Un Québec prétendu lucide et solidaire
Le 12 avril 2006, aura eu lieu à l’Université Laval, Québec, une « Grande conférence CIRPÉE et Chaire du Canada en économie des politiques sociales et des ressources humaines », intitulée « Le revenu minimum garanti : solution ou utopie ? » et organisée à titre d’évènement médiatique dans la foulée du « Manifeste pour un Québec lucide » qui fut rédigé et signé entre autres pétitionnaires célèbres par l’ex-premier ministre québécois d’allégeance péquiste Lucien Bouchard, puis lancé du même souffle, comme à grands renforts de convergence télévisuelle de la part des réseaux montréalais, sous la forme permanente et continue d’un site Web Pour un Québec lucide qui semble en porter l’inextinguible flambeau olympique.
Ce manifeste pavé de bonnes intentions aurait été bien plus qu’un simple exercice d’éloquence dans l’objectif d’aider à concevoir et à réaliser enfin un Québec qui serait capable de se montrer vraiment solidaire jusque dans les actes d’engagement à long terme de sa classe politique tout entière, s’il ne se résumait pas en tout et pour tout, jusqu’ici, à une belle et grande déclaration de principes :
« Le Québec pourrait aussi envisager la création d’un régime de revenu minimum garanti. Ce régime prendrait la forme d’un transfert direct à chaque citoyen et se substituerait à plusieurs des programmes de redistribution existants [...] Un tel système aurait l’avantage de réduire la lourdeur bureaucratique qu’entraîne l’administration de programmes multiples et complexes. Le modèle québécois est fondé sur un idéal de solidarité que nous partageons avec conviction ; nous sommes aussi convaincus que pour qu’elle se réalise concrètement, cette solidarité doit être efficace. »
Je cite exprès in extenso ce seul et unique paragraphe du manifeste, qui en formule le projet en apparence révolutionnaire, du moins dans le contexte politique actuel - qui n’en a que pour la sempiternelle droite - mais qui constitue déjà, pourtant, un bon vieux classique parmi les discours des économistes ultra-libéraux, tel un Milton Friedman qui a fait date avec son concept d’impôt négatif, étrange sujet de refoulement collectif ,depuis, chez les esprits conservateurs. On l’a taxé en son temps de simpliste parce qu’il avait l’air de pouvoir offrir la solution finale à la pauvreté dans les pays riches, bien entendu.
C’est encore malheureusement hérétique de considérer que pour tout problème incendiaire, y compris la pauvreté, existent bel et bien des sorties de secours. Même l’aisance pour tous, aussi relative soit-elle, n’a rien d’utopique, elle n’est qu’une question de priorité économique et politique. En effet, pourquoi faire simple quand on peut tout compliquer ? À l’ère de l’argent électronique, des dépôts directs des gouvernements dans nos comptes en banque, quoi de plus pragmatique que d’instaurer une sorte de transfert de fonds automatique pour les citoyens dont l’impôt est négatif, ce qui ramènerait chacun, sans aucun jugement de valeur, sans égard à la « faute » initiale, du seuil de pauvreté au minimum nécessaire pour vivre normalement, bien qu’encore de manière insuffisante pour se payer du luxe ostentatoire, n’est-ce pas ?
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