Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix : une chaise vide et de nombreux absents le 10 décembre 2010

Malgré une pression importante exercée par la Chine sur la Norvège, le comité du Prix Nobel de la Paix norvégien a eu le courage d’attribuer cette année le prestigieux prix à Liu Xiaobo, un dissident chinois devenu le symbole de l’aspiration du peuple chinois à la démocratie. Loin d’annoncer sa libération, Pékin poursuit la voie de la pression en appelant les représentations diplomatiques à ne pas assister à la cérémonie en son honneur qui se tiendra le 10 décembre 2010 à Oslo en l’absence du lauréat, une situation rarissime pour l’institution Nobel.
Alors qu’Aung San Suu Kyi, symbole de la lutte pour la démocratie en Birmanie, également lauréate du prix Nobel de la Paix, a été libérée cette année par les militaires birmans, les autorités chinoises sont loin d’évoquer la libération de Liu Xiaobo. Au contraire, elles font pression sur les gouvernements européens pour qu’ils ne participent pas à la cérémonie de remise du prix Nobel de la Paix, et elles exhortent les ambassades à ne pas faire de déclarations publiques de soutien à Liu Xiaobo le jour de la cérémonie.
Emprisonné, Liu Xiaobo s’est vu attribué le prix Nobel de la paix 2010, pour sa contribution non-violente à la résolution de crises politiques et au développement de la démocratie. Liu Xiaobo est connu pour être à l’origine de la Charte 08 qui appelle à la démocratisation de la Chine. Il est désormais devenu le symbole incontournable de la lutte pour la démocratie en Chine et de nombreuses personnalités dans le monde demandent sa libération.
L’attitude de la République populaire de Chine confirme la nature autoritaire du régime : elle ne semble avoir aucune honte à laisser en prison le lauréat du prix Nobel de la Paix 2010, au mépris de l’opinion publique internationale. Elle ne permet à aucun représentant de Liu Xiaobo résidant en Chine d’assister à la cérémonie en Norvège pour recevoir le prix en son nom. C’est la raison pour laquelle, Lech Walesa, ancien président polonais et lauréat du prix Nobel de la Paix, a déclaré « qu’il était prêt, avec d’autres lauréats du prix Nobel de la Paix, à représenter symboliquement monsieur Liu Xiaobo, aux cérémonies officielles de la remise de ce prix à Oslo ».
Dans son histoire du Nobel de la paix l’absence d’un lauréat à la cérémonie à Oslo ne s’est produite qu’une seule fois : en 1936, le pacifiste Carl von Ossietzky, incarcéré dans un camp de concentration de l’Allemagne nazie n’avait pu se rendre à Oslo. « Une chaise vide, cela fait forte impression. Cela souligne la pertinence du choix du comité Nobel cette année en projetant la lumière sur la situation des droits de l’Homme en Chine », selon Geir Lundestad du comité Nobel. Le 10 décembre à Oslo en Norvège, la cérémonie en l’honneur du dissident chinois Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix 2010 est l’objet de toutes les attentions à la fois des autorités chinoises et des défenseurs des droits de l’homme.
Pékin a appelé à boycotter la cérémonie et vingt pays n’assisteront pas à la cérémonie. Ces pays qui comprennent l’Afghanistan, l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, la Chine, la Colombie, Cuba, l’Egypte, l’Irak, l’Iran, le Kazakhstan, le Maroc, le Pakistan, la Russie, la Serbie, le Sri Lanka, le Soudan, la Tunisie, le Venezuela et le Vietnam ont pour la plupart des liens économiques avec la Chine. Près de 65 pays qui ont une représentation diplomatique en Norvège seront cependant représentés à Oslo. Cela comprend les pays membres de l’Union européenne et les Etats-Unis. Des pays voisins de la Chine comme la Corée du Sud et l’Inde, et des pays émergents comme le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Indonésie seront aussi présents. Cela sera aussi le cas du Japon, de l’Ukraine et des Philippines.
La Fédération des pays asiatiques pour les droits de l’homme (FPADH) qui regroupe les différentes associations asiatiques luttant pour démocratie et les droits de l’homme parfois au péril de leur vie dans leur propre pays d’origine rappelle que Liu Xiaobo a reçu son éducation en Chine où il vit actuellement en prison. L’attribution du prix Nobel de la Paix à Liu Xiaobo apporte un immense encouragement à tous défenseurs des droits humains, et constitue un motif louable de fierté pour les Chinois. Nous ne pouvons qu’espérer que cela aidera à une prise de conscience du sort terrifiant réservé aux défenseurs de la démocratie et de la liberté en Chine, et souhaitons la libération de Liu Xiaobo comme celle de tous les prisonniers politiques en Chine, dont les nombreux Tibétains incarcérés suite aux manifestations de 2008, voire ceux lourdement condamnés à des dizaines années de prison quand ce n’est pas la prison à vie avant datte date.
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