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Primaires Américaines, coup d’envoi imminent dans l’Iowa

Comme le veut la tradition, le petit état de l'Iowa, situé dans le Midwest, ouvrira ce soir la bal des primaires américaines, dont l'issue désignera les deux candidats Républicains et Démocrates qui concoureront pour l'élection finale, le 8 Novembre prochain .

Très différent de ce que l'on connaît habituellement chez nous, le caucus de l'Iowa sert tous les quatre ans de coup d'envoi pour la course aux primaires. Petit état conservateur du Midwest américain, l'Iowa a vu son rôle augmenter au fur et à mesure des années, notamment après que Jimmy Carter (président des USA entre , en ait révolutionné le concept en 1976. Offrant habituellement peu d’intérêt aux candidats, il avait été utilisé à excellent escient par Carter lors de sa campagne, effectuée en grande majorité sur le terrain pour tenter d'y convaincre la population (très représentative de la classe moyenne Américaine), de voter pour lui. Cela lui avait permis de remporter une victoire écrasante dans l'état, et ainsi de faire la différence face à ses adversaires.

Le rôle de l'Iowa comme désignateur s'est encore accru lors des élections 2008, où contre toute attente, Barack Obama l'avait emporté au dépend d'Hillary Clinton, lançant ainsi parfaitement sa campagne. Le premier président noir des États Unis avait tout de suite compris l'importance de cet état stratégique en envoyant sur le terrain des centaines de jeunes bénévoles pour augmenter ses chances de l'emporter. A contrario de Clinton, peu soucieuse de cet état qu'elle avait jugé d'une importante moindre (comme l'avait fait son mari en 1992), ce qui lui a sans doute coûté la victoire.

Aujourd'hui, plus que jamais, l'Iowa semble être devenu un état clé de la primaire, comme l'atteste les nombreux meetings organisés par les différents candidats, malgré les conditions climatiques exécrables qui règnent à cette période de l'année. Les états limitrophes que sont le Wisconsin ou le Minnesota ne bénéficient en rien du même intérêt de la part des candidats, qui savent l'importance stratégique de l’Iowa.

Un système de désignation très particulier...et très important

Contrairement à une élection dite Lambda que l'on connaît habituellement en Europe, les "caucus" de l'Iowa ne nécessite en aucun cas des bulletins de votes, urnes ou isoloirs.

Celles mises en place par le parti démocrate sont ainsi particulièrement complexes puisqu'elles nécessitent une très forte participation su le terrain. 

Les militants du parti sont appelés tout d'abord à se réunir le jour des élections dans différents " bureaux de l'état" (Écoles, Églises, casernes de pompiers) à une heure précise, avant de se répartir de manière distincte à des "tables", selon le choix de leur candidat. L'élection se fait ainsi de manière physique, éliminant au fur et à mesure les candidats ayant obtenu moins de 15% des "votes", dont les votants doivent à nouveau choisir un autre candidat parmi ceux restants. Demain soir les différents électeurs de Martin O'Malley (3e candidat démocrate et crédité de 1% des votes) devront ainsi sans aucun doute se répartir une nouvelle fois pour choisir entre Sanders ou Clinton, ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur de l'un ou l'autre.

Moins complexe, le processus républicain (qui se déroule dans 9000 endroits différents) est assez similaire, mais nécessite après avoir pris en compte les arguments des différents représentants ou candidats eux même, de faire son choix sur un bout de papier. 

Sans prédire nécessairement le futur candidat du parti (Clinton en 1992 et Mc Cain en 2008 en sont les meilleurs exemples), le Caucus de l'Iowa sert déjà de premier indicateur pour éliminer certains candidats, et recentrer la course finale à deux ou trois. 

Il est ainsi essentiel de bien se placer dans l'Iowa pour amasser un nombre de voix important et maximiser ces chances pour la suite. Les primaires du New Hampshire, qui se déroulent une semaine plus tard sont généralement fatales en cas d'échec pour les candidats ayant déjà perdu dans l'Iowa.

C'est pourquoi bien se positionner dans les votes est très important afin de garantir une poursuite de la campagne, notamment sur le plan financier, les dons variant selon le positionnement du candidat.

Ce fonctionnement risque ainsi de faire rapidement disparaître Jeb Bush, et ne devrait pas profiter à Marco Rubio, qui vise des états moins conservateurs (Floride...).

Une Lutte Indécise

Pour le moment, difficile de prévoir quel candidat pourra remporter ce premier match, les sondages donnant seulement 4 points d'avance à Hillary Clinton devant Bernie Sanders (47% contre 43%), tandis que Donald Trump reste talonné de très près par Ted Cruz, le candidat ultra conservateur du GOP.

Connaissant les faibles chances de sa campagne il y’a moins de 6 mois, Cruz a joué sur la carte de l’ultra conservatisme. Il n'a ainsi pas hésité à se rendre en plein hiver dans une ville reculé de l’Iowa (Cisco), où il a participé à la demande du pasteur du coin à un meeting qui s'apparentait presque à une messe, en vue de satisfaire les 300 partisans évangéliques présents ce soir là. La lutte contre l'avortement, l'interdiction du mariage homosexuel, ou la volonté de prôner une éducation religieuse, font parti des différents arguments défendus par le sénateur, très apprécié par le courant évangélique protestant, majoritaire chez les voteurs Républicains (près de 57% en 2012).

Sénateur du Texas depuis 2013, le Canadien de naissance, fils d’un père Cubain, joue sur les peurs des Citoyens ultra conservateurs, pour qui la réforme de santé Obama Care ou encore récemment la restriction des armes à feu souhaité par les démocrates ne sont pas concevables avec la "tradition Américaine". Cruz promet également un bouleversement de la politique étrangère engagée par le président, dont la fin de l'accord nucléaire avec l’Iran, les négotiations de la COP 21tout en promettant de "Recouvrir Daech d'un tapis de bombes". 

Le résultat est assez visible dans les derniers sondages, ou malgré la présence de l'ultra conservatrice Sarah Palin aux côtés de Donald Trump, Cruz semble en mesure de l'emporter. Les conservateurs sont en plus assez peu enclins à voter pour Trump, comme nous le montre le récent appel du magazine conservateur très influent "National review".

Trump reste néanmoins très populaire dans cet état, et bien plus encore dans le New Hampshire, ou sa victoire est déjà presque assuré la semaine prochaine. Le milliardaire a su faire valoir son côté "politiquement incorrect" et sa notoriété dans les médias pour s'assurer d'un vote massif dans quasiment toutes les catégories de votants (Jeunes, Gros donateurs, religieux, Ruraux et même femmes..), si l'on excepte les minorités. Ses différentes frasques lui ont contre toute attente permis de remonter encore un peu plus sa côte de popularité dans les sondages, qui le présentent désormais comme le grand favori pour la nomination. Sa popularité semble même s'être accru au sein du parti Républicain, où de nombreux membres ont récemment affiché leur soutien à Trump, dans un choix du "moindre mal" avec Cruz.

C'est dans cette optique que le caucus de l'Iowa sera très important, en ce sens qu'il vérifiera pour la première fois dans les votes ce que les sondages nous disent depuis des mois, à savoir la quasi totale domination de Trump.

Pour les autres candidats Républicains, la lutte pour la troisième place sera très importante, et devrait se jouer entre Rubio, Carson, voire Christie (qui lui mise sur le New Hampshire), et pourrait déjà provoquer le retrait de Jeb Bush ou Carly Fiorina.

Du côté Démocrate, l'histoire risque peut être de se répeter chez Hillary Clinton, pour qui les primaires 2016 ne devait être qu'une simple formalité.

Déjà battu en 2008 par Barack Obama, l'ex sécrétaire d'état doit désormais faire face à un autre individu sorti de nulle part, Bernie Sanders, ancien maire de Baltimore qui se revendique Socialiste.

Malgré des idéologies clairement orientés à gauche, Sanders est parvenu à séduire la majorité de l'électorat jeune (près de 70% des 18-24 ans en Iowa) , comme l'illustre son nombre record de donateurs (2 millions), pour construire une base politique crédible, qui pourrait en faire le trouble fête de ces primaires. Actuellement, Sanders est donné très largement gagnant dans le New Hampshire (57% des voix), et reste très près d'Hillary Clinton dans l'Iowa, où le processus de caucus pourrait néanmoins le pénaliser, étant donné la complexité de ce mode de scrutin pour de jeunes électeurs.

La mobilisation devrait être toutefois très importante pour celui qui se revendique "anti Wall Street" et partisan d'une réforme complète du système de santé, ainsi qu'une hausse du salaire minimum accompagné d'une gratuité des établissements du secondaire. Sanders réussit de cette manière à séduire l'électorat des jeunes, bien plus en réalité que Clinton, très loin d'incarner le même charisme que Obama auprès des minorités et des jeunes électeurs jouant avant tout sur sa carte de féministe et son expérience pour remporter les primaires. L'objectif de Clinton est avant tout de sécuriser sa victoire rapidement, afin de ne pas voir se répéter le scénario de 2008, ce qui passe par une vicoire presque obligatoire demain.

Le caucus de l'Iowa débutera Lundi soir à partir de 7 h (1 h du matin heure Francaise), et servira de premier indicateur pour les primaires Américaines.


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7 réactions à cet article    


  • Clark Kent M de Sourcessure 31 janvier 2016 17:15

    Etant donné l’impact des politiques américaines sur nos vies, la moindre des choses serait que nous votions pour ces élections. Il est vrai que les habitants de l’empire colonial français ne votaient pas non plus !


    • Simple citoyenne Simple citoyenne 31 janvier 2016 19:46

      Bonjour à vous M de Sourcessure excellent, oui !

      « Étant donné l’impact des politiques américaines sur nos vies, la moindre des choses serait que nous votions pour ces élections. »


    • Simple citoyenne Simple citoyenne 31 janvier 2016 20:03

      Je sens ces élections passionnantes et merci à l’auteur d’en faire un article ; je me permets un petit pronostique pour le 16 novembre 2016, même si vous abordez logiquement les primaires, à mon point de vue, mais ce n’est que le mien, point de vue global, Hillary Clinton ne sera pas élue en 2016, déjà parce qu’elle n’a pas la santé, et que là, aïe, elle est déjà trop âgée, elle a un gros boulet à la patte, c’est Bill Clinton, et de plus les citoyens américains ne l’apprécient guère.


      • LeKing LeKing 1er février 2016 00:06

        Je ne suis pas convaincu que Hillary, en 2008 aurait remporté les primaires Démocrates en faisant un barouf incroyable dans l’Iowa. Elle avait terminé avec 2000 ou 3000 voix d’avance sur Obama (si mes souvenirs sont bons) ; avec un gros forcing elle aurait terminé avec 9000 ou 10 000 voix d’avance dans l’Iowa, et pas évident que la commission du parti Démocrate lui aurait attribué la totalité des grands électeurs...

         Rappelons que dans un premier temps, la commission électorale avait attribué la totalité des grands électeurs de l’Iowa à Obama, et pour faire suite à la réclamation des partisans d’Hillary, elle avait soit-disant exécuté un jugement « digne de Salomon » en faisant fifty-fifty, la moitié des grands électeurs à chacun des deux protagonistes cités, alors que le dernier caucus s’était tenu. Ce « cadeau » de Grands électeurs de dernière minute n’était qu’un maigre lot de consolation...

        je souscris au pronostic de Simple citoyenne, ayant une grande connaissance de l’Amérique profonde, je sais que le jeunisme forcené de la population plaide contre Hillary, mais pas contre Trump, car il se jette « comme un jeune homme » sur des types costauds au premier rang d’un combat de catch ou de boxe, et il arbore une moumoute blonde, pas blanche ; autrement dit il a l’art de faire illusion pour paraître moins que son âge. C’est réellement sidérant de voir les politoscopes sur les plateaux télé annoncer pince-sans-rire que H’illary ne fera qu’une bouchée du « Donald » (et Mickey ??!) , faut vraiment ignorer que les grandes villes ne représentent au mieux que 8% de la population américaine, et le reste, beaucoup de Marge Simpson, n’aura jamais le réflexe « vote féministe ».

         Le résultat sera avec peut-être, mais alors un tout petit peut-être, une majorité absolue de voix pour Hillary, mais une majorité de Grand électeurs pour Trump. Quand John Kerry a perdu face à W, c’était la quatrième ou cinquième fois dans l’histoire de cette élection qu’un candidat malheureux se retirait avec la majorité absolue des voix. Des intervenants divers, aux States, avaient dit « Il est grand temps de changer la Constitution pour que ça n’arrive plus jamais ! » ; lors d’un repas de famille, j’avais commenté en disant : « Pour rien au monde les ricains ne changeraient ce point là » , suffisait de voir le conservatisme qui maintient dans la Constitution le droit de s’armer librement. De nos jours ce point là non plus de la Constitution n’a varié d’un iota.

        • Simple citoyenne Simple citoyenne 1er février 2016 09:35

          Bonjour à vous LeKing ; j’adhère complètement à ce que vous dites, surtout concernant Trump ! Bravo !


        • Trelawney 2 février 2016 15:16

          Iowa avec comme principale ville Desmoines n’est pas un état très glamour. les gens sont travailleurs (quand il y a du boulot) austère et très croyant. Hillary avait snobé cet état en 2008 pensant qu’un noir y aller faire un score médiocre et c’est plantée pour le reste des primaires.

          Cet état n’est pas très bling bling et c’est pour cela que Trump n’a pas fait le résultat escompté sans être pour autant un résultat médiocre. La grande surprise est Sanders qui a l’aval des jeunes du pays. Je mettrais bien une petite pièce pour Sanders président


          • Simple citoyenne Simple citoyenne 7 février 2016 11:36

            Je me permets de revenir sur votre article ; juste passer cette information très « drôle » et assez piquante, concernant Ted Cruz  : Tout le monde déteste Ted Cruz : Extrait :

            Un « con insupportable »

            "Personne ne l’aime. Personne au Congrès de l’aime. Personne ne l’aime, nulle part, dès le moment où ils apprennent à le connaître." Le constat lapidaire est, certes, signé Donald Trump, un homme qui n’a jamais mis les pieds au Congrès. Il suffit pourtant de faire un tour rapide de la presse américaine pour se rendre compte qu’il fait quasiment consensus. La haine contre Ted Cruz est générale, partagée. On en trouve des traces à tous les niveaux de la sphère politique, à droite comme à gauche. Et là encore, ce sont moins ses idées que sa personnalité qui horripile.

            Le jeune Ted Cruz avait participé à la campagne présidentielle de George W. Bush en 2000, où il n’a pas laissé un bon souvenir. Un proche conseiller de Bush se rappelle d’un « con insupportable », « ultra-arrogant et largement détesté ».

            "La façon la plus rapide de mettre un terme à une réunion était de voir entrer Ted dans la salle. Les gens n’allaient pas en réunion s’ils savaient qu’il y participait."

            http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2016/02/01/tout-le-monde-deteste-ted-cruz/

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