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Web 2.0 et free culture : comme Blair et Bush, Bob l’éponge aura ses mashups !

Le Web 2.0 a une vraie dimension sociale : celle-ci permet l’émergence de nouvelles formes culturelles libres à travers le contenu UGC universellement accessible grâce à l’ubiquité de l’Internet.

C’est ce que Larry Lessig (un de mes maîtres à penser) "évangélise" depuis plusieurs années sous le nom de "Free Culture" ("culture libre"). Il a en même fait un livre dont une excellente revue de lecture se trouve chez Vecam.

[Larry Lessig a bien sûr mis son livre sous licence Creative Commons - Une traduction participative complète et libre d’accès est donc accessible chez Wikisource - j’en cite trois passages synthétiques importants en fin de billet]

Une partie de cette "culture libre" - au-delà de celle où l’utilisateur produit tout par lui-même - est celle des "mashups de contenu" : je choisis et associe habilement des morceaux de vidéos, de musiques produites par d’autres, pour obtenir un nouveau contenu innovant, imprévu, drôle, etc.

Le premier mashup célèbre de ce type a été le "Grey Album" créé par DJ Danger Mouse partir de la superposition (au sens strict) du "White Album" des Beatles et du "Black Album" de JayZ. Récemment, un mashup qui tournait très fort était celui qui associe George W. Bush et Tony Blair sur les paroles d’une chanson de Lionel Ritchie. Allez, vous pouvez le regarder ci-dessous via YouTube

Ces mashups de contenus protégés par les droits d’auteurs sont toujours en porte-à-faux avec la législation.

Eh bien, ce problème commence à se résoudre : les "majors" commencent en effet à encourager le phénomène. En effet, NickelOdeon, la maison de production du célèbre "Bob L’éponge" met à disposition sur son site la technologie qui permettra aux jeunes fans de Bob (... et peut-être à d’autres !) de faire des mashups autour des dessins animées de leur héros.

Comme chez YouTube avec ses 100 millions de vidéos vues par jour, le résultat ne s’est pas fait attendre : l’audience moyenne du site est passée à 236 000 visiteurs/j contre 40 000 à la même période un an auparavant.

Ce pas en avant est la généralisation d’un récent pilote qui avait apporté 150 000 mashups à Nickelodeon sur sa production "Avatar : The Last Airbender" en quelques semaines. Il était pour eux la preuve claire que les anciens consommateurs veulent devenir des "consomm-acteurs" hyperactifs.

Après Wikipedia reconnu par AFP et le Spiegel et maintenant avec NickelOdeon, il semble que l’importance des contenus issus du Web 2.0 monte en flèche !

L’évanglisation de Larry Lessig porte ses fruits, à moins que ce ne soient que les forces du marché (par ex. des réactions défensives aux rumeurs les plus folles sur l’acquisiion de YouTube par Google.)

Quand est-ce que nos chaînes de TV nous permettront de "jouer" ainsi avec leurs archives pour les associer à des musiques gracieusement offertes par la SACEM ? ;-)) Qui suggère l’idée à TF1 pour son WAT ?

On peut rêver, non ?

Post Scriptum :

Ci-après trois passages de "Free Culture" (mais lisez donc tout le bouquin !) qui situent à mon avis parfaitement le problème :

1) "Pour beaucoup de gens, Internet a libéré une possibilité extraordinaire, de participer à la création et à l’élaboration d’une certaine culture, qui rayonne bien au-delà des frontières locales. Cette possibilité a changé les conditions de création et d’élaboration de la culture en général, et ce changement menace les industries établies du contenu."

2) "Nous pouvons percevoir ce changement en distinguant culture commerciale et culture non commerciale, et en comparant les aspects légaux de chacune. Par culture commerciale, j’entends cette partie de la culture qui est produite et vendue, ou qui est produite pour être vendue. Par culture non commerciale, j’entends tout le reste. Quand un vieil homme s’asseyait autrefois dans un parc ou à un coin de rue pour raconter des histoires que les enfants (ou les adultes) consommaient, c’était de la culture non commerciale. Quand Noah Webster faisait publier son "Reader", ou Joel Barlow sa poésie, c’était de la culture commerciale."

3) "Aujourd’hui, cette démarcation nette entre le libre et le contrôlé a disparu9. Internet a préparé le terrain à cette disparition, et avec l’appui des médias, la loi y a contribué. Pour la première fois dans notre tradition, les moyens habituels par lesquels les individus créent et partagent leur culture tombent sous le coup de la loi, qui a étendu son emprise à des pans entiers de la culture jusqu’ici libres de tout contrôle. La technologie, qui jusqu’ici avait préservé l’équilibre historique entre la culture libre et la culture nécessitant une permission, a été défaite."

Source : blog Media & Tech (par didier durand)


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7 réactions à cet article    


  • (---.---.162.15) 9 octobre 2006 11:22

    On se croirait sur Agoravox avec de nouveau des gesticulations autour de la nouvelle mode marketing « web 2.0 ». Là, il s’agit carrément de détourner la culture libre qui depuis des années se développe sur Internet pour la vampiriser et l’attribuer au fumeux « web 2.0 ».

    Cette culture n’a pas attendu votre récupération, ni celle de Blair ou Bush qui n’y comprennent sûrement pas grand chose.

    Am.


    • Didier Durand (---.---.77.1) 9 octobre 2006 11:42

      Bonjour Am,

      L’idée était de partager les principes de la « culture libre » avec un maximum de monde.

      ... et heureusement qu’elle ne m’a pas attendu (comme elle n’a attendu personne en particulier).

      PS : je maintiens mon idée de lien entre Web social et culture libre. Ils vont se renforcer mutuellement

      cordialement

      didier


    • (---.---.162.15) 9 octobre 2006 13:25

      Didier, je pense effectivement que l’association entre les mots « Internet » et « culture sociale » ou « culture populaire » est essentielle.

      J’ai bien dit « Internet » et non pas « Web » et encore moins « Web 2.0 ». L’email, le ftp, le p2p, voire le chat, ont en effet une importance moins visuelle que le web mais très importante aussi.

      Am.


    • dana (---.---.55.153) 9 octobre 2006 11:42

      tiens j’ai justement pondu un texte sur le web 2.0., et sur internet en général, (en fait, je parle de certaines applications seulement) où je remets en question de manière probablement un peu ringarde le slogan du « social sharing ».

      http://danahilliot.wordpress.com/2006/10/06/homo-database-et-destin-de-la-democratie/

      j’ai pensé qu’il n’était pas trop à sa place sur mais bon...


      • (---.---.162.15) 9 octobre 2006 13:41

        J’ai parcouru votre article et je trouve votre approche trop superficielle car basée uniquement sur le web et même sur seulement certains de ses aspects.

        Personnellement, je considère que le web n’est que la face visible de l’iceberg Internet et que ce qui se passe dessous est beaucoup plus fort. Tout le monde commence par la Toile, mais ceux qui vraiment explorent leurs centres d’intérêt vont souvent le faire autrement. Par des courriels (inclus les listes de discussion...), des téléchargements ftp ou p2p, il y a aussi le chat, les forums des newsgroups et j’en passe, cela déborde même d’Internet avec des envois de CD, DVD, disques durs ou des rencontres physiques...

        Il y a là tout un « maelstrom » où chacun peut approfondir et mélanger sa culture pour un coût finalement faible de 60 euros par mois (30 pour l’abonnement Internet, téléphone et TV inclus, 30 pour avoir un bon matériel informatique). Jamais la culture n’a été ainsi à la portée de tous et la conséquence première en est l’avènement d’une nouvelle culture qu’on peut effectivement appeler « free culture » ou culture libre".

        Mais la voir seulement par le Web, ou pire par le web 2.0, c’est vraiment la regarder par le petit bout de la lorgnette.

        Am.


      • Didier Durand (---.---.77.1) 9 octobre 2006 14:06

        Rebonjour Am,

        D’accord avec vous à 100%.

        Mais, a) un article c’est court ! b) commencer par la face émergée me semblait raisonnable pour faire apparaître le phénomène à tous ceux qui le méconnaissent

        J’essaierai d’en faire d’autres (ici ou sur mon blog)

        cordialement

        didier


      • dana hilliot (---.---.55.153) 9 octobre 2006 15:10

        Oui vous avez raison

        Mais à ma décharge, j’ai précisé d’emblée que je regardais les choses justement par le petit bout de la lorgnette.

        Au fond ce n’est pas le web 2.0. qui m’intéresse, mais autre chose (l’impact de la free culture comme vous dites, sur la démocratie, et là je suis très, pessimiste)

        Mais vous ne semblez pas avoir été intéressé par la suite de mon texte : c’est ma faute, l’argument de départ était effectivement trop léger et surtout discutable.

        Je maintiens toutefois qu’internet peut représenter un danger pour la démocratie. Enfin.. je maintiens qu’en tous cas on peut présenter les choses ainsi, question d’essayer de voir ce que ça fait.

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