Moines de Tibérine : que s’est-il réellement passé ?
Deux nouveaux éléments relancent les spéculations sur la mort des moines de Tibehirine, enlevés et assassinés en Algérie en 1996 : la levée du secret défense sur des notes du général Rondot et des déclarations de Charles Pasqua sur le rôle de son émissaire Jean-Charles Marchiani.

L’histoire semblait jusqu’à présent limpide. En pleine guerre civile algérienne, les sept moines français avaient été enlevés par un groupe d’islamistes du GIA, qui les avaient ensuite décapités.
Les autorités françaises et algériennes avaient été impuissantes à négocier avec les preneurs d’otages la libération des religieux qui avaient fini par s’impatienter et assassiner les sept hommes.
Deux éléments remettent aujourd’hui en cause cette version officielle pourtant si commode pour tout le monde. D’abord, il semblerait que le contact ait bien été établi entre les preneurs d’otages et l’émissaire particulier de Charles Pasqua (et de Jacques chirac), Jean-Charles Marchiani.
Le barbouze corse, qui avait déjà obtenu la libération des otages français du Liban près de dix ans auparavant, avait réactivé ses réseaux dans le monde arabe et était parvenu à entamer des négociations directes avec le GIA.
Selon Charles Pasqua, la mort des moines serait imputable à Alain Juppé, qui excédé d’avoir été tenu à l’écart par Jacques Chirac de ces négociations parallèles, demande à Jean-Charles Marchiani d’interrompre ses négociations et de rentrer en France. Selon Pasqua, cette décision sera vue comme une humiliation par les terroristes et provoquera leur mort.
si la négociation de Marchiani est attestée, pas si sûr pour autant que ce soit le GIA qui ait assassiné les moines si on en croit d’une part les déclarations de l’ancien attaché militaire français à Alger le général François Buchwalter, et les notes de la DST (notamment celles du général Rondot) qui viennent d’être déclassifiées.
La vérité semble être ailleurs… Le scénario privilégié par les services français dès 1996, c’est que leurs homologues algériens ont cherché tout au long de la prise d’otages, à instrumentaliser la France et à imposer leur vision sécuritaire du règlement du problème.
Dans ce petit jeu, la vie des otages semble avoir été dès le début secondaire pour l’armée algérienne, dont l’objectif était de frapper fort le commando du GIA. Tellement fort apparemment, que les moines français auraient été abattus par leurs “libérateurs” lors d’un raid en hélicoptère lancé par l’armée algérienne.
Embarrassés, les militaires algériens auraient maquillé la bavure en décapitant les malheureux à la mode jihadiste et en se débarrassant des cadavres criblés de balles. La France n’a pas voulu savoir avec certitude ce dont elle se doutait pour éviter d’accroitre les tensions avec le gouvernement algérien.
Il aura donc fallu attendre 13 ans pour en savoir un peu plus sur cette sordide affaire. La France aurait vraisemblablement pu libérer les moines avec un peu plus de volonté politique ; et ce sont selon toute évidence des militaires algériens qui ont tué les religieux.
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