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Accueil du site > Actualités > Médias > Pour une séparation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire et... (...)

Pour une séparation des pouvoirs législatif, exécutif, judiciaire et... médiatique !

L’actualité bruisse des liaisons dangereuses entre le pouvoir exécutif et le pouvoir médiatique. Il a d’abord été questions des relations personnelles entretenues par Nicolas Sarkozy et les grands patrons de médias. Plus récemment une émission sur LCP, La Chaîne parlementaire, a porté le débat sur le concubinage entre les hommes politiques et les journalistes. Or les médias ont un pouvoir incontestable. N’y a-t-il pas lieu d’une réflexion profonde sur une séparation des différents pouvoirs ?

Le président est très proche des magnats français des médias

« Je connais bien votre patron ». Cette phrase aurait été dite à un journaliste par l’actuel président de la République. Et en effet, il en connaît un certain nombre.
- M. Martin Bouygues, patron du groupe Bouygues et, par conséquent, de sa filiale le groupe TF1 (TF1, LCI, TPS...). Il est parrain du fils de Nicolas Sarkozy, et était témoin à son mariage.
- M. Bernard Arnault, patron du groupe LVMH, incluant des titres comme La Tribune, Investir ou Radio Classique. Nicolas Sarkozy était invité au mariage de la fille de M. Arnault, tandis que M. Arnault était témoin du mariage de M. Sarkozy.
- M. Serge Dassault, patron de la Socpresse, 1er groupe de presse français, publiant notamment Le Figaro. Nicolas Sarkozy a démêlé, en tant qu’avocat cette fois-ci, la succession de son père Marcel. Nicolas Sarkozy est devenu un familier de son fils aîné Olivier, par ailleurs député UMP.
- M. Arnaud Lagardère, patron du Groupe Lagardère, premier groupe de media français qui contrôle notamment des grandes radios (Europe 1, Europe 2, RFM...) et des magazines d’actualités (Paris Match...). En avril 2005, le président de l’UMP fut l’invité d’honneur d’un séminaire du groupe Lagardère à Deauville. M. Lagardère le présenta « non pas comme un ami, mais comme un frère ».

Deux affaires ont défrayé la chronique, et illustrent cette proximité :
- en juin 2006, le directeur de Paris Match, Alain Genestar, coupable d’avoir publié en couverture une photo de l’épouse du président de l’UMP, est licencié ;
- en mai 2007, Laurent Solly, ancien membre du cabinet de campagne de Nicolas Sarkozy, est nommé à la direction de TF1.

Les pouvoirs précédents ont tous éprouvé le besoin de contrôler les medias

Cette situation n’est que le dernier avatar d’une longue série. Pour se limiter à la Ve république, on se rappelle combien les pouvoirs gaulliste et pompidolien tenaient les rênes courtes aux médias en général et à la télévision en particulier ; Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, quant à eux, semblent avoir eu la même démarche en deux temps : tentative sincère de libération en début de mandat, reprise en mains par la suite. On peut se demander si dans ce domaine le plus libéral (ou le plus discret dans son contrôle ?) n’a pas été Jacques Chirac.

Le monde journalistique est proche du monde des médias

LCP a rediffusé hier l’émission citée plus haut sur les relations entre les hommes politiques et les journalistes « Les hommes politiques et les journalistes vivent-ils en concubinage ? ». Les débats étaient animés par Bruno Masure, avec Denis Tillinac écrivain proche de Jacques Chirac, et Jean-François Kahn, patron de Marianne.

Bruno Masure a décompté 36 cas de « liaisons sexuelles » officielles ou non, entre journalistes et personnages politiques. Il rappelle combien cette situation serait inconcevable dans un pays anglo-saxon ou scandinave.

Les deux intervenants s’accordent pour souligner combien ces connivences sont le fruit d’une logique : mêmes cursus, même évolution intellectuelle de l’extrême-gauche au libéralisme, débouchant sur un syncrétisme alliant les crédos néolibéraux et libertaires... Les intervenants ont souligné :
- l’homogénéité d’une caste dirigeante post soixante-huitarde parlant le même langage ;
- la dépendance de la presse française. Quand le patron de presse est aussi marchand d’armes ou patron de BTP, ça réduit son indépendance vis-à-vis de l’Etat, car dans ces deux cas, l’Etat est un interlocuteur voire un client majeur ;
- une des raisons essentielle de cette dépendance est la faible solidité financière des médias. La presse française est plutôt pauvre, les ventes de la presse écrite sont régulièrement en baisse, et les revenus de la publicité partent vers le web ;
- les « services rendus » sont multiformes : les journalistes accompagnent les hommes politiques aux frais de l’Etat. L’Etat distingue des journalistes de son choix par la remise de décorations... ;
- la connivence ne concerne qu’un petit nombre de journalistes qui vivent comme les hommes politiques, dans les mêmes quartiers, fréquentant les mêmes restaurants... L’essentiel de la profession étant éloigné de ces cénacles.

Séparation des pouvoirs

Une dérive à la Berlusconi est-elle à craindre ? "On est vraiment là dans la méthode Berlusconi et cette collusion des grands médias et du pouvoir politique est complètement indécente", déclare un représentant du PS.

La théorie classique de la séparation des pouvoirs distingue trois fonctions principales au sein des différents régimes politiques : la fonction d’édiction des règles générales constitue la fonction législative ; la fonction d’exécution de ces règles relève de la fonction exécutive ; la fonction de règlement des litiges constitue la fonction juridictionnelle.

Dans la mesure où l’analyse, le tri, la hiérarchisation, la diffusion et le commentaire de l’information représentent bien une nouvelle forme de pouvoir, d’importance comparable aux trois formes classiques, celui-ci implique nécessairement suivant le principe de Montesquieu (Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser...), la mise en place d’une séparation d’avec les autres, d’un contrôle et d’une limitation. C’est tout le débat sur le « quatrième pouvoir ».

Une séparation claire entre le pouvoir politique et le pouvoir médiatique est-elle envisageable ? N’est-ce pas une utopie ? Les règles actuelles (liberté et règles de financement de la presse, droit de réponse, etc.) sont-elles suffisantes ? Suffit-il de les faire appliquer ? De les compléter ? Ou faut-il dès maintenant songer à une réorganisation plus profonde ?

Jérôme Bondu et Alain Bondu


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16 réactions à cet article    


  • aurelien 13 août 2007 13:50

    Merci pour la réflexion.

    En complément un article paru juste avant l’élection de l’actuel Président de la République, titre original :

    Médias : pourquoi faut-il changer les institutions ?


    • Thomas Thomas 13 août 2007 14:06

      Soyons lucides : les médias ne vont pas devenir autonomes par simple décision politique. Leurs propriétaires ne vont pas leur laisser la bride sur le cou par simple idéologie. Les seuls médias dignes de foi sont ceux que leur structure financière met à l’abri des convoitises et mauvaises influences (ex= le Canard enchainé est détenu exclusivement par ses salariés).

      AgoraVox est sans doute le précurseur de ce que seront les médias indépendants de demain. On y perd en professionnalisme et en vérification ce qu’on y gagne en sincérité. Pas étonnant d’ailleurs que le pouvoir réfléchisse à une façon de les contrôler, ça montre que nous sommes dans la bonne voie.

      http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=19613

      Lorsque les médias « officiels » auront perdu toute crédibilité, il ne leur restera plus pour vivre que les abonnements des ministères, des bibliothèques municipales et des aéroports.


      • marc 13 août 2007 22:35

        thomas

        Petit manque de lucidité de votre part : Les medias, ce n’est plus le Figaro, etc.. C’est TF1 et Europe 1 et d’ici à ce que Agoravox les concurrence, il va couler de l’eau sous les ponts


      • Pierre JC Allard Pierre JC Allard 19 août 2007 18:00

        @ Marc : Je crois que Thomas a raison. Tout va plus vite que vous ne le croyez. Avec You Tube, on aborde le mariage nouvelle/image sur le Web. des que Google s’en donnera la peine et s’achètera une agence de presse - une broutille dans son budget - nous irons chercher nos nouvelles sur l’ordi. TF 1 et assimilés se recycleront aux soaps brésiliens et aux jeux questionnaires.

        Le révolution, c’est demain. Peut-être ce soir.

        http://www.nouvellesociete.org/5153.html

        Pierre JC Allard


      • cniko 13 août 2007 14:11

        Sans compter qu’en ce moment on a un peu de mal à distinguer le législatif de l’exécutif...


        • Forest Ent Forest Ent 13 août 2007 14:55

          Ayant fait ici plusieurs fois le même constat, je ne peux qu’adhérer à ce message. Pour ceux qui ont encore des doutes sur le verrouillage des médias, consultez « la forêt des médias » :

          http://forestent.free.fr/

          Mais si l’auteur s’imagine que les trois premiers pouvoirs sont déjà séparés, il va être déçu. Il n’y a jamais eu en France de séparation des pouvoirs.

          La justice a toujours été subordonnée à l’exécutif.

          Pour le législatif, c’est plus insidieux. La contrôle n’est pas sur l’initiative des lois, mais sur l’ordre du jour de l’assemblée.


          • marc 13 août 2007 22:37

            forest

            Et sur les décrets d’application des lois qui parfois ne voient jamais le jour : simple comme tout


          • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:48

            oui, oui, et oui, et en plis c’est possible de separer les 5 pouvoir (executif, judiciaire legislatif, mediatique et economique).

            L’raticle le dis bien, l’ragent permet le controle des medias, et la connivence avec l’état entrine la mise au pouvoir d’une clique qui dedend ses interets, et non plus l’interet genrale. Ce que l’on vit dans le monde, ca a l’odeur et la gout de la deomcratie, mais ce n’est pas de la democratie.

            Il faut deja daans l’etat resaprer disteinctement les trois pouvoirs régalien, ensuite il faut que les groups mediatiques soit independant des groupes economiques. La liberté d’un presse finacé par le BTP ou la pub n’a pas lieu d’etre, il faut des groupes indépendant. Il faut aussi que la connivenc, la corruption, ou le soutien public ou financier d’interet particulier au sein de l’etat soit considerer comme un crime d’eta, avce 30 ans de reclusion a la clef, tellement le crime est grave. Des milliers de gens sont morts pour la democratie. La violer, la corrompre, est un crime abominable


            • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:49

              la sixiem republique se devra d’etre plus democratique, avec une reele séparation des 5 pouvoirs


            • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:52

              l’executif se doit de proteger l’etat contre les agressions exterieur, et faire executer les lois par des actions de structures.

              Le judiciaire d’assurer la justice et l’ordre

              Le legislatif de definir la société, ses lois et ses priorités

              Le mediatique d’informer les citoyens en toute indépendance

              Le finincier et l’economie est de l’orde du privé, et ne doit interferer avec l’etat, ne doit pas manipuler les masses par les medias.


            • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:54

              pour les medias detenus par des interets privés hors medias (BTP, armement), il faut interdire ces medias.


            • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:55

              Il faut punir la corruption par des lourdes peines d’emprisonneemnt. la corruption, c’est plus grave qu’un crime de sang.


            • faxtronic faxtronic 13 août 2007 20:58

              Le peuple se doit de reprendre le pouvoir et de mieux les répartir, par une action revolutionnaire. Quand je dis revolutionnaire, je ne parle pas de revolution marxiste ou nationaliste, mais une revolution d’état equivalente a celle de 89, car le pouvoir est confisquer par une nouvelle aristocratie héréditaire.


            • marc 13 août 2007 22:32

              a l’auteur

              Excellent diagnostic. Pourquoi ne pas aller plus loin et indiquer au moins des pistes, des suggestions de réformes concrètes que l’on pourrait discuter ?


              • e-citoyen e-citoyen 13 août 2007 23:46

                Comment peut-on encore croire en un quatrième pouvoir indépendant après ce qu’on vient de vivre (campagne présidentielle, premiers mois de l’ère sarkozy...) ? Je crois qu’il faut se faire une raison : le quatrième pouvoir est bel et bien mort... Il n’y a qu’à voir le site de Forest Ent cité plus haut ou encore l’engrenage des relations entre groupes économico-financiers et médias publié dans Le Plan B il y a quelques mois. Et Sarkozy, expert en enterrements, n’ira pas au sien. Nous ne pouvons que croire au cinquième pouvoir. Profitons-en avant qu’il ne se fasse « manger » lui-aussi.

                e-citoyen http://troisiemetour.hautetfort.com


                • faxtronic faxtronic 14 août 2007 15:27

                  Il n’y a plus de separation des pouvoirs. Srako a ans sa main le legislatif, l’executif, controle en grande partie par lui ou ses amis le mediatique, et est soutenue et soutien le pouvoir financier. Il n’y pas pas democratie alors, les 5 pouvoirs ont fusionné. La clique a Srako a virtuellement tous les pouvoirs, memes si il lui faut passer par un rituel democratique.

                  Il faut reprendre les suggestions de Forest concernant la separation stricte des 3 pouvoir regaliens, punir avec une ferocité monstrueuse (prison a vie) la corruption, le detournement d’argent et de reseau d’influence. Promulguer une loi interdisant aux groupes mediatiques de se rapprocher d’un groupe non-mediatique. les loi anti trust existent, une loi de ce type doit exister. La presse se doit d’etre libre. Evidemment chacun a le droit de publier, mais ne peut obtnir la liberté de presse que les groupes et sociétes respectant la loi. La publicité dans la presse peut exister, mais elle ne doit pas entrainer la dependance, sinon la justice sabre le media incriminé.

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