« Mein Kampf » et néonazisme en Turquie
Interdit dans plusieurs pays européen, une réédition du tristement célèbre Mein Kampf, d’Adolf Hitler, fut un best-seller en 2005. Parmi les lecteurs, dans la majorité curieux, des jeunes en ont fait leur livre de chevet...
Un article du journal Aksam paru en février 2005 titrait "Kavgam best-seller oldu", littéralement "Mein Kampf est devenu un best-seller". Quelques extraits de cet article :
"Le livre d’Adolf Hitler Mein Kampf se vend à raison de 10 000 exemplaires chaque année, depuis sa traduction en turc en 1939, et est devenu un best-seller ces dernières semaines. Face à une forte demande, la maison d’édition a édité et mis en vente en l’espace de 15 jours 31 000 ouvrages. Mein Kampf est devenu le livre le plus vendu de plusieurs maisons d’édition, et cette popularité inquiète et dérange les juifs".
"Ce livre est particulièrement lu par les jeunes militants des partis nationalistes (MHP et GP) mais aussi par les étudiants des académies de police. Les experts interprètent cette explosion d’intérêt par les frustrations économiques et sociales que vivent les jeunes, comme ce fut déjà le cas dans les années 1970."
Le magazine Aktüel, dans son numéro 29 du mois de janvier 2006, revient sur cette actualité par une investigation de Murat Yalniz. Ce journaliste a rencontré trois jeunes d’Istanbul se revendiquant néonazis.
Les jeunes nationalistes fanatiques d’Hitler sont enrôlés dans les lycées mais aussi dans les collèges. L’âge moyen de ces jeunes est de 15 ans. Ils s’identifient sous le nom de TürkisheJugend (jeunesse turque) en référence aux HitlerJugend des années 1930. Leurs communications, codées, se font par le biais de l’Internet. Des réunions secrètes sur leur idéologie pro-nazie sont organisées régulièrement. Leur emblème représente deux éclairs en forme de S dans un disque blanc sur fond rouge...
Ces jeunes leaders soutiennent que le nombre de leurs adhérents dépasse les 1000. Ils sont principalement issus des grandes villes turques comme Istanbul et Ankara.
Ils sont fascistes, car ils pensent que le fascisme est une bonne chose pour la nation. Ils se tiennent prêts à la lutte armée pour sauver la nation turque de ses pourvoyeurs. Ils pensent qu’Hitler était un grand chef et un visionnaire, car il sut à son époque identifier le mal qui gangrénait l’Allemagne. Le livre Mein Kampf est leur livre de chevet.
Pour eux, la Turquie va mal, et ira de plus en plus mal tant qu’elle n’aura pas réglé son principal problème : les minorités qui spolient et agitent le pays. Trois peuples sont montrés du doigt. Ils jugent la classe politique incapable de diriger la nation turque, et préfèreraient une gestion militaire des affaires de l’État. Enfin, ils pensent qu’ils sont l’avenir de leur pays.
Pour conclure son article, l’auteur prend une photo des ces trois jeunes lycéens en cravate saluant du salut nazi, avec le visage dissimulé par leur exemplaire de Kavgam et conclut : "En faisant le salut nazi, ils sont hésitants et ne sont pas d’accord sur la main à lever, ce qui montre que dans leur tête, tout n’est pas clair".
En Europe occidentale, l’édition, voire la détention de cet ouvrage est interdit. Les enseignements sont intensifs sur cette période sombre de l’histoire. Le devoir de mémoire est omniprésent. Tout est mis en oeuvre pour ne plus jamais vivre une telle horreur.
Toutefois, cet intérêt chronique pour le nazisme en Turquie ne semble pas représenter un danger.
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