Pauvre Zimbabwe...

Peu d’entre nous connaissent le Zimbabwe. D’abord parce que la géographie de l’Afrique ne fait pas partie du socle de connaissances de nos enfants et de leurs parents. En France on en connaît à peu près la partie francophone, mais pas du tout la partie anglophone, à laquelle appartient le Zimbabwe.
Le Zimbabwe s’est appelé à l’époque où le pays était sous la domination des blancs, la Rhodésie. Il est situé dans la partie Sud-Ouest de l’Afrique, juste au-dessus de l’Afrique du Sud, sans accès à la mer et enclavé entre le Mozambique côté Océan indien , le Botswana à l’Est et la Zambie au Nord . Sa capitale est peu connue et s’appelle Harare. En revanche, sa principale destination touristique est très connue, puisqu’il s’agit des Chutes du Zambeze, aussi appelées les Chutes Victoria.
C’est un pays au climat agréable, à l’agriculture prospère, qui a été longtemps considéré comme le grenier à blé de l’Afrique et qui a acquis son indépendance en 1980. C’était aussi un grand pays producteur de tabac. C’est le chef des rebelles, Robert Mugabe, qui en pris la tête à cette époque pour ne plus la lâcher depuis. En 2000 il entreprit une grande réforme agraire en confisquant les terres des 4500 fermiers blancs toujours dans le pays, pour les confier aux anciens des armées de libération et à ses amis politiques. Lesquels laissèrent les terres dépérir, tandis que les fermiers blancs allaient s’installer en Zambie voisine.
J’ai eu l’occasion d’y aller en 2002, à une époque où la situation économique était déjà très dégradée, où l’essence manquait, et où la nourriture devenait rare. Les tours opérators en étaient rendus à faire visiter les Chutes Victoria à partir de Johannesbourg, en faisant l’aller-retour dans la journée.
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que malheureusement, la situation s’y dégrade dramatiquement. L’inflation a atteint le record de 1049%, 90% par mois ! Les 200 000 fonctionnaires sont en grève, pour être payés, d’abord, et pour voir leurs salaires revalorisés. Leur salaire moyen, qui vient d’être triplé, est désormais de 30 millions de dollars zimbabwéens, ce qui peut sembler astronomique, mais le seuil de pauvreté là-bas est de 41 millions de dollars !
C’est la septième année de récession économique, le chômage touche 70% de la population, les carburants et les produits de première nécessité manquent, deux millions de Zimbabwéens se sont réfugiés en Afrqiue du Sud. Bref, c’est le décrochage économique total, et la situation est devenue hors de contrôle. Le voisin sud-africain en est très inquiet, et a même proposé à Harare un prêt de 1,2 milliard de dollars .
Robert Mugabe qui, malgré sa silhouette jeune, frôle les 80 ans, et qui a toujours le verbe vigoureux pour s’en prendre au monde entier, pratique la fuite en avant en muselant les médias. Ses treize millions d’administrés dépendent pour leur survie de l’aide alimentaire internationale.
Triste période, pour l’ancien grenier à blé de l’Afrique, un pays qui avait pourtant beaucoup d’atouts pour s’en sortir brillamment.
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