Audiovisuel : L’emprise médiatique de l’Elysée s’accentue
On a beaucoup parlé, il y a peu de la réforme de l’audiovisuel public et notamment du fait que le CSA ne désignera plus, à l’avenir, le président de France Télévisions.

Ainsi donc, le président de France Télévisions sera nommé par le gouvernement sur avis conforme du CSA. Les parlementaires devront approuver ce choix à la majorité qualifiée ( ce qui n’est pas un problème compte tenu que l’UMP détient la majorité dans les deux assemblées)
Au delà des simples mots et déclaration à "l’emporte pièce", beaucoup se sont alarmés, à forte raison de cette main mise du Président sur l’audiovisuel public alors que la très grande majorité des médias privés sont la propriété d’amis personnels. Il est vrai que Nicolas Sarkozy connaît la puissance des médias et leur capacité à passer de l’information à la propagande pour un peu qu’on les y aide ou qu’on leur demande.
Pour ce qui concerne les derniers opposants ou récalcitrants, le recours à des magistrats comme dans la toute récente affaire Rue89 (voir ci-dessous) permets de décourager les moins courageux ou les moins fortunés des Médias.
Pierre Haski, directeur du site Internet Rue89, et le rédacteur du même site Augustin Scalbert, n’ont finalement pas été placés en garde à vue, mercredi 1er avril. Les deux journalistes sont ressortis libres à l’issue d’une convocation de la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) à Paris, suite à un plainte de France 3 pour "vol, recel et contrefaçon". Deux journalistes de la rédaction nationale de France 3, Joseph Tual et Karine Azzopardi, également convoqués par la police, sont ressortis libres.
Cette plainte fait suite à la diffusion, sur Internet, d’une vidéo montrant Nicolas Sarkozy hors antenne, avant un passage dans le "19/20" de France 3, le 30 juin 2008. Dans ces images, visionnées par des milliers d’internautes et mises en ligne par Rue89, le président de la République est irrité par un technicien de France 3 qui refuse de lui rendre son salut. La chaîne publique avait lancé une enquête interne et condamné "avec la plus grande fermeté le piratage" de ces images.
Pendant que les rédactions de tous les médias sont actuellement tournées vers la crise économique et financière et que les français s’angoissent pour leur futur, la reprise en main de l’Elysée sur les derniers médias publics à investir continue sans coup férir. C’est vrai qu’il faut être un professionnel ou un initié des médias pour suivre les deux derniers feuilletons en cours.
Radio France
Actuellement dirigée par Jean-Paul Cluzel, qui croyait il y a encore quelques jours à sa reconduction :
Le Président de la République, que vous avez rencontré mi-mars, vous a-t-il expliqué son choix de ne pas renouveler votre mandat ?
Non. Nous avons parlé de principes qui nous sont chers, ceux d’Hubert Beuve-Méry qui soulignait qu’une information se doit d’être honnête, précise et vérifiée. Ce que le Président reproche aux médias en général, pas à Radio France en particulier, c’est de ne pas être assez strict sur ces principes. Il estime également que certains journalistes et humoristes manquent parfois de respect à celles et ceux qui dédient leur vie au bien public. Interview au Journal Le Monde de Jean-Paul Cluzel
Doit-on comprendre que les critiques de Nicolas Sarkozy sur les chroniques matinales au vitriol de Stéphane Guillon sur France Inter auraient été déterminantes dans l’éviction du directeur de Radio France ?
L’information suivante semble accréditer cette question :
Après la valse des rumeurs, le vrai candidat de l’Elysée. Nicolas Sarkozy a proposé au journaliste Jean-Luc Hees, 57 ans, le poste de président de Radio France, qu’il a accepté. Cette information, révélée sur le site Le Point. fr, a été confirmée au Monde par l’Elysée. Actuellement, M. Hees anime une émission sur Radio Classique, propriété de Bernard Arnault, PDG de LVMH (qui comme personne ne l’ignore est un très proche du Président)
Moins grand public mais tout aussi stratégique, la Présidence de Public Sénat donne lieu à une nouvelle tentative de noyautage.
Ils ne sont plus que deux en course pour la présidence de Public Sénat : Claude Sérillon et Gilles Leclerc, deux journalistes du service public sélectionnés par la commission sénatoriale présidée par Catherine Tasca. Le dernier mot reviendra à Gérard Larcher, président du Sénat, qui tranchera entre les deux candidats le 28 avril prochain, lors de la réunion du bureau du Sénat.
Gilles Leclerc est le chef du service politique et économie de France 2 et pigiste à Public Sénat ce qui lui donne un petit avantage sur Claude Serillon. Nombreux sont ceux qui pensent que c’est d’ores et déjà le candidat du Président sortant Jean-Pierre Elkabbach.
Nous aimerions également rappeler à ceux qui l’auraient oublié que c’est dans la vidéo de France3 qui a valu à Rue89 une visite chez le juge qu’on pouvait voir et entendre les choses suivantes :
Les caméras de France 3 ont tourné 5min avant le début de l’émission. On y voit un Nicolas Sarkozy un peu nerveux, agacé du refus d’un technicien de lui dire bonjour. Il s’étonne de cette attitude : ""Quand on est invité, on a le droit que les gens vous disent bonjour quand même, ou alors on n’est pas dans le service public (...) C’est incroyable... et grave... ça va changer"".
Quelques minutes après, il joue de sa proximité avec l’un des journalistes politiques présents sur le plateau, Gilles Leclerc, qu’il se met à tutoyer. Ce dernier officiait sur France 2 et a été mis au placard pendant 2 ans. Le journaliste reconnaît que cela a été dur et Nicolas Sarkozy confie qu’il avait protesté quand on l’avait mis au placard.
Sources et crédits complémentaires
Le Monde Société
Le Monde Actualité media
Politique.net
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