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La valse à quatre temps de Amr Moussa ou l’évanescence de l’arabité politique

Au-delà de la destruction systématique des corps, des âmes, des rêves, des édifices et de tout ce que mère Nature compte comme richesses, la tragédie de Gaza a été instructive à plusieurs égards.

Entre autres, elle a fait la preuve par 22 que la Ligue Arabe n’existait plus. Rien de plus facile pour s’en rendre compte que de consulter la définition que donne Le Petit Robert du mot « ligue » : « Alliance de plusieurs États, dans des circonstances particulières, pour défendre des intérêts communs ou poursuivre une politique concertée ». La Ligue Arabe n’est pas vraiment une alliance, tout au plus un regroupement, ne défend nullement les intérêts communs de ses membres et poursuit la politique la plus discordante qui soit. Dans le cas du drame Gazaoui, c’était carrément une historique cacophonie.

L’illustration de cette analyse sémantique est curieusement apparue après la fin de la boucherie de Gaza, sur les pentes enneigées helvétiques, bien loin des sables du Monde Arabe. En effet, le dernier Forum économique de Davos a réuni un panel dont la composition frisait l’indécence. Il y avait, dans l’ordre : le Premier ministre turc, le Président de l’État d’Israël dont la folie meurtrière a été publiquement dénoncée par le précédent, le secrétaire général de l’ONU dont un très grand nombre de résolutions n’ont jamais été respectées par le pays du précédent et, finalement, le secrétaire général de la Ligue Arabe dont un des pays a été agressé par le second et non protégé par le troisième. Mais pourquoi diable M. Amr Moussa a-t-il accepté d’être à coté du plus haut représentant de l’État hébreu moins de 2 semaines seulement après le massacre de Gaza ? Inconscience caractérisée, suicide politique ou recherche d’une condescendance occidentale ? Même lui ne doit pas le savoir.

Cette réunion, comme chacun le sait, a été ponctuée par l’héroïque esclandre de M. Erdogan qui donnait l’air d’avoir décidé de ne participer à ce débat que pour inculquer une leçon de savoir-parler et de savoir-vivre au Président hébreu qui n’en finissait pas de vociférer ses arguments fallacieux. Mais quelque chose d’aussi intéressant allait se passer au moment ou le Premier ministre turc quitta les lieux : le pas de danse esquissé par Amr Moussa. Une valse à quatre temps qui résume à elle seule toute la ligne politique de la Ligue Arabe. Un lapsus gestuel de dix secondes et 14 centièmes, d’une théâtralité éloquente et d’un réalisme patent.

Tout d’abord, M. Amr Moussa se lève pour congratuler M. Erdogan alors que ce dernier quitte les lieux d’un pas sûr et décidé. Tout comme, durant les événements de Gaza, bon nombre de leaders Arabes qui se levèrent pour ne rien faire et parlèrent pour ne rien dire. Ensuite, se retrouvant tout seul debout et ne sachant pas trop quoi faire de son corps, il essaya un pas vers la gauche pour suivre M. Erdogan. Un soupçon de témérité aurait-il été insufflé par celle du Premier Ministre turc ? Que nenni. Tout comme nos dirigeants. Aucun d’eux n’a eu ne serait-ce qu’une once d’audace ou de bravoure pour claquer la porte d’une quelconque institution, assemblée ou conférence directement ou indirectement pilotées par le lobby sioniste. Ensuite, notre secrétaire général de la Ligue se ravisa et fit un pas furtif vers la droite pour revenir à des terres plus familières et éviter d’exacerber le courroux des autres convives. Quel gâchis ! Avoir un moment de gloire au bout des doigts et dilapider l’occasion de la sorte ! Tout comme nos leaders. Être à la tête d’un état, lui-même au sein d’une Nation et ne pas avoir, en un moment aussi crucial que celui que nous venons de vivre, une colonne vertébrale assez forte pour rester debout, ni assez de véhémence pour dire haut et fort ce que tous les citoyens arabes ont scandé dans les rues ! Finalement, M. Moussa revint gentiment à son siège, obtempérant au doigt et à l’œil de M. Ban Ki-moon qui lui en fit signe. Tout comme nos chers chefs d’État qui obéissent docilement aux ordres, ne font pas trop de vagues et cherchent avidement l’approbation occidentale.

La tragédie de Gaza a aussi dévoilé que le problème palestinien n’était plus une cause arabe. J’en veux pour preuve qu’aucun des pays faisant partie de la Ligue Arabe et ayant une ambassade israélienne n’a osé rompre ses relations diplomatiques avec l’État hébreu. Seule la Mauritanie les a timidement gelées alors que le Qatar a fermé son bureau commercial israélien. Rien de comparable avec le Vénézuela ou la Bolivie qui ont expulsé les ambassadeurs hébreux en qualifiant leur État d’ « assassin » et de « génocidaire ». On a même vu des foules arabes défiler, non pas avec des photos de leurs leaders, mais avec le portrait de Hugo Chavez. Une chance que la honte ne tue pas, sinon j’en connais au moins 22 qui seraient passés de vie à trépas ! Et que dire de l’Iranien Ahmadinejad, de l’Indonésien Yudhoyono ou du Malaisien Badawi ? Tous sincèrement affligés par le sort des palestiniens alors que les nôtres gesticulaient, les uns cherchant à faire cavaliers seuls et redorer leurs blasons avec les américains et les européens, les autres cherchant en vain un quorum jamais atteint.

Il faut aussi admettre qu’aucun dirigeant arabe ne s’est autant démené que M. Erdogan pour la défense des droits fondamentaux du peuple palestinien en général et de celui de Gaza en particulier. Il n’a pas eu la moindre crainte de se brouiller avec l’Union Européenne dont la politique pro-israélienne n’est plus à démontrer. Le journal israélien Haaretz a même affirmé que « le comportement d’Erdogan à Davos peut ruiner les chances de la Turquie de faire partie de l’Union Européenne ».

L’Histoire retiendra que M. Erdogan a été reçu comme un héros par ses concitoyens. Elle retiendra aussi la valse de M. Moussa, la petitesse des dirigeants arabes et, surtout, l’incommensurable gouffre qui les sépare de leurs peuples. La Ligue, quant à elle, n’a réussi à se réunir ni avant, ni pendant, ni même après les tristes évènements de Gaza. Pourquoi se réunirait-elle encore ? Y aurait-t-il une raison plus importante que celle de Gaza ? Vivement qu’elle périclite avec son danseur de secrétaire.

À quand la danse du ventre, M. Moussa ?


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13 réactions à cet article    


  • Sébastien Sébastien 17 février 2009 20:34

    C’est drole de voir la Turquie donner des lecons a Israel alors qu’elle nie le genocide des armeniens. C’est juste 1,5 millions de morts...

    Au contraire de vous, je trouve que les dirigeants arabes n’ont pas cede aux sirenes du populisme. C’est facile de gesticuler et de vociferer contre Israel. Je note une grande prise de conscience sur la responsabilite du Hamas, c’est tres positif.

    Mais pourquoi diable M. Amr Moussa a-t-il accepté d’être à coté du plus haut représentant de l’État hébreu moins de 2 semaines seulement après le massacre de Gaza ?

    Cette phrase est juste hallucinante, surtout venant d’une personne qui ecrit des livres de pedagogie. J’espere que vous apprenez autre chose a vos eleves que le refus de tout dialogue et l’insulte de vos contradicteurs "boucherie de Gaza", "folie meurtriere"...

    Dernier point sur la ligue arabe. Est-ce que ca a un sens quand on sait que les plus grands fossoyeurs des arabes sont les arabes eux-memes. Le seul point ou ils s’accordent c’est sur le petrole.


    • fouadraiden fouadraiden 17 février 2009 20:47


      Ridicule ce Moussa mais illuste assez bien la corruption morale des arabes


      • nanou 18 février 2009 03:23

        Parfaitement d’accord avec l’auteur de cet article, bravo.


        • docdory docdory 18 février 2009 19:50

           @ Ahmed Bensaada

          Erdogan est un islamofasciste de la pire espèce , pas étonnant qu’il soutienne théâtralement ses copains islamofascistes du hamas ...


          • docdory docdory 18 février 2009 19:56

             D’ailleurs , Erdogan ne s’est guère manifesté lorsque , lors de la prise du pouvoir du hamas à Gaza , ce dernier a massacré 600 membres du fatah , soit presque autant de palestiniens morts que dans les bombardements israëliens . Sans doute qu’aux yeux d’Erdogan et de ses copains qui manifestaient à Paris et ailleurs , il y a deux sortes de palestiniens : les " bons " palestiniens victimes des bombardements , et les autres , dont on ne parle pas , car ils sont liquidés par les " bons " musulmans du hamas ...


          • Gül 18 février 2009 20:08

            Je suppose que vous n’avez absolument pas la sensation d’être excessif, Docdory, n’est-ce pas ?

            Pas plus que d’argumenter de façon subjective ? Du tout....


          • fassfood fassfood 18 février 2009 20:15

            Erdogan est juste l homme politique du siecle. Tu ne dois pas vraiment ecouter ce qu’il dit pour dire que c est un fasciste.
            Je te rapelle que Erdogan represente 16 millions de voix aux dernieres elections en Turquie. Alors un peu de respect avant avant d’insulter 16 millions de personnes.


          • Gül 18 février 2009 20:25

            Docdory,

            Pour être un peu plus sérieuse.

            Erdogan a agi comme tout chef d’Etat aurait dû le faire dans sa situation !

            La Turquie s’est lourdement impliquée dans les négociations, avec entre autres la Syrie, pour tenter d’accéder à un processus de paix.

            Vous trouvez à redire à cela, sous le seul prétexte que Erdogan est issu d’un parti à forte tendance musulmane ?

            Lorsqu’on laisse un temps de parole bien plus long au représentant de l’Etat d’Israël qu’à celui qui mène les négociations les plus difficiles, vous trouvez cela normal ?

            Lorsque dans un territoire attaqué, des exactions sans nom ont lieu, il ne faut surtout pas le dire ?

            Lorsque des cibles civiles sont systématiquement prises à partie, non plus ?

            Il faut par contre contre casser du Hamas à tout prix, parce que c’est bien utile pour cacher le reste, n’est-ce pas ?

            Alors, oui, dénoncez autant que vous voulez les excès du Hamas, parce qu’ils sont incontestables !
            Mais ne faites pas pour autant du 2 poids, 2 mesures, et dénoncez aussi haut et aussi fort,ceux de l’Etat Israëlien contre la population palestinienne !


          • docdory docdory 19 février 2009 14:05

             @ fassfood 

            Erdogan , l’hoome politique du siècle ??? Je serais assez d’accord pour dire de Mustafa Kemal Atatürk qu’il était un des plus grands visionnaires politiques du XX ème siècle , mais Erdogan , ce fossoyeur de l’oeuvre d’Atatürk , pouah !


          • docdory docdory 19 février 2009 14:11

             @ Gül 

            Je vais vous dire le fond de ma pensée : jusqu’au 11 septembre 2001 , j’étais clairement pro-palestinien et anti israëlien . A l’époque , je considérais l’islam comme un obscurantisme religieux rétrograde comme un autre . Lorsque j’ai vu les reportages montrant les cris de joie dans les rues palestiniennes ce jour-là , j’ai commencé à devenir assez neutre dans cette affaire . Depuis la funeste élection du hamas à Gaza, et la lecture de la charte du hamas , je me suis mis à penser que , de deux maux , il fallait choisir le moindre . Donc , je prends maintenant parti pour Israël .


          • Ronoa 20 février 2009 18:36

            Et tu ne t’es evidemment pas dit que 41 ans d’occupation, dont 38 de colonisation et 3 de blocus plus les destructions regulieres du pays dues a la « lutte contre le terrorisme » avec ces tirs sur des installations vides « Oui mais il faut detruire les installations des terroristes meme vides ! » tout en detruisant tout le quartier au alentours car « Il faut frapper fort pour garantir le deces des terroristes dans les installations » on contribue a la radicalisation de la population ?

            Bah oui, quand on a pris la peine d’informer la population qu’il vont bientot recevoir sur la gueule et qu’ils ont quitte leurs maisons, autant tout detruire, on pourra ainsi faire un maximum de degats, sans trop faire tourner les compteurs de cadavres et faire reagir la communaute internationale, on plonge la population dans le desespoir le plus complet en ayant sous la main des justifications aussi redoutables que « Dans les guerres il y a toujours des degats collateraux » et « on se soucie des palestiniens, on les a informes qu’il faut partir.

            Autre detail, les morts civiles sont beaucoup plus importantes que ce que tout le monde a annonce, en effet la plupart des membres du Hamas tues au cours de l’operation sont ses forces de securite, une police composee de fonctionnaires salaries misereux (comme c’est le cas pour la plus grande partie de la population de Gaza) charges du maintien de l’ordre et n’ayant aucun rapport avec l’aile militaire, les Brigades Izz ad’Din al Quassam, qui eux, balancent les roquettes sur Israel. Ses gens ne s’attendaient probablement pas a se faire bombarder comme l’indique le massacre initial et ne le meritaient certainement pas.

            D’ailleurs, j’en suis pas sur mais je crois que les tous les fonctionnaires charges de l’administration de Gaza ont ete consideres comme ennemis « affrontes » en tant que tels...

            les Brigades Izz ad’Din al Quassam ont quant a elle annonce avoir perdu 48 hommes... Bah oui, un maquisard attend rarement les bombes dans des locaux connus et non proteges. 

          • fouadraiden fouadraiden 18 février 2009 20:26


            Doc raconte n’importe quoi et c’en dit long sur ses obsessions qui faussent systématiquement ts ces raisonnement à ce sujet.


            • sentinelle 18 février 2009 20:43

              ligue arabe ? CONNAIS PAS ; mais je connais la ligue des LACHES !!!!!!!

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