La « perfide Albion » fidèle à elle-même attaque sa meilleure ennemie : la France !

Avec son système politique, son art de vivre, son attachement aux acquis sociaux, sa laïcité militante, son exception culturelle, la France suscite une curiosité démesurée par rapport au poids désormais modeste qui est le sien sur la scène internationale. Fait-elle des envieux ?
On peut se le demander quand on voit, l'hebdomadaire britannique "The Economist" spécialiste du "French bashing" frapper à nouveau la France et ses dirigeants.
C'est sous le titre de : "The time-bomb at the heart of Europe" (Une bombe à retardement au coeur de l'Europe) qu'est paru dans les kiosques ce vendredi 16 novembre son dossier sur l'état économique de l'hexagone.
Ce dossier de 14 pages critiquant la France n'est pas une exception ! Disons que c'est devenu une habitude chez cet hebdomadaire libéral proche de la City. Celui-ci est le troisième "scud" envoyé contre la France.
Il y a eu en mars 2012, sous le titre "France in denial" (La France dans le déni) il publie un dossier dans lequel il n'hésite pas à accuser les deux principaux candidats à l'élection présidentielle d'être dans le déni de la réalité des graves problèmes économiques de la France. Pour étayer son analyse le journal met en couverture sa version du " Déjeuner sur l'herbe" de Manet, avec, à la place des deux jeunes hommes assis à côté d'une jeune fille nue, les candidats du Parti socialiste et de l'UMP.
Dans ce dossier "The Economist" se montre particulièrement inquiet des propositions de François Hollande, comme celle d'augmenter la fiscalité sur les plus riches. Selon ses auteurs : sa victoire pourrait avoir des conséquences dramatiques ", notamment en faisant fuir de jeunes entrepreneurs vers des cieux plus cléments ou encore en détournant les investisseurs de la France. Mais, toujours selon eux tous les risques avec Nicolas Sarkozy ne sont pas éliminés, car il n'est pas décidé à lancer des réformes radicales. Leur conclusion était : " La France du repas champêtre est sur le point d'être engloutie par la dure réalité. Quel que soit le prochain président de la République",
En avril 2012, nouveau dossier sur la France : "The rather dangerous M Hollande" (le plutôt dangereux M. Hollande) dans lequel l'hebdomadaire libéral a tiré à boulets rouges sur l'ancien chef du Parti socialiste.
Les auteurs avaient même écrit que s'ils pouvaient voter en France le 6 mai 2012 leurs voix irait à Nicolas Sarkozy : non pas pour ses "propres mérites ", mais pour empêcher François Hollande d'arriver au pouvoir. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy n'échappe pas aux critiques du magazine, qui pourtant lui avait apporté en 2007 son soutien face à la candidate socialiste d'alors, Ségolène Royal.
Pour "The Economist" un François Hollande président, à coup sûr, bloquerait toute réforme en France, inquiéterait les marchés financiers et risquerait de mettre en péril " la survie de l'euro".
Mais parlons-en, justement, de cette monnaie européenne dont Londres n'en a jamais voulu. On peut donc se demander si, en fait, The Economist ne feint pas de défendre la zone euro pour mieux maintenir un avantage compétitif essentiel à la Grande-Bretagne. Car notre "cher" voisin tient trop à pouvoir déprécier la livre sterling comme il l'entend afin de nous vendre ses produits à meilleur prix. Lire sous une plume anglaise que "la France pourrait devenir le plus grand danger pour la monnaie unique européenne" amène quand même à s'interroger sur les raisons de cette sollicitude.
Les Anglais se sont souvent illustrés par un anti-européanisme flagrant (Lire dans l'Expansion " comment les anglais empêchent l'Europe d'avancer")
Après avoir refusé l'année dernière le traité budgétaire Européen, le Royaume-Uni vient de bloquer le vote du budget européen, et a aussi menacé d'utiliser son veto si les négociations n'aboutissaient pas à un gel des dépenses.
Ce jeudi Jean-Marc Ayrault s'est mis en colère en découvrant le projet de compromis sur le budget européen 2014-2020, rédigé par Van Rompuy, et dévoilé mercredi 14 novembre. Sur les 1 000 milliards d'euros de dotation sur sept ans, initialement prévu, le texte envisage une amputation de 75 milliards, en s'attaquant notamment aux aides agricoles. Selon le gouvernement britannique, les coupes dans le budget doivent absolument atteindre 100 à 200 milliards d'euros pour espérer alléger efficacement la facture.
Le président du Conseil européen des chefs d'État et de gouvernement suggère également de maintenir en état le fameux rabais dont bénéficie le Royaume-Uni sur sa contribution depuis bientôt trois décennies : "Le mécanisme de correction va continuer à s'appliquer et David Cameron conservera, son chèque annuel de compensation de 3,5 milliards d'euros, obtenu en 1985 en contrepartie de l'aide agricole versée à d'autres États. Ce dernier a encore imposé sa vision de l'Europe toute à son bénéfice !
Le Premier ministre français a réagi par un communiqué (pdf) dans lequel il juge que ce texte ne "constitue en aucun cas une base de négociation acceptable par la France".
En résumé, la France a-t-elle quelque chose à envier au Royaume-Uni ? Certes le taux de chômage reste plus élevé en France (10,2%) qu'au Royaume-Uni (7,8%), mais en termes de croissance, avec tous ses défauts, la France arrive encore parfois à surprendre. Son PIB a augmenté de 0,2% ce troisième trimestre, alors que l'économie britannique devrait plonger de 0,3% en 2012. Bon, OK, Bruxelles prévoit aussi que la croissance outre-Manche rebondisse en 2013 à 0,9% contre 0,4% chez nous.
En matière de dette, elle est aussi élevée que la notre (89% du PIB). Quant à leur déficit, il devrait atteindre 7,2% du PIB cette année, contre 4,5% seulement pour la France ! Les taux d'intérêts hexagonaux à 10 ans sont d'ailleurs quasiment à leur plus bas niveau historique, et également les taux d'intérêts à 2 et à 5 ans, La demande des investisseurs deux à trois fois supérieure à l'offre du Trésor.
Il faut noter que le taux de pauvreté du Royaume-Uni est de 9,8 % tandis que le taux français est de 7,4 %. Ce pays comptera plus de trois millions d'enfants pauvres fin 2013 ( voir vidéo)
Elle est où la vision européenne du Royaume-Unis ? De quel droit "The Economist" nous fait la leçon ? Surtout quand on apprend que récemment le gouvernement britannique a annoncé son intention de se désengager des mesures européennes en matière de coopération policière et judiciaire. "I want my money back" disait Thatcher !
Mais comme le dit très bien The Economist, si la France se plante, la zone euro explose et alors on verra bien si le Royaume-Uni s'en tire tout seul... et si la bombe européenne c'était la City ?
Quant au très sérieux hebdomadaire britannique "The Economist" reste à savoir s'il est aussi crédible quand il donne des leçons d'Europe à la France
Sources : L'Expansion, L'Expansion, LExpansion,
Sur le même thème
Les dépenses militaires provoquent à nouveau des divisions entre les membres de l'OtanLe 4ème REICH de MEDVEDEV : un DELIRE ou une ANALYSE partiale de certaines réalités ?
Ukraine et UK : Est-ce un Rosbif Vodka ?
John Major, l'héritier européen de Margaret Thatcher
Covid-19 : où en est l'épidémie en France au 12 janvier 2023 ?
49 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON