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Zuma au zénith

Malgré la scission de l’ANC, le parti de Jacob Zuma a gagné son pari et confirme sa victoire politique sur Thabo Mbeki esquissée dès le 18 décembre 2007 : Zuma s’apprête à devenir le successeur historique de Nelson Mandela, Frederic De Klerc et Pieter Botha dans une Afrique du Sud en proie à des difficultés majeures.

C’est à ce type de scrutin que l’on s’aperçoit que la France est dotée de solides institutions électorales, que ce soit dans les procédures de vote ou dans ses instituts de sondages qui égrainent les estimations le jour du vote, comme l’a montré encore la dernière élection présidentielle.
 
 
Attente des résultats électoraux définitifs
 
Alors qu’en France, il suffit d’attendre quelques heures après la fin du vote la publication des résultats définitifs (généralement communiqués par le Ministère de l’Intérieur dans la nuit du dimanche au lundi), dans certaines autres grandes démocraties, il faut encore plusieurs jours de dépouillement.
 
Ce fut le cas des États-Unis qui donnèrent le nom du vainqueur dès la nuit du 4 au 5 novembre 2008, mais qui devaient attendre plusieurs jours avant de rendre définitifs les résultats dans certains États (sans même parler des élections américaines de novembre 2000).
 
 
Nouvelle victoire électorale en Afrique du Sud
 
Ce fut aussi le cas de la République d’Afrique du Sud dont les électeurs ont voté le 22 avril 2009 et ont dû attendre trois jours avant de connaître les résultats définitifs d’une journée électorale à la fois sans surprise mais avec une réelle concurrence depuis la fin de l’apartheid et les premières élections libres en 1994.
 
Je ne rappelle pas ici le contexte politique de ce 22 avril 2009 et l’on pourra se référer à mon précédent article sur le sujet le cas échéant.
 
La victoire de l’ANC (Congrès national africain) ne faisait aucun doute mais avec deux inconnues : quelle serait la part électorale du parti sécessionniste issu des partisans de l’ancien Président Thabo Mbeki (le Cope, Congrès du peuple) ? et quelle serait la hauteur de la victoire de l’ANC ?
 
 
Les paris du Cope
 
Le Cope avait la trop grande ambition d’empêcher une majorité absolue de l’ANC au sein de l’Assemblée Nationale, un objectif très irréaliste quand on prenait connaissance des sondages des semaines précédant le scrutin.
 
En revanche, il avait un second objectif, moins ambitieux, celui d’empêcher l’ANC d’avoir les deux tiers des députés (élus à la proportionnelle, donc d’avoir moins de 66,7% des voix). Pourquoi un tel seuil ? Parce que c’est le seuil nécessaire pour pouvoir réviser la Constitution (rappelons qu’en France, c’est le seuil de trois cinquièmes qui est nécessaire, soit 60,0% donc moins contraignant qu’en Afrique du Sud).
 
Or, ce second objectif a finalement été atteint in extremis : l’ANC n’obtient en effet que 65,90% et 264 sièges sur 400, c’est-à-dire qu’il lui manque un siège s’il veut avoir cette majorité. L’ANC perd 33 sièges par rapport à l’Assemblée sortante (entre 2004 et 2009, beaucoup de députés avaient rejoint l’ANC en cours de mandat).
 
 
Près de 66% pour l’ANC toujours ultra-majoritaire
 
Un léger recul de 4% donc pour la formation hégémonique issue du combat anti-apartheid de Nelson Mandela si l’on rappelle les scores des précédentes élections : en avril 2004, l’ANC avait obtenu 69,7% (279 sièges) ; en juin 1999, 66,4% (266 sièges) et en avril 1994, 62,7% (252 sièges).
 
Un score toujours très élevé mais qui ne remet pas en cause la nature honnête, « transparente, loyale, libre et crédible » de ces élections (selon la mission d’observateurs de l’Union africaine) au contraire d’autres États africains.
 
Concrètement, l’ANC reste confirmé au pouvoir pour la quatrième fois consécutive par une population pourtant de plus en plus réticente à la politique gouvernementale menée par ce parti (qui laisse au bord de la route près de la moitié de la population dans un état de grande pauvreté et d’insécurité) mais qui ne voit aucune autre solution de rechange.
 
D’ailleurs, l’abstention a été assez élevée puisque seulement 77,3% des inscrits sont allés voter. Cela reste malgré tout des scores très honorables si l’on les regarde avec des yeux français ou américains.
 
De plus, l’absence très relative de la majorité des deux tiers n’a pas beaucoup de signification politique puisque les dirigeants de l’ANC avaient réaffirmé qu’ils n’avaient aucune intention de modifier la Constitution de 1996 qu’ils avaient eux-mêmes contribué à mettre en place.
 
 
Résultats des autres formations politiques
 
Au-delà de l’hégémonique ANC, vingt-cinq autres formations ont participé à ces nouvelles élections générales, parfois uniquement d’origine provinciale.
 
Le Cope de Mosiuoa Lekota (59 ans) n’obtient que 7,4% alors qu’il tablait sur une quinzaine de pourcents, laissant la place de leade de l’opposition à l’Alliance démocratique (DA), parti d’opposition déjà d’avant la fin de l’apartheid, qui récolte 16,7%, soit plus de 4% supérieur à son score de 2004. Un autre parti, l’IFP, dirigé par Mangosuthu Buthelezi (80 ans), termine avec 4,6% en perdant un tiers de ses voix de 2004 et en constant déclin depuis 1994 où il représentait 10,5% de l’électorat. Tous les autres partis ont obtenu moins de 1% des voix.
 
 
Le détail des quatre principales formations politiques
 
ANC : 65,9% (11 650 748 voix) et 264 sièges.
Alliance démocratique : 16,7% (2 945 829 voix) et 67 sièges.
Cope : 7,4% (1 311 027 voix) et 30 sièges.
IFP : 4,6% (804 260) et 18 sièges.
Autres sièges : 21 répartis dans 9 autres partis.
 
Total suffrages exprimés : 17 680 729.
 
 
Dans les neuf provinces sud-africaines
 
Si l’ANC est majoritaire dans huit provinces sur neuf (avec une très bonne performance au Kwazulu-Natal, province natale de Jacob Zuma face à l’alliance AD-IFP), la véritable surprise est la victoire de l’Alliance démocratique dans la province du Cap Ouest où il obtient 51,2%.
 
 
Un vote utile ?
 
La dirigeante de l’Alliance démocratique, Helen Zille (58 ans), a donc proposé la constitution d’un front d’opposition réunissant notamment le Cope et l’IFP.
 
Ces élections ont donc surtout favorisé les trois grandes formations nationales au détriment des petits partis en focalisant l’attention sur l’Alliance démocratique et sur le Cope qui, à eux deux, gagnent presque 12% (le Cope ne partant de rien) par rapport à 2004 alors que l’ANC ne perd qu’un peu moins de 4%.
 
 
Zuma bientôt couronné
 
Après l’obstacle judiciaire levé le 12 avril 2009 pour clore les poursuites judiciaires, les élections du 22 avril 2009 ouvrent donc la voie "royale" de la Présidence de la République d’Afrique du Sud au président de l’ANC, Jacob Zuma (67 ans), autodidacte et résistant dès son plus jeune âge à l’apartheid.
 
Malgré les déclarations très violentes de l’archevêque Desmond Tutu (77 ans), Prix Nobel de la Paix (1984), qui considère que « Zuma n’est pas du tout un modèle à suivre pour notre jeunesse. Il n’a pas les qualités qu’il faut pour diriger notre nation. » mais soutenu par un autre Prix Nobel de la Paix (1993), Nelson Mandela (90 ans), Jacob Zuma ne semble plus inquiéter les puissances financières du pays.
 
Sa personnalité est très contrastée et reste diversement ressentie par la population : quand certains n’hésitent pas à évoquer sa polygamie, ses affaires de corruption, ses abus sexuels, son inculture, son biographe Jeremy Gordin souligne que « l’homme a du charisme, il est chaleureux, proche du peuple et les gens d’en bas se reconnaissent en lui. » ainsi que ses talents de médiateur dans plusieurs conflits du continent africain (notamment au Burundi).
 
 
Une Présidence bien difficile pour Zuma
 
Jacob Zuma, qui va être élu au plus haut niveau de l’Afrique du Sud le 6 mai prochain, aura fort à faire : redresser une situation intérieure très enlisée par la criminalité, le chômage, la pauvreté et le sida, tout en préservant tant la confiance de la population que celle de la communauté internationale et plus particulièrement des investisseurs occidentaux.
 
Après bien des péripéties, bien des controverses, Jacob Zuma arrive au pouvoir au même âge que De Gaulle en 1958 et pour rassurer, il pourrait reprendre à son compte cette question si gaullienne : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? ».
 
Il va maintenant avoir la capacité de montrer à sa juste mesure ses qualités d’homme d’État. Ou pas.
 
Souhaitons-lui bonne chance.
 
 
 
Sylvain Rakotoarison (27 avril 2009)
 
 
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14 réactions à cet article    


  • ASINUS 27 avril 2009 16:21

    la RSA
    tiens ça ne serait pas le jardin d eden ou selon l oms
    l esperance de vie du noir sud africains a chutés de 12 ans
    ça ne serait pas le jardin d eden ou le taux de scolarisation le plus elevé d afrique a perdu
    17 point en 12 ans
    ça ne serait pas ce jardin d eden ou les dirigeants ANC tous ethniquement homogenes eux tiens tiens se sont coulés dans les vestes des anciens « opresseurs » et se partagent postes et prebendes claniquement
    ça ne serait pas ce jardin d eden ou par incompetence et interets financiers les apparatchiks de l anc laisse le sida ravager les townships et les bantoustans

    yep pauvres zoulous , pauvres bantous xosas et buchmens ,
    les dieux sont tombés
    sur la tete


    • Makan 27 avril 2009 20:25

      Oui mais c’est aussi le pays qui voit depuis peu l’émergence d’une classe moyenne noire que les Blancs qui pratiquaient l’apartheid on toujours voulu empêcher.

      Ceux qui ont semé la violence pendant des sièces s’étonnent que tout ne soit pas rose 15 ans après qu’ils ont perdu leurs privilèges. Pauvres Blancs qui pensent être la mesure de toute chose.


    • ASINUS 27 avril 2009 20:43

      heu moi je mesure seulement ce qu on perdu les noirs hein ?
      qu une classe emerge je n en doute guere il faut bien que ce qui manque desormais a la masse profite a quelques uns une etude ethnique serait d ailleurs assez revelatrice du camps des perdants et des gagnants rigolo comme quoi ce qui etais hier intolerable
      le devient moins quand c est sous couvert du politiquement correct


      • Makan 27 avril 2009 20:52

        Ce qu’ils ont perdu ? C’est l’humiliation de vivre dans un pays cloisonné, le leur, où il leur fallait montrer patte blanche (ce qui est le comble pour un Noir) rien que pour se déplacer librement. Des policiers Blancs qui tirent sans sommation sur les enfants. Des chercheurs toujours Blancs (comme le bon docteur Wooter Basson) qui font des recherches sur des souches de l’antrax ou du choléra dans l’espoir de les exterminer. Si vous voulez des vrais statistiques, vous devriez prendre tout cela en compte.
        Pas besoin de politiquement correct. Ce pays est le leur et ils en feront ce qu’ils voudront, ne vous en déplaise. Les zoulous, xhosa et autres n’ont pas besoin de votre pitié.


      • ASINUS 27 avril 2009 23:31

        Les zoulous, xhosa et autres n’ont pas besoin de votre pitié


        j en convient ils auront surement a l instar de l ancien autosufisant
        zimbawe bientot besoin de l aide alimentaire et medicale de l europe
        puis je vous rappelez que les chiffres cités proviennent de l oms ou siege
        nombre de représentant africain, j ai trop de respect pour les peuples africains pour
        qu ils m inspirent de la pitié j ai vus moi de prés vivre debout et dIgnement des gens
        qui sont abandonnés face au prevaricateurs et potentat locaux par leur inteligensia
        si prompte a vomir l occident et si empréssée a abandonner leurs freres pour venir
        jouir du confort de l occident nombre de docteur ingenieur avocat journaliste ect
        si enclin a conspuer les anciens colonisateurs ici alors qu ils seraient si utiles aupres des leurs....


        • Makan 28 avril 2009 00:47

          @ASINUS,

          On voit comment vous aidez le Zimbabwe qui a eu une épidémie de choléra. Pas besoin de votre aide en Afrique qui cause plus de mal que de bien et qui n’existe en réalité que dans vos médias mensongers. L’Afrique n’a pas besoin de l’aide de vous.

          Les pires potentats et prévaricateurs, c’étaient les Blancs bénéficiaires de l’apartheid qui ont été chassés du pouvoir.

          Les Africains sont près de 700 millions. C’est un autre mensonge de vos médias de dire qu’ils sont tous refugiés chez vous. Il n’y a même pas la place pour cela.


        • ASINUS 28 avril 2009 07:10

          @makan essayer juste une fois de ne pas soupçonner tous vos contradicteurs d etres
          d infame coloniaux de la meme maniere que je me garde de tirer des conclusion a votre egards sans vous connaitre pratiquez la reciproque, le peu que je connais de l afrique
          tchad senegal mali m a fait voir l absence des elites , j attend encore une grande voix africaine il y en as pour tonner contre l incompetence des gouvernement
          de la rsa a lutter contre le sida , je ne me leurre pas sur les democraties africaines
          gangrenées par des prevaricateurs qui ont bien reçu les leçons des notres.Mais vous ne m oterez pas de l idée qu une partie des malheurs de l afrique sont generés par des africains monsieur R Mugabe est un dictateur, blanc ou noir un dictateur reste un dictateur


        • Makan 28 avril 2009 12:45

          @ASINUS

          « le peu que je connais de l afrique
          tchad senegal mali m a fait voir l absence des elites , j attend encore une grande voix africaine il y en as pour tonner contre l incompetence des gouvernement »

          Les élites africaines sont corrompues, certes, mais c’est mensonger de parler d’absence d’élites. Ce sont les mêmes qui ont fait les grandes écoles occidentales et parfois s’en sont tirés mieux que beaucoup de vos congènères.


        • ASINUS 28 avril 2009 13:58

          je me suis mal exprime l absence sur place des elites qui effectivement existes

          mais vivent dans l occident que parrallement elles accusent de tout les maux

          pour vous rassurer

          mon medecin traitant traitant actuel est un senegalais competent sur qui je n ai aucun doutes ,ma chef de service, femme a poigne et efficace est marocaine je n ai aucun souci avec leurs capacités


        • ASINUS 27 avril 2009 23:35

          ce pays est le leur possible ,juste pour information les zoulous et bantous ne sont pas
          les occupant du pays se sont des colonisateurs territoriaux qui ce sont installés
          la sagaie a la main au detriment des primo occupants ce en quoi ils ne différaient en rien
          des afrikaners initiaux


          • Makan 28 avril 2009 00:49

            Encore un mensonge de Blancs colonisateurs. Les Anglais ont du se battre avec les armées de Chaka Zoulou et les vaincre pour s’installer dans ce pays. Donc, ils étaient bien là avant.


          • ASINUS 28 avril 2009 06:54

            @makan bien sur qu ils ont dut combattre les blancs je ne le nie pas , mais si vous etes africains vous savez que les mouvement migratoirs non pas concernés que l europe
            les zoulous et bantous en plus d etre des peuples organisés socialement et culturellement sur une plus vaste echelle que les autres etaient des peuples pasteurs
            en perpetuelles recherches de paturages leur arrivée dans l actuelle rsa est anterieure
            a celle des afrikaans cela ne fait aucuns doutes restes qu a l instar d autre peuples de la planete ils se sont installé par la force , je n ai porté aucun jugement de valeur juste un constat


          • fouadraiden fouadraiden 28 avril 2009 03:14

            Makan, oui tu as raison ; mais le mal est fait et les noirs que vous avez en poste seront probablement pire que ces blancs venus vous déshumaniser.

             les noirs sont foutus pour encore des décennies. ils ont fait de vous des nègres , vous etes piégés dans l’image-monde de l’homme blanc.

            ils arrivent même à vous faire croire qu’un noir peut présider leur première puissance, pendant quils continuent à vous piller.


            • ASINUS 28 avril 2009 06:58

              « ils arrivent même à vous faire croire qu’un noir peut présider leur première puissance, pendant quils continuent à vous piller. »

              bonjour fouadraiden , vous savez pertinement qu il n est ni blanc ni noir c est un civis
              americanus il sert l empire uniquement , ceci dit vous avez raison c est le mieux disant
              pour la classe possedante us , le paradoxe etant que le lumpen proletariat us avait plus a obtenir de h clinton

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