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Quand l’Afrique s’éveillera...

L’élection présidentielle au Sénégal jette un coup de projecteur salutaire sur l’Afrique. La pauvre Afrique penseront beaucoup. Et c’est vrai que depuis un demi-siècle, bien des territoires du continent ont subi guerres civiles, famines, déstabilisations politiques et toutes sortes de dévastations. Un rapide tour d’horizon peut aller de la Libye de Kadhafi au Niger, terre de coups d’état.

Le Nigeria est en ce moment même aux prises avec des violences significatives ; le Soudan sort, peut-être, d’une terrible guerre civile et doit faire face à une partition ; l’Angola, le Mozambique ont été ravagés eux aussi par des guerres intérieures. La Somalie est devenue un désert, l’Éthiopie a connu le colonel Mengistu, communiste sanglant. Trente ans de communisme également ont transformé le Zimbabwe en l’un des trois pays les plus pauvres du monde. Du temps où ce territoire s’appelait la Rhodésie, son surnom était « la Suisse de l’Afrique ». Le Congo est dévasté depuis longtemps déjà par des évènements sanglants ; la Centrafrique a connu l’épisode Bokassa et l’Ouganda celui d’Amin Dada. Ici ou là des évènements si terribles qu’on a pu parler de génocide. Le Tchad est en proie à de régulières déstabilisations. La jusque-là tranquille Côte d’Ivoire a connu les évènements que l’on sait. Le Sénégal prend peut-être le même chemin. La liste est loin d’être exhaustive car l’on ne saurait passer complètement sous silence les despotes en Égypte, en Tunisie, au Gabon.

D’où vient ce désastre ? Y a-t-il des éléments d’espérance ? On peut parler de désastre car aucun internaute ne pourrait penser, s’il n’est économiste, que dans les années 50 le revenu par tête était supérieur en Afrique par rapport au continent asiatique. De plus, l’écart s’accroît entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres. Les progrès spectaculaires de l’Inde et de la Chine cachent par l’immensité des populations concernées que si les inégalités se sont réduites au niveau mondial, elles se sont aggravées aux deux extrémités de la distribution. Une première idée vient à l’esprit pour expliquer l’accroissement de l’écart. C’est celle selon laquelle l’ouverture au commerce international provoque des inégalités croissantes. Les riches le seraient toujours plus, les pauvres également. C’est la thèse de l’échange inégal selon laquelle ce que l’un gagne, l’autre le perd. Sur le plan de l’opinion publique, cela donne le Sud exploité par le Nord, les pauvres par les riches et nous assisterions au pillage des richesses de l’Afrique. Cette thèse doit pouvoir se démontrer. Or du Maroc à l’Afrique du Sud, du Kenya au Gabon, les très rares pays qui ne se sont pas fermés à l’échange sont parmi ceux qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu. A l’inverse l’Éthiopie, l’Algérie, l’Angola, les deux Guinées et tous ceux, qui, victimes de fausses idées, ont choisi le protectionnisme et l’autarcie se sont enfoncés dans une misère irrémédiable. Une deuxième piste peut être évoquée du côté de la colonisation.

Là encore elle doit pouvoir se vérifier. Si la colonisation dans son principe est une prédation, les travaux dont nous disposons, évoqués dans des éditos précédents, ne permettent pas sérieusement de conclure sur un pillage par les métropoles des colonies (sur ce sujet l’ouvrage de Jacques Marseille « Empire colonial et capitalisme français », Albin Michel a clos le débat, du moins chez les gens honnêtes et informés). Et pourtant l’écart continue à perdurer et même à s’accroître. De quoi a donc besoin l’Afrique pour réussir son décollage ? Pour beaucoup, l’aide au développement doit substantiellement s’accroître. Cette idée compassionnelle a la faveur de toutes les bonnes âmes. Mais depuis les travaux de Peter Bauer, de William Easterly et de la Zambienne Dambiza Moyo (« L’Aide Fatale », J-C Lattès) le doute n’est plus permis. L’aide au développement, loin de sortir les pays de la pauvreté ne fait que rendre la situation plus précaire. L’aide internationale est largement détournée et renforce les dictateurs locaux. Une deuxième piste des bonnes âmes de l’Occident est de conseiller aux Africains d’être le laboratoire écologique du monde. Dit autrement, les Africains n’auraient pas le droit au développement. Ce paternalisme de nos écologistes remportera un vif succès s’il est présenté au Soudan, au Niger, en Angola…Et pourtant nous avons titré « Quand l’Afrique s’éveillera… ». Une nouvelle génération est en effet en train d’émerger. Elle a tiré les leçons de ce qui a permis au XIXème siècle à l’Occident, au XXème siècle en Asie de passer d’une pauvreté dramatique au niveau de vie, de protection médicale que nous connaissons aujourd’hui. Ces règles immuables, qui, partout ont fait leurs preuves ont pour nom le marché, la liberté, les droits de propriété, la concurrence, le libre-échange, la stabilité juridique, l’état de droit, le respect des contrats. Certains pensent qu’il faut y ajouter la démocratie. On ne peut pas les suivre sur ce terrain car la Chine est en train de démontrer que ce n’est pas la forme des institutions qui assure le développement économique. Un dernier point : certains prétendent que l’Afrique est condamnée à la pauvreté et qu’une dramatique fatalité s’abat sur elle. Ce sont les mêmes ignorants qui avec les mêmes thématiques, à une génération de distance, nous expliquaient doctement que la Chine n’était pas apte au développement. La Chine s’est éveillée. Quand l’Afrique s’éveillera…

Serge Schweitzer - News of Marseille


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2 réactions à cet article    


  • Lisa SION 2 Lisa SION 2 1er mars 2012 12:33

    Bonjour,

    pour que l’Afrique s’éveille, si elle arrive à se délier des chaines de nos modèles de société nucléopathes, et nous convertir au solaire avec son milliard d’habitant et son territoire trois fois plus grand, elle sera championne du monde de matières premières naturelles. Sauf si elle décide de demander le statut de patrimoine mondial de l’humanité...inviolable bien sûr !


    • francoyv francoyv 1er mars 2012 19:54

      Et l’analyse sur les espoirs en le Sénégal, elle est restée en berne ?

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