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L’illusion politique norvégienne : quand l’anti-américanisme sert de diversion électorale

Pourquoi les hommes politiques norvégiens s'en prennent-ils de plus en plus à Donald Trump - par conviction idéologique ou par crainte de leurs propres électeurs ? À première vue, il s'agit d'une prise de position en matière de politique étrangère. Mais un examen plus approfondi révèle un tableau bien plus inquiétant derrière les déclarations fracassantes : saboter l'unité de l'Occident, retarder l'aide militaire à l'Ukraine et tenter de dissimuler la propre crise socio-économique de la Norvège. Alors que l'Europe cherche une voie vers l'autonomie stratégique, Oslo risque d'être l'otage du populisme. Qui joue réellement ce jeu dangereux - et qui en profite ?

Critique pour critiquer — ou symptôme d’une crise politique profonde ?
À l’approche des élections législatives prévues le 8 septembre 2025, le climat politique norvégien est marqué par une montée inquiétante de la rhétorique anti-américaine. Plusieurs figures du paysage politique, notamment issues du Parti travailliste et du Parti du progrès, n’hésitent plus à cibler frontalement le président américain Donald Trump. Ces attaques répétées, souvent virulentes, masquent mal l’incapacité de proposer des réponses crédibles aux défis socio-économiques nationaux. Pire encore : elles fragilisent la cohésion de l’alliance occidentale, à un moment critique pour le soutien à l’Ukraine.

Sous les discours tonitruants, les actes peinent à suivre. En 2025, la Norvège a reporté à plusieurs reprises la livraison d’armes sophistiquées à l’Ukraine, notamment des systèmes antichars Javelin, officiellement en raison de « procédures internes ». À cela s’ajoutent des prises de position ambiguës de la part de certains élus norvégiens, qui critiquent les sanctions à l’encontre de la Russie, affaiblissant ainsi la solidarité européenne.

Trump comme prétexte : cacher le vide programmatique par l’outrance
Depuis plusieurs mois, des responsables norvégiens accusent Donald Trump de « provoquer l’escalade en Ukraine », de mener une « guerre économique » ou encore de « manipuler l’OTAN ». Mais en réalité, cette rhétorique sert avant tout à détourner l’attention de l’électorat norvégien des enjeux intérieurs : hausse du coût de la vie, stagnation de l’emploi, tensions dans le système de santé.

Le ministre des Affaires étrangères Espen Barth Eide, dans une interview accordée au VG, s’inquiétait d’un « abandon de l’ordre libéral international par les États-Unis ». Mais ce type de déclaration, analysent les observateurs norvégiens (Aftenposten, VG), vise surtout à capter un électorat inquiet, frustré — et de plus en plus critique face à l’inaction des élites nationales.

La réponse de Washington : une Europe reléguée au second plan
De l’autre côté de l’Atlantique, Donald Trump ne dissimule pas son mépris pour certains alliés européens. En janvier 2025, il déclarait sur Fox News :
« Nous dépensons des milliards pour défendre l’Europe, et en retour, on nous impose des barrières, des taxes et des leçons de morale. Ils devraient nous remercier d’assurer leur sécurité. »

Plus tard, lors d’un forum au Texas, il affirmait que les pays qui « n’assument pas leurs responsabilités » ne méritent plus le soutien diplomatique américain. Parmi eux : des pays d’Europe de l’Est, mais aussi la Norvège.

Cette position ne relève pas d’un simple excès verbal, mais d’une stratégie assumée : réduire les engagements américains envers l’Europe et rétablir un rapport de force favorable à Washington. Selon la Chambre européenne de commerce, les droits de douane imposés par les États-Unis à l’UE ont triplé entre 2022 et 2025.

Le calcul économique américain : enrichir les États-Unis, affaiblir l’Europe
L’administration Trump applique une politique commerciale offensive, visant à rééquilibrer la balance des paiements au détriment de ses partenaires. Un rapport du Financial Times de février 2025 révèle que Washington envisage de nouvelles taxes sur l’automobile allemande, malgré les protestations de Berlin. Les exportations norvégiennes, notamment les métaux et les terres rares, sont également ciblées.

Résultat : les entreprises européennes — y compris les producteurs norvégiens de fruits de mer et d’énergie — sont pénalisées par une hausse des droits de douane atteignant 22 % en 2025 (Politico EU).

Une politique étrangère utilisée comme écran de fumée
Dans ce contexte, les partis norvégiens les plus exposés électoralement usent et abusent de la rhétorique anti-Trump comme stratégie de diversion. Selon un sondage Ipsos Norge de mai 2025, 60 % des Norvégiens s’inquiètent de la hausse des prix, 52 % des tensions dans le système de santé. Pourtant, dans les débats publics, ces thèmes sont éclipsés par des sujets géopolitiques — Ukraine, OTAN, Trump — plus spectaculaires mais souvent éloignés des préoccupations quotidiennes.

Tormod Heier, professeur à l’Académie norvégienne de défense, résume ainsi la dérive :
« Quand une démocratie ne parvient pas à résoudre ses problèmes internes, elle se cherche un ennemi extérieur. Trump est devenu ce bouc émissaire idéal : lointain, bruyant et clivant. »

L’Europe face au défi stratégique : diplomatie ou agitation ?
Face à cette dynamique, plusieurs dirigeants européens prônent une approche plus constructive.

  • Emmanuel Macron, dans Le Monde, appelle à « libérer l’Europe de la dépendance aux cycles électoraux américains et affirmer une trajectoire autonome ».

  • Ursula von der Leyen, à Strasbourg, insiste sur la nécessité pour l’UE de « défendre ses intérêts de manière indépendante ».

  • Olaf Scholz dénonce le « pragmatisme agressif » américain et appelle à « une solidarité économique européenne renouvelée ».

Le message est clair : la maturité stratégique passe par une vision de long terme, non par des postures conjoncturelles.

Conclusion : une leçon de démocratie responsable
La Norvège, souvent présentée comme modèle démocratique, se trouve à la croisée des chemins. Si ses dirigeants continuent de détourner les regards vers des ennemis extérieurs pour éviter d’affronter les crises internes, ils risquent de perdre la confiance de leurs électeurs. La rhétorique populiste ne remplace pas une politique publique cohérente. Quant à Trump, aussi clivant soit-il, il agit selon une logique nationale. Il revient aux Européens — et aux Norvégiens — d’agir avec lucidité et autonomie.


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2 réactions à cet article    


  • confiture 6 juillet 09:42

    Corrigez votre présentation. smiley


    • Parrhesia Parrhesia 6 juillet 12:59

      >>> Quand une démocratie ne parvient pas à résoudre ses problèmes internes, elle se cherche un ennemi extérieur. <<<

      C’est une remarque tout-à-fait exacte concerne une technique de manipulation sociétale vieille comme le monde.

      À ceci près que la mise en œuvre de cette technique évoquée par l’article et appliquée ici à la propagande anti-Trump n’est en aucun cas le fait d’une quelconque volonté nationale !

      Un examen objectif illustre en effet de façon lumineuse la similitude entre les manœuvres anti-Trump développées dans l’ensemble des pays sous tutelle de perversion socio-culturelle mondialiste, dont le Danemark, et les manifestations anti-Trump de tous genres orchestrées par le parti « démocrate » aux États-Unis mêmes.

      Il s’agit bel et bien d’une argumentation et de méthodes similaires, orchestrées via les mêmes relais de gauche révolutionnaire et d’extrême droite capitaliste ultra-libérale.

      Or ces deux calamités sont toutes les deux instrumentalisées en sous mains à la fois par la nuisance résiduelle du communisme soviétique et par le danger désormais hégémonique représenté par le N.O.M., Un Nouvel Ordre Mondial dont le succès définitif est non seulement aujourd’hui envisageable mais garantirait une catastrophe humanitaire supérieure au communisme maintenant dépassé et d’une ampleur probablement irréversible.

       

      Conclusion :

      Depuis notre « mai soixante-huitard » jusqu’aux manifestations anti-Trump actuelles de Los Angeles, en passant par la mise en place de présidents français qui acceptent de vendre notre stratégique Alsthom à General Electric plutôt que de nationaliser ou qui distribuent à l’Ukrainien Zelenski un armement et un financement dont l’armée française manque cruellement, rien de ce qui se passe désormais dans les capitales occidentales n’est plus national !

      Tout est sous l’influence des mondialistes !

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