17 octobre 1961, 51 ans de mémoire sélective
Hollande s'y est aussi cassé les dents, en voulant faire acte de contrition, il a refusé de monter aussi haut que le devait le devoir de mémoire, c'est à dire jusqu'à De Gaulle lui-même, Papon jouant le fusible de service.
Daniel Mermet également, sur France Inter nous a rappellé la manifestation du 17 octobre 1961, Papon est cité trente fois, dans l'émission "là-bas si j'y suis", Michel Debré est cité, mais de De Gaulle pas de traces, on ne touche pas à De Gaulle, le Dieu de la République... si même "Là-bas si j'y suis" s'y met, on est mal barrés...
Les autres médias y vont de leurs larmes empreintes de boboserie.
Pierre milliaire de l' identité nationale chère à ce comique de feu Besson, la manifestation du 17 octobre 1961 fait partie des journées historiques enveloppées d'un brouillard épais.
En juillet 1961, Maurice Papon reçoit des mains de De Gaulle la croix de commandeur de la légion d'honneur. Le général récompense ainsi le chef de gare de la déportation.
La torture est employée à grande échelle dans les caves d' hôtels parisiens pour extirper des informations sur le FLN, Michel Debré Premier Ministre Ministre et Papon, Préfet de Paris sont mis à contribution, officiellement, étonnamment, mystérieusement, De Gaulle est tenu à l'écart. Pourtant, comment peut-on ne pas comprendre que le Président omnipotent est à l'origine de cette politique âprement sécuritaire ?
Le 17 octobre de la même année, une manifestation organisée par le FLN, Front de Libération Nationale algérien en faveur de l'indépendance est réprimée de façon sanglante dans Paris. Papon préfet de police est à la manoeuvre, ...à la baguette. Des centaines de Franco-Algériens ( le chiffre exact fait toujours débat) sont tués par les forces de l'ordre dirigées par Papon, certains d'entre eux sont jetés dans la Seine.
On sait très peu de choses sur la réaction des plus hauts dirigeants au sujet de ce 17 octobre, De Gaulle ne fait pas mention de ces évènements dans ses mémoires. Sans doute était-il perdu dans ses pensées.
Bien sûr Papon est un salaud, mais quand on a dit ça, on n'a rien dit, on sauve les meubles et on n'égratigne surtout pas la République ; De Gaulle est la figure sanctifiée, un héros au dessus de tous soupçons. Avec tous les fusibles de circonstance et les subterfuges historiques, le mensonge national doit perdurer à tous prix.
Papon a toujours été le vide-ordures qui arrange tout le monde, s'attaquer à lui fait bon genre et surtout permet à la Cinquième République de se dédouanner à bon compte, de se décharger d'un maximum de casseroles encombrantes.
Car enfin, à qui fera-t-croire que De Gaulle n'était pas au courant de se qui se tramait dans les rues de Paris ? Cette question est en fait la seule qui vaille quand on désire réellement faire acte de repentance.
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