Battre en retraite
Si Nicolas Sarkozy souhaitait ternir son image présidentielle et n’e s’offrir aucune chance de repasser en 2012, il ne s’y prendrait pas autrement.
Le signal faible en politique donné aux électeurs, est quelque chose de concret, qui fonctionne comme une pile, par accumulation, qui une fois dans l’isoloir, rend son verdict dans un sens comme dans un autre.
Si j’étais partisan du Président, je commencerais sérieusement à me fatiguer et à trouver le temps bien long.
L’exclusion, l’explosion du chômage, les coupures de gaz et d’électricité, les chômeurs en fin de droits, pour ne citer qu’eux, font face à une autre France ; celles des affaires qui de Pérol à l’Epad, de Boutin à Woerth, de Dati à Estrosi, de Lagardère à France Inter, n’en finissent pas de s’allonger comme le plus mauvais scénario d’une République devenue bananière. Tout le monde s’en donne à cœur-joie au seuil d’un été qui n’avait pas connu depuis longtemps remous aussi importants.
Du simple bloggeur averti, au journaliste patenté, chacun fait son marché dans une France devenu un vaste bordel d’affaires en tout genre où règnent l’arbitraire, la frime et le fric.
Mais le plus grave reste devant nous. Voici qu’on remet sur la table cette sordide histoire d’assurance médicale privée que d’aucun annonce comme obligatoire à terme, qui remettrait en cause les fondements même de l’une des spécificités de notre modèle social français.
Ce projet d’assurance est inacceptable. Il touche à l’égalité des soins et à l’éthique médicale.
Parions que dans notre système de santé présenté comme égalitaire et théoriquement accessible à tous, cette proposition sera le prochain choc social sur le front de l’injustice.
A la base de tout, et notamment du raisonnement de l’assureur, on trouvera les questions des moyens financiers pour l’assuré d’une part, mais de la performance et de l’efficacité pour les thérapeutes, d’autre part.
Je me demande si un médecin concerné, cancérologue, cardiologue, gastroentérologue, devra laisser tomber ses patients moins fortunés qui l’attendent, et consacrer sa science prioritairement à celui qui a payé ? Voilà ce qui contribue à semer encore plus le trouble sur la bienveillance d’un État qui se désengagerait à l’avenir de la sécurité de ses citoyens et abandonnerait l’égalité nécessaire d’un accès aux soins équivalent.
Les « bons spécialistes » seraient sélectionnés sous quel critère selon vous ? Ceux qui obtiennent des résultats et réussissent leur intervention ? Comment s’effectuerait cette expertise ?
Allez madame Bachelot personne n’est idiot, on sent bien derrière pousser la pression des laboratoires et des assureurs qui ont déjà montré toute la puissance de leur lobbying durant la crise H1N1 !
On imagine aisément l’incapacité de l’hôpital public à s’engager sur pareil terrain lorsque l’évaluation de celles et ceux qui la servent n’existe pas.
On peut souhaiter, après tout, que cet aspect de l’initiative prise par l’assureur déclenche un mouvement de réflexion dans la communauté médicale comme dans au sein du pouvoir politique chargé d’en encadrer la pratique et que par sagesse, le gouvernement fasse marche arrière.
Mais rien n’est moins sûr à l’aire de la cupidité économique et de l’arbitraire politique devenu l’Alpha et l’Omega de cette gouvernance pourrie.
A l’appel de syndicalistes, des français seront aujourd’hui dans les rues pour défendre leur retraite. Ils ne défendent pas le principe de répartition qui fonde sa structure, mais descendent dans la rue pour exprimer leur attachement à sa limite d’âge ou supposée telle afin que surtout rien ne bouge.
Je pense que c’est contre productif car à moins d’être le pire des démagogues (suivez mon regard à gauche) tout le monde sait le problème que pose le déficit de la branche retraite et le danger de voir disparaître le modèle social français - dont de nombreux pays nous envie - si tout venait à rester en l’état.
Pourtant, la réforme des retraites proposée par le Gouvernement, si elle va dans le bon sens, n’est pas à la hauteur des enjeux.
L’Alliance Centriste milite pour l’abrogation du bouclier et de l’ISF et en contrepartie, l’institution d’une tranche d’impôt sur le revenu à 45 % ainsi qu’une révision à la hausse du barème d’imposition des plus-values immobilières et mobilières.
Entre 2011 et 2018, les régimes de retraite accumuleront plus de 60 milliards d’euros de dette, dont le remboursement conduira tôt ou tard à augmenter les prélèvements obligatoires. L’utilisation immédiate du Fonds de Réserve des Retraites reporte à 2018 la prise en charge des effets financiers du choc démographique prévu à compter de 2020.
Ensuite, les prévisions du Gouvernement sont trop optimistes : l’impact financier du passage à 62 ans est surévalué de plusieurs milliards d’euros, le basculement des cotisations chômage sur les régimes de retraites suppose une baisse du chômage à 5,7%, ce qui est loin d’être acquis.
Le recours aux recettes fiscales (1% supplémentaire sur la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu) devrait être réservé à la réduction du déficit de l’Etat (152 milliards d’euros en 2010).
Au surplus, ce dispositif introduit un élément supplémentaire de complexité puisque l’impôt ainsi versé ne sera pas pris en compte dans les contributions ouvrant droit au bouclier fiscal.
L’annonce d’un retour à l’équilibre en 2018 fait donc figure d’exercice convenu.
Le projet reste au milieu du gué. Dommage, ce qui est ici en cause, c’est bien la solidarité entre les générations.
La situation alarmante des comptes publics, et des régimes de retraite en particulier, exige un discours de vérité : comme dans les autres Etats de l’OCDE, des efforts difficiles vont être demandés à la communauté nationale dans les prochaines années, et ils ne pourront être acceptés qu’à condition de fixer un cap juste et réaliste au pays.
Alors cette réforme est difficile, mais doit être menée jusqu’à son terme.
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