.21.74) 6 janvier 2006 15:53

      Affirmer que Sharon souhaitait aller dans le sens de la feuille de route meriterait demonstration... Le petit pere Ariel est plus connu jusqu’ici pour son unilateralisme. Quant a ladite feuille de route, elle prevoyait la creation d’un Etat palestinien en 2005...


    • Sylvain Reboul (---.---.151.113) 7 janvier 2006 09:34

      Vous avez raison sur le principe : l’unilatéralisme (de Sharon) n’est pas le meilleur moyen de négocier une paix durable ; mais pour négocier encore faut-il avoir un interlocuteur qui dispose de l’autorité nécessaire sur sa partie, ce qui n’est pas le cas semble-t-il du « gouvernement palestinien ». Or cette autorité dépend aussi des chances de cette négociation et de la capacité d’Israël d’accepter en fin de course l’évacuation des colonies et de la fin du maillage du territoire palestinien ainsi qu’une redéfinition du statut de Jerusalem ; reste le droit au retour et des conditions à accepter par Israël pour que les palestiniens, au contraire d’Israël y renoncent. Nous sommes donc dans un jeu de rôle vicieux par lequel la méfiance des uns entretient la méfiance des autres ; comment en sortir ?

      C’est, me semble-t-il, à l’état d’Israël, en tant qu’il est militairement et politiquement le plus fort, ici et maintenant, de faire le premier pas en vue de briser le cercle vicieux et cela ne peut se faire que par des garanties internationales suffisantes pour la sécurité des deux parties. J’ai beau tourner autour de ce cercle vicieux , la seule manière de le briser et/ou de le transformer en cercle vertueux est de s’inspirer de la démarche et des propositions des accords informels de Genève entre palestiniens et israéliens de bonne volonté.

      Reste que l’autorité palestinienne doit désarmer le Hamas et autres groupes et sous-groupes qui refusent le prncipe même de la paix et doit mettre fin à la corruption en son sein et surtout prendre en compte le besoin de solidarité sociale dans la population que ces groupes exploitent.

      Accords de genève


    • Khalifa Chater Professeur Khalifa Chater 7 janvier 2006 10:56

      Sharon n’a jamais été l’homme de la pays. Prenant acte de l’impasse du dernier Etat colonial- qui a bien lassé ses soutiens atlantiques - l’homme de Sabra et de Chatila a pris acte de la nouvelle done, tout en ménageant la chèvre et le choux : le discours d’un désengagement partiel et unilatéral et la praxis du refus du dialogue et de la poursuite de la colonisation.Le tout sécuritaire qu’il privilégie est un mythe. Il permet de gagner du temps, pour poursuivre la tragédie, faisant le lit de l’intégrisme. Il faudrait plutôt encourager la conclusion d’une paix de braves, entre des hommes de bonne volonté, reconnaissant le fait national palestinien, qui légitime la résistance, à l’instar des épopées de Washington, De Gaulle, Bourguiba etc.


      • (---.---.124.152) 7 janvier 2006 13:29

        shivat tsion

        Sharon n’ pu empécher le massacre contre productif de Sabra et Shatila par des Arabes Chretiens Libanais ... massacre semblable a celui de Tel el Zaatar , celui de Damour , et tous ces autres massacres d’Arabes par des Arabes au Liban , que tous se sont empressé d’ oublier pour ne se souvenir que de celui qui impliquait indirectement un Juif. L’etat Juif a été restauré sur sa terre , origine de son histoire , par ses propriétaires légitimes.Il est tout sauf un état colonial sauf pour ceux qui vivent dans la culture du mensonge .


      • Sylvain Reboul (---.---.151.113) 7 janvier 2006 14:25

        « L’etat Juif a été restauré sur sa terre , origine de son histoire , par ses propriétaires légitimes.Il est tout sauf un état colonial sauf pour ceux qui vivent dans la culture du mensonge . »

        Le problème est que cet argument ne vaut que pour ceux qui se désignent comme juifs ; terme du reste ambigu : que veut dire être juif ? Etre croyant en une certaine religion ? Avoir des ancêtres et/ou une mère qui se reconnaissaient comme tels (chacun sait que pour les juifs orthodoxes ne sont juifs que des enfants nés de mère juive).

        Cet argument des propriétaires légitimes ne vaut rien du point de vue de l’universel qui ne fait pas de différence de valeur entre la Bible, le Coran ou tout autre texte religieux ; c’est à dire ne leur accorde aucun rôle de fondement politique d’un droit valant pour tous et qui ne considère que le principe de réciprocité et d’égalité des droits humains indépendamment des droits de Dieu.

        La question est donc celle de la laïcité qui sépare le religion de la politique et le droit théologique communautaire traditionnel du droit inter-humain, libéral, égalitaire et démocratique. Théocratie ou droits universels de l’homme, tel est bien le choix politique fondamental.

        Tel est le choix entre la paix universalisante et émancipatrice des errements du passé et la guerre fermée à l’avenir car particularisante et inter-communautaire.


      • shivat Tsion (---.---.124.152) 7 janvier 2006 15:36

        Le droit des Juifs est un droit national , fondé sur le droit à la propriété de son heritage . Ce n’ est pas un droit qui se prevaut de l’ amour universel ni des valeurs universelles mais bien du droit des peuples a leur terre d’ origine . Qui se penche un tant soit peu sérieusement sur l’ histoire Juive n’ y voit aucune ambiguité : la Bible Juive n’ est pas un livre religieux tel le Coran ou l’ Evangile mais bien une archive nationale qui raconte l’ histoire des rois d’ Israel et de Judas ,celle de revoltes Hasmonéene pour l’ independance , les chroniques d’un peuple qui en plus avait un Dieu national ,(auquel du reste il croit assez peu) mais qu’importe .. En Israel il y a bien 4.500.OOO Juifs bien décidés à vivre dans l’ état Juif , que cela plaise ou non .


      • Sylvain Reboul (---.---.47.47) 7 janvier 2006 18:30

        Cela est votre interprétation, qui ne vaut que pour qui croit encore à la fécondité politique et mythique de l’idée éthnique de nation purifiée dont ceux qui ont été désignés comme juifs ont été les premières victimes. Du reste certains qui se considèrent comme juifs ne la partagent pas.

        Je ne me me sens personnellement pas héritier des gaulois, ni des chrétiens, ni des hommes de Cro-magnon et je ne m’en porte pas plus mal : je ne me sens héritier que de la philosophie grèque et de celle des Lumières qui appartiennent à tous. D epluis, n’étant pas paysan, je ne me sens heritier d’aucun territoire commun particulier et l’espace public est l’affaire de tous sans exception.. Du reste je vais vous faire un aveu : je n’appartiens qu’à moi même et aux proches que je me suis choisis. Pour le reste seul compte l’idée de justice universelle.

        Votre argumentation ne vaut que pour qui croit encore à ce genre de « colle » ou glue idéologique communautariste qui n’a d’autre fonction que de faire perdre aux individus toute autonomie personnelle de pensée, d’action et de vie afin de les soumettre sans condition au collectif.

        Selon moi un état juif n’a pas plus de valeur qu’un état catholique ou islamique ; ils sont tout aussi théocratiques et contraires aux droits de l’homme les uns que les autres (voir l’état civil précisément religieux en Israël). La politique n’est pas une affaire religieuse ou ethnique, elle ne relève pas de la proximité affective, mais de la justice pour éviter le guerre et la domination et en cela elle ne se limite pas au prochain, dès lors qu’elle inclut le lointain que je n’ai jamais rencontré et que je n’aime pas particulièrement.

        La laïcité doit aussi séparer la politique de la religion nationale.

        Si vous voulez convaincre, cherchez des arguments qui ne valent pas que pour vous, à l’exclusion des autres. Soyez plus universaliste et rationnel. Sinon contentez vous d’ameuter vos troupes, mais cette Agora ne me semble pas le meilleur lieu pour cela.

        République, nation et laïcité


      • caramico (---.---.227.87) 7 janvier 2006 18:43

        je n’ai toujours pas compris au nom de quoi de justifiable on prône l’installation dans une région de personnes venant d’horizons très divers ayant en commun un nom « juif » dont je ne sais et je ne suis pas le seul ce qu’il définit : race, religion, ethnie... et que l’on refuse le retour de réfugiés qui eux ont physiquement habité ces lieux. Sans polémique aucune, je ne pense pas être le seul à penser de cette sorte, et pense qu’une bonne partie des malheurs du monde vient de cette injustice là. L’opinion publique arabe ne peut qu’ètre solidaire du peuple palestinien, et tant qu’il n’y aura pas une solution juste pour les deux parties, ce petit pays continuera à faire parler de lui en mal.


      • raphael Weissglass (---.---.124.152) 7 janvier 2006 14:13

        Le massacre de Sabra et Chatila est effectivement un massacre traditionel, caractéristique des guerres ethniques comme celles du Liban et celle de Bosnie . La grande responsabilité de Sharon est d’ avoir cédé alors à la pression de l’opinion en Israel , excédée par l’ inactivité militaire des Chrétiens libanais pour qui Israel avait également entrepris la guerre , espérant une victoire de ses alliés .

        Sharon n’ avait pas prévu , préjugé favorable sur la nature « chrétienne » des phalanges,qu’ en fait ils étaient aussi barbares que leur ennemis musulmans , capables de toutes les horreurs possibles . Le chef des troupes chretienne à Sabra et Chatila était un certain elia Hobeika , qui s’est par la suite révélé etre un agent Syrien , que les Syriens ont d’ ailleurs liquidé bien plus tard . Il est tout à fait vraissenblable que l’ intérét des Syriens était que ce massacre se realise , connaissant la grande fragilité émotionelle de l’ opinion en Israel .... excellent moyen de semer la zizanie et d’ afaiblir politiquement la droite Israelienne. Il faut savoir que le massacre a été effectué a l’ arme blanche , sans un coup de feu , pour ne pas alerter les Israeliens , qui ont interrompu le carnage quand ils en ont eu connaissance .


        • shivat Tsion (---.---.93.5) 7 janvier 2006 19:20

          L’ universalisme ne resoud en rien le probleme de l’ amour que le peuple Juif porte a la terre d’Israel , sa patrie historique , ni celui que le peuple Juif porte à sa liberté en tant que peuple . Il ya des negationistes qui nient la verité du martyr Juif , il ya des negationistes qui nient le droit du peuple Juif a vivre libre sur sa terre . Point besoin pour les Juifs de convaincre mais de vaincre , et la verité est toujours la plus forte . Les envahisseurs arabes disposent du reste d’un immense territoire volé et purifié que personne de vivant ne leur conteste ....


          • Sylvain Reboul (---.---.47.47) 8 janvier 2006 08:23

            L’amour des juifs pour ce qu’ils considèrent comme leur terre n’est pas en cause ; personne de raisonnable sur le plan international (ONU) ne propose le disparition d’Israël, pas même les palestiniens expulsés de ce qu’ils considèrent aussi et avec « d’aussi bonnes raisons » comme leur terre. Ce qui est demandé c’est que deux états cohabitent pacifiquement dans des frontières sûres et reconnues et que les sociétés échangent entre elles comme toutes les autres.

            Nul ne peut croire vaincre l’autre définitivement car nul ne peut se croire indéfiniment le plus fort ; d’autant plus que la supériorité militaire d’Israël est nécessairement provisoire. Face à la supériorité en nombre des arabes, en y adjoignant les arabes israéliens, Israël, à long terme ne fait pas le poids. Israël s’il veut survivre est condamné au compromis et à s’entendre avec les arabes du Moyen-Orient ; même Sharon l’a compris.

            Seuls les fanatiques imbéciles peuvent penser qu’une victoire peut-être définitive et que la haine peut être vaincue par une victoire militaire totale de l’un sur l’autre.


          • shivat Tsion (---.---.192.137) 8 janvier 2006 18:26

            Les revisionistes qui nient les Juifs en tant que peuple , ceux qui nient le lien indefectible entre le peuple d’ Israel et la terre d’ Israel , ceux la sont légions et vous , Mr Reboul , en faites implicitement et sournoisement partie . Il n’ y a pas d’alternative à la haine chez les Arabes et le brillant succés du Hamas aux élections municipales palestiniennes , en est la derniére preuve en date : ceux-là ne font pas mystère de leur ferme intention d’ achever le travail d’ Hitler , et n’ expriment pas ce désir de façon elliptique comme un grand nombre d’Européens .. Malheureusement les armes sont la seule garantie d’ Israel et un jour viendra ou les Arabes perdront tout espoir de génocide et ce du fait de l’ armée Juive , ce jour sera un jour de victoire ! Israel fait le poids car les Arabes aiment mourir pour Allah et les Juifs fabriquent la matière grise qui les protège de ce meme Dieu ...


          • Sylvain Reboul (---.---.151.183) 9 janvier 2006 15:43

            Votre argumentaire légitimant le fanatisme et la violence comme seuls moyens de faire de la politique et se référant à une origine religieuse et mythique pour fonder un droit réel, interdit toute poursuite d’un dialogue constructif ; il participe d’un processus qui, s’il n’était pas circonscrit, emporterait Israël à coup sûr. De plus m’accuser de révisionisme alors que votre position n’est même pas celle du gouvernement israélien et de la « feuille de route » qu’il a approuvé c’est pratiquer un amalgame digne des pratiques fascisantes ou staliniennes.

            Sur le fond, vous êtes dans la même logique que celle des terroristes islamistes que vous avez raison de craindre et par là vous assurez leur fond de commerce. Là encore même Sharon l’avait compris : votre extrémisme n’a heureusement pas grand chose à voir avec la politique pragmatique du gouvernement israélien. Vous prêchez, sinon dans le désert, du moins dans un vide politique vertigineux.

            Quant à croire que vous pourriez désespérer les terroristes par la guerre, alors là vous faites preuve d’une naïveté affigeante, sinon coupable : les fanatiques religieux nourrisent leur violence de la légitimité du martyre : Seule une juste solution permettant la cohabitation pacifique des deux populations et des deux états au Moyen-Orient sur une terre sur laquelle nul ne peut prétendre avoir des droits exclusifs peut faire que les palestiniens rasionnables (et il y en a !) liquident eux-même avec l’aide des puissances de l’ONU, leur « fous de Dieu ».

            je vous laisse à vos délires nationalistes d’extrême droite dignes de qui vous savez.

            Briser le cercle vicieux


          • shivat Tsion (---.---.84.215) 10 janvier 2006 12:27

            Voici pour les « origines mythiques » des Juifs , que confirment la génétique la plus rationnelle . Qui parle d’ « origines mythiques » est un révisioniste et un antisémite .

            wilkipediaGenetics : Recently, the tradition that Kohanim ( Nb:pluriel du nom Cohen , trés répandu )are actually descended from Aaron was supported by genetic testing (Skorecki et al., 1997). Since all direct male lineage shares a common Y chromosome, testing was done across sectors of the Jewish population to see if there was any commonality between their Y chromosomes. There was proven to be certain distinctions among the Cohen modal haplotype, implying that the Kohanim do share some common ancestry.

            Les Juifs sont bel et bien les descendants des Hébreux et les héritiers de la terre d’ Israel , que cela vous convienne ou non !


          • Yaarg (---.---.109.53) 7 janvier 2006 21:39

            <?>

            Je ne sais pas s'il n'est pas un peu prématuré d'enterrer Sharon ! Ce 7 janvier à 21h31, il est toujours en vie.

            Certes, il peut mourir, nous pouvons tous mourir aussi. Et il peut reprendre le contrôle de son corps, de sa vie. Comme on dit, {tant qu'
            il y a de la vieil y a de l'espoir.}

            Jean-Pierre Chevènement, homme politique français du PS, a été dans ce cas, en comas profond, et pourtant, le voilà très actif politiquement aujourd'
            hui... {{ALors ne vendez pas la peau du lion...}}


            • (---.---.159.112) 7 janvier 2006 23:08

              Ariel Sharon est probablement l’homme politique israelien qui a influence le plus lors de ses mandats. Il a su garder l’image d’un homme garant de la securite de son pays mais egalement l’image d’un homme pragmatique. Le reel probleme est qu’Israel n’a jamais eu de reel partenaire pour avancer vers la pays que les israeliens veulent tant depuis la declaration d’independance. Ariel Sharon a la peau dur, il a ses qualites et ses defauts mais il connait la region et les Arabes mieux que quiconque. Il comprend la geopolitique et sait que les guerres ont des resultats desastreux. En habile stratege il a dirige son pays lors des 5 dernieres annees. On aimerait qu’en face de tels leaders puissent egalement gagner la confiance des Arabes et instaurer un climat propice a la paix. Les israeliens, quel que soient leurs affinitees politiques sont attendris et emus de ce que vit Ariel Sharon ces jours ci, sa tragique fin de carriere. Carriere qui finit apres un discours devant les membres de Nations Unis, apres des soutiens inattendus et inesperes il y a encore quelques mois. En face, la culture de la mort et de la haine pousse les gens a feter le destin tragique du premier ministre israelien. On y celebre la mort autant que les juifs celebrent la vie. En face on accuse Sharon de tous les maux, d’une responsabilite directe dans un massacre ou sa responsibilite fut au pire indirecte. En face on oublie bien vite les centaines de massacres commis contre juifs et chretiens, en face on enseigne la haine, rien que la haine. Ariel Sharon va peut etre survivre avec des dommages au cerveau, en face des millions d’ennemis d’Israel ont deja le cerveau endommage par des annees de propagande due a cette hemoragie de la haine. Sharon merite le respect.


              • Chers êtres humains, juifs, israéliens, israëlites, arabes, palestiniens ainsi que tous les protagonistes,

                force est de constater que, même pour des raisons légitimes, justes, voire nobles, celui qui a donné la mort à tant de gens qui ne veulent apparemment pas mourir est justement lui-même entrain de mourir :

                * - sans le vouloir lui-aussi, la preuve, il lutte contre elle avec toute sa puissance, celle de tout l’Etat d’Israël ainsi que celle de tous ses amis, supporters et admirateurs du monde entier, grands, célèbres ou modestes anonymes ;

                * - sans l’avoir prévue, la preuve, la création d’un nouveau parti qui a manifestement besoin de lui.

                Il est temps de regarder en face l’illusion qu’avec la force et la puissance on peut tout avoir, même la paix, la sérénité, la sécurité, la prospérité, le confort, voire le bonheur.

                Depuis que David a terrassé le géant Goliath avec un simple petit caillou. Cette simple et lumineuse leçon a été malheureusement et coûteusement oubliée.

                Face au tumulte de la tempête, revenons aux sources en plantant les racines de nos arbres encore plus profondément dans la terre afin leurs branches, leurs feuilles voire leurs fleurs puissent sourire aux quatre vents en toute stabilité, sérénité, générosité, amour, affection et joie.

                Face à cette lumineuse leçon :

                * - de la nature, si vous êtes athées ou agnostisques ;

                * - du dieu si cher à votre coeur, si vous êtes croyants,

                il est temps de se rendre à l’évidence que la puissance et la force brutale amorale ne peuvent pas résoudre tous les problèmes et toutes les tensions.

                Si vous vous comportez de telle façon qu’il y a plein de gens qui :

                * - s’avancent d’eux-mêmes spontanément pour vous empêcher de trébucher, vous êtes dans ce cas en sécurité ;

                * - guettent la moindre inattention de votre part pour vous faire tomber, vous n’êtes jamais en sécurité quelques soient vos protections, vos forces et votre puissance même si elles ont aussi importantes celles du président des USA comme J F Kennedy ou bien d’autres personnalités en vue.

                Même en France, l’Etat d’urgence et le déploiement des milliers de policiers avec en plus des hélicoptères n’ont pas pu empêcher qu’il y a 90 voitures incendiées de plus qu’aux fêtes de fin de l’année précédente. Pourquoi, sans tous ces moyens, il y a une époque où en France, il n’y a pas tant de voitures brûlées ?

                Il en est de même de l’illusion d’efficacité de « justes » représailles et de la vengeance « légitimes » qui :

                1 - sont des maladresses stratégiques et tactiques consistant à prendre le même chemin, les mêmes moyens et les méthodes de même nature que les agresseurs avec, en plus, un temps de retard sur eux. Les féroces et sanglantes représailles n’ont jamais empêché de puissants états à sombrer, y compris la puissance nazie. Pour vaincre les forts, les faibles ne peuvent jamais avoir le dessus s’ils ne compensent leurs faiblesses physiques et militaires par une supériorité stratégique et tactique ;

                2 - consistent à faire la même chose que leurs agresseurs, les victimes s’abaissent eux-mêmes au même niveau d’indignité que ses agresseurs et ne valent pas mieux qu’eux ;

                3 - entretiennent la continuation à l’infini du cycle ou du cercle vicieux agression-vengeance ;

                Les faits sont là pour nous éclairer tous, à vous, « Israël : le Lion se meurt...et maintenant », vous tous, chers amis, êtres humains, juifs, israéliens, israëlites, arabes, palestiniens et autres protagonistes, vous avez le champ encore plus libre pour revenir aux sources de la culture, de la civilisation universelle en reconnaissance de l’obsolescence évidente de la loi du Talion et de l’illusion de la puissance et de la force sans vergogne ni éthique et encore moins d’amour, d’affection et de conscience.

                Pourquoi ne pas revenir aux stratégies et aux tactiques qui ont permis aux petits de vaincre définitivement les grands comme David contre Goliath, les guérilleros espagnols contre la Grande Armée victorieuse sur tous les champs de bataille de l’Europe, des partisans yougoslaves contre les puissantes armées nazies et bien d’autres contre les plus grandes puissances économiques et militaires du monde contemporain ?

                Bien cordialement et avec tous mes respects.

                Le vieux serviteur de l’Etat français, des personnes maîtres d’eux-mêmes, maître de leurs destinées ainsi que des citoyens électeurs français nécessairement maîtres collectifs et partagés :

                * - de tout le pays à travers la République française,

                * - de l’Europe et du monde entier à travers les organisations démocratiques européennes et mondiales.

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