Volte-face médiatiques et absence d’autocritique de la presse
Les médias d’informations sont trop souvent les caisses de résonance des mêmes évènements, dont l’importance se mesure artificiellement à l’aune du nombre de lignes, de mots ou d’images que les journalistes ou/et animateurs leur consacrent. Chacun exprime son opinion sur ce dont « tout le monde parle », colle à l’actualité pour se sentir à l’épicentre du séïsme informatif. Puis la machine médiatique s’emballe, déraisonne, jusqu’à un seuil limite qui la court-circuite. Un nouveau réflexe d’adhérence impose alors une nouvelle mode.
Nous vivons actuellement un fait médiatique hors norme, que peu d’observateurs - à ma connaissance - ont analysé sous cet angle. Ce qu’on appelle communément " l’affaire d’Outreau " est à ce titre un vrai cas d’école.
Le même évènement donne lieu à deux surenchères médiatiques successives, radicalement opposées : la première consiste à accabler les prévenus, influencée par le retentissant procès " Dutrou" . Tout comme pour " l’affaire Baudis ", une grande partie des médias d’informations, emportée par le fantasme des réseaux pédo-criminels, a préjugé de la culpabilité des accusés d’Outreau. Aucun journaliste -ou presque- ne dénonçait à l’époque les méthodes arbitraires du juge et les dysfonctionnements de l’appareil judiciaire - police comprise - dans l’instruction du dossier.
Mais en général, lorsque les journalistes se fourvoient ainsi, ils se font par la suite d’une extrême discrétion, à défaut bien sûr de faire leur mea culpa. Pour l’affaire d’Outreau, c’est tout le contraire : la victime a changé, mais le ton se fait toujours aussi véhément et péremptoire. Les coupables idéaux d’hier se sont transformés en gens simples et doux, à l’image de chacun d’entre nous, et cette justice, qui démantelait enfin une organisation monstreuse, est devenue - a posteriori bien évidemment - une institution dangereuse et inique.
Ces deux interprétations opposées du même fait judiciaire, mais similaires dans leur approche évènementielle, synthétisent tristement l’impasse dans laquelle s’engouffrent les principaux médias d’informations, sans le moindre état d’âme.
Le réflexe d’adhérence impose la surenchère, afin de se singulariser. Ce n’est pas le choix du sujet essentiel qui distingue les différents médias en position dominante, c’est, dans le meilleur des cas, son traitement à géométrie variable (avec, dernièrement, les fameuses caricatures du Prophète).
Se pose alors la question cruciale du pluralisme de l’information.
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