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Accueil du site > Actualités > Médias > Une quête pathétique de crédibilité entre posture... et imposture

Une quête pathétique de crédibilité entre posture... et imposture

Les chanceux qui, devant leur poste de télévision, ont le cœur de résister à la première partie de soirée, appelée en jargon américano-médiatique « prime time », et vouée, par l’audience qu’on en espère, à répondre aux attentes culturelles roboratives du plus grand nombre, peuvent parfois ne pas être déçus quand arrive « Soir 3 », le journal de la chaîne publique France 3, présenté depuis quelque temps par la jeune Marie Drucker. Une ritournelle de Brassens peut même leur revenir à l’esprit, revue et corrigée bien sûr : « Moi, mon colon, celle que j’préfère / C’est la jeune Marie Drucker, / Quand elle asseoit, contente et fière / Sur les consoles, son p’tit derrière ! »

Les metteurs en scène de France 3 ont eu idée de faire sortir la journaliste du studio céleste écrasé de lumière où, depuis que la télévision est télévision, derrière de curieux bureaux en forme de bars ou de billards étincelants, « les présentateurs-troncs » trônent et président, guindés et immuables, au charroi des nouvelles quotidiennes qui ne font que passer. Juste le temps d’annoncer les titres que développera le journal, Marie Drucker est filmée dans la salle de régie assombrie et tapissée d’écrans où affluent les images du monde entier : sur ce fond clignotant, assise négligemment entre deux consoles à curseurs et boutons de commande, elle tient d’une main quelques feuilles pour se rappeler ce qu’elle a à dire et, décontractée, rejette, d’un revers de l’autre, sa longue chevelure brune avant de délivrer quelques phrases choisies pour mettre le téléspectateur en appétit et lui promettre qu’elle va revenir tout de suite après la publicité pour le rassasier.

"Cette espièglerie mérite-t-elle qu’on s’y arrête ?", bougonneront certains. Hélas, oui ! Elle vient s’ajouter aux recherches incessantes de mises en scène dont sont friands les médias pour tenter de donner du crédit aux informations qu’ils diffusent. Que cherche-t-on, en effet, à insinuer dans l’esprit du télespectateur, pendant même qu’est récité ce que la journaliste nomme « l’essentiel de l’actualité » ?

I- PREMIER PARADOXE : L’EXHIBITION DES COULISSES

Les coulisses que sont les salles de régie ont-elles vocation, comme toutes coulisses, à devenir la scène du spectacle ? Non ! Donc, si on décide de les exhiber, c’est que ce paradoxe recèle une ou plusieurs solutions. Ces murs couverts d’écrans que commandent des mains posées sur des curseurs dans la pénombre d’une régie, sont la métonymie d’une technologie dernier cri. Il en découle implicitement, comme effets de cette cause, au moins trois erreurs qu’on cherche à inculquer.
- La fiabilité d’une information, est-il par exemple suggéré, est fonction du degré de technologie. La preuve ? Chacun peut voir dans son canton le plus reculé une botte de cosmonaute se poser sur la lune ou un jet transpercer une tour de Manhattan. Malheureusement, il n’en est rien : la fiabilité d’une information n’est pas proportionnelle à la prouesse technologique qui la diffuse. Une erreur diffusée par un courrier à cheval ou à la vitesse de l’électricité reste une erreur : seule la rapidité des effets provoqués par cette erreur diffère. Nuance !
- Qu’importe ! À la vue de ces écrans même illisibles, le télespectateur est prié de croire, d’autre part, que sa chaîne dispose de tous les moyens électroniques qui permettent de ne rien manquer de ce qu’ « il doit savoir de l’actualité », et que son information sera exhaustive. Peut-on se laisser prendre à pareille naïveté, quand une information élue ne l’est qu’au prix de tant d’autres exclues ?
- L’exhibition de ces coulisses technologiques ont enfin pour effet de feindre de placer le télespectateur au cœur même du « réacteur » qui produit la lumière de l’information, « en direct », comme aiment à dire les médias, et donc de montrer qu’on ne lui cache rien. C’est comme si les clients d’un restaurant, avant de se mettre à table, étaient invités à passer par les cuisines, histoire de leur montrer comme tout est bien propre. Mais de là à leur révéler les recettes dont on va les régaler, il y a un pas qu’on se garde de franchir. Car ces mains sur ces curseurs ne sont-elles pas, à elles seules, les métonymies des ciseaux qui trient et découpent les images qu’on laissera dans l’ombre, et des tables de montage qui accolent les scènes choisies pour être mises en lumière : toute information n’est jamais que « la représentation d’un fait » obéissant à des contraintes émanant à la fois des motivations de l’émetteur, des médias utilisés, et des propriétés des récepteurs à qui elle est destinée.

2- DEUXIÈME PARADOXE : LA POSTURE INCONGRUE DE LA JOURNALISTE

Dans cet univers constellé d’écrans présentés comme des témoins immédiats, palpeurs de la vie universelle, la posture nonchalante de la jeune journaliste est un autre joli paradoxe. Tous ces appareils de haute technologie ne sont-ils pas délicats et fragiles à manier ? Ne doit-on pas leur accorder la plus grande attention ? Au lieu de cela, la jeune femme, insouciante, s’asseoit, sinon dessus, du moins à côté, entre deux consoles, sans ménagement, au risque de les dérégler.
- Le sens de cette métonymie est de convaincre qu’elle règne sans partage sur cette puissance technologique et la maîtrise d’une manière tellement souveraine qu’elle n’a même plus à avoir d’égards... à l’égard de ce qui s’apparente à de la quincaillerie : cette posture désinvolte rappelle celle de ces « p’tits génies » en informatique par exemple, quand ils traitent les ordinateurs, ces prodiges d’intelligence... de bécanes !
- Et si cette jeune femme règne sur la technologie, on peut être sûr qu’elle est la reine de l’info. On peut lui faire confiance. L’info n’a plus aucun secret pour elle. Cette appellation familière de l’information, comme les diminutifs dont on affuble ses familiers, dit assez l’intimité qu’on entretient avec elle. La jeune femme peut ainsi tourner le dos aux écrans qu’elle connaît par cœur : les feuillets qu’elle tient à la main ne sont là que pour jouer le rôle du souffleur, ou encore pour occuper ses mains vides et lui donner une contenance.
- Avouez qu’il faut avoir toute l’ingénuité d’une jeunesse peu avertie pour se livrer sans rougir de honte à pareille pantomime. On y assiste, en effet, avec une commisération amusée, quand on a un peu exploré l’extrême complexité de « la relation d’information ». Cette jeune femme paraît « jouer à l’info » comme les gosses « jouent à la marchande », sans rien connaître au commerce.

3- TROISIÈME PARADOXE : « LE MÉDIUM EST LE MESSAGE »

Et, un peu comme l’éléphant dans un magasin de porcelaine, sa présence finit par faire écran aux images auxquelles elle a bien raison de tourner le dos puisqu’une seule d’entre elles importe désormais, la sienne, chevelure brune luisante, le col de chemise plus ou moins ouvert, l’uniforme veste-pantalon de la femme d’action, le battement palpébral, lourd du malheur du monde ou tout simplement cabotin.
- L’enchantement qui lui a permis de mettre technologie et information à ses pieds doit maintenant gagner le téléspectateur. Qu’importe ce qui sera dit ! Qui s’en soucie ? Il ne doit plus avoir d’yeux que pour cette fille qui irradie dans l’écrin technologique de la régie, et, des nouvelles qu’elle débite ne doit parvenir à ses adorateurs que la mélopée d’une voix enjôleuse.
- Mac Luhan (Pour comprendre les médias) a énoncé un joli paradoxe qui trouve ici une de ses applications : « Le médium est le message ». Pascal l’avait pressenti, pariant sur la perte de sérieux du personnage le plus compassé à l’écoute d’ un prédicateur mal rasé et affligé d’un tic de prononciation, quelque graves fussent les vérités qu’il pût proclamer. En revanche, quelles que soient les fadaises que puisse énoncer une jolie fille - ou un beau garçon - leurs auditeurs boivent leurs paroles, l’esprit anesthésié par la grâce du désir.

La chaîne France 3 se risquerait-elle à faire jouer cette pantomime à une journaliste, si son public était à même de percevoir ces trois paradoxes, et le discrédit qu’encourent ceux qui s’y exposent ? « La relation d’information » est encore trop ignorée du grand nombre et les médias profitent de cette ignorance. Il y a quatorze ans, on se souvient qu’Europe "n°1" avait poussé le ridicule encore plus loin. Une publicité présentait le journaliste Jean-Pierre Elkabach en chemise-cravate devant son micro, grave, les yeux levés au ciel, avec pour légende : « En recherchant la vérité, j’ai souvent trouvé des ennemis. » Par intericonicité, on reconnaissait la pose familière aux saints ou aux martyrs capables de s’abstraire du monde pour entrer en relation directe avec le « Très-Haut ». La charge culturelle des couleurs renforçait cette stature spirituelle du journaliste. Le blanc de la chemise et du visage tranchait avec l’environnement sombre : il était « la couleur » de la lumière, et donc de la vérité, qui fouille les ténèbres du mensonge. Au surplus, deux petits points blancs dans les pupilles, qui étaient de simples reflets de spots, devenaient des sources lumineuses pour l’illumination des humains. Par une nouvelle intericonicité, on pensait aux images pieuses qui donnent aux saints des regards lumineux. Avec cette lumière de la vérité brillant dans ses yeux, le journaliste devenait proprement, lui aussi, « un illuminé ». Paul VILLACH

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15 réactions à cet article    


  • Isabelle Ménétrier 1er juin 2006 10:23

    Personnellement, j’avais déjà remarqué depuis un petit moment ces nouvelles façons de traiter l’information. En effet, France 3 n’a rien inventé, juste marché dans les pas de TF1 : Claire Chazal ou Laurence Ferrari, PPDA ou Thomas Hugues, il s’agissait déjà davantage de la mise en avant du présentateur que du contenu du journal. Oui, on devine qu’il est bien question de nous faire sentir que ces gens-là vivent ailleurs, en un univers palpitant, qu’ils maîtrisent la technologie et savent les dessous d’une actualité qu’on nous diffuse à petites doses homéopatiques. Cela allié au culte de la beauté ou de la jeunesse éternelle, les deux pour certains, et nous voilà scotchés devant notre petit écran bouche bée. Même Mourousi pourtant précurseur en la matière, ne nous perturbait pas autant...


    • pingouin perplexe (---.---.95.132) 1er juin 2006 10:37

      Bon article, dont le dernier paragraphe pointe de manière assez édifiante quelques « contrefaçons » du religieux. On aurait envie d’appeler cela « du symptôme comme tenant hypothétiquement lieu de sainteté »


      • Sam (---.---.162.210) 1er juin 2006 10:43

        Bonne analyse du JT de la fille Drucker et des principes cachés guidant nos médias audio-visuels.

        Un an après le sursaut du peuple français, on peut constater, en effet, que nos « élites » on mis le turbo pour accentuer les effets de la machine à décerveler qu’est devenu le JT. Cette réaction nous prouve, contrairement aux propos de bcp d’alters, qu’ils ont tiré des leçons du 29 Mai.

        Malheureusement, leur réaction est contraire à ce que nous espérions. Ils se donnent encore plus de moyens, dans les médias et ailleurs, pour réussir de toujours plus énormes bonds en arrière.

        A nous, citoyens, de réagir contre la barbarie, contre la destruction programmée du lien social, et de la société toute entière, qu’est en train de réaliser le Parti de la Mort et ses complices, de droite ou de gauche.

        Un petit PS (sans jeu de mot) : N’oublions que l’écran est plus dur à lire que le papier et laissons les phrases et les phraséologies trop longues au vestiaire...


        • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 1er juin 2006 10:50

          « Au lieu de cela, la jeune femme, insouciante, s’asseoit, sinon dessus, du moins à côté, entre deux consoles, sans ménagement, au risque de les dérégler. » Excusez-moi, mais c’est n’importe quoi ! Sa posture suggère simplement une attitude « relax », « cool ». Ne nous dites pas que s’asseoir à côté d’un écran risque de le dérégler !

          Vous avez bu, ou fumé ? Votre papier est très bien écrit. Mais sur le fond ? Il y a une mise en scène, d’accord, mais il s’agit de télévision. Quoi de plus normal ? Que cela vous surprenne m’esbaudit. Qu’on dénonce les contre-vérités, la désinformation, la manipulation, d’accord. Mais il ne s’agit pas là de ça du tout. Le seul message véhiculé est que le JT est fiable et sa présentatrice sympa. Trouvez-vous à ce point abusif que France 3 présente ainsi son programme ? Vous suggérez quoi, à la place ?

          Bien à vous


          • Jojo2 (---.---.158.64) 1er juin 2006 12:59

            Pour refiler des news pas besoin de voir la tête du bonimenteur. On s’en passe très bien sur Arte.

            Le fait est que les news sont devenu un spectacle, et pas seulement avec le choix des images à diffuser. J’attends avec impatience l’irruption de pom pom girls.


          • marcel thiriet (---.---.83.57) 1er juin 2006 16:07

            trés fin et pertinent, Jojo...


          • JiPi (---.---.181.168) 1er juin 2006 14:30

            Très bon article. Décorticage subtil de tous ces petits leviers mentaux si aptes à piloter nos âmes cathodiques.

            Mais pourquoi la photo de M’dame Drucker s’étale-t-elle sur 614 ko ? Ma connexion escargot, a mis 10 minutes pour m’afficher la belle.


            • marcel thiriet (---.---.83.57) 1er juin 2006 15:53

              excellent et décapant décryptage ! Félicitation ! Mais comment expliquer cela au télespectateur de base ???


              • marcel thiriet (---.---.83.57) 1er juin 2006 16:05

                « Le seul message véhiculé est que le JT est fiable et sa présentatrice sympa. Trouvez-vous à ce point abusif que France 3 présente ainsi son programme ? Vous suggérez quoi, à la place ? »

                Ah,bon ! vous trouvez ..l’aspect sympa. est aussi mis en scène (comme de Villepin travaille son sourire).Quant à la fiabilité...aucune analyse, mise en perspective ; des faits mis bout à bout.C’est tout ce que vous attendez ?

                Si vous regardez les info sur certaines chaînes de la BBC , vous y verrez plus de sobriété (je ne parle que de la forme)

                Ceci dit, la présentatrice me plait, mais ce n’est pas le problème...


              • Olivier Bonnet Olivier Bonnet 1er juin 2006 18:30

                Je disais juste qu’il me semble logique que France 3 cherche à présenter son JT ainsi. Mieux : je ne vois pas où est le problème, tant que l’info délivrée est correcte.

                Et j’aime bien la délicieuse Marie Drucker, moi aussi smiley


              • Steph (---.---.207.241) 1er juin 2006 17:31

                Merci pour cette très belle analyse qui relève une dérive regrettable de la télévision : privilégier la forme sur le fond. Au point où en effet, il devient rare que la télévision nous apprenne réellement quelque chose.


                • océan (---.---.22.251) 1er juin 2006 19:23

                  Olivier Bonnet, si quelqu’un vient s’asseoir sur votre bureau, même s’il ne s’asseoit pas sur votre clavier pour ne pas dérégler votre texte, vous ne trouverez pas ça un peu familier (au mieux) ? Vous ne vous direz pas qu’il se sent un peu chez lui au milieu de vos affaires ? Si vous trouvez ça normalement acceptable, ne sera-ce pas parce que vous lui en reconnaîtrez le droit à un titre ou à un autre ?

                  Si la miss était à un bureau classique pour son show, vous imaginez un technicien qui viendrait bouger ses curseurs pour faire plus cool ? Evidemment non. Pourquoi ?

                  Etes-vous bien sûr que cette posture n’est pas connotée de signaux de pouvoir ?

                  Que faire d’autre ? Eh bien par exemple que la miss s’assoie « cool » ailleurs que sur la table de travail de quelqu’un, tout simplement, surtout quand le quelqu’un est un technicien, de surcroît moins haut placé dans la hiérarchie. Qu’est-ce qui l’en empêche ?

                  Le ferait-elle sur la table de son président ? Non ? Pourquoi pas ?

                  En tout cas, chevelure brune ou pas, c’est par respect que je ne le ferais pas sur la sienne, et c’est pour le même motif que je ne la laisserais pas le faire sur la mienne.

                  (J’ajouterais même à l’analyse de Paul Villach un petit côté démago « mes techniciens m’adorent, chez nous pas de hiérarchie, on est une équipe formidable ». Tu parles).


                  • 3p (---.---.102.41) 2 juin 2006 08:34

                    En tout cas, Marie Drucker est plus agréable à regarder et à écouter que son oncle à la langue marron.


                    • grenouille26 (---.---.246.7) 2 juin 2006 21:27

                      La télévision ne nous apporte que des « extraits » d’info... pas assez de temps pour parler du reste, si vous voulez en savoir plus, et si vous avez du temps, vous savez très bien qu’il y a d’autres moyens d’avoir des informations ! Elle est assise sur les consoles et ça lui donne l’air de maitriser l’info ??? heureusement, je vous rapelle qu’elle est journaliste ! Pour ma part, ce JT du soir me convient, il ne ressemble pas à la « grand messe » des 20h ou 1 seule info est débattu pendant 20 minutes et le reste est raité à toute vitesse... et il y a des site comme celui-ci pour parfaire mes « connaissances » ;o) Bien sûr, on peut analyser sous maintes formes que ce soit toutes ces publicités qui nous entourent... et on peut leur faire dire a peu près tout et son contraire... ça nous ramène souvent à notre inconscient collectif. La ou c plus dangereux, c que certaines publicité sont mondiale !!! aurions-nous bientôt tous la même conscience ?


                      • océan (---.---.22.251) 3 juin 2006 15:17

                        L’inconscient collectif est une autre chose (les archétypes que nous partageons). Ici, il s’agit de manipulation de masse, de messages subliminaux contenus dans des images construites par des professionnels de la communication.

                        La posture et son sens sont bel et bien là, et la relation entre la présentatrice et les autres est bel et bien asymétrique (on ne peut pas remplacer l’un par l’autre) et hiérarchisée (l’un est au-dessus de l’autre) : si c’est involontaire, on peut se poser la question de la compétence des communicateurs, et si c’est volontaire, on peut se poser la question de leur honnêteté.

                        Paul Villach a raison de poser la question.

                        Le contenu manifeste (les infos données « en clair ») est un autre sujet.

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