Même Skype collabore avec les dictatures Web 2.0
« Reporters sans frontières » nous souhaite la bienvenue dans les dictatures Web 2.0 au commencement de son rapport annuel. Les nouvelles technologies ont rendu le militantisme plus facile que jamais. En parallèle, « les dictateurs eux aussi sont entrés dans l’ère du Web 2.0... »
Emprisonnement de cyberdissidents, filtrage de l’information grâce à des outils de plus en plus performants, jeu du chat et de la souris dans les « chat rooms », logiciels espions en mesure de détecter ceux qui osent écrire certains noms interdits dans les cybercafés et de les avertir qu’ils s’apprêtent à menacer la sécurité de l’État... plus grand-chose n’échappe au regard inquisiteur des pays liberticides.
Le champion toutes catégories est la Chine. « Elle dispose en effet d’énormes moyens financiers pour produire ou acheter des technologies de contrôle d’Internet et s’offrir les services de bataillons de mouchards et de cyberpoliciers. » Elle peut aussi imposer aux Yahoo, Google, Microsoft, Cisco et autres l’obligation de collaborer à la censure et à la recherche des fautifs.
Mais RSF constate que même des pays d’Afrique subsaharienne, quoique moins efficacement qu’un géant tel que la Chine, sont en mesure de filtrer Internet. L’Éthiopie et le Zimbabwe sont les derniers d’une liste qui s’allonge d’année en année.
Le dernier logiciel dans la mire de RSF est Skype. Après avoir grandement facilité les communications entre les journalistes et leurs sources, voilà que la société propriétaire de Skype passe un accord avec la Chine, acceptant de bloquer certains mots-clefs.
RSF signale au passage que si les États-Unis ne censurent pas Internet sur leur territoire, les entreprises américaines en revanche aident les pays répressifs à le censurer. Toutefois, le grand débat dans le pays qui se réclame du monde libre est la neutralité d’Internet.
Autre sujet d’inquiétude, le principe de la neutralité d’Internet a été rejeté par le Sénat en juin 2006. Selon ce concept, qui est pour l’instant respecté sur le réseau mondial, les opérateurs de télécom (ex : Verizon, France Télécom) ne sont pas autorisés à faire de différence entre les personnes ou les organisations qui fournissent un service sur le réseau. Que le client soit un petit blog ou un gros site commercial, il a droit à la même
qualité de services.
Justement, The National Conference for Media Reform a réuni en janvier dernier ceux qui s’opposent à la fin de la neutralité d’Internet. Pour RSF, c’est la liberté d’expression qui est en jeu, car « il est probable que les petites publications en ligne, et notamment les blogs, seront reléguées sur un Internet au rabais » si jamais les opérateurs de télécommunications peuvent moduler la vitesse selon ce qu’est prêt à offrir l’émetteur de contenu Web.
Le Pakistan (PTA) est entré dans le club des censeurs d’Internet cette année, bloquant d’abord douze sites ayant reproduit les caricatures du Prophète publiées par le quotidien danois Jyllands-Posten. Par la suite, la liste des sites bloqués s’est allongée. Ce pays a même totalement bloqué le nom de domaine blogger.com pendant plusieurs semaines.
En Arabie saoudite, le site du journal intime de Saudi Eve, « une jeune femme qui osait parler de sa vie amoureuse et critiquer la politique de censure du gouvernement », a été bloqué tout comme de nombreux autres.
Dans l’île de Cuba, le gouvernement a utilisé les grands moyens pour contrôler Internet : les connexions privées sont interdites ! Les Cubains doivent donc « passer par des points d’accès publics (cybercafés, universités, clubs informatiques pour la jeunesse, etc.), où il est plus facile de surveiller leur activité. »
Peu importe la nature du régime dictatorial - et il y a
malheureusement beaucoup d’autres exemples dans le rapport 2007 de RSF
- la censure du réseau Internet est plus que jamais une réalité.
Reporters sans frontières, La liberté de presse dans le monde en 2007.
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