Une journée décisive pour le camp démocrate
Si, du côté républicain, il ne fait aucun doute que John McCain va emporter ce soir les quatre Etats en jeu (Texas, Ohio, Rhode Island et Vermont), du côté démocrate l’incertitude plane. Incertitude, tout d’abord, parce que les démocrates utilisent le vote proportionnel alors que les républicains utilisent le « winner takes all ». Je m’explique, si McCain remporte plus de 50 % des suffrages dans un État, il remporte tous les délégués de cet Etat, alors que si, du côté démocrate, un candidat remporte 51 % des suffrages, il obtient la même part de délégué. Autrement dit, il n’y aura pas vraiment un gagnant et un perdant côté démocrate, puisque même si Clinton remporte les quatre États, Obama qui a, à ce jour, 109 délégués d’avance sur sa rivale, peut rester en tête. Incertitude, d’autre part, lié à l’énergie que les candidats ont mis à emporter les deux principaux États (Texas, 193 délégués ; Ohio, 141).

Dans un précédent billet, nous avions vu que les candidats avaient beaucoup misé sur le vote hispanique. Ce vote est, depuis le début de cette campagne, plutôt tourné vers Hillary Clinton, alors qu’Obama récolte plus facilement le vote « noir ». Il est évident que pour emporter un Etat comme le Texas, les Hispaniques sont une cible particulièrement intéressante puisqu’ils représentent environ 40 % des votants. Obama a réalisé un clip, qui semble être une plus grande réussite que celui de sa rivale [bien que vu de l’extérieur il semble encore plus ridicule. Pour la traduction voir ici]. De plus, on peut noter, qu’il y a actuellement un effet « bandwagon », les onze victoires que Barack Obama vient d’aligner le place en favori, et lui donne l’image d’un leader capable de battre McCain, toujours en tête dans les sondages. D’un autre côté, et c’est son mari qui le dit, « pour rester en course, Hillary doit emporter le Texas et l’Ohio ». Elle a, par conséquent, réellement concentré ses efforts pour emporter les deux Etats. Une photo présentant Barack Obama portant un turban est sortie dans la presse il y a quelques temps. Pour la plupart des commentateurs, il ne fait aucun doute que cette photo a été envoyée par des proches d’Hillary Clinton prêts à tout pour freiner l’avancée du sénateur noir. C’est une illustration de ce qu’on appelle la « dirty politics ».
Mais, ce qui place cette élection au centre
des attentions chez les démocrates, c’est aussi la présence d’un grand nombre
de « super délégués ». Ce
qu’il faut comprendre, c’est que lors de la dernière primaire à Porto Rico, le
7 juin prochain, ni l’un ni l’autre des candidats démocrates n’aura peut-être
atteint le seuil fatidique de 2 025 délégués, nécessaire pour l’emporter à la
convention de Denver fin août. Pour la première fois depuis longtemps, la
simple arithmétique des primaires n’aura pas permis de faire surgir le gagnant
et les super délégués vont jouer un rôle majeur. Un certain nombre de ces 796
super délégués se sont déjà engagés : 258 en faveur d’Hillary Clinton, plus de
200 pour Obama, dont 39 nouveaux depuis le 5 février. Mais, contrairement aux
autres délégués, leur mandat est indicatif et ils peuvent, pour se prononcer,
attendre le jour de la convention. Leur avis peut donc changer au dernier
moment. Ces délégués spéciaux ont été instaurés en 1982, quand les démocrates
ont eu le sentiment que la nomination de Carter face à Reagan les condamnaient
à perdre alors que Ted Kennedy aurait pu gagner. Le rôle de ces élus, choisis
pour leur « sagesse », est
donc d’éviter de présenter « un
mauvais candidat ».
En attendant le vote de ces super délégués,
tout le monde s’accorde à dire que ce serait bien que, ce soir, le nom du
candidat commence à se dessiner « le
jour J c’est mardi », déclare le gouverneur du Nouveau-Mexique car « les chamailleries entre M. Obama et Mme Clinton
n’ont que trop duré ». Selon lui, les attaques entre les deux
candidats renforcent l’avance des républicains dans la course à la Maison-Blanche, il « pense que la sénatrice
Clinton gagnera la majorité du vote hispanique au Texas, mais pas nécessairement
de beaucoup, à cause de ces jeunes » et que cela pourrait encore durer, c’est
pourquoi il a martelé pendant des heures ce week-end sur CBS, « D-Day it’s Tuesday ». Notons pour
finir que, du côté du comité de campagne d’Hillary, on a annoncé qu’elle ne se
retirerait pas de la course si elle gagnait un des quatre Etat en jeu ce soir.
Le suspense reste donc intact...
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