Selon « Nature », Wikipedia : aussi bonne que Britannica !

Si on mesure la nouveauté d’un phénomène à sa résonance médiatique, l’encyclopédie collaborative Wikipedia est alors une véritable innovation ! On parle actuellement d’elle de plus en plus souvent :
- elle a été "barrée" en Chine (trop subversive ?) malgré les protestations de Reporters sans frontières
- elle a subi les foudres de J. Seigenthaler dans l’affaire de sa "biographie" jugée diffamatoire
- en conséquence, les règles de rédaction ont été modifiées pour augmenter la fiabilité du contenu
- le malheureux coupable de l’affaire Seigenthaler (qui voulait juste faire une petite farce à un copain...) est devenu chômeur pour avoir bricolé cette biographie depuis le bureau !
Eh bien, Wikipedia reste sous le feu des projecteurs, mais cette fois pour le meilleur ! En effet, selon un article du très prestigieux magazine scientifique "Nature"(ici l’article complet), la qualité de Wikipedia est équivalente à celle de la très vénérable Encyclopaedia Britannica !
Cette assertion globale doit être, certes, un peu restreinte. En effet, les sections scientifiques sont meilleures - selon Nature - que les sections sur les humanités (littérature, art, etc.). Il est clair que les rédacteurs scientifiques sont, en cette fin 2005, sûrement déjà plus "accros" à Internet et à ses services communautaires que le reste de la population, car il fait nécessairement plus partie de leur vie professionnelle.
Cette étude de Nature est rigoureuse : 42 articles sur des thèmes importants, et traités par les 2 encyclopédies, ont été revus par un panel d’experts des sujets en question. Sur 8 erreurs sérieuses, 4 provenaient de chaque encyclopédie. Au total (incluant les erreurs mineures, y compris les coquilles typographiques), le score est de 162 (Wikipedia) à 123 (Britannica). C’est l’article sur Mendeleyev et sa classification atomique (pourtant un sujet scientifique...) qui est le plus mauvais chez Wikipedia, avec 19 erreurs (dont certaines de simple orthographe).
Pour J. Wales, le fondateur de Wikipedia, cette qualité du contenu est le résultat de l’action de la même "sagesse des foules" ("wisdom of crowds") que celle que C. Newmark, le père de Craigslist, veut utiliser pour son nouveau projet de "censure qualitative de l’actualité".
Le San Jose Mercury News annonce que (bien sûr !) Britannica va mener sa contre-expertise avec son propre panel. Il rapporte également que même si des managers de Britannica ont dans le passé critiqué Wikipedia pour sa qualité, le discours actuel est plus mesuré, et T. Panelas, le porte-parole de Britannica, lui reconnaît des vertus, comme la rapidité de création (elle m’avait fasciné dans ce billet lors des attentats de Londres !) et l’étendue des sujets traités (plus large que dans Britannica).
Pour compléter son étude, Nature a interrogé 1 000 de ses auteurs-experts d’articles : 70% connaissaient Wikipedia, et 17% l’utilisent sur une base hebdomadaire. Mais seulement 10% contribuent à des articles sur Wikipedia.
Conclusion : Si vous suivez les liens de cet article (même celui sur Britannica...), vous verrez tout de suite laquelle de ces 2 encyclopédies est utilisable dans un contexte de journalisme citoyen comme Agoravox ou mon blog personnel Media&Tech. La gratuité et la liberté d’accès compensent très largement les petits défauts comparativement à ceux (coûts et blocage des accès libres) d’une "institution" comme Britannica !
PS : Wikipedia s’est mise en action dès la parution de l’article de Nature :
- transparence : un signe très clair en tête de l’article Mendeleyev annonce qu’il contient des erreurs détectées par Nature.
- rapidité : déjà 11 corrections apportées sur cet article (voir son historique de modifications ) pour le remettre à niveau !
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