• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > International > Le cauchemar étasunien, conclusion 1/2 : l’horreur de la jungle (...)

Le cauchemar étasunien, conclusion 1/2 : l’horreur de la jungle oligolibérale

Ce panorama en neuf papiers des Etats-Unis en 2017 fait froid dans le dos, quand on rapproche toutes les pièces du puzzle. Il confirme l’analyse faite par Todd dès 2002, que ce pays va décliner au 21ème siècle et sera de moins en moins un modèle. Et quand on cherche à résumer ce qu’est devenu ce pays, un terme s’est imposé à moi : les Etats-Unis sont une jungle oligolibérale.

 

Le pays où la liberté est devenue un luxe
 
Le pays de l’Oncle Sam se veut être le pays de la liberté. Mais pour qui porte un regard un peu objectif sur la situation réelle du pays, cette liberté semble conditionnelle, à sa richesse, quand ce n’est pas aussi la couleur de peau. Quelle liberté d’accéder à l’université quand ses parents font partie du quart le moins riche et que ses chances d’y accéder sont inférieures à 10%, avec des universités publiques qui coûtent 10 000 dollars par an ? Quelle liberté de se soigner quand les mutuelles peuvent demander 50% des revenus pour être couvert à un couple de classes moyennes cinquantenaires  ? L’effarant déterminisme étasunien, social, mais aussi racial, représente une incroyable entrave à la liberté.

Encore une fois, le destin hors du commun de quelques personnalités ne doit pas faire oublier que la pleine jouissance de la liberté, aux Etats-Unis sans doute encore plus qu’ailleurs, ne concerne qu’une minorité. Comme le décrit Christophe Guilluy en France, il y a ces citoyens de la périphérie, qui ne peuvent que très difficilement échapper à leur condition, coincés dans une maison qui perdrait de sa valeur s’il la vendait et dont ils ne peuvent pas vraiment s’éloigner pour continuer à pouvoir bénéficier du soutien familial pour s’occuper de leurs enfants. Des individus abandonnés à un rapport de force trop inégal avec leur employeur, entre droit du travail kleenex et salaire minimum dérisoire.
 
Le Monde décrivait un pays où, huit ans après la crise, et alors que l’économie semble proche du plein emploi (même si cela est relativisé par le taux de participation au marché du travail, certaines personnes le quittant plutôt que de s’inscrire au chômage) « les salaires stagnent et le travail est atomisé  ». Le niveau des profits semble être une illustration directe du rapport de force déséquilibré en faveur du capital par rapport au travail. Les actionnaires ont gagné la lutte économique et peuvent pressurer toujours plus les travailleurs pour gagner toujours plus. Pire, cette lutte économique déséquilibrée fait physiquement des victimes : ces « morts du désespoir  », qui ont doublé en 20 ans selon Angus Deaton.
 
La liberté ne semble véritablement l’apanage que des classes supérieures outre-Atlantique, liberté de faire des études (sans même trop travailler), de se soigner, de consommer. Les élites, qui se voient souvent plus proches de la moyenne qu’elles ne le sont réellement, ont du mal à saisir à quel point les classes populaires ont une liberté limitée. La liberté, c’est aussi pour le monde des affaires, qui peut camoufler le caractère OGM des produits qu’il vend (du saumon aux céréales) et a toujours moins de contraintes, et toujours plus de droits, au point de pouvoir poursuivre un Etat qui limite la consommation de cigarettes, comme l’a fait Philip Morris en Australie, grâce aux tribunaux d’arbitrage.
 
Dans cette jungle humaine, les puissants semblent faire ce qu’ils souhaitent. Et quoi de plus logique dans un pays où la méfiance à l’égard de l’Etat est instinctive ? C’est une des raisons du surarmement qui produit un niveau de décès par armes à feu digne d’un pays en voie de développement violent. Cette société qui ne fait pas confiance à l’action collective produit logiquement un individualisme extrême, violemment égoïste (les théoriciens de l’ultralibéralisme en faisant même une vertu), où les individus atomisés ne peuvent trouver du réconfort que dans leur communauté d’origine, sans même voir que cela mène à une forme de ségrégation, que certains ont le culot de présenter comme de l’ouverture !
 

 

Les Etats-Unis ne sont plus le pays de tous les possibles, sauf pour une infime minorité. Ce pays est devenu une jungle violente où la force se mesure en dollars et où l’immense majorité n’a aucune chance d’échapper à sa condition. C’est une société devenue si violente qu’un nombre grandissant et significatif d’étasuniens, exploités et sans échappatoire, en finissent par mourir de désespoir.

Moyenne des avis sur cet article :  4.53/5   (15 votes)




Réagissez à l'article

9 réactions à cet article    


  • rogal 10 novembre 2017 13:44

    Oligolibéralisme ou ploutocratie ?


    • julius 1ER 5 décembre 2017 14:50
      Oligolibéralisme ou ploutocratie ?

      @rogal
      ce n’est pas un problème sémantique ... car d’aucun dirait :« les 2 mon général » !!!!

      au delà de ce constat très lucide de l’auteur, qui n’invente rien mais ne fait que corroborer ce que l’on sait des USA au jour d’aujourdhui, il est clair que ce pays est très malade car une minorité s’est appropriée non seulement toutes les richesses mais le plus grave tous les leviers économiques !!!
      si bien que la République là-bas n’est plus qu’un lointain souvenir !!!!!

    • Gisyl 10 novembre 2017 18:25

      Article intéressant sur la société américaine, bien qu’on retrouve tout ces traits dans la société française... avec les impôts de la Suède en plus ! L’auteur minore aussi ce qui est bien en Amérique.

      Un exemple : la culture de l’innovation technologique. Là-bas on peut vous prendre au sérieux même si vous n’avez pas un costard cravate et émanez de tel centre de recherche/université/institution. Pour peu que vous ayez un projet « bankable », des sociétés de capital-risque vous financeront plus facilement.

      D’autre part, l’avenir des enfants est aussi fonction de choix familiaux personnels. A l’époque où la contraception nous offre cette possibilité (inouïe pour nos ancêtres) d’avoir le nombre d’enfants que l’on souhaite, on ne pas se plaindre décemment du manque d’avenir pour eux si on en a trois ou quatre alors qu’on a déjà pas les moyens d’en éduquer correctement un seul.


      • toma 10 novembre 2017 20:04

        @Gisyl

        Ahhh oui. L’apparence en France, ce racisme caché. A travaillé pour une boîte ou on critique les grosses du back office (elle a une belle voix au téléphone, mais qu’est-ce quelle est grosse) ou des homosexuels imberbes sont en front desk, on critique votre calvitie, on voit dit qu’à 30 ans faut être chef sinon vous avez raté votre vie... C’est le bobo du marais, le racisme des pédés qui maintenant qu’ils ont tout obtenu, retirent les droits aux autres.

        Et le chef qui comprend pas, comment un employé de forte corpulence s’est senti mis de côté des années. Les ricanements et commentaires « pour rire évidement ».

        Pays des droits de l’homme oui... Puis cet horrible costume noir, cravate fine noir, chemises blanches comme Macron et son. cabinet, synonyme de la caste parisienne qui a réussi... Beuhhh, on voit que cela sur la ligne 1 du métro. Bien leur fait. Ces gens effarés quand ils vont a Berlin et Londres, de voir des jeans déchirés et cheveux verts ou bleus.

        La France de 2017, magnifique évolution.


      • BA 10 novembre 2017 21:04

        Etats-Unis :


        2007 : il y avait 300,2 millions d’habitants.


        2017 : il y a 327,5 millions d’habitants.


        Autrement dit : en dix ans, la population a augmenté de 27,3 millions d’habitants.


        http://countrymeters.info/fr/United_States_of_America_(USA)


        Et les salariés à temps plein ?


        Octobre 2007 : il y avait 121,378 millions de salariés à temps plein.


        Octobre 2017 : il y a 126,667 millions de salariés à temps plein.


        Autrement dit : en dix ans, les salariés à temps plein ont augmenté SEULEMENT de 5,2 millions.


        https://fred.stlouisfed.org/series/LNS12500000


        Le chiffre le plus important :


        Octobre 2007 : il y avait 79,532 millions d’exclus de la population active.


        Octobre 2017 : il y a 95,385 millions d’exclus de la population active.


        Autrement dit : en dix ans, il y a 15,853 millions d’exclus de la population active EN PLUS !


        https://fred.stlouisfed.org/series/LNS15000000



        • julius 1ER 5 décembre 2017 14:55

          @BA


          c’est çà le « ruissellement » la Théorie qui nous épate tous les jours !!!

        • novo12 10 novembre 2017 22:12

          Quelques informations supplémentaires sur cette vidéo :


          • BA 12 novembre 2017 14:18

            USA : les fermetures de commerces de détail atteignent un niveau record et le nombre de SDF s’envole sur la côte ouest.


            Si l’économie américaine se porte aussi bien qu’on le dit, alors pourquoi les fermetures de commerces de détail ont atteint un niveau record sur les 12 derniers mois ? 


            A chaque fois que je publie sur « l’effondrement du commerce de détail américain », beaucoup de gens essayent de contrer mes arguments en mettant en avant la la domination croissante d’Amazon et d’autres magasins en ligne. Bon, je ne peux pas nier le fait que les achats en ligne sont en progression, mais ces derniers représentent toujours moins de 10% du total des ventes au détail aux Etats-Unis. 


            Non, il se passe quelque chose de bien plus important dans l’économie américaine et les médias mainstream n’accordent que peu d’attention à ce phénomène.


            En 2008, l’effondrement de l’économie avait littéralement dévasté les détaillants et cela avait conduit à la fermeture de 6 163 commerces de détail durant cette même année.


            Jusqu’à présent, en 2017, plus de 6 700 magasins ont été fermés et il nous reste encore près deux mois avant de clôturer l’année ! 


            Ce qui suit provient de CNN…


            Effondrement historique du commerce de détail américain.

            On a jamais enregistré autant de fermetures de magasins qu’en 2017.

            Selon une étude de Fung Global Retail & Technology, un groupe de réflexion spécialisé dans la vente au détail, depuis le 1er janvier, les détaillants ont annoncé vouloir fermer plus de 6 700 magasins aux Etats-Unis.

            Ce chiffre dépasse le précédent record de 6 163 fermetures de magasins, qui avait été atteint au cours de l’année 2008, en plein crise financière, selon le Credit Suisse.

            La semaine dernière, nous avons appris que Sears fermait 60 magasins supplémentaires et Walgreens annonçait vouloir fermer près de 600 magasins.

            Depuis le 1er janvier 2017, environ 300 détaillants se sont déclarés en faillite, et l’Amérique est sur le point de perdre plus de 13,7 millions de m² (147 million square feet) de surfaces commerciales d’ici la fin de l’année.


            Oh, mais c’est la faute d’Amazon, n’est-ce pas ?

            Parallèlement, les médias mainstream rapportent que le phénomène des sans-abris « explose » sur la côte ouest.

            Par exemple, on nous explique qu’il y a « 400 campements non autorisés de tentes » dans la seule ville de Seattle…


            Les prix des logements s’envolent du fait du boom économique dans le secteur high tech, mais ce boom s’accompagne d’une augmentation significative des sans-abri avec 400 campements non autorisés de tentes au sein de parcs, sous les ponts, sur les autoroutes et le long des trottoirs. La libérale Seattle essaie de voir ce qu’il faut faire.


            Mince, je pensais que l’économie se portait bien à Seattle.

            Eh bien apparemment, ça n’a pas l’air d’être tant que ça le cas.


            Michael Snyder : « 102 Millions d’Américains en âge de travailler n’ont pas de boulot ! »


            USA : les villages de tentes pour sans-abri poussent comme des champignons. La pauvreté est en inflation vertigineuse.


            Maintenant à San Diego, les trottoirs sont nettoyés à l’eau de Javel étant donné la forte hausse de la population de sans-abri qui répand partout l’hépatite A…


            Une épidémie d’hépatite A frappe San Diego.


            San Diego nettoie dorénavant ses trottoirs avec de l’eau de Javel pour contrer une épidémie mortelle « d’hépatite A ».


            A Anaheim, 400 personnes dorment sur une piste cyclable à l’ombre du stade Angel. Les organisateurs de Portland ont allumé de l’encens lors d’un festival de nourriture en plein air pour dissimuler les odeurs d’urine d’un parking où les vendeurs s’étaient installés.


            Durant ces deux dernières années, « au moins 10 villes de Californie, d’Oregon et de Washington » ont déclaré l’état d’urgence tant ce phénomène de sans-abri est devenu incontrôlable.


            Vous trouvez vraiment que ce sont les symptômes d’une économie qui se porte bien ?


            Etats-Unis : 78% des salariés américains vivent d’un chèque de paie à l’autre et 71% sont endettés.


            S’il y a eu une embellie depuis la dernière crise financière, seuls les marchés financiers en ont profité. En revanche, l’économie réelle ne s’est jamais vraiment rétablie.


            De jour en jour, davantage d’américains disparaissent de la classe moyenne, et la population de sans-abri dans les grandes villes américaines continuent d’augmenter.


            Nous sommes vraiment au milieu d’un effondrement économique de long terme, et si l’Amérique ne trouve pas de solution, alors les problèmes de cette nation continueront d’enfler.


            Alors ne vous laissez pas berner par les médias mainstream. Ils essaient sans doute de vous convaincre que tout va mieux, mais ce n’est pas la réalité à laquelle la plupart des gens sont confrontés aujourd’hui.


            Source :


            https://www.businessbourse.com/2017/11/11/usa-les-fermetures-de-commerces-de-detail-atteignent-un-niveau-record-le-nombre-de-sdf-senvole-sur-la-cote-ouest/




            • julius 1ER 12 novembre 2017 15:00

              @BA

              je suis d’ accord avec ce que tu écris et M Herblay fait le constat que les USA ne sont plus un modèle les yeux se dessillent, 

              mieux vaut tard que jamais, me direz-vous mais en la circonstance je ne vois pas comment ce pays va pouvoir se transformer vers un modèle plus social et plus équitable car après avoir gobé les théories « friedmannesque » à hautes doses pendant des années ... 

              je ne pense pas qu’il aie les capacités de rebondir car les élites et les gens aux gouvernes ne sont pas dans l’autocritique mais plutôt dans la fuite en avant . !!!!

              alors "wait and see !!!!!

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité