• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Actualités > International > Qu’y a-t-il de commun entre Moncef Marzouki, d’une part, et (...)

Qu’y a-t-il de commun entre Moncef Marzouki, d’une part, et Laurent Gbagbo et Cheikha Mozah du Qatar, d’autre part ?

1. Le syndrome de Laurent Gbagbo chez Moncef Marzouki, ancien président provisoire tunisien

2. Moncef Marzouki, Cheikha Mozah du Qatar et les Droits humains

3. Élections tunisiennes 2014 : Moncef Marzouki le champion des fraudes et abus

4. Moncef Marzouki, soutien inconditionnel à la confrérie des Frères musulmans

Dessin du caricaturiste tunisien Lotfi Ben Sassi publié le 30 avril 2015*.

 

1. Le syndrome de Laurent Gbagbo chez Moncef Marzouki, ancien président provisoire tunisien

Le syndrome de Laurent Gbagbo chez Moncef Marzouki est apparu publiquement, pour la première fois, lors de sa campagne électorale quand il a choisi comme slogan "On gagne...ou on gagne ! ", slogan qui fut, tout simplement, plagié sur le titre "On gagne ou on gagne" d’une chanson de propagande (voir vidéo ci-dessous) consacrée au régime de l’ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo.

D’ailleurs, son livre-programme, publié chez Dar Al-Moutawassitya, sentait déjà du Gbagbo dans son titre, à savoir : « On gagne… ou on gagne. Pour un printemps arabe ».

 

 

Moncef Marzouki s’est distingué pendant toute sa vie politique par le brandissement des doigts de la victoire, en toute occasion, et surtout quand il est perdant ! Par exemple, sur la photo ci-dessus prise le 23 décembre 2014 sur le balcon de son quartier général de campagne à l’Ariana, le lendemain de sa mise KO par Béji Caid Essebsi, lors de son discours de défaite [1], évidemment transmis en direct et en intégralité sur la chaîne qatarie Al-Jazeera dont il est l’un des scribes officiels et l’un des protégés des propriétaires, discours au cours duquel il a annoncé la création de son fameux mouvement baptisé Mouvement du Peuple des Citoyens. Du jamais vu dans les annales des élections politiques : voilà un candidat perdant qui, d’une part, tout au long de son premier discours après l’annonce officielle de sa défaite-par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE)-n'a pas cessé de brandir les doigts de la victoire (essayez de compter le nombre de fois, vous vous en lasserez !) et, d’autre part, a annoncé la création d’un nouveau mouvement politique ! Sans oublier que ce même Moncef Marzouki avait annoncé, le 20 novembre 2014 sur les ondes d’Express Fm dans l'émission Expresso, son retrait de la vie politique, en cas d’échec à l’élection présidentielle, et ce en déclarant : « Je considérerai que ma mission est accomplie après 30 années de labeur. Je me consacrerai à d’autres domaines, à l’écriture, aux Droits de l’Homme et à la médecine. Je n’occuperai pas d’autres postes au CPR ». Il faut être un Moncef Marzouki pour le faire ! Au cours de ce discours, il a développé, aussi, son thème populiste favori réservé aux auditoires islamistes de toutes catégories, des politiques aux miliciens fascistes des LPR (milices autoproclamées « Ligues de Protection de la Révolution »), thème appelant, implicitement, à la haine, à la violence et à la discrimination, thème qu’il ne développe jamais devant les auditoires et médias non islamistes, et surtout quand ils sont occidentaux, thème diviseur des citoyens, en déclarant, en particulier : « Je demande à tous les démocrates dont le problème est la défense des libertés, des droits et de la dignité et non de la forme superficielle de ce qu’ils appellent le modernisme qui ne se consacre qu’à l’apparence et à la haine de l’identité arabo-musulmane, je leur demande de rejoindre [mon mouvement] » [2]. Faut-il rappeler, dans ce contexte, que Moncef Marzouki fut le candidat de tout le spectre islamiste, depuis les partis politiques reconnus officiellement jusqu’aux mouvements salafistes djihadistes soutiens des terroristes dont il a honoré les chefs en les recevant, plus d’une fois, au Palais présidentiel de Carthage, du temps où il était locataire de ce Palais. C’est, également, au cours de ce discours que Moncef Marzouki, devant sa défaite, a manifesté, encore une fois, le syndrome de Laurent Gbagbo en pointant du doigt plusieurs fraudes et abus qui auraient été constatés lors du scrutin en déclarant «  Mon service juridique va présenter demain toutes les remarques relevées sur le terrain et va mettre l’ISIE devant ses responsabilités (…) Le peuple a le droit de connaitre la vérité » [1], et cela, devant une foule en délire chauffée à blanc, hurlant avec force : « Falsifiés, falsifiés, falsifiés », « le peuple veut le dépôt des recours » devant le Tribunal administratif. Moncef Marzouki, dans ce discours caractérisé par une incitation implicite au refus du résultat des élections, a appelé, sournoisement, ses supporters, qui scandaient à plusieurs reprises « Le peuple veut une nouvelle révolution  », à se mobiliser partout à travers le pays « pacifiquement » et à faire preuve de vigilance pour faire échec au retour de l’ancien régime, un des autres thèmes favoris de sa campagne, et, par « ancien régime », il sous-entend ses adversaires politiques victorieux des élections qu’il vient de perdre, comme il l’a exprimé de manière transparente, explicitement et à plusieurs reprises, samedi 25 avril 2015, lors d’une interview accordée à la chaîne Alaraby TV [3]. Mais, ses supporters, dans certaines régions du pays, avaient bien compris leur candidat (mauvais) perdant et n’avaient retenu que l’implicite, puisque, dès l’annonce des résultats officiels, plusieurs émeutes ont éclaté, les contestant, dont le bilan fut une vingtaine d’agents de sécurité grièvement blessés et plusieurs postes de Police et de la Garde nationale incendiés. Faut-il encore rappeler, dans ce cadre, pour les non-initiés, que Béji Caid Essebsi, le gagnant de ces élections avec un score de 55,68%, fut le candidat de tous les courants anti-islamistes, tous positionnements politiques confondus. L’amertume de la cinglante défaite de Moncef Marzouki, corroborée par ce score, en a fait un aigri politique jusqu’à oser affirmer, quant au rendement du gouvernement actuel en poste depuis moins d’un trimestre : « Je ne suis pas satisfait du rendement du gouvernement [Essid] et je crois qu’il n’existe aucune personne en Tunisie  qui en soit satisfait  » (voir [3], de la minute 33 :05 à la minute 34 :15).

 

2. Moncef Marzouki, Cheikha Mozah du Qatar et les Droits humains

Décidément, il continue à se prendre pour le messie et à prendre les tunisiens pour des benêts, surtout auprès de ses médias chéris étrangers dont font partie la chaîne qatarie Al Jazeera de propagande islamiste, et même djihadiste, et l’agence de presse turque « Agence Anadolu », appelée aussi « Agence Anatolie ». C’est du n’importe quoi, pour ne pas dire autre chose ! Et, lui, a-t-il fait mieux en plus de trois années à la magistrature suprême, à part couvrir et honorer les salafo-djihadistes et leurs soutiens et semer la discorde et introduire la mésintelligence parmi les citoyens ! Lui qui se targue, auprès de qui veut l’entendre, d’être, depuis toujours, un défenseur des droits humains agissant au-delà des frontières de son pays, lui le chroniqueur attitré de la chaîne Al Jazeera sur ces droits, comme le montre, par exemple, son article كيف نكون أحرارا؟ - الجزيرة ( = Comment être libre ?-Al Jazeera), pendant son mandat de président (ou bien avant, ou bien après), a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole au sujet des conditions esclavagistes dans lesquelles vivent les 2/3 des habitants du Qatar, pays de l’apartheid par excellence, ces 2/3 d’habitants constitués par cette sous-classe de travailleurs immigrés ghettoïsée, marginalisée dans la vie de la cité et surexploitée, a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole en soutien au jeune poète qatari Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, condamné dans son pays à la perpétuité pour avoir écrit en 2011 un poème ayant pour titre "Poème du Jasmin" où il rendait hommage à la Révolution Tunisienne, exprimant l’espoir que le changement puisse toucher d'autres pays arabes en clamant "Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive", a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole en soutien à Mahmoud Bouneb, ce citoyen tunisien, journaliste d’Al-Jazeera, otage d’une injustice, détenu au Qatar depuis le mois de septembre 2011, qui serait victime de Cheikha Mozah du Qatar dans une affaire de gros sous [4], et j'en passe et des meilleurs ! Et ce n'est pas tout, car dans son allégeance indéfectible envers les cheikhs et les cheikhas du Qatar, il est allée jusqu’à menacer publiquement ses administrés qui s’en prennent à ce pays en déclarant « Je considère que les gens qui s’en prennent à cet état frère [le Qatar] par les insultes et les offenses sont des gens qui doivent assumer leurs responsabilités face à leur conscience et devant la justice » [5]. Autrement dit, lui et les Droits humains, à l’instar, d’ailleurs, de sa protectrice Cheikha Mozah [qui est, aussi, Présidente de la Fondation Arabe pour la Démocratie, domiciliée à Doha, capitale du Qatar, et membre étranger de l'Académie Française des Beaux-Arts (Eh ! oui !)], c’est « Paroles, paroles, paroles et encore des paroles ». Et, il l’a bien confirmé, ignoblement, en livrant Baghdadi Mahmoudi (dernier Premier Ministre du Régime Kadhafi, réfugié en Tunisie) à la Libye [6], alors qu’à ce jour, aucun pays au monde n’a extradé un ancien collaborateur de Kadhafi vers ce pays, qui plus est, c’est un pays en proie à une guerre civile, caractérisé par l’absence de l’État, otage de milices islamistes armées faisant régner, partout, le chaos et la terreur, conditions qui priveraient Baghdadi Mahmoudi d’un procès équitable et impartial offrant les garanties liées aux Droits de la Défense.

 

3. Élections tunisiennes 2014 : Moncef Marzouki le champion des fraudes et abus

Quant aux fraudes et abus dont il est question ci-dessus, le verdict est tombé le jeudi 23 avril 2015 par la publication du Rapport de l’ISIE relatif au déroulement des élections législatives et présidentielles 2014, Rapport qui a recensé toutes les fraudes à la loi électorale commises par tous les candidats [7]. Et, en haut du podium des contrevenants, qui trouve-t-on ? Eh bien le candidat qui s'est le plus plaint des abus et infractions, à savoir Moncef Marzouki ! Dans le palmarès de ce champion des fraudes et abus, le Rapport de l’ISIE cite l’affichage illégal, la publicité politique et de campagne électorale en dehors des lieux autorisés, comme les administrations publiques, l’appel à la haine, à la violence et à la discrimination, le non-respect du silence électoral, les sms envoyés le dernier jour pour inviter les gens à voter pour lui, l’utilisation exagérée des moyens de l’État dans sa campagne électorale tels que les véhicules du ministère de l’Intérieur, de la présidence de la République et de la Société nationale des transports, la mobilisation d’un nombre impressionnant d’agents des forces de sécurité intérieure et de la sûreté présidentielle pour assurer ses déplacements.

 

4. Moncef Marzouki, soutien inconditionnel à la confrérie des Frères musulmans

Samedi 25 avril 2015 s’est tenu au Palais des Congrès à Tunis le premier congrès du Mouvement du Peuple des Citoyens. À cette occasion, Moncef Marzouki a prononcé un long discours, populiste comme à son habitude, au cours duquel, malgré le Rapport de l’ISIE qui l’a classé champion des fraudes et abus, il a déclaré avec un culot inouï : « Nous ne pouvons pas nous taire devant les graves fraudes que les élections [législatives et présidentielles de 2014] ont connues et il est nécessaire que la justice, qui a été saisie du problème, se prononce sur cette question et il est nécessaire que l’opinion publique connaisse tous les détails de ces fraudes afin que la neutralité de l’administration et des médias soient garantie et afin que ces mêmes erreurs ne se renouvellent pas dans l’avenir ». De plus, pour plaire à ses électeurs islamistes et à leur protecteur, le Qatar, il n’a pas hésité à brandir la « Main de Rabaa » (ou « Main de Rabia », la main droite levée avec le pouce reposant sur la paume, voir la photo ci-dessous), geste qui représente un soutien inconditionnel à la confrérie des Frères musulmans [8], et ce, après avoir auparavant déclaré : « Nous avons besoin de revenir à l’abc de ce que l’on appelait la Gauche, et cela en considérant que l’ennemi est la pauvreté et non l’Islam, en considérant que les adversaires sont les corrompus et les fraudeurs de toutes sortes et non les islamistes (…) La question la plus difficile est comment traiter la crise des valeurs ? Il y a une nécessité de retourner aux fondamentaux de notre religion  ». Il ne s'agit pas d'un geste improvisé, puisqu'il est annoncé, par écrit, dans le chapitre sur les affaires étrangères du texte de son discours rédigé à l’avance, texte que l'on peut retrouver intégralement dans [9]. Comme c’est parti, après le brandissement des doigts de la victoire, Moncef Marzouki va se distinguer, maintenant, par celui de la « Main de Rabaa ». Mais, ce que les islamistes de tous bords attendaient probablement de lui, quand il était aux affaires, quand il sillonnait le monde, du Parlement européen à l’Assemblée générale des Nations Unies, de réunion ou conférence internationale à réunion ou conférence interrégionale,…, lui le Président-voyageur qui en 2 ans a voyagé plus que le Président déchu Ben Ali en 23 ans [10], ce qu’ils attendaient de lui, c’est qu’il ait le courage de brandir la « Main de Rabaa » devant ces illustres auditoires et leurs médias. Et, il ne l’a pas fait (et, il n’osera jamais le faire), car, cela aurait nui à son fonds de commerce de droit-de-l’hommiste en faillite très avancée qu’il essayait de faire fructifier frauduleusement auprès des étrangers, essentiellement non arabo-musulmans.

 

Salah HORCHANI

*https://www.facebook.com/Edito.tn/photos/a.318160464942128.71141.318050071619834/811935688897934/?type=1&theater

[1]http://www.businessnews.com.tn/devant-des-milliers-de-personnes-marzouki-met-en-doute-les-resultats-des-elections-video,520,52305,3

[2] Voir la vidéo, contenue dans la référence [1] ci-dessus, de la minute 11 :25 à la minute 11 :43.

[3]https://www.youtube.com/watch?v=ADGs06mUClQ&feature=youtu.be

[4]Voir mon article intitulé « Le journaliste tunisien Mahmoud BOUNEB serait victime de Cheikha Mozah du Qatar dans une affaire de gros sous ! », paru sous le lien suivant : 

http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/060714/le-journaliste-tunisien-mahmoud-bouneb-serait-victime-de-cheikha-mozah-du-qatar-dans-une-affaire

[5] Voir le chapitre 4 de mon article intitulé « Le qatarisme, ce fléau qui nous menace ! Aujourd’hui, la Tunisie, et demain, qui sait, la France ! », paru sous le lien suivant : 

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/le-qatarisme-ce-fleau-qui-nous-135242 

[6] Voir mon article intitulé « Monsieur le Président Tunisien, l’extradition de Baghdadi signe votre échec en matière de Défense des Droits Humains ! », paru sous le lien suivant : 

http://www.legrandsoir.info/monsieur-le-president-tunisien-l-extradition-de-baghdadi-signe-votre-echec-en-matiere-de-defense-des-droits-humains.html

Voir, aussi :

http://www.mosaiquefm.net/fr/index/a/ActuDetail/Element/35050-h-jebali-moncef-marzouki-etait-au-courant-de-l-extradition-de-baghdadi-mahmoudi

où il est écrit : « L’ancien chef du Gouvernement, Hamadi Jebali, a assuré que le Président de la République Moncef Marzouki était au courant de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi vers la Libye malgré ses déclarations ».

[7] Voir, par exemple, le lien suivant :

http://www.tunisienumerique.com/tunisie-epingle-par-lisie-marzouki-a-commis-le-plus-de-fraudes-lors-des-dernieres-elections/253107

 [8]http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/230315/attentat-terroriste-du-bardo-ces-nahdhaouis-qui-sont-freres-musulmans-avant-d-etre-tunisiens

[9]https://www.facebook.com/notes/924317054302181/

[10]http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/280913/le-chant-du-cygne-du-president-voyageur-tunisien


Moyenne des avis sur cet article :  5/5   (3 votes)




Réagissez à l'article

4 réactions à cet article    



    • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 3 mai 2015 18:00

      Le Qatar et ses agents de l’Internationale islamiste ne veulent pas nous lâcher les baskets 

      « Les islamistes confèrent sur le terrorisme, c’est comme si les souteneurs de Pigalle conféraient sur la prostitution »  :

       

      http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/020515/les-islamistes-conferent-sur-le-terrorisme-c-est-comme-si-les-souteneurs-de-pigalle-conferaient

       

      Salah HORCHANI


      • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 11 mai 2015 09:44

        Moncef Marzouki, coach officiel des Frères musulmans

        « Ce mercredi 6 mai 2015, Moncef Marzouki,  ancien président provisoire tunisien et ex-militant des Droits humains, était l’invité d’honneur d’un séminaire organisé, à Paris, par la confrérie des Frères musulmans, et cela, en tant que coach pour l’aider à gagner la sympathie des organisations intervenant dans le domaine des Droits humains afin de se refaire une nouvelle virginité auprès de l’opinion publique internationale, surtout occidentale, en vue d’acquérir un soutien mondial en réponse à sa classification d’organisation terroriste par l’Égypte ».

         

        Extrait de :

        http://blogs.mediapart.fr/blog/salah-horchani/100515/la-photo-du-jour-ca-y-est-moncef-marzouki-introduit-la-main-de-rabaa-comme-signe-du-salut-collec

         

        Salah HORCHANI


        • HORCHANI Salah HORCHANI Salah 13 mai 2015 07:17

          Moncef Marzouki : comment être libre tout en étant à la solde d’Al Jazeera ?


          Le président Moncef Marzouki vient de publier son huitième article, en tant que président de la République, sur le site de la télévision qatarie Al Jazeera. Un article où il parle de liberté théorique qui a du mal à être appliquée dans la pratique.

          Depuis la révolution du 14 janvier 2011, Moncef Marzouki a rédigé douze articles sur le site d’Al Jazeera. Trois avant les élections du 23 octobre, un quinze jours après et huit depuis qu’il occupe le poste de président de la République.
          Moncef Marzouki n’en a cure, visiblement, de toutes les critiques qui le ciblent, Al Jazeera et lui-même.

          Jamais un président en exercice n’a pourtant commis de tels impairs. Le premier de ces impairs est qu’il est inconcevable qu’un président trouve le temps matériel nécessaire pour rédiger ses réflexions à la manière d’un intellectuel qui rédige dans un blog ou d’une adolescente qui rédige ses notes intimes.

          L’autre impair est dans le choix d’un support étranger pour publier ces réflexions. La Tunisie ne manque pourtant pas de titres, imprimés et électroniques, capables de publier les réflexions présidentielles, sans censure aucune.

          Enfin, le choix même d’Al Jazeera, pour publier ces réflexions, est objet de discorde et une insulte à l’esprit droit de l’hommiste dont se prévaut Moncef Marzouki.

          Pourquoi et pour qui écrit Moncef Marzouki ?
          Le site d’Al Jazeera est le média électronique le plus lu dans le monde arabe, bien qu’il ne se classe premier nulle part. Il doit sa notoriété plutôt par le cumul des visites à travers les différents pays que par sa notoriété dans chacun de ces pays arabes. Au Qatar, et d’après les chiffres d’Alexa (non scientifiques et ne reflétant qu’une tendance) , Al Jazeera se classe 35ème site le plus visité et 7ème média le plus lu.

          De par les pourcentages de ses visiteurs, le site d’Al Jazeera a le taux le plus élevé en Arabie Saoudite (13,2% de ses visiteurs) où il se classe 129ème site le plus visité, puis en Egypte (12,4% de ses visiteurs) où se classe 152ème , puis aux Etats-Unis (8,4% de ses visiteurs) où il se classe 4515ème, puis au Qatar (6,3% de ses visiteurs) où il est 35ème.


          Quant au pourcentage de visite des Tunisiens, théoriquement public cible de Moncef Marzouki, le pourcentage de visite n’est que de 1,8% et le site qatari se classe à la 176ème place.

          Loin derrière les médias les plus visités du pays tels Mosaïque FM (la Tunisie représente 82,6% des visites), premier média en Tunisie qui se classe 10ème, sur internet, ou de Business News (la Tunisie représente 82,1% des visites) qui se classe 34ème et occupe la tête des médias électroniques francophones.

          Au vu des statistiques d’Al Jazeera, le président de la République n’a donc aucun intérêt à publier sur ce site, au vu de l’audience bien minime de ce site chez les Tunisiens.

          Outre les problèmes monstres d’absence de crédibilité et de partialité aveugle frisant l’extrémisme, l’autre souci avec Al Jazeera est d’ordre éthique. C’est bien cette chaîne qui employait le journaliste tunisien Mahmoud Bouneb, actuellement détenu en toute illégalité au Qatar d’où il est empêché de quitter le territoire depuis 2012. M. Bouneb n’a pas été jugé et n’est pas en prison, il est juste interdit de voyage sur une décision de justice contraire à la loi qatarie et basée sur des accusations dénuées de preuves acceptables. Officiellement, on lui reproche d’avoir dilapidé les fonds publics qataris lorsqu’il dirigeait deux chaînes de la galaxie Al Jazeera. Concrètement, le journaliste tunisien n’a pas obéi aveuglément aux ordres de ses maitres de la famille dirigeante de l’émirat. La réaction du pouvoir ne s’est pas faite attendre et a été dans le sillage même de toute dictature qui se respecte.

          Paradoxalement, c’est ce même support que choisit le président tunisien pour parler de libertés et de Droits de l’Homme.

          Toujours avec l’éthique, un scandale en rapport avec les liens de Marzouki et Al Jazeera a éclaté en mars 2013 avant d’être rapidement étouffé pour qu’il ne soit plus traité par les médias, aussi bien tunisiens qu’étrangers.

          En ce samedi 9 mars 2013, Salam Zahran, directeur de Media Focal Center, sise au Liban, affirme que le président tunisien travaillerait pour la chaîne de télévision Al Jazeera et en percevrait un salaire mensuel de 50 mille euros. L’information a été diffusée au micro du journaliste Zouheïr El Jiss sur les ondes de la radio tunisienne Express FM. Elle sera démentie mollement par le chef de cabinet de Marzouki, à l’époque, sur Mosaïque FM, puis le lendemain par le biais d’un communiqué officiel émis par la présidence.

          Une plainte sera, par la suite, déposée en justice et impliquera le journaliste d’Express FM et son invité Salam Zahran.

          A défaut de pouvoir l’étayer par des preuves, aucun média n’a pu rebondir sur ce scandale. N’empêche la suspicion continue et Moncef Marzouki n’arrange en rien la situation en continuant à « collaborer » avec Al Jazeera. Depuis la déclaration de M. Zahran, le président de la République a publié quatre tribunes. Soit avec le rythme d’une tribune par trimestre.


          Pourtant, force est de reconnaitre que face à pareils doutes, n’importe quel homme politique se serait abstenu de continuer ce type de collaborations (en supposant qu’elles soient gracieuses) ne serait-ce que pour couper court aux polémiques improductives et aux suspicions fatales et salissantes.


          Mais là n’est pas l’avis de Moncef Marzouki qui continue, contre vents et marées, à éditer ses articles dans un support étranger, financé par des entités ne respectant pas les Droits de l’Homme et ne générant pas une audience respectable digne d’un chef d’Etat.


          Source :


          http://www.businessnews.com.tn/details_article.php?temp=1&t=519&a=45849 


          Salah HORCHANI

           

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON



Publicité



Les thématiques de l'article


Palmarès



Publicité