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Nouvelle guerre froide

Le monde est peut-être à la veille d’une nouvelle guerre froide, ou plutôt de sa 2ème mi-temps. Et les chances qu’a l’Occident de la gagner ne sont pas certaines.

Note de synthèse du 07 décembre 2017

 

Le monde est peut-être à la veille d’une nouvelle guerre froide, ou plutôt de sa 2ème mi-temps. Et les chances qu’a l’Occident de la gagner ne sont pas certaines.

La seconde Guerre mondiale déboucha sur 45 années de guerre froide, opposant un bloc occidental « capitaliste » à un bloc eurasiatique « socialiste ». En 1990, la victoire du camp occidental emmené par les Etats-Unis, sembla définitive. Les rivalités internationales, un temps affaiblies, sinon ignorées, reprennent aujourd’hui de plus belle.

Le monde est de plus en plus visiblement divisé en deux blocs :

1- Un camp occidental, structuré autour des principales puissances économiques : Etats-Unis, Union européenne, Japon.

Sociétés vieillissantes dont l’économie est fondée sur un capitalisme ordolibéral dominé par des oligarchies industrielles et financières. Modèle dominant depuis les années 1990 mais en voie de fragilisation : croissance économique faible (souvent inférieure à 3%/an), acteurs publics affaiblis par les privatisations et les baisses d’impôts, alliances militaires anciennes (OTAN, OTASE) et fragilisées par l’unilatéralisme assumé de leurs membres (Etats-Unis, Turquie).

2- Un espace eurasiatique, autour de puissances émergentes : Chine, Russie, Inde, Pakistan, Iran. [C.R.I.P.I.]

Sociétés jeunes et dynamiques structurées autour d’Etats puissants dans les sphères économique et politique. Les grandes fortunes individuelles de ces pays sont en croissance rapide mais jouent un rôle politique limité. Espace émergent conjuguant différents types d’intégration tout en respectant l’autonomie des acteurs : politique via l’Organisation de Coopération de Shanghai (O.C.S.), stratégique via la multiplication d’accords et de manœuvres militaires conjointes, économique et monétaire par le recul du dollar dans les transactions eurasiatiques au profit du rouble et surtout du yuan. Les économies de ces pays connaissent une croissance souvent supérieure à 5%/an.

 

Coopérations et rivalités entre les deux blocs

Le modèle de gouvernance mondial hérité depuis 1945 avec l’émergence des Nations Unies est opérationnel mais affaibli.

La division récurrente des membres du Conseil de Sécurité de l’ONU, consacré par l’usage de leur droit de veto, a souvent empêché le vote de résolutions communes sur des points de conflits chauds depuis 2014 (Ukraine, Yémen, Iran, Corée du Nord).

La concurrence commerciale internationale n’a pas débouché sur un mode de régulation global (via l’OMC) mais uniquement sur la négociation de traités régionaux restreints : ALENA, CETA et TAFTA en Occident, UEE en Eurasie. Les initiatives de partenariat multilatéral initiées et animées depuis 1945 sont aujourd’hui fragilisées par le retour de pratiques héritées de la guerre froide.

Entre les deux ensembles, une bataille croissante se livre actuellement, sur les plans économique, politique et militaire :

Sur le plan économique, les puissances occidentales cherchent à sortir de leur dépendance énergétique à l’Eurasie, et notamment à la Russie. Parallèlement, les Etats eurasiatiques cherchent à s’extraire du système monétaire hérité du XXème siècle et dominé par le dollar, en construisant de nouveaux outils : échanges en yuans plutôt qu’en dollars, unions douanières, banques régionales de développement.

Sur le plan politique, les puissances occidentales se définissent comme des démocraties parlementaires et libérales, à l’inverse des Etats d’Eurasie où le pluralisme politique n’est souvent que de pure forme au profit d’un exécutif fort. Ces dernières années cependant, les exécutifs occidentaux ont eu tendance à se renforcer au détriment des pouvoirs législatifs, en invoquant l’efficacité économique et/ou la lutte contre le terrorisme.

Sur le plan militaire, les Etats-Unis dominent depuis 1990. Toutefois, les puissances eurasiennes semblent rattraper leur retard et consolident leurs positions sur les océans et sur certains points stratégiques : archipels, détroits, routes maritimes. Elles défendent un règlement collectif et multilatéral des conflits, plutôt que des interventions militaires souvent initiées par les seules puissances occidentales (depuis 2001 en Afghanistan, Irak, Libye, Syrie et Yémen).

Sur plusieurs théâtres d’opérations, les deux blocs se font face de plus en plus ouvertement, rendant la résolution des conflits locaux de plus en plus complexe : Ukraine-Donbass, Géorgie, Arménie-Haut Karabakh, Syrie, nouvel axe Etats-Unis-Israël-Arabie Saoudite contre Iran, Corée du Nord. Ailleurs, les tensions politiques sont parfois influencées par cet antagonisme : Cuba, Vénézuela, Honduras, Argentine, Géorgie, Thaïlande.

Sur les plans diplomatique et culturel, les rivalités s’affirment depuis quelques années. Le renversement du gouvernement ukrainien ne fut pas accepté par les puissances eurasiatiques, et l’adhésion de la Crimée à la Fédération de Russie qui suivit ne fut pas reconnue par les Occidentaux.

La Russie a été exclue des Jeux Olympiques d’hiver 2018 pour dopage d’Etat, fait inédit dans l’Histoire. Les médias d’Etat russes et chinois en cours de déploiement dans plusieurs pays sont accueillis avec suspicion par leurs homologues occidentaux, principalement dirigés par de grands groupes industriels ou financiers.

Perspectives et prospectives

La stabilité politique et économique de la plupart des pays développés semble être compromise pour la première fois depuis une trentaine d’années. En Occident, la crise financière de 2008 et ses suites, l’affaiblissement des Etats providences et la concentration accélérée des richesses produites aux mains d’un nombre de plus en plus faible de personnes tend à accroître les risques d’instabilité politique et sociale.
Les multinationales occidentales poursuivent leur développement international mais leurs activités sont parfois fragilisées dans leur pays d’origine. Enfin, le vieillissement chronique de la population, qui n’est pas enrayé par une natalité dynamique ou l’accueil de nouvelles populations, risque de constituer un frein pour le dynamisme économique et le rayonnement politique et culturel des puissances occidentales.

A l’inverse, les nations situées sur le continent eurasiatique présentent un certain nombre d’atouts : une population tendanciellement plus jeune qu’à l’Ouest (mis à part en Russie), la présence de ressources naturelles abondantes, l’acquisition récente de savoir-faire industriels et technologiques par une éducation en progrès constant apportent des facteurs de dynamisme économique non négligeable. La croissance observée par les principaux pays eurasiatiques démontre que le centre de gravité économique et commercial semble progressivement se déplacer vers les puissances d’Eurasie, dénommées « émergentes » à bon escient.

Le multilatéralisme pacifique affiché par les puissances d’Eurasie risque de se heurter sous peu à la culture souvent jugée agressive de certains Etats occidentaux, jadis puissances coloniales et qualifiées alors d’impérialistes. L’évolution observée des rapports de force économiques, politiques et stratégiques semble révéler qu’en cas de confrontation directe entre les éléments des blocs présentés ici, il n’est pas évident que les puissances occidentales, dominantes jusqu’à nos jours, soient en mesure de prendre le dessus sur des nations d’Eurasie en plein développement.

Carte : l'Organisation de Coopération de Shanghai.


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8 réactions à cet article    


  • JC_Lavau JC_Lavau 8 décembre 2017 17:35

    Ajouter les guerres civiles contre les peuples organisées par les oligarchies qui se targuent d’incarner « le monde libre ».

    J’en ai assez de les énumérer.

    • pipiou 8 décembre 2017 21:59

      La Chine et la Russie en plein développement ? Euh ..............


      • xana 8 décembre 2017 22:20

        @pipiou
        Ben qu’est-ce qui te faut ?


      • pipiou 9 décembre 2017 00:44

        @xana

        Pays développés.
        Chine en phase de vieillissement.


      • titi titi 9 décembre 2017 11:59
        « rivalités entre les deux blocs »

        Il y a surtout rivalités dans le bloc CRIPI....
        Les tensions sont grandes sur les frontières que chacun partage.

        Le grand perdant ce sera la russie qui se trouve en Sibérie, comme la France le fut il y a 3 siècles en amérique du Nord : elle contrôle un territoire immense est très riche, mais avec un déficit démographique abyssal face à sont voisin le plus proche.

        • lautrecote 9 décembre 2017 13:24

          @titi
          j’adore : la Russie qui se trouve en Sibérie....


        • titi titi 10 décembre 2017 13:37
          @lautrecote
          Essayez de lire la phrase en entier... ca vous aidera beaucoup :)

        • soi même 9 décembre 2017 14:43

          Le monde est peut-être à la veille d’une nouvelle guerre froide, ont est juste à la troisième, la première en 45 -80, la deuxième avec Reagan 81- 87, la troisième a été ouverte par la dynastie Bush , Trump n’innove en rien il est juste dans la continuité de l’impulsion, il apporte une notion nouvelle d’être un destructeur sans scrupule ,

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