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Un blocage politique arabe chronique

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Les membres sadiques du parlement irakien, qui compte 73 membres, ont démissionné en masse après des mois d’impasse, de paralysie, de blocage et de conflit politique.

Bien que le groupe ait été le bloc le plus important lors des élections d’octobre dernier, il n’a pas pu former un gouvernement en raison de l’opposition de ses rivaux du Cadre de coordination, qui comprend les autres forces chiites qui refusent de former un gouvernement parlementaire majoritaire avec leurs alliés, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) et l’Alliance sunnite pour la souveraineté.

Loin de discuter des raisons de la décision de Muqtada Al Sadr de rappeler les membres de son bloc parlementaire, l’impasse politique s’intensifie. Les scénarios politiques futurs semblent ouverts à toutes les possibilités. La carte parlementaire pourrait changer contre la volonté de l’électorat.

Cela sape la légitimité de toute nouvelle formation parlementaire et gouvernementale qui pourrait remplacer les députés sadiques en tête des élections, ce qui signifie une colère continue dans la rue irakienne. Certains pensent que le retrait du bloc du Mouvement sadriste du parlement lui donne un levier supplémentaire pour réaffirmer son influence sur le public irakien.

Il y a un élément de pression sur ses rivaux qui ont bloqué ses plans pour former un gouvernement de coalition. Mais il n’y a pas de garanties. Si de nouvelles élections sont organisées ou si les obstacles tels que les désaccords sur la loi électorale, etc. Sont surmontés, elles apporteront la stabilité dont l’Irak et son peuple ont besoin.

Il y a aussi des voix qui pensent que le retrait est une manœuvre tactique pour faire pression sur les rivaux. Mais ce scénario se résume à la vision des rivaux et à leurs plans alternatifs pour faire face à la réalité politique créée par la démission des députés sadiques.

Ce que toutes les forces et courants irakiens doivent garder à l’esprit, c’est que l’Irak ne tolère plus de telles divergences politiques, surtout dans les conditions internationales actuelles  ; il est difficile de tenir ce grand pays en otage de conflits internes, dont beaucoup reflètent un diktat de l’extérieur qui ne vise qu’à maintenir une influence et un rôle étrangers, ignorant la volonté du peuple irakien qui a protesté à maintes reprises contre les mandataires et les manipulateurs politiques.

Quels que soient les objectifs derrière la démission des sadristes, elle met tout l’Irak dans une situation difficile. La crise prend une nouvelle dimension difficile à prévoir, d’autant plus que l’éventail politique irakien n’est pas d’accord avec la nécessité d’éloigner le pays de son voisin iranien, qui est la principale cause de ce qui se passe.

Il est peu judicieux de protéger les intérêts étrangers tout en sacrifiant le sort de son propre pays. L’Irak, dont le peuple rêve d’un État de droit, mérite pour tous de surmonter ses différences et de s’entendre sur un minimum de principes communs qui permettront à leur pays d’éviter le chaos et les troubles.

Ce n’est pas en mettant un parti devant le fait accompli que l’on y parviendra, et tenter de contourner les résultats des élections par des manœuvres ne fera que des perdants. Le problème irakien est similaire au dilemme libanais dans ses résultats et identique à lui dans ses causes. Le facteur iranien en est le dénominateur commun.

La seule différence est la division au sein de la communauté chiite. Elle n’est pas non plus éloignée de l’influence de Téhéran et de ses agents. La situation au Soudan, en Libye, au Yémen et ailleurs n’est pas différente de celle de l’Irak et du Liban.

La fragmentation des élites politiques, les loyautés extérieures et les intérêts personnels jouent le rôle principal dans l’exacerbation des conflits politiques dans ces États. Le problème de certains pays arabes n’est pas la démocratie et les urnes. Ces mécanismes, longtemps réclamés par beaucoup, sont devenus une partie du problème et non la solution.

Il ne s’agit pas d’un appel à rejeter ou à promouvoir les processus consultatifs, comme certains pourraient le conclure. Mais ce que je veux dire, c’est que la crise de ces pays est plus profonde que les mécanismes qui sont censés créer des conditions favorables, et nous voyons que le sectarisme haineux nous empêche de passer par les urnes.

Les intérêts et les loyautés transnationales empêchent la formation de gouvernements qui reflètent la volonté de la société. Nous constatons que ceux qui invoquent le scrutin n’acceptent pas ses résultats.

Nous avons affaire à un état d’impasse qui est le résultat d’une culture unilatérale qui ne croit en la démocratie que lorsqu’elle sert ses intérêts et ses objectifs, et qui se retourne contre elle lorsque les résultats vont à l’encontre de ces intérêts.

On dit souvent que la démocratie a besoin de démocrates - ceux qui croient en la souveraineté et reconnaissent la valeur de leur patrie et la nécessité de la protéger de toute ingérence extérieure. La pratique politique civilisée n’implique pas seulement des listes de candidats et des urnes, mais de véritables convictions ancrées dans le droit des citoyens de choisir qui les représentera.

En l’absence totale de ces convictions, la scène semble absurde, qu’il s’agisse des huit mois au cours desquels les responsables des élections n’ont pas réussi à former un gouvernement en Irak, de l’usurpation du pouvoir par les milices à Sanaa, de la dissonance de deux gouvernements qui se disputent le pouvoir à Tripoli et Benghazi, ou de la scène libanaise qui palpite de toutes les couleurs du spectre du délire politique.


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