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Ukraine, victime de son extrême droite

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Extrême droite ukrainienne

On aura tout fait dire au peuple ukrainien, mais le peuple ukrainien, qu'a-t-il vraiment dit ? En 2019, il a voté pour Volodymyr Zelensky qui est devenu Président. Il était opposé au Président précédent, issu de la révolution du Maïdan. Petro Porochenko représentait la ligne dure de ce coup d'état, à peine plus présentable que les néo-nazis siégant alors à la Rada.

On se souvient de son discours télévisé à Odessa, dont le journal Libération a fait vérifier la traduction, et où il ne cachait pas son hostilité envers les Ukrainiens du Donbass :

Parce que nous aurons du travail, tandis qu’ils n’en ont pas. Nous aurons des retraites - tandis qu’ils n’en ont pas. Parce que nous allons soutenir les gens, les enfants et des personnes âgées - et eux, ils ne les soutiennent pas. Chez nous les enfants iront à l’école, et chez eux ils vont rester dans des caves. Parce qu’ils [les pseudo-séparatistes] ne savent rien faire. C’est ainsi, c’est précisément ainsi que nous allons gagner cette guerre

Mais ça c'est Porochenko. Volodymir Zelenksy, lui, a un discours beaucoup plus posé, et lors de son investiture, il est largement applaudi lorsqu'il évoque le règlement pacifique qu'il envisage pour le Donbass :

Оригінал статті - на сайті Українського кризового медіа-центру : https://uacrisis.org/fr/71943-weekly-update-ukraine-16-13-19-may

On m’a souvent demandé : “Qu’est-ce que vous êtes prêt à faire pour le cessez-le-feu. Étrange question. Et qu’est-ce que vous êtes prêts à faire pour préserver la vie de vos proches ? Je peux vous assurer que pour que nos héros ne meurent plus, je suis prêt à tout. Je suis prêt à perdre ma popularité et mon poste, pour que la paix s’installe, sans perdre notre territoire.[1]

Pour cela il suffit d'appliquer les accords de Minsk, qui prévoient explicitement que tout le Donbass reste ukrainien, avec un peu plus d'autonomie. Cependant, les changements constitutionnels demandés n'étant pas du goût de la majorité de la Rada, Zelenksy va provoquer des législatives anticipées pour accélérer le processus.

On arrive donc à une deuxième consultation du peuple.

En Ukraine les élections législatives se font sur un scrutin de liste. La tête de liste du parti de Zelensky est un politicien du nom de Dmytro Razoumkov. C'est le président du parti, et il a un discours extrêmement populaire : il ne faut pas embêter les russophones, car sinon ils vont appeler les Russes au secours qui vont encore nous piquer du territoire.

Deux choses à dire : la première étant que le parti de Zelensky va faire un triomphe à ces élections et emporter la majorité absolue à la Rada. La seconde c'est que lors de ces deux consultations — les dernières consultations démocratiques ayant eu lieu en Ukraine — la volonté populaire est clairement en faveur d'un apaisement dans le Donbass.

La volonté populaire, oui, mais pas les groupes néonazi qui ont pignon sur rue en Ukraine. Bien que très peu représentés à la Rada depuis les dernières élections, ces groupes vont suffisament intimider Zelenksy pour le mettre sur le sentier de la guerre[2]. Des manifestations, parfois même sous le bureau présidentiel comme en 2020[3], vont contraindre Zelinsky a adopter une attitude beaucoup plus agressive à l'encontre des populations de l'est du pays.

Pour cela il doit d'abord se débarasser de Razoumkov, trop haut placé à la tête de la Rada, d'où il pourrait s'opposer aux plans de reconquête du Donbass par la force.

Le 3 octobre 2021, Zelensky critique publiquement Razoumkov, précisant qu' "il n'est plus membre de notre équipe"[4]. À partir de là, tout va très vite. Le parti le relève de toutes les fonctions qu'il peut. Le 7 octobre la Rada le déchoit de la présidence parlementaire. Entre-temps, Zelensky l'a évincé du Conseil de défense et sécurité.

La voie est enfin libre pour Zelensky qui peut en finir une bonne fois pour toute avec ces habitants du Donbass, réfractaires au coup d'état du Maïdan. Il va amasser de nombreuses troupes le long de la frontière, mais sera pris de vitesse par les Russes en février 2022.

Prête à attaquer le Donbass en masse, l'armée ukrainienne sera moins présente sur le reste du territoire, et pour l'instant elle doit concéder une bonne partie des oblast de Kherson et Zaporijjia.

___

Sources :

[1] Оригінал статті - на сайті Українського кризового медіа-центру

[2] Dorset Eye : Boris Johnson admet que l'extrême droite ukrainienne a détruit l'accord de paix en 2019

[3] Observateur continental : Zelensky deviendra-t-il la personnification de la trahison de l'Ukraine ?

[4] https://www.rferl.org/a/ukraine-parliament-speaker-razumkov-fired/31497427.html


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20 réactions à cet article    


  • Alana 3 avril 12:07

    Bien mais pourquoi deux paragraphes sont-ils répétés deux fois ?


    • Astrolabe Astrolabe 3 avril 17:32

      @Alana
              
      problème récurrent chez les copistes smiley


    • beo111 beo111 3 avril 17:34

      @Alana

      Erreur technique de ma part. Malheureusement invisible au moment de la relecture. Je vais demander à l’administration s’ils peuvent rectifier.


    • Alana 4 avril 10:17

      @beo111
       
      Merci.
      En cadeau :
      Une courte vidéo circule sur les réseaux sociaux qui, en quelques scènes, dépeint la situation actuelle en Ukraine et la politique mondiale beaucoup plus précisément que tous les rapports et commentaires des médias occidentaux.
       
      https://x.com/Pascal_Laurent_/status/1906265717759971626


    • Eric F Eric F 3 avril 19:10

      Merci pour cette présentation qui sort des entiers battus, Zelensky et son parti étaient sur une position modérée, mais ont été entrainés par les groupes d’influence ultra-nationalistes dans la voie de l’intransigeance


      • Seth 3 avril 19:41

        @Eric F

        « Être entraîné » c’est ce qu’on dit des ados qui font des conneries. Pour des chefs d’état ce n’est en aucun cas une excuse.

        Mais c’est une façon comme une autre d’expliquer que ce pauvre Zezette n’est pour rien dans ce qu’il se passe : c’est la faute des autres. Une cour de récréation en somme... 


      • Eric F Eric F 3 avril 19:52

        @Seth
        Ce n’est pas une excuse, mais une explication.


      • Seth 3 avril 20:29

        @Eric F

        ... un peu tirée par les cheveux...


      • Eric F Eric F 4 avril 10:56

        @Seth
        L’article m’a semblé convaincant sur cette question.
        Regardez un exemple du même phénomène de ’’radicalisation’’ de l’autre côté de la frontière, Medvedev naguère modéré et conciliant est devenu parmi les plus véhéments.


      • Christophe 4 avril 00:14

        Le 24 mars, par le biais du décret n° 117/2021, le président ukrainien Zelensky a signé ce qui revient à une déclaration de guerre contre la Russie, un décret sur les mesures pour la désoccupation et la réintégration de la Crimée occupée par la Russie

        .

        Ce décret établit que la reprise de la Crimée à la Russie est désormais la politique officielle de Kiev. C’est exactement ce qui a motivé l’expédition vers l’est d’une série de chars de combat ukrainiens sur des wagons plats, à la suite de la saturation de l’armée ukrainienne en équipements militaires comprenant des drones, des systèmes de guerre électronique, des systèmes antichars et des systèmes portatifs de défense aérienne (MANPADS) par les États-Unis.

        Si on ne tourne pas les yeux, c’est déjà une déclaration de guerre contre la Russie, au minimum la volonté d’en découdre.

        Donc le discours bien pensant d’une guerre non provoquée est un foutage de gueule sans nom mais il a ses adeptes.


        • beo111 beo111 4 avril 09:12

          @Christophe

          Merci beaucoup pour le lien, mais justement, datant de mars 2021, il est encore en mode Bisounours. Il faudrait le comparer à des décrets ultérieurs à l’éviction de Razoumkov.


        • Eric F Eric F 4 avril 11:09

          @Christophe
          Il n’y avait pas eu de traité ni de reconnaissance internationale du rattachement de la Crimée à la FDR, donc il était dans l’ordre des choses qu’après 2014 l’Ukraine ait pour objectif de la réintégrer. Comme la Serbie avec le Kosovo.

          L’attaque russe de février 2022 peut donc s’interpréter comme une opération préventive pour sécuriser l’accès territorial entre Russie et Crimée, avant que le processus d’otanisation de l’Ukraine la protège et renforce. Bon, et puis à l’occasion, un petit tour à Kiev pour intimider et possiblement promouvoir un régime favorable (dénazifié, selon la rhétorique).


        • Seth 4 avril 12:44

          @Eric F

          Il n’y avait pas eu de traité ni de reconnaissance internationale du rattachement de la Crimée à la FDR, donc il était dans l’ordre des choses qu’après 2014 l’Ukraine ait pour objectif de la réintégrer. Comme la Serbie avec le Kosovo.

          Il est semblablement dans l’ordre des choses que la Chine ait pour objectif de réintégrer Taïwan. 

          Avec l’approbation de l’oxydant, cela va sans dire.  smiley


        • Eric F Eric F 4 avril 13:59

          @Seth
          Si ce n’est que Taïwan est détaché de la Chine communiste depuis 75 ans, alors que pour la Crimée cela datait de très peu de temps quand Kiev a édicté la reprise.

          De toute façon, chacun sait (sans le reconnaitre souvent) que pour la Crimée le rattachement à la Russie est irréversible et a l’accord de la population locale, mais l’Ukraine ne peut pas officiellement renoncer, donc il faudra trouver une formule diplomatique dilatoire (du genre : pas de reconquête par la force, mais maintien de la revendication diplomatique).

          Pour Taïwan, le rattachement est un objectif pour la Chine, mais la population locale est opposée. Le précédent de Hong Kong montre qu’un compromis aboutit à la fin à une tutelle autoritaire. La Chine ne se cache pas son intention de procéder par la force contre la population locale, ce qui posera forcément problème.
          On ne sait pas ce que fera Trump ou son successeur, mais il est clair que l’Europe protestera pour la forme, mais n’enverra pas de contingent hors de sa zone (comme naguère pour le Népal).


        • Seth 4 avril 14:33

          @Eric F

          Si ce n’est que Taïwan est détaché de la Chine communiste depuis 75 ans, alors que pour la Crimée cela datait de très peu de temps quand Kiev a édicté la reprise.

          Et si ce n’est que la Crimée qui fut toujours russe, prise à l’Empire Ottoman en 1783, ne fut rattachée artificiellement à l’Ukraine qu’en 1954 par Khrouchtchev soit 60 ans avant le referendum de 2014.

          Elle est peuplée de Russes après le déplacement des Tatars qui en furent le peuple premier.


        • Seth 4 avril 14:55

          @Seth

          Et je le répète, l’Empire Russe eut pour origine le Rus de Kiévie qui s’étendit par la suite jusqu’à la Moscovie et au delà. La titulature des Tsars commençait ainsi : « Empereur et Autocrates de tous les Russies, de Moscou, Kiev, Vladimir, Novgorod ».

          Donc pour être conforme aux faits historiques, il faudrait en fait que l’Ukraine (qui n’a jamais existé que comme une partie de l’Empire)) parte à la conquête de la Russie et en installe la capitale à Kiev. 

          Là ! Çà vous va mieux comme ça ? smiley


        • Eric F Eric F 4 avril 17:32

          @Seth
          On pourrait aussi remonter au paléolithique, mais la situation qui compte, c’est celle en vigueur. La moitié des états de l’ONU n’existaient pas il y a un siècle, alors que l’Ukraine était une RSS.
          Lors de l’éclatement de l’URSS, chacun des états a déclaré son indépendance, la Russie n’avait pas formulé d’intention d’annexion ou de rectification de frontière, il y a même eu un traité frontalier russo-ukrainien en 2003, déposé à l’ONU https://treaties.un.org/Pages/showDetails.aspx?objid=08000002803fe18a&clang=_en


        • Eric F Eric F 4 avril 19:45

          @Seth
          Sans remonter au paléolithique, si la Crimée a été prise à l’empire ottoman à la fin du 18è siècle, elle n’a donc pas ’’toujours’’ été russe, mais on peut dire qu’elle l’a été un peu plus de 170 ans avant d’être rattaché à l’Ukraine il y a 70 ans.

          Le point marquant me semble quand même que la population était restée majoritairement d’origine et culture russe, que la Crimée avait statut de république autonome (même raboté par Kiev), et que la population est majoritairement d’accord avec le rattachement, même si le ’’coup de force’’ n’était pas légal selon les règles internationales. D’où ma position pragmatique sur la pérennité de facto (non de jure) du rattachement.


        • beo111 beo111 5 avril 21:25

          @Christophe et autres, intéressés par ces décrets

          J’a regardé tous les décrets de Zélensky d’octobre 2021 à février 2022. Et j’en ai trouvé aucun dans lequel le Président ukrainien dit ouvertement qu’il faut reprendre le Donbass par la force.

          Par contre, comme par hasard, sur le site de la Présidence ukrainienne que j’ai consulté, on remarque deux choses bizarres :

          • zéro décret (ou « oukaze ») entre le 17 février et le 22 février 2022 inclus.
          • certains numéros ont disparu : on passe de 60 (le dernier du 16 février) à 63 (le premier du 23 février, sans surprise, proclamation de l’État d’urgence)

          Inutile de se perdre en conjectures, à mon avis on ne pourra pas aller plus loin en se basant uniquement sur des sources ouvertes.


        • Zolko Zolko 8 avril 11:35

          @Seth

          il faudrait en fait que l’Ukraine [...] parte à la conquête de la Russie et en installe la capitale à Kiev

           
          je pense plutôt que les Russes prendront tout le territoire Ukrainien à l’est du Dniepre, et iront donc jusqu’à Kiev. Si ils sont sympas, ils  les Russes  laisseront Odessa et un accès à la mer Noire à ce qui restera de l’Ukraine

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