Rio : symbole de la violence au Brésil
Le 4 juillet dernier, j’écrivais la première partie d’un dossier consacré au Brésil, dans laquelle j’argumentais sur les sérieux problèmes de pauvreté et de criminalité que rencontre le pays. Suivons une fois de plus la dure réalité telle qu’elle est vécue sur place...
(cf. Un autre Brésil)
Ce matin, des volontaires du mouvement Rio de Paz (Rivière de Paix) ont fait de la plage de Copacabana, au sud de Rio de Janeiro, un véritable “cimetière”. La plage la plus célèbre au monde a en effet été couverte de 3 000 sacs en plastique noirs remplis de sable, pour protester contre la violence qui a fait 3 000 morts dans les 6 premiers mois de l’année 2007 dans le seul Etat de Rio de Janeiro...
Antônio Carlos Costa, coordinateur de Rio de Paz, a expliqué cette action symbolique en affirmant qu’une “ville qui peut s’unir pour organiser les Jeux Panaméricains (ndla. compétition multisports organisée tous les quatre ans, dans laquelle participent les athlètes des pays du continent américain - Rio a organisé les Jeux 2007 du 13 au 29 juillet dernier), qui furent une fête magnifique, peut également s’unir pour défendre la vie, pour que Rio de sangue (rivière de sang) se transforme en Rio de Paz (rivière de paix)“.
Rio est de loin l’une des villes les plus violentes du monde avec un taux d’homicides extrêmement élevé : 50 pour 100 000 habitants. Un taux de loin supérieur à celui du Brésil-même avec ses 23 pour 100 000 habitants, et pratiquement égal à celui de l’Afrique du Sud, dont le taux de 55 à 65 serait le plus élevé au monde (pour comparaison, la France a un taux de 0,7 !) [source INED]. C’est pourquoi, à l’occasion des Jeux Panaméricains de cette année, celle que l’on surnomme au Brésil “Cidade maravilhosa” (ville merveilleuse) avait reçu le support de 6 000 policiers d’élite de la Force de sécurité nationale, 3 000 policiers fédéraux et 15 000 policiers locaux. Mais les Jeux terminés, les renforts de sécurité ne se sont pas éternisés et ont abandonné Rio à ses démons.
Costa déplore que “malgré les efforts du gouverneur dans le domaine de la sécurité, le problème est un problème chronique, et il n’y a pas eu de changement significatif jusqu’à présent. Cette guerre, nous ne pouvons la gagner qu’avec l’appui de la population. C’est un défi pour notre société toute entière”.
Aujourd’hui, le président brésilien Lula da Silva a annoncé que son gouvernement allait investir près de 3,6 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) pour l’urbanisation et l’assainissement des favelas (bidonvilles) du pays. La capitale Brasilia et douze régions seraient concernées. Lors de son annonce, Lula a déclaré : “Nous allons apporter de l’asphalte, de la lumière, des espaces de détente, pour pouvoir alléger les souffrances de millions de Brésiliens”.
Un cinquième des 6 millions d’habitants de Rio réside dans plus de 700 favelas. Un sixième pour les 11 millions d’habitants de Sao Paulo. Cela suffira-t-il vraiment ?
(légende de la photo : Champ de bataille - Rio pleure les 3 000 victimes de meurtres en 2007. Copacabana, 04.08.2007)
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