Affaires Mehdi Meklat & Yacine Chaouat : Philippot clashe BFM TV et les Inrocks
Il y a une semaine éclatait l'affaire Mehdi Meklat, du nom de ce jeune chroniqueur en pleine ascension, passé par le Bondy Blog et porté par toute la presse de gauche branchée : France Inter, les Inrocks, Télérama, Médiapart, ou encore Libération. Plus de 50.000 tweets racistes, antisémites, sexistes, homophobes, faisant l'apologie de Merah et de Ben Laden, ou appelant à violenter des personnalités comme Zemmour ou Finkielkraut, avaient été exhumés, avant d'être rapidement effacés par l'intéressé.
Cette affaire a trouvé un prolongement inattendu, le 23 février sur BFM TV, via un clash entre Florian Philippot, vice-président du Front national, et David Doucet, rédacteur en chef aux Inrocks. Mais une deuxième affaire s'est également ouverte sur le plateau de BFM TV, sur laquelle pèse certes encore sa part d'ombre, et qui met en scène un assistant parlementaire socialiste soupçonné d'apologie du terrorisme sur Facebook.
Il est à noter que ces deux affaires s'inscrivent dans une stratégie médiatique bien huilée de la part du Front national et de ses soutiens, qui désormais rendent coups pour coups, ripostent systématiquement aux attaques, parfois assez sournoises, qu'ils subissent en médiatisant très efficacement de sordides affaires touchant précisément leurs accusateurs. Objectif (très trumpien) : montrer le "deux poids deux mesures" dont font preuve les médias, qui apparaissent ainsi comme le véritable pouvoir à combattre.
Florian Philippot était l’invité de Nathalie Levy dans "News et Compagnie" le 23 février 2017 sur BFM TV. Alors qu'on lui demandait de réagir à une dépêche de l'AFP faisant état du soutien à Marine Le Pen d’un ancien leader du Ku Klux Klan, le vice-président du FN a riposté en accusant l’agence de presse d’avoir tu les noms d’un assistant parlementaire socialiste accusé d’apologie du terrorisme ainsi que du sénateur pour lequel il travaille.
Ce silence pourrait être dû, selon lui, au fait que ce sénateur est un soutien d’Emmanuel Macron. Florian Philippot a livré les noms face caméra.
Une "petite crapulerie" de l'AFP
Philippot a réagi vertement à la dépêche AFP disant qu’un ancien du Ku Klux Klan soutenait Marine Le Pen :
« C’est une petite crapulerie de l’Agence France Presse qui a fait une dépêche à partir d’un tweet d’un cinglé américain, il paraît qu’il regarde BFM TV et qu’il lit Les Inrocks. Donc peut-être que l’AFP va faire une dépêche contre vous, préparez-vous. C’est une petite crapulerie ! »
L'ancien leader du KKK en question, c'est David Duke, dont voici la déclaration au sujet de la présidente du FN : « Son père est un grand homme, un vrai patriote. Il a élevé une femme forte et intelligente, qui a compris comment se jouait la politique du XXIe siècle. »
Her father is a great man, a true patriot. He raised a strong & intelligent woman who understands how to play 21st century politics.🇫🇷 🇺🇸 🇫🇷 https://t.co/t5O515wq0C
— David Duke (@DrDavidDuke) 22 février 2017
Les médias, souvenons-nous-en, avaient déjà monté en épingle le soutien du journal du KKK à Donald Trump. Cette forme de diabolisation par association est très pratiquée dans la presse, bien que nul ne soit responsable de l'amour ou de la haine qu'un tiers, qu'il ne connaît pas, lui porte. Ne pouvant guère résister à son biais de confirmation, un journaliste de Canal+ avait même relayé une grosse intox à ce sujet : de pseudo membres du KKK manifestant pour Trump, qui étaient en réalité des militants du mouvement Black Lives Matter, grimés en membres du KKK, et manifestant contre Trump.
Rappelons à l'endroit de nos journalistes, en cette période pré-électorale (cela ne peut pas leur faire de mal), ces sages paroles du sociologue Gérald Bronner, publiées le 19 février sur le site The Conversation, que les journalistes aiment certes reprendre à leur compte contre leurs bêtes noires (complotistes et autres extrémistes), mais qu'ils oublient toujours opportunément de s'appliquer à eux-mêmes :
"Se demander, chaque fois qu’une idée ne nous apparaît pas bien assurée, d’où elle vient et quelles sont les sources, de quelles informations je dispose pour l’évaluer, si j’ai bien établi des informations multiples et contradictoires afin de pas tomber dans les biais de confirmation, si j’ai explicité mes a priori intellectuels et culturels, même s’ils ne sont pas nécessairement faux, si j’ai envisagé la possibilité d’erreurs de raisonnement, si je n’ai pas laissé mon croire être contaminé par mon désir."
Mais revenons à Philippot, qui a habilement réagi à ce traquenard, à la fois en montrant patte blanche, par le refus de ce soutien scabreux, mais aussi, de manière plus subtile, en montrant la malhonnêteté d'une telle attaque ; car, qui sait, cet obscur activiste états-unien pourrait aussi apprécier les Inrocks et BFM TV... et nul n'irait alors le médiatiser.
Antisémitisme, négationnisme, appel au jihad... au PS ?
Dans un deuxième temps, Florian Philippot livre les noms que l'AFP avait tenu cachés :
« Quand on a appris qu’un sénateur socialiste avait un assistant parlementaire soupçonné d’apologie du terrorisme, l’AFP dans sa dépêche n’a jamais donné le nom de ce sénateur socialiste ni le nom de l’assistant. Alors, moi je le donne ce soir aux téléspectateurs parce que l’AFP n’a pas fait son boulot. L’assistant, c’est monsieur Yacine Chaouat, ancien responsable socialiste à l’intégration. Le sénateur socialiste, c’est monsieur Roger Madec qui est aujourd’hui un soutien d’Emmanuel Macron, c’est peut-être pour ça d’ailleurs qu’on a tu son nom ! C’est bizarre, ils ont fait une dépêche en mettant « Un sénateur socialiste et un assistant » sans jamais mettre le nom ! Les Français ont le droit de savoir. Ils ont le droit de savoir qui est concerné par telle ou telle affaire, surtout quand il s’agit d’apologie du terrorisme islamiste. C’est quelque chose de très grave ! »
Les révélations sur l'assistant parlementaire émanent du Canard enchaîné :
Yacine #Chaouat le collaborateur de @rogermadec via @canardenchaine
Si ça se trouve il a aussi un compte twitter avec son double maléfique pic.twitter.com/f3F2i0omVE— Junzi ✏ (@GLookathat) 22 février 2017
Ce 24 février, L'Express apporte ces précisions :
"C'est une militante associative qui a découvert la page Facebook. Alertée par les messages de propagande djihadiste postés sur une page attribué au collaborateur, elle fait un signalement aux autorités. "Au début, il s'agissait de 'likes' (J'aime) sur des posts antisémites et négationnistes. Puis des statuts en arabe que j'ai fait traduire et des images relevant de la propagande djihadiste", explique la responsable associative à L'Express.
Ce signalement conduit le 25 janvier à l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris pour apologie du terrorisme. L'homme est alors soupçonné d'avoir diffusé sur un compte Facebook qui lui est attribué des messages de propagande terroriste, notamment des appels au djihad et des images d'égorgements. Elle aurait été un temps retirée avant de réapparaître en langue arabe.
Les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) cherchent à vérifier qu'il est bien l'auteur du compte et qu'il ne s'agit pas d'une usurpation d'identité. Les pages incriminées auraient en tout cas été fournies par captures d'écran à la justice."
Yacine Chaouat nie ces accusations en bloc.
Un lourd passif, mais présumé innocent
L'homme avait déjà été au coeur d'une polémique en 2015 après sa nomination par Jean-Christophe Cambadélis au poste de secrétaire national adjoint à l'
L'intégration à coup de ceinturon ? Depuis hier,Yacine Chaouat est "secrétaire national à l'intégration"du PS.Rappel :http://t.co/wFskPb4s51
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 21 juin 2015
L'intéressé avait alors regretté que, "dans la France d'aujourd'hui, on n'a pas le droit à une deuxième chance quand on est musulman".
Cambadélis avait pourtant tenu à lui donner une seconde chance, ce sur quoi ironise aujourd'hui Marion Maréchal-Le Pen :
Dites @jccambadelis, vous allez lui offrir une troisième chance ? #YacineChaouat pic.twitter.com/2wfBcyMr9k
— Marion Le Pen (@Marion_M_Le_Pen) 23 février 2017
On rappellera seulement à la jeune députée du Vaucluse que Yacine Chaouat est toujours présumé innocent, tout comme les policiers accusés d'avoir commis un viol sur Théo (ainsi que l'a justement rappelé un policier guadeloupéen à Jean-Luc Mélenchon dans "L'Émission politique", jeudi 23 février sur France 2).
Les réseaux sociaux ont ceci d'intéressant qu'ils permettent de voir tous les camps politiques se jeter à la figure l'accusation du "deux poids deux mesures", sans doute parce que, en effet, personne ne traite ses amis et ses ennemis de la même façon ; les grands principes que l'on invoque pour ses amis (comme la présomption d'innocence), on les oublie allègrement pour ses ennemis.
Les soutiens de Theo parlent de présomption d'innocence pour l'escroquerie de sa famille alors qu'ils accusent de viol un policier innocent
— Étudiants patriotes (@UnionEP) 24 février 2017
Autre exemple récent de ce "deux poids deux mesures" :
Selon que tu seras de gauche ou de droite, le torchon Libé sera pour ou contre le voile !!! pic.twitter.com/OJZ4DXVZIB
— Pierre Ponce (@djipipi) 22 février 2017
Michelle #obama refuse de se voiler en #Arabie_Saoudite : approbation.Marine Le Pen en fait de même au #Liban:condamnation.Logique des cons.
— André Bercoff (@andrebercoff) 22 février 2017
La vérité, c'est que notre raison n'est jamais qu'un instrument au service de nos passions (peur, haine, enthousiasme...), d'où ses biais permanents. Le petit jeu de tous les cyber-militants est de révéler la fausse impartialité (revendiquée) de leurs adversaires, ce qui est une manière efficace de saper leur autorité.
Meklat, connais pas... Les Inrocks s'enfoncent dans le mensonge
Passons au deuxième moment fort de l'intervention de Florian Philippot. En toute fin d'interview (voir dans la vidéo ci-dessous), le stratège gaulliste du FN prend à partie le journaliste David Doucet, qui est l'un des rédacteurs en chef des Inrocks, pour la couverture que son journal a faite très récemment avec Mehdi Meklat, ce chroniqueur "avant-gardiste" (dixit les Inrocks) dont les tweets haineux, publiés sous le pseudo bien franchouillard de "Marcelin Deschamps", ont fait scandale ces derniers jours.
Il s'agit, là encore, d'une riposte de Philippot à une attaque concernant la radicalité de certains membres de l'entourage de Marine Le Pen, comme Frédéric Chatillon, ancien président du GUD. Doucet, par cette attaque, tend vraiment le bâton pour se faire battre... car jamais Chatillon, dans sa radicalité même, n'a publié des propos aussi abominables que ceux de Mehdi Meklat, que toute la presse bien-pensante et militante a porté au pinacle, et dont on se rend compte sur le plateau de BFM TV qu'il a déjà été pardonné...
David Doucet se réfugie derrière l'édito de son patron, Pierre Siankowski, qui prétend que personne aux Inrocks n'était au courant de ces tweets. Cet échange vaut la peine d'être cité dans son entier, tant il accable notre presse aux abois :
- D. Doucet : Il y a encore, dans l'entourage du Front national, des personnalités radicales. Frédéric Chatillon est de tous les meetings du Front national (...). Qu'est-ce que vous répondez à cela, à ce qu'un ancien Gudard, à ce qu'une figure qui est proche de... ?
- F. Philippot : Moi, je réponds que, à la "une" des Inrocks [il montre la couverture]...
- D. Doucet : Et vous les aviez vus, vous, avant, les tweets ?
- F. Philippot : Heu...
- D. Doucet : Et est-ce que vous les aviez vus avant les tweets ?
- F. Philippot : Ah, mais faut faire votre boulot monsieur... Un certain Mehdi...
- N. Levy : Bon, revenons à des choses... Mais il y a eu des explications et des justifications...
- F. Philipot : Non, il n'y a pas eu d'excuses de la part des Inrocks. Est-ce que ce soir vous condamnez cela ?
- D. Doucet : On les a condamnés dans un édito, faut relire...
- F. Philippot : Alors ce Mehdi il disait par exemple...
- N. Levy : Il y a eu une explication, une justification Florian Philippot...
- F. Philippot : Faites entrer Hitler pour tuer les Juifs...
- D. Doucet : C'est comme si je vous interviewe demain, je vais pas relire vos tweets de 2009...
- F. Philippot : J'enfonce des ampoules brûlantes dans le cul de Brigitte Bardot jusqu'à ce qu'elle vomisse du sang... Et vous ne pouviez que le savoir...
- D. Doucet : Non, comment je pouvais que le savoir ? C'est de la malhonnêteté...
- F. Philippot : Je tenais à le dire, ça a choqué...
- D. Doucet : Ça a choqué qui ?
- F. Philippot : ça a choqué les Français...
- D. Doucet : Ça vous a choqué, vous, ouais bien sûr...
David Doucet assume ce qui est pourtant un mensonge manifeste, Pierre Siankowski ayant échangé de très nombreux tweets pendant des années (au moins entre 2011 et 2014) avec "Marcelin Deschamps".
Ç'aurait été plus facile d'éplucher les ex-tweets odieux de #MedhiMeklat si on avait su qui les écrivait à l'époque, si on l'avait follow… pic.twitter.com/4Rkn5adsrY
— Thomas Vampouille (@tomvampouille) 20 février 2017
Les Inrocks, en 2012, avaient aussi consacré un article à Meklat, où il était question de ses tweets, "drôles à mourir", sous le nom de "Marcelin Deschamps".
D'ailleurs, la journaliste Pascale Clark a elle-même récemment balancé que tout le monde avait connaissance, dans le milieu journalistique, des tweets de Mehdi Meklat :
Pascale Clark : "Tout le monde avait connaissance des tweets de Mehdi Meklat" pic.twitter.com/7fgdd6Dp9d
— Pierre Sautarel (@FrDesouche) 21 février 2017
Des justifications mensongères... qui satisfont BFM TV
A l'heure où il est de bon ton de dénoncer les fake news et autres faits alternatifs, les journalistes feraient bien de cesser de mentir, et aussi mal...
Et aussi de faire preuve d'un peu de morale. Quand on entend Doucet finir par se demander qui les propos de Meklat ont pu choquer, on tombe de sa chaise...
Quand on entend la journaliste Nathalie Levy répéter à plusieurs reprises que, dans l'affaire Meklat, il y a eu des justifications (manifestement suffisantes) et que l'affaire est donc close, on croit rêver...
Commençons par préciser que ces justifications, invoquant un "double maléfique", n'ont pas convaincu grand monde, y compris sur Europe 1, où le philosophe Raphaël Enthoven n'a pas hésité à qualifier Meklat de "nazillon déguisé en type sympa". Un nazillon adoubé donc par la plus grande part de notre presse donneuse de leçons.
Natacha Polony n'a, semble-t-il, pas non plus été sensible à l'humour de celui qui la traitait dans ses tweets de "grosse pute" et qui voulait en faire son "mouton de l'Aïd"...
.@npolony sur Mehdi Meklat : "Quand il me traîtait de grosse pute, c'était donc de l'humour !" #E1Matin pic.twitter.com/yYNLalyZLH
— Europe 1 (@Europe1) 21 février 2017
Rappelons ensuite que les soit-disant justifications ont été données par Meklat lui-même dans un entretien à Télérama le 21 février. En voici quelques extraits :
"Dans les Inrocks, dans Le Monde, dans Télérama, j’ai toujours répondu aux accusations liées à mon personnage de Marcelin Deschamps, qui dispensait tant de haine. Depuis 2012, partout où on m’a posé la question, j’ai parlé de ce personnage de fiction."
Cette première réponse met encore mieux en évidence le mensonge de David Doucet et de Pierre Siankowski, qui étaient au courant de tout, en dépit de leurs dénégations.
"Marcelin Deschamps, c’était une part d’ombre, un personnage honteux, horrible. En même temps, il était ma part de liberté. Twitter était à ce moment-là un nouveau média vierge, sauvage, que je ne connaissais pas. Un endroit où les excès étaient possibles. J’avais 19 ans, et les choses étaient différentes sur Twitter, à l’époque. Les messages n’étaient pas retweetés. On ne se posait pas la question de la réception."
Meklat, qui a aujourd'hui 24 ans, renvoie ses activités condamnables à il y a 5 ans. Or, c'est il y a moins d'un an, en avril 2016, qu'il appelait à "casser les jambes de ce fils de pute" d'Alain Finkielkraut. Et c'est il y a deux ans et demi seulement qu'il disait son envie de "lapider" "ce gros fils de pute" d'Eric Zemmour. Et c'est même en janvier 2017 qu'il appelait à "plier cette TIMP" de Caroline Fourest (pour ceux qui l'ignoreraient, une TIMP est une putain).
"Au départ, je voulais tester la limite, tester le moment où on m’arrêterait, où l’on me dirait que ce n’est pas possible de dire de telles choses, que c’est grave et condamnable. J’attendais qu’on juge Marcelin Deschamps. Ça n’a pas été le cas."
Cette déclaration de Meklat rentre en contradiction flagrante avec les propos de Pascale Clark (« On n'arrêtait pas de lui dire d'arrêter de twitter, on a été plein à lui demander d'arrêter, dix fois, quinze fois, il disait OK et puis il continuait »), mais aussi de Mouloud Achour (« Arrête ces Tweets ! Tu n'es pas dans une cour de récréation ! Les écrits restent, un jour on te les ressortira »), qui disent n'avoir cessé de mettre en garde leur jeune ami.
Elle rentre aussi en contradiction avec les propres paroles de Mehdi Meklat, qui déclarait sur Arte en 2015 qu'à la fois chez Elle et France Inter, on lui avait souvent dit de se calmer :
- Julia Molkhou : Mais de temps en temps, France Inter ou Elle te tapent pas un peu sur les doigts en te disant "Wow, mollo Fangio" ?
- Mehdi Meklat : Si, ils me le disent des fois, y a eu des histoires qui sont allées un peu loin, des tweets, etc., mais bon, moi je trouve ça drôle, je prends ça vraiment avec du recul...
La journaliste au Figaro Eugénie Bastié lui avait également conseillé, le 19 septembre 2015, d'arrêter de tweeter des horreurs. Le jeune homme l'avait alors traitée de "vieux déchet".
Je lui avais même conseillé d'arrêter Twitter. Il n'avait pas aimé. #Meklat pic.twitter.com/6dxBspzjD4
— Eugénie Bastié (@EugenieBastie) 21 février 2017
Meklat semble donc bien mentir ici, effrontément. Mais Nathalie Levy, elle, nous dit que tout est clair, que tout a été justifié.
Une haine générale... qui épargne l'islam
Lorsqu'on demande à Meklat : "Si ce personnage était un simple défouloir, pourquoi avoir choisi comme cible les juifs, les femmes, les homos ?" Implicitement, la question est : pourquoi, au milieu de toutes ces cibles, avoir épargné les musulmans, et même les islamistes les plus obscurantistes ? En effet, son "double maléfique" conservait, semble-t-il, un certain sens du sacré vis-à-vis de l'islam :
@katschfp74 @Enthoven_R @CarolineFourest Son soi disant "personnage raciste" avait des cibles bien choisies pic.twitter.com/7lxFEV0TiB
— Globule Bleu (@Goydorak) 22 février 2017
@LeBondyBlog @mehdi_meklat il disait etre islamophobe pourtant aucun tweet anti islam ou anti arabe dans ces tweets ...
— Anthony Beauvais (@anthonybeauvais) 20 février 2017
A la question, Meklat répond :
"Il ciblait à outrance, c’était un travail massif, infini, qui a duré sur des milliers de messages qui sont devenus des kilos de haine déversés. Ces cibles, elles étaient les plus faciles. Qui cible-t-on aujourd’hui, dans le débat public ? Les femmes, les minorités, les gens qui croient… Marcelin Deschamps en a profité pour en rajouter à l’extrême. (...)
Je pense qu’on partageait une violence, lui et moi. Mais elle n’était pas destinée aux mêmes personnes. Ceux que Marcelin Deschamps détestait, insultait, bannissait, étaient ceux que je côtoyais au quotidien, ceux qui m’entouraient, qui faisaient mon réel. J’étais entouré de femmes, de juifs, d’homosexuels. C’est ça qui est troublant : l’horreur qu’il déversait sur ces gens était mon réel, ceux que je côtoyais, que j’aimais."
Bref, il ne répond pas à la question, au fond du problème. D'ailleurs, il suffit de lire les commentaires sous cet entretien pour voir que même le lectorat de Télérama n'a pas du tout été convaincu par ces explications, et déplore la complaisance de leur magazine favori à l'égard de ce triste sire.
Si Meklat, dans ses outrances, ne semble pas avoir tenu de propos islamophobes, c'est peut-être tout simplement parce que, à la lecture de ses articles sur le Bondy Blog, co-écrits avec Badroudine Saïd Abdallah, on se rend compte que la défense de l'islam (contre toute forme de laïcité un peu ferme ou de discrétion) est l'un de ses principaux engagements. Il n'est pas inutile de rappeler que le Bondy Blog est financé, notamment, par l'Open Society Foundation du milliardaire George Soros, qui soutient aussi, dans une certaine logique, le Collectif contre l'islamophobie en France de Marwan Muhammad.
Ainsi, en conclusion d'un reportage à New York, en septembre 2011, dont le message essentiel est qu'il est plus facile d'être musulman aux États-Unis qu'en France, Meklat fait cette citation, qu'il semble faire sienne :
“Je boycotte la France. Les États-Unis sont mon deuxième pays, el hamdoulilah. On a des policiers qui font la prière avec nous, les femmes peuvent conduire avec leurs niqabs… On est bien mieux qu’en France.”
Dans un autre article, d'août 2016, il déplore la passivité des musulmans de France face à l'interpellation par la police de femmes en burkini sur une plage. Face à la ministre Laurence Rossignol, en avril 2016, il défend la liberté de porter le voile, et s'insurge que son interlocutrice puisse penser que "la dissimulation du corps des femmes est porteuse de régression pour les femmes". Enfin, quelques jours après les attentats du 13 novembre 2015, il disserte sur le visage d'ange du terroriste Abdelhamid Abaaoud :
"Il pourrait très bien être Karim, notre copain Karim, à peu près le même âge, journaliste pour un site internet où il raconte l’actu-pop. (...) Abdelhamid, ça aurait pu être notre ami Karim, parce qu’il a le même visage d’enfant, les mêmes cernes qui se creusent timidement sous les yeux, les mêmes yeux sombres et le même regard lumineux, le même sourire facile, très grand sourire, un sourire qui n’a pas honte de lui, qui est fier de se donner aux autres, d’être beau. C’est pour ça qu’Abdelhamid aurait pu être Karim. Notre copain."
Un article qui avait créé un certain malaise, à lire les commentaires sur le Bondy Blog...
Imagine-t-on le même genre de papier, écrit par un journaliste de droite, chrétien, méditant sur les beaux yeux et le sourire d'Anders Breivik (qui, de par sa ressemblance physique avec lui, aurait pu être son "copain"), quelques jours après la tuerie d'Utøya ?
"Il hait, on sait, on se tait" : des médias incorrigibles
L'affaire Meklat rappelle à certains égards l'affaire DSK : là aussi, tout le monde était au courant, dans le petit monde médiatique, des comportements problématiques du directeur du FMI (vis-à-vis des femmes), mais tout le monde se taisait. DSK était, lui aussi, un "chouchou" des médias, que l'on protégeait comme il se doit, par l'omerta.
Françoise Laborde (membre du CSA de 2009 à 2015) résume bien la triste situation dans laquelle nous nous trouvons :
C'est effarant de constater que tous ces médias qui connaissaient parfaitement ces tweets immondes refusent d'en tirer leçon #mehdimeklat https://t.co/EvLDsTEgwe
— Francoise Laborde (@frlaborde) 22 février 2017
Tout comme Waleed Al-Husseini, essayiste et écrivain athée palestinien, fondateur du Conseil des ex-musulmans de France, à qui je laisse le mot de la fin :
Je ne sais pas ce qui est le plus grave : pic.twitter.com/16N0I9elGh
— Waleed Al-husseini (@W_Alhusseini) 24 février 2017
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