Les 6 raisons pour lesquelles la Russie fait de nouveau peur aux Etats-Unis
La Russie fait de nouveau peur. En particulier de l'autre côté de l'Atlantique. Du personnage de Vladimir Poutine en passant par un retour en force diplomatique jusqu'aux alliances commerciales avec ses partenaires des BRICS, les motifs d'inquiétudes de l'Oncle Sam s'empilent.
« Un climat de Guerre Froide ». Cette expression, employée par nombre de médias pour qualifier l'ambiance au récent sommet du G20 en Australie, témoigne de la crainte qu'inspire à nouveau la Russie. Ce pays, au bord du gouffre après la chute des soviétiques et moribond dans les années 90 ne suscitait plus vraiment la crainte du côté américain. Le moyen-orient et la lutte contre le terrorisme avaient fait sortir les russes du viseur étasunien. Cependant, sous la houlette de Vladimir Poutine, à la tête du pays depuis 1999 (excepté la parenthèse Medvedev) la Russie s'est progressivement relevée pour peu à peu redevenir le géant qu'elle a toujours été. En proie à des difficultés de plus en plus nombreuses, le monde occidental américain voit d'un très mauvais œil ce retour au premier plan. Afin de mieux comprendre, ce qui motive cette inquiétude, voici les 6 raisons qui font que les Etats-Unis ont de nouveau peur de la Russie :
1/ Vladimir Poutine, un président qui a des résultats.
« Celui qui ne regrette pas l'URSS n'a pas de cœur, celui qui souhaite sa restauration n'a pas de tête ». Une déclaration du président russe qui ne pourrait mieux définir sa conception de l'exercice du pouvoir. Si les médias occidentaux et américains en particulier ne cessent d'agiter la nostalgie de la grandeur de la Russie qui est celle de Poutine comme un épouvantail, ils font souvent l'impasse sur l'intelligence de l'homme d'état et du stratège. Ce que l'état-major américain, lui, ne sait que trop bien. Depuis sa prise de pouvoir, le Russie a progressivement retrouvée une démographie dynamique. A son arrivée en 1999, le pays perdait près d'un million d'habitant. En 2012, on assistait à une croissance naturelle de la population pour la première fois depuis 1992. Du côté économique, les performances sont encore plus saisissantes. Lors de sa prise de fonction, le revenu annuel moyen russe s'établissait à 1322 euros. Il était de 7988 euros en 2013 soit une augmentation de plus de 500% ! Le taux de pauvreté est lui passé de 35 % en 1999 à 13% en 2012. A noter que le taux de chômage n'est que de 5,5%. La population russe soutient d'ailleurs majoritairement son président avec plus de 80% d'opinions favorables. Avec de tels chiffres, les américains ne peuvent attaquer le leader russe sur ses compétences. C'est donc l'invective ad hominem sur les prétentions guerrières de Poutine qui est utilisé pour le discréditer aux yeux du peuple occidental. Preuve de fébrilité.
La déclaration d'Hillary Clinton au sujet de la crise ukrainienne (05/03/14) :
« Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu cela, c'est parce que c'est ce qu'a fait Hitler dans les années 1930 ».
2/ Le retour en force diplomatique.
La voix de la Russie pèse de nouveau dans le monde. Depuis la chute de l'URSS jusqu'au retour en force récent de Moscou sur la scène internationale, le seul véritable pouvoir diplomatique du Kremlin s'exerçait par son droit de véto au Conseil de Sécurité de l'ONU. Un rôle négatif, dans lequel les russes n'avaient jamais l'initiative et se contentaient de s'opposer parfois à la politique étrangère américaine. La crise syrienne a tout changé. Pour la première fois depuis longtemps, c'est de Moscou qu'est partie l'initiative. En septembre 2013, les américains ont été contraints d'accepter la résolution proposée par les russes sur le démantèlement de l'arsenal chimique de Bachar Al-Assad, le président syrien. Les russes ont coupé l'herbe sous le pied de Washington qui se montrait de plus en plus menaçante envers le régime de Damas prétextant d'éventuelles attaques chimiques de la part de l'armée syrienne. En évitant une attaque américaine sur un de ses alliés tout en ayant pris l’initiative du règlement du conflit, Poutine s'est placé sur un pied d'égalité avec Obama aux yeux du monde entier. Le « soft-power » fait également partie intégrante de la stratégie diplomatique russe aujourd'hui. L'obtention de l'organisation des JO de Sotchi cette année et celle de la Coupe du Monde de football en 2018 témoigne de la volonté de la Russie d'étendre son influence de par le monde. Devenir le centre de la planète deux fois en 6 ans est un bon début.
La déclaration d'un responsable du département d'état américain cité par France Info après l'accord russo-américain sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien :
« C'est historique et sans précédent ! ».
3/ Une détermination sans faille sur la Crimée.
Poutine n'a pas lâché la Crimée. Ce signal envoyé par le pensionnaire du Kremlin au monde entier a eu une saveur particulière pour Washington. Les russes sont, à nouveau, une puissance qui compte. Le coup d'état qui a renversé le président Ianoukovytch en février 2014 condamnait Moscou à la perte d'un allier de poids et surtout à son seul point d'accès aux mers chaudes de par la base militaire de Sébastopol située dans la péninsule de Crimée. C'était sans compter sur la détermination de cette région russophone de rejoindre la Fédération de Russie, ce qu'elle a fait par référendum en mars 2014. Non reconnue et condamnée par l'occident, Etats-Unis en tête, cette annexion a renforcé la position de Poutine. Profitant du soutien des populations russophones d'Ukraine et d'une puissance militaire de premier plan annihilant toutes velléités de conflit direct, les russes ont conservé leur atout en montrant toute leur détermination. Les américains n'ont rien pu faire pour empêcher leurs ennemis géostratégiques de gagner cette bataille malgré les menaces et les sanctions économiques. Dix ans en arrière, les russes auraient surement craqué.
La déclaration de Christopher Hill, haut diplomate américain, sur l'annexion de la Crimée par la Russie (avril 2014) :
« Les Américains doivent comprendre que le défi auquel ils sont confrontés est celui d’une Russie qui n’est plus intéressée par ce que l’Occident lui a offert ces 25 dernières années ».
4/ Les alliances des BRICS.
Un acronyme pour 5 pays qui veulent renverser l'ordre établit. Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Dans ce quinté des puissances émergentes, la Russie, avec la Chine, fait figure de leader. Alors que le monde façonné par les Etats-Unis et leurs alliés au sortir de la seconde guerre mondiale se trouve de plus en plus fragilisé, les puissances de demain veulent redistribuer les cartes. Après les nombreux accords commerciaux signés ces dernières années, une étape a été franchie mi-juillet. Le lancement de leur propre banque internationale de développement a été annoncé lors du 6ème sommet des BRICS à Fortaleza au Brésil. Alors que les institutions financières internationales occidentales telles que la Banque Mondiale ou le FMI sont en situation hégémonique, cette nouvelle institution a pour ambition de poser une brique supplémentaire à la construction d'un monde multipolaire. Un des buts recherchés est notamment de pouvoir se substituer aux institutions basées aux Etats-Unis pour l’octroie de prêt à certains pays du sud. Si la force de frappe de l'institution est quatre fois inférieure à celle de la Banque Mondiale, nul doute que le message envoyé est clair.
La déclaration d'Anton Siluanov, ministre russe des finances, sur les conditions de prêts (juillet 2014) :
« Elle différerait du FMI, qui exige des réformes structurelles et une ingérence politique intolérable en échange de son aide ».
5/ Le méga-contrat russo-chinois dangereux pour le dollar.
400 milliards de dollars sur 30 ans. Les chiffres sont à la hauteur des deux nations signataires de ce contrat. Le 21 mai dernier, la Russie s'est engagée à livrer du gaz à la Chine pour les trente prochaines années. En apparence, mis à part le montant en jeux, rien à analyser. Cependant, dans le cadre économique actuel, ce contrat a tout pour effrayer Washington. La valeur d'une monnaie sur le marché des changes est régie par la loi de l'offre et de la demande. Plus vous achetez une devise, plus sa valeur grimpe. Hors, la monnaie de réserve internationale pour le marché des matières premières est le dollar. Lorsque vous achetez du pétrole, vous achetez tout d'abord sur le marché des devises les dollars qui vont vous permettre de régler la facture. C'est ce système que l'on nomme « pétrodollar » et qui permet à la monnaie américaine d'avoir la main mise sur le système monétaire internationale. Et bien le contrat signé entre les deux puissances de l'est prévoit que les échanges soient libellés en rouble et en yuan, les devises respectives de la Russie et de la Chine. Traduit, cela signifie que russes et chinois ont décidé de se passer du dollar. Ce n'est pas ce contrat qui mettra fin à la domination du billet vert sur le système monétaire internationale mais la multiplication d'initiatives de ce genre pourrait réellement la mettre à mal. Une sape progressive de cette domination monétaire porterait un coup terrible à la puissance américaine dans le monde.
6/ L'aérospatial comme un symbole.
« Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité ». Neil Armstrong n'est plus là pour voir qu'aujourd'hui, les américains ne sont plus en mesure d'envoyer, par eux-mêmes, un homme dans l'espace. La crise financière de 2008 et les réductions de budget successives ont forcé Barack Obama à mettre la NASA à la diète. Si bien qu'aujourd'hui, la célèbre agence américaine n'a plus de fusée pour envoyer ses astronautes dans l'espace et ce, depuis plusieurs années. Les étasuniens sont donc dépendant du bon vouloir des russes et de leurs vaisseaux Soyouz pour aller tutoyer les étoiles. Un partenariat s'est donc noué et en échange du financement de 3 et des 4 milliards de dollars nécessaires au fonctionnement de la Station des Etoiles près de Moscou ainsi que d'une facture de 70,7 millions de dollars le siège, les russes laissent les américains s'entrainer et prendre part aux voyages. Une humiliation pour l'Oncle Sam lorsque l'on connaît la rivalité historique dans le domaine entre les deux nations, lors de la Guerre Froide. Si, on ne peur qualifier cette situation de dangereuse pour les Etats-Unis, elle est symptomatique d'un rééquilibrage des forces exponentiels depuis plusieurs années. Pour Washington, c'est là qu'est le motif d'inquiétude.
La déclaration de John Logsdone, membre du conseil de surveillance de la NASA, sur cette situation (mars 2014) :
« Les russes ont besoin des américains mais pas autant que les Etats-Unis ont besoin de la Russie ».
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