Le CADTM dénonce le soutien criminel du FMI à la dictature hondurienne
Le 28 juin dernier, un coup d’Etat militaire a eu lieu au Honduras. Le président élu Manuel Zelaya a été contraint de quitter le pays par la force. De l’Organisation des États américains (OEA) à l’Organisation des Nations unies (ONU), en passant par l’Union Européenne et le président des Etats-Unis Barack Obama, tous ont fermement condamné ce coup d’Etat orchestré par les secteurs réactionnaires de la société : l’armée, l’oligarchie, l’Eglise, le pouvoir judiciaire, les médias dominants.
Or le nouveau président autoproclamé Roberto Micheletti a été jugé parfaitement fréquentable par le FMI, en dépit des violations continues des droits de l’homme et des libertés fondamentales perpétrées au Honduras depuis fin juin. En effet, le FMI a approuvé le 28 août dernier un prêt de 150 millions de dollars au gouvernement putschiste du Honduras, lui apportant de ce fait un soutien financier qui lui permet de perdurer au pouvoir. Une seconde tranche de 13,8 millions de dollars pourrait même être débloquée au cours des prochaines semaines |1|.
Le soutien du FMI à des régimes illégitimes et répressifs ne se limite pas à ces deux pays. Le FMI a notamment soutenu financièrement Augusto Pinochet au Chili, Mohamed Suharto en Indonésie, Joseph-Désiré Mobutu au Zaïre, Jorge Videla en Argentine, et il continue de soutenir Denis Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville, Idriss Déby au Tchad, etc. Depuis la crise de la dette au début des années 1980, le FMI s’appuie notamment sur ce type de régimes autoritaires pour imposer des programmes d’ajustement structurel aux conséquences dramatiques pour les peuples du Sud : réduction drastique des budgets sociaux et des subventions aux produits de première nécessité, ouverture des marchés et mise en concurrence déloyale des petits producteurs avec les multinationales, production tournée vers l’exportation et abandon du principe de souveraineté alimentaire, privatisations massives, fiscalité aggravant les inégalités… En proposant le lancement d’une consultation populaire pour ouvrir la voie à un processus d’Assemblée constituante, le président Zelaya s’était définitivement mis à dos l’oligarchie hondurienne qui a décidé de le renverser par la force. Par son soutien financier, le FMI cautionne donc ce coup d’Etat. Ainsi, malgré les condamnations unanimes de la « communauté internationale » et la résistance populaire au Honduras, le président Zelaya n’a toujours pas pu regagner son pays.
Même s’ils ont suspendu une aide militaire de 16,5 millions de dollars au Honduras, les Etats-Unis ont organisé la médiation du président costaricain Oscar Arias, promue par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton. Cette médiation tente d’imposer un compromis inacceptable, comprenant : le retour du président Zelaya mais avec des pouvoirs réduits et partagés avec les putschistes dans le cadre d’un gouvernement de « réconciliation et d’union nationale » en attendant les prochaines élections présidentielles ; une amnistie générale pour les délits politiques en relation avec ce coup d’Etat ; l’interdiction de toute consultation populaire appelant à une Assemblée constituante.
Le FMI, dirigé par le socialiste français Dominique Strauss-Kahn, finance une dictature militaire qui piétine les normes constitutionnelles et les droits humains fondamentaux. Pour le CADTM, la dictature au Honduras doit être dénoncée et combattue, tout comme le FMI. Voilà pourquoi le CADTM demande l’abolition immédiate du FMI et son remplacement par une institution radicalement différente, transparente et démocratique, dont la mission serait centrée sur la garantie des droits humains fondamentaux.
Notes
|1| http://www.elheraldo.hn/Ediciones/2...
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